The Heroes (Joe Abercrombie, 2011)

La couverture...

Le Nord, terre hostile peuplée de barbares puants, crasseux et mal habillés, est le théâtre de combats féroces entre les troupes de l’Union et celles du Protecteur des royaumes du Nord.

Mais lorsque la campagne s’enlise et qu’elle devient trop couteuse, le comploteur numéro un de l’Union, et « retraité » du Conseil Fermé (l’équivalent du pouvoir exécutif), vient donner l’ordre au Maréchal en charge des armées d’écraser la résistance et d’engager immédiatement les troupes ennemies dans une dernière bataille.

La localisation de cet ultime affrontement se trouve près du village d’Osrung, où se sont amassé le gros des forces des deux camps. C’est également à cet endroit que se tient une colline connue sous le nom des Héros (The Heroes) et qui selon la légende abrite les tombes de célèbres combattants des contrées du Nord. Les Héros représentent un endroit stratégique clé puisque depuis le sommet on peut entr’apercevoir l’ensemble de la vallée, faisant de la colline un emplacement essentiel pour être en position de force lors de la mêlée finale…

L’histoire gravite autour de trois hommes, pris dans l’enfer de la bataille, chacun ayant un but et des attentes différentes quant à la résolution du conflit : retrouver sa gloire perdue, faire le bon choix ou survivre afin d’accéder au pouvoir…

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Après la trilogie de La Première Loi, puis Best Served Cold, Joe Abercrombie signe ici son cinquième livre se déroulant dans le même monde que ses précédents romans, à la différence que l’action de The Heroes se passe quelques années plus tard.

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Comme dans tous les livres d’Abercrombie, la narration se fait au travers plusieurs protagonistes, avec une emphase sur trois d’entre eux. Ce procédé, loin d’être novateur, est toujours aussi efficace parce que l’auteur continue de nous livrer des personnages intéressants, forts et pleins d’ambiguïté. Il y a une vraie minutie dans leur description, souvent au travers du récit raconté à la première personne, et c’est pour cette raison qu’ils sont totalement crédibles, qu’ils collent à l’histoire et que le lecteur prend du plaisir à suivre leurs péripéties.

La marque de fabrique de l’auteur, comme on me l’a fait remarquer, n’est pas de mettre en place une histoire originale, mais de proposer un contexte intéressant et de présenter une multitude de personnages ainsi que de les mettre en situation. C’est d’autant plus jouissif pour le petit nombre qui a lu ses précédents livres de découvrir que la plupart des personnages, principaux et secondaires, sont apparus dans les précédents romans. Ce qui est aussi fort, c’est de voir la cohérence entre leurs précédentes apparitions et l’évolution de leur caractère dans ce dernier livre.

... cache en fait une carte détaillée de la région!

Autre point fort des romans, et de The Heroes, c’est le style d’écriture. Le ton singulièrement moderne, même si le monde décrit est plutôt médiéval, le récit ainsi que le rythme des chapitres sont toujours aussi bien maitrisés et la lecture est très facile.

Une différence notable est l’évolution vers un ton beaucoup plus cynique, bien plus qu’auparavant. Heureusement, cet aspect stylistique est contrebalancé par un humour (noir) omniprésent dans The Heroes, au travers des guerriers du Nord qui sont souvent à l’origine de quelques ricanements, mais aussi à l’insu des gradés de l’Union, souvent décrits comme une ribambelle d’incapables.

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Si dans La Première Loi, on avait un roman de fantaisie et dans Best Served Cold, une sorte de thriller implacable, le thème de The Heroes est la guerre, et plus précisément l’horreur de cette dernière. Là où les deux premiers livres ne prenaient pas de point de vue en particulier, il est clair ici qu’Abercrombie nous donne son opinion sur ce sujet, sa justification ainsi que sa définition de l’héroïsme.

Si vous avez lu ses précédents livres, le style est quasiment identique : pas de lyrisme ou de lauriers, (presque) tout le monde est une sombre merde, prêt à tout pour sauver sa carcasse ou s’élever au-dessus des autres. Au travers de l’horreur du conflit, chaque personnage voit ses défauts révélés au grand jour lorsqu’il est temps pour lui (ou pour elle) de combattre ou que sa vie est en danger : la vanité, la lâcheté, l’opportunisme, l’ambition, la soif de meurtre sont des exemples de caractéristiques des héros du livre. Et personne n’échappe à cette description, du trouffion de base, au maréchal en chef, du paysan qui a pris les armes pour protéger son pays au Protecteur du Nord lui-même. On n’a pas trop de mal à deviner ce que pense l’auteur de la guerre et la description qui en est faite est évocatrice sans tomber dans le prosélytisme.

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The Heroes est une œuvre puissante, de par son message « anti-guerre » et de par sa galerie de personnages hauts en couleurs. Epique, brutal et réaliste, le style maintenant inimitable de Joe Abercrombie vous fera tourner les pages de The Heroes frénétiquement.

Je recommande !

6 réflexions sur “ The Heroes (Joe Abercrombie, 2011) ”

  1. Akodostef sur

    Bon, ben… oublie pas de le prendre avec toi quand tu viens sur Paris, hein ! :)

  2. Jika sur

    Pour avoir lu ce qui est déjà paru en français, et qui avait été conseillé par le même Stöeffler, j’attendrais patiemment la traduction de ce bouquin-ci :-)

  3. Stoeffler sur

    Heureusement que t’es patient parce que y’a toujours le troisieme volet de la trilogie, puis Best Served Cold qui doivent passer avant…

  4. Jika sur

    Je ne sais pas si les traductions suivront l’ordre des publications originales : c’est toujours le cas ?
    Et puis j’attends SURTOUT le troisième de la trilogie, parce que j’ai vraiment bien aimé les deux premiers (même si je ne me souviens pas de ce que j’ai lu ^^)

  5. Akodostef sur

    Je n’en suis qu’à la moitié du bouquin, mais je viens encore de lire quelques lignes d’anthologie, et vraiment, j’adore le style d’Abercrombie. Ce type est brillant !

  6. Stoeffler sur

    Il y a clairement une progression dans ses bouquins.
    Je pense que celui-ci est le plus sombre de tous, peut etre parce que le contexte est celui de la guerre, je ne sais pas.

    Autant j’ai adore la premiere trilogie, autant je pense que The Heroes est un niveau au dessus en ce qui concerne le style.
    Avec Best Served Cold en derniere position meme s’il y avait des elements tres sympathiques.

    Son prochain livre (qui est un Western Oo) sort en octobre, je vais donc me ruer dessus. Et pour l’occasion, l’auteur fait l’auto critique de ses bouquins et c’est tres interessant la maniere dont il les aborde (Pas encore fait pour The Heroes).

    Je conseille de lire lorsque les ouvrages sont finis:
    http://www.joeabercrombie.com/2012/06/19/best-served-cold-reread/
    http://www.joeabercrombie.com/2012/06/13/last-argument-of-kings-reread/
    http://www.joeabercrombie.com/2012/06/06/before-they-are-hanged-reread/
    http://www.joeabercrombie.com/2012/05/28/the-blade-itself-reread/
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