The First Law – The Blade Itself (Joe Abercrombie, 2006)

AkodoStef :

The First Law est une excellente trilogie (enfin, pour l’instant j’en suis au milieu du 2e tome, mais je me base sur ce que j’ai lu, et sur l’avis de Stoeffler qui me les a offert) de bouquins d’heroic fantasy, écrits par l’anglais Joe Abercrombie dont j’ignorais l’existence jusque là.

C’était le premier livre du genre que je lisais après L’assassin royal, et la première impression que j’en ai eu, après avoir lu les 50-100 premières pages était très claire : j’avais bien aimé L’assassin royal, dans lequel il y avait plusieurs personnages sympas et quelques scènes sympas. Mais avec The Blade Itself, je trouvais des personnages terribles et des situations terribles ! Je trouve la trilogie vraiment plus forte (à tous les sens du terme) que la plupart des autres bouquins du genre, à la hauteur de l’exceeeeeellent Trône de Fer de George R.R. Martin.

On pourrait vous parler de l’intrigue générale, mais vu qu’il s’agit d’une trilogie de trois gros bouquins, ce sera forcément réducteur : en gros l’Union (un quasi-Royaume) entre dans une période de tourment au moment où dans les plaines sauvages du Nord, un chef de guerre rusé et brutal a réussi à rassembler sous sa bannière la quasi-totalité des peuples barbares et décide d’envahir la province d’Angland (qui servait jusque là plus ou moins de zone-tampon entre les deux contrées), et où au sud, les armées du cruel Empire esclavagiste Gurkhish viennent prendre leur revanche après avoir été contraint à l’armistice quelques années plus tôt. Pendant que se mettent en place ces deux conflits majeurs, un homme rassemble une poignée de personnages spécifiquement choisis, pour accomplir une quête mystérieuse dont on comprend qu’elle est liée aux rapports de pouvoir entre de puissants sorciers, qui tirent dans l’ombre les ficelles de l’Histoire.

The First Law est une histoire chorale, décrite en suivant le parcours de sept personnages principaux, et l’une des réussites d’Abercrombie est d’avoir adapté son style narratif à chaque fois au personnage auquel chaque chapitre est consacré : ce n’est pas du jamais-vu, mais c’est particulièrement appréciable ici parce que les personnalités de ces personnages principaux sont fortes et originales. Sans doute davantage que la grande histoire, ce sont les intrigues personnelles de chacun qui font toute la saveur du récit.

Stoeffler :

Logen : Le Nord est un endroit dévasté, ravagé et surtout infesté de Shankas, sortes d’humanoïdes à tête plate. Logen Neuf-Doigts, barbare et habitant du Nord, l’a appris à ses dépends; sa femme, ses enfants et ses amis, ont tous péri sous le joug de ces sauvages, non pas que le reste de l’Empire pense que Logen et son peuple soient des gens très civilisés…

Privé de tout, et en contact avec les esprits, Logen se dirige vers le sud pour rencontrer le Premier des Magi, Bayaz et donner un but à sa vie.

Sur son parcours Logen croisera le chemin Bethod, pour qui il a œuvré et qui est maintenant son ennemi mortel, l’apprenti de Bayaz, Malacus Quai, le capitaine Jezal Dan Luthar, et l’inquisiteur Sand Dan Glokta.

Ses répliques fétiches:

“You’ve got to be realistic”

“Back to the mud”

“Still alive!”

“Say one thing about Logen Ninefingers, say he’s a survivor”

Ako :

Glokta : mon personnage préféré avec Logen et pourtant un personnage antipathique au possible : jeune colonel issu de la noblesse et adulé par tous pour ses victoires militaires, ses prouesses personnelles au championnat annuel d’escrime et pour sa belle gueule, Sand dan Glokta a été capturé par les cruels Gurkhishs et torturé pendant deux ans. Son corps réduit à l’état de loque, une fois libéré il a rejoint sans lui-même vraiment savoir pourquoi l’Inquisition, cette branche du pouvoir chargée de déceler et d’éliminer les ennemis du trône.

La partie du récit centrée sur Glokta tourne principalement autour des intrigues politiques et des luttes de pouvoir que se livrent les puissantes figures du Conseil Restreint, le gouvernement qui dirige le royaume. Glokta est brillant, mais affreusement cynique –ce qu’on peut comprendre compte tenu de ce qu’il a vécu et de ce à quoi sa condition physique le réduit : son extrême vulnérabilité, sa misanthropie et son intelligence en font un personnage original, qui aurait facilement pu être un des méchants de l’histoire, mais dont on a néanmoins envie qu’il réussisse.

Bayaz : la figure classique du vieux sorcier qui répand sagesse et humanisme parmi le groupe qu’il accompagne est ici pas mal détournée. La magie a disparu depuis bien longtemps du monde civilisé dans lequel se déroule l’essentiel de The Blade Itself, mais en vérité une poignée de ceux qui la pratiquaient –qui l’ont créée, pratiquement- il y a des millénaires, sont encore en vie, et Bayaz est de ceux-là. Et Abercrombie traduit de façon plus réaliste l’effet que peut avoir sur la personnalité le fait de disposer d’un pouvoir quasi-divin, et la patience que peut avoir un homme qui a traversé les âges et contribué à façonner l’Histoire du monde : en gros, même s’il est globalement bienveillant, faut pas faire chier Bayaz ^_^

Stoeff :

Jezal : Issue de la noblesse, Jezal Dan Luthar passe sa journée à jouer aux cartes, se bourrer la gueule et draguer les filles. Malheureusement son petit train-train quotidien va être perturbé par sa participation au tournoi d’escrime annuel. Arrogant, sur de lui et insupportable, il va se nouer d’amitié avec Ardee, la sœur de son supérieur, Collem West. Jezal va se retrouver projeté au fil du roman au centre d’une intrigue qui lui échappera complètement, et à laquelle il ne pourra être que la victime. Les meilleures descriptions de Jezal viennent des autres personnages, tout au long du livre:

“Luthar was arrogant and rich and handsome and had all the self restraint of a six year old.” Collem West.

“The pompous ass from the gate is Luthar” Bayaz

“Honestly, handsome hardly did him justice” Jezal Dan Luthar

“Perhaps this will teach that whining little shit some humility. Some men are better off for a good beating.” Sand Dan Glokta.

Ferro : Ferro Maljinn est en colère. Elle déteste… à peu près tout et tout le monde, surtout le peuple de Gurkhul. Son destin semble néanmoins lui échapper lorsqu’elle rencontre Yulwei, un vieil homme un peu spécial, et qui l’embarque pour Adua la capitale de l’Empire afin d’accomplir son vœu le plus cher : la destruction du prophète Khalul. Son chemin est semé d’embuches entre les Affamés, les Hommes en Noirs et autres habitants du Nord… elle n’a aucun répit ! Même si son rôle est encore inconnu, Ferro Maljinn sera au centre d’une lutte de pouvoirs dont elle sera peut être la clé…

Peu bavarde, ses répliques se résument à des insultes envers les autres protagonistes. La teneur de ses propos pouvant choquer les plus jeunes, nous avons choisi de ne pas les divulguer.

(ajout d’Ako : dans Before They Are Hanged, la suite de The Blade Itself, Abercrombie recourt un peu plus à la dérision dans ses descriptions de Ferro et fait de sa mauvaise humeur et de sa méfiance permanentes une caricature qui la rend plus marrante, alors que dans le premier tome, elle est plutôt prise de tête)

Dogman : « L’homme-chien » littéralement, aux sens particulièrement aiguisés, est l’éclaireur du petit groupe de Named Men (des guerriers si remarquables que leur titre-sobriquet est connu dans tout le Nord) que menait Logen Neuf-Doigts. Ayant perdu leur leader au premier chapitre de l’histoire, les six vétérans parcourent le Nord en se disputant à peu près tout le temps, mais retrouvant instantanément leur mortelle cohésion quand vient le moment d’effectuer une action coup-de-poing. Leur rugosité de vieux guerriers qui n’ont connu que la guerre et à qui on ne la fait pas est assez marrante là aussi, et leur périple est une espèce de « fil rouge » qui permet de suivre l’évolution de la situation dans le Nord (où c’est toujours un peu la guerre), où se joue l’une des deux principales parties de l’intrigue.

Etonnamment, j’ai lu dans une interview que Abercrombie parlait de six points de vue quand il évoquait sa façon de raconter l’histoire, mais il y a en vérité un 7e personnage principal, le Major Collem West, certes un peu en retrait par rapport aux figures principales mais néanmoins attachant, un officier bon et droit au travers des yeux duquel on découvre à quel point tout va mal dans l’organisation militaire du Royaume.

Stoeff :

Ce qui différencie Abercrombie d’un écrivain lambda c’est son style incisif, brutal, drôle et réaliste. Plutôt que de se consacrer à étoffer une intrigue et offrir des rebondissements à gogo, l’auteur développe le passé des personnages et leurs interactions avec les autres protagonistes. On prend plaisir à les voir évoluer au cours du récit, et bien que la trame ne soit pas révolutionnaire, on est tout de même pris au jeu. L’histoire des origines de Bayaz (le magicien), qui a eu un impact capital sur l’Histoire en général, est d’ailleurs distillée tout au long du récit, et le lecteur est alors placé dans la même position que les personnages, qui découvrent les luttes fratricides occultes qui ont déchiré les premiers magiciens et résonnent encore dans le présent ; reste bien sûr à savoir de quel degré d’objectivité fait preuve le vieux magicien…

Malheureusement, seul le premier tome est disponible en français (sous le titre « La Première Loi – Premier sang« ; nous vous invitons néanmoins à vous plonger dedans, je ne pense pas que la lecture soit insurmontable et de part là-même, vous pourrez lire les deux tomes suivants pour achever une trilogie ô combien excitante et que nous recommandons chaudement !

18 réflexions sur “ The First Law – The Blade Itself (Joe Abercrombie, 2006) ”

  1. Akodostef sur

    Personnellement, je trouve le début du premier bouquin spécialement terrible :)

  2. Jika sur

    J’ai A PEINE commencé en fait (deux-trois chapitres) : celui racontant la fuite de … de … du gars, là, qui se retrouve en calbut’ dans la montagne, c’est pas mal, effectivement.
    Moins accroché avec … avec … l’autre, là, le tortionnaire : mais à voir.
    Pour l’instant, ça va :)

  3. Akodostef sur

    Ah, le tortionnaire (Glokta) c’est mon personnage préféré :)
    Mais Logen est vraiment un super perso aussi, même s’il devient encore plus cool dans le 2e tome à mon avis.

  4. Stoeffler sur

    Attends d’avoir fini le troisieme…

  5. Akodostef sur

    Comme me le signalait Jika par mail, une bonne nouvelle pour tous ceux qui ne pourraient/ voudraient pas lire la trilogie en VO (qui reste vraiment accessible pour qui parle normalement anglais) : le Tome 2 est sorti en VF !
    (http://livre.fnac.com/a2857573/La-premiere-loi-T2-Deraison-et-sentiments-Joe-Abercrombie?Fr=0&To=0&Nu=1&from=1&Mn=-1&Ra=-1)
    Pour ma part j’ai fini la trilogie la semaine dernière et j’ai bien aimé le troisième tome, (attention ce qui suit peut constituer un SPOILER) Show ▼

    Très bon tome donc, qui clôt une très bonne trilogie : je recommande sans réserve à tous les amateurs d’heroic fantasy/ médiéval fantastique.

  6. J’ai enfin trouvé le temps de finir le premier tome de cette trilogie, dont j’espère voir bientôt sortir le 3ème opus.
    Pour l’instant, j’accroche vraiment bien : le style est très agréable à lire, et tous les personnages sont attachants (mon préféré restant Logen d’une part et sa bande de potes, surtout Renifleur, d’autre part).
    C’est le genre de bouquins qui me donne régulièrement envie de faire des parties de JDR 8-)

  7. N’a fini le deuxième, enfin !
    Vraiment très très sympa au niveau de l’écriture et su style (la trame générale est à mon avis un peu éculée, éculés !).
    Vraiment très très bien :-))

  8. Stoeffler sur

    Cool, un autre au club de ceux qui apprecient!
    Le troisieme a ete traduit?

  9. Non…
    Non seulement il n’a pas été traduit, mais pire encore, ce n’est semble-t-il pas pour demain…
    J’ai vraiment-vraiment bien aimé, tiens.

  10. Hello,

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    Thank you,
    Philip.

  11. Akodostef sur

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    All the best,
    Philip.

  13. Akodostef sur

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    I promise it was only a lack of knowledge on our behalf and not malevolence.

    All apologies again :/

  14. Akodostef sur

    Bonne nouvelle pour ceux qui seraient tentés de lire l’oeuvre d’Abercrombie, mais seulement en français : le Tome 3 (Dernière Querelle) est paru en novembre 2011 !

    Petite anecdote en passant, j’ai ouvert ce matin le Tome 1 en français, et apparemment l’un des personnages principaux, l’inquisiteur Glokta, y est bizarrement renommé Glotka… Le reste de la traduction a l’air ok, mais c’est quand même une grosse coquille !

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