Red Country (Joe Abercrombie, 2012)


Vous deviez certainement vous y attendre, à chaque opus du sieur Abercrombie, il m’incombe la tâche d’écrire un petit billet sur son dernier livre. Et une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de Red Country, son sixième livre.


Après la trilogie de La Première Loi, l’auteur a publié deux romans dans le monde qu’il avait crée, à chaque fois bousculant les codes du genre Fantasy. Best Served Cold était une histoire de vengeance implacable alors que The Heroes relatait trois jours d’un conflit entre l’Union et les Hommes du Nord, et qui soulignait les inepties de la guerre.


Red Country (qui se déroule une dizaine d’année après The Heroes) quant à lui rend hommage aux westerns et se déroule dans le Vieil Empire qui avait déjà été évoqué lors de la première trilogie.

Shy South, Ro et Pit ainsi que leur père adoptif Lamb vivent paisiblement dans une ferme près de Squaredeal. Alors que Shy et Lamb se rendent à la ville pour vendre le grain qu’ils ont récolté durant l’année, leur retour à la ferme s’achève brutalement lorsqu’ils retrouvent le bâtiment brûlé et leur ami Gully, qui s’était occupé de garder les enfants, pendu. Aucune trace de Ro ni Pit.

Shy et Lamb partent donc sur les traces des bandits responsables de cet enlèvement, ne sachant pas que ce périple va faire ressurgir leur passé, qui fut plutôt sanglant…


Une introduction ma foi assez sympathique!


On commence par les points positifs. Comme à son accoutumée, Joe Abercrombie a un style très réaliste, brutal et cynique. Il en résulte une narration percutante et des dialogues avec de bons mots qui font souvent mouche. La trame est classique tout en incluant des moments intéressants (la construction de certains paragraphes par exemple) et des fausses pistes qui tiennent le lecteur en haleine. Par contre, j’ai trouvé le livre moins « drôle » que ses prédécesseurs, car même si ce n’est pas censé être comique, j’ai moins sourit que pendant la lecture des autres bouquins.

Deuxièmement, les personnages que l’auteur décrit ont tous des moralités ambigües et complexes; il y a souvent des gentils méchants et de méchants gentils… Chaque protagoniste a son histoire, plus ou moins travaillée, et c’est ce qui rend la narration d’autant plus intéressante, car comme à son habitude, la trame est racontée au travers des yeux des héros.

Finalement, j’aimerai évoquer l’ambiance western qui a été instaurée par l’auteur. Les descriptions des lieux du livre nous rappellent parfaitement les ambiances du far west et les scènes sont délibérément relatées de manière à pouvoir s’imaginer des étendues sauvages comme si on y était. Je pense que le mélange entre le monde créé par l’auteur et cet élément orignal insuffle une nouvelle dimension au genre Fantasy.


Et maintenant quelques points négatifs.

J’ai eu du mal à accrocher sur certains personnages; le ton du récit est moins cynique que d’habitude et cela se ressent dans les protagonistes, qui m’ont moins marqué que les livres précédents.

J’ai lu pas mal de fora qui louait la prose de l’auteur, décrivant cet épisode comme son meilleur livre, stylistiquement. Autant je pense qu’Abercrombie a bien réussi à poser le décor, autant j’ai senti certains passages assez balourds, essentiellement au niveau des dialogues. Je ne sais pas si c’est pour rester fidèle au code du western, mais il semblerait qu’avoir le dernier mot dans une tirade n’est pas aussi aisé que l’on pense!


J’ai relu le bouquin et mon sentiment, même si plus favorable que la première fois, est toujours tirant vers la déception. Je m’attendais à mieux; je ne sais pas si c’est parce que je suis insensible au mythe et codes du western ou bien parce que certains personnages ont manqué de me faire jubiler, mais je pense que c’est le livre le plus faible de la série.


Reste qu’on a pu retrouver avec plaisir certains personnages (y’a des surprises ici…) des précédents livres et qu’à présent Joe va s’atteler à une nouvelle trilogie, cette fois dans la même veine que la première. Connaissant son débit d’écriture, je pense qu’il ne faudra pas attendre trop longtemps pour pouvoir la lire!

4 réflexions sur “ Red Country (Joe Abercrombie, 2012) ”

  1. Akodostef sur

    Je l’ai enfin terminé ! Je l’ai lu de façon un peu sporadique, ce qui ne m’a pas aidé à accrocher vraiment à l’histoire, que j’ai effectivement trouvé moins tripante que les précédentes, les personnages aussi un peu moins géniaux (Temple est très bien, Shy assez chouette, mais les autres sont peu mémorables). La succession de rebondissements de la fin est aussi un peu tirée par les cheveux.
    A noter, je viens aussi de lire la nouvelle publiée par Abercrombie dans le recueil Dangerous Women (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dangerous_Women), qui introduit le personnage de Shy : hé bien la nouvelle est pas mal du tout, et regorge de ces petites pépites caustiques qui me font tant apprécier le style de l’auteur, je te la conseille (ainsi qu’à ceux qui auront aimé Red Country)-je pourrai d’ailleurs te prêter le bouquin si tu veux.
    On y retrouve, de façon peut-être même encore plus flagrante, cette astuce par laquelle Abercrombie nous donne l’impression d’être dans un western bien qu’on reste dans un monde type med-fan. Comme quoi le bon choix de mots à partir d’une même base peut faire naître des images très différentes dans l’esprit des lecteurs.
    Je lirai ses prochaines œuvres avec plaisir :)

  2. stoeffler sur

    Prochaines oeuvres? Juillet cette annee, puis deux bouquins en 2015…
    C’est pas le debit de notre ami R.R. Martin, hein?

  3. Akodostef sur

    Joe Abercrombie a même déjà publié une nouvelle cette année, dans le recueil « Rogues » (édité par George Martin justement, espèce de médisant) dont je parle dans mon article récent sur les dernières nouvelles de Martin : Tough Times All Over, qui se passe à Sipani -la cité des mensonges et des voleurs inspirée de Venise- avec une astuce narrative amusante que je ne dévoile pas pour garder la surprise à ceux qui voudront la lire.

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