Voyage en Argentine (Octobre 2009 – 3e partie)
Première partie de cet article ici
Deuxième partie, ici
Journée 14 (Samedi 31 octobre) : voyage vers Iguazu
Nouvelle journée « sacrifiée » au seul transport. Le vol pour Buenos Aires est reporté deux fois comme d’habitude, et les turbulences me rendent malade (il a beaucoup plu ce jour-là) ; nous enchaînons avec un vol Buenos Aires/ Iguazu, retardé sans qu’on nous explique pourquoi et il est donc très clair que nous ne ferons rien de la journée, une fois de plus. Heureusement, le guide qui vient nous accueillir à l’aéroport parle français et nous explique tout ce que nous avions besoin de savoir pour planifier nos deux prochains jours sur place, ce qui nous épargne pas mal de tracas pour le reste de l’organisation. L’hôtel où nous arrivons est par ailleurs sympathique (avec une piscine dont nous ne pourrons pas profiter ce premier soir car la nuit tombe beaucoup plus tôt sous cette longitude), et le buffet est carrément enthousiasmant, notamment au niveau des desserts (tiramisu et gâteau au chocolat mémorables), ce qui sauve la journée.
Jour 15 (Dimanche 1er Novembre) : Iguazu, Chutes du côté argentin
Une fois de plus, la chance est avec nous côté météo : la semaine passée a été marquée par des pluies abondantes, qui ont même imposé la fermeture du parc à cause du danger : non seulement nous arrivons au bon moment pour ne pas être interdits d’entrée, mais en plus le débit du fleuve est doublé par rapport à son cours moyen habituel (+ de 4000m3 à la seconde au lieu de 1700 en temps normal) ce qui devrait rendre les chutes encore plus spectaculaires.
Nous partons très tôt en bus pour atteindre le parc, et montons sans perdre de temps dans le petit train (à gaz) qui nous amène sur les rives de l’Iguazu à la hauteur du point présenté comme le « clou » des Chutes : la Gorge du Diable, où confluent sur une large demi-lune d’une centaine de mètres plusieurs courants du fleuve, pour se jeter avec une force phénoménale d’une hauteur équivalente. Je dois préciser que je n’attendais pas forcément grand-chose d’Iguazu (des cascades ? Ouais, bon…) mais en arrivant à la Gorge, impossible de ne pas être enthousiasmé et subjugué par le spectacle : les eaux se déversent avec un mouvement hypnotique, d’abord sur un premier palier qui ressemble à une mer en furie, avant de se lancer dans une deuxième chute où elles ne sont plus qu’écume ; des nuages de vapeur d’eau s’élèvent du pied des chutes, là où l’eau qui tombe rencontre violemment celle qui tourbillonne, et la vapeur est si dense qu’elle devient elle-même un spectacle captivant : elle s’élève à des hauteurs variables, avec des mouvements incessants si bien qu’on peut y voir apparaître des formes fantastiques l’espace d’un instant : c’est comme chercher des formes dans les nuages, mais à une vitesse hallucinante ! Nous restons là entre 30mn et une heure, mais nous aurions pu rester bien plus longtemps, absorbés par le spectacle de l’eau et des petits oiseaux noirs (des arbalétriers, ou martinets) qui volent à toute vitesse en frôlant les cascades , et à profiter du bien agréable brumisateur naturel que constituent les gouttelettes (qui ne facilitent pas la prise de photos, par contre) ; pour mémoire, il fait très chaud à Iguazu, entre 35° et 40°, ce qui signifie si vous avez bien suivi que dans la journée de la veille nous sommes passés de 0-5°C à 35-40°C en moins de 24h !
Direction ensuite le « circuit supérieur », des passerelles qui permettent d’apprécier le panorama des Chutes dans toute leur largeur (soit près de 2000m : impressionnant barrage !). Le « circuit inférieur » m’a paru plus excitant, puisqu’il permet de passer tout près de certaines cascades, dont l’excellente Cascade Bossetti, extrêmement puissante et de laquelle une jetée s’approche presque jusqu’à la toucher ; les visiteurs s’avancent plus ou moins loin sur la jetée, comme pour une épreuve de courage, en se faisant méchamment tremper au passage (ce qui, vu la chaleur, est en réalité bien agréable). Je suis, naturellement, allé jusqu’au bout -avoir peur d’être mouillé dans des circonstances pareilles, c’est juste absurde- et j’ai eu bien raison : c’était grisant !
La contrepartie de notre chance d’être arrivés après les pluies de la semaine dernière, c’est que l’Isla San Martin, un gros ilot rocheux luxuriant situé au pied des chutes et sur lequel on peut normalement se rendre en bateau pour des balades libres qui permettent de bien voir le grand cirque des chutes depuis leur cœur, est interdit au public. C’est bien dommage parce que nous aurons de nombreuses occasions de constater que l’ile est magnifique, que les balades, même courtes, doivent être bien sympas (un peu plus ambiance « aventure » que le parcours archi-balisé des passerelles…) et le point de vue doit être terrible, mais on ne va pas se plaindre. Nous aurons vu aussi dans la journée plusieurs coatis, toujours mignons mais moins farouches qu’au Mexique si bien que la rencontre, moins inattendue et moins unique, nous enthousiasme moins que lors de notre mémorable visite de Calakmul. Nous aurions peut-être aussi pu rencontrer davantage d’animaux, et nous avions en tous cas prévu d’essayer en partant sur le Sendero Macaco, un petit sentier de rando peu fréquenté qui s’éloigne des cascades principales (et de la foule) pour conduire à une cascade plus secrète… mais après quinze minutes de marche dans le sous-bois, et malgré nos sprays repousse-insectes, des nuées de moustiques nous assaillent. Bon, les piqûres de moustique, c’est jamais rigolo, mais Marion fait en plus systématiquement des micro-allergies au piqûres d’insectes, sans compter que la dengue sévit dans le nord de l’Argentine : les désagréments et les risques n’équilibrant pas le plaisir que nous attendions de la balade, nous faisons demi-tour et retournons à la place à la Garganta del Diablo voir l’air que lui donne le soleil presque couchant, et nous ne regrettons pas puisque nous avons le plaisir d’y découvrir un grand arc-en-ciel qui s’étend au-dessus de nos têtes dans la vapeur d’eau (l’arc se complètera même une fois entièrement le temps d’un instant magique pendant lequel le nuage de gouttelettes s’élèvera remarquablement haut). Nous ne nous sommes heureusement pas lassés de l’endroit malgré nos deux passages dans la même journée, et restons jusqu’à ce que les gardiens du parc nous en chassent.
Nous rentrons alors en bus, puant la sueur et l’anti-moustiques (qui sent les pieds), trop tard une fois encore pour profiter de la piscine, mais nous avons eu une bonne journée et une bonne douche suivie d’un bon buffet la concluent en beauté.
Jour 16 (Lundi 2 Novembre) : Chutes d’Iguazu, côté brésilien
Aller au parc brésilien s’annonçait bien compliqué (en bus, notre hôtel étant un peu excentré, il nous fallait d’abord rejoindre la ville de Puerto Iguazu, en Argentine, de là, rejoindre avec un 2e bus la ville de Foz de Iguazu, au Brésil, avant de prendre un 3e bus en direction du parc (et même galère au retour). Prendre un taxi nous a finalement bien simplifié la tâche, pour moins cher que ce que je craignais (150 pesos, soit 30 € aller puis retour 5h plus tard). Avoir un taxi qui nous attend pendant qu’on fait nos gros touristes nous gênait un peu –nous y avions déjà eu recours avec les mêmes interrogations morales à Calafate le premier jour – mais en y réfléchissant, le taxi attendait de toutes façons devant l’hôtel sinon : attendre est une partie inévitable de son travail et vu que nous avions prévu de rester longtemps sur place pour voir aussi le parc d’oiseaux exotiques voisin des Chutes, notre chauffeur a même pu en profiter pour repartir faire d’autres courses dans la journée, ce qui nous a complètement décomplexés.
C’est un bus cette fois qui nous conduit à l’intérieur du parc jusqu’aux passerelles, en passant sur la route devant trois points à partir desquels on peut pour assez cher (plus de 30€ par personne à chaque fois) s’offrir diverses activités : « raft » « sur les rapides » (en fait pour ce que nous en avons vu du côté argentin, ça consiste essentiellement à se laisser porter par le courant sur les parties les plus calmes du fleuve… les passagers n’ont même pas de pagaie) ; approche des Chutes en zodiaque (là ça s’approche effectivement très près… mais a priori trop près même pour apprécier la vue, surtout dans les vapeurs d’eau : c’est plus pour le frisson d’être sur une embarcation qui saute dans tous les sens pendant qu’on se fait tremper… sans doute assez marrant, mais bon…) ; etc.
Le début du sentier confirme ce que j’avais redouté : voir les chutes argentines de loin (les mêmes que celles que nous avons vues la veille, donc, mais avec une vue plus panoramique), me laisse franchement indifférent. Je suis heureusement rapidement détrompé par la suite du parcours, qui nous permet de voir l’autre côté de la décidément magnifique Isla San Martin, qui regorge de cascades très belles de ce côté, et dont on voit mieux d’ici les courtes mais chouettes balades qu’on doit pouvoir y faire. Nous arrivons ensuite au ‘clou’ de la visite de ce côté-ci : une passerelle qui s’avance sur 200m au milieu des chutes et nous offre à la fois au loin une très belle vue sur les cascades du côté de San Martin ; une rupture dans le panorama créée par une cascade qui passe juste sous nos pieds ; une vue sur la cascade principale au-dessus de nous à 100m, qui diffuse un nuage d’eau en suspension rafraîchissant ; enfin, un panorama sur l’extrémité de la Gorge du Diable de ce côté des chutes. Même si elle ne produit pas l’effet abasourdissant de la passerelle argentine, cette passerelle-ci permet quand même de profiter d’un ensemble de cascades qui passent sous nous, devant nous tout près, devant nous au loin, et c’est là encore très plaisant et on pourrait y rester des heures. En comparaison, la fin du parcours, même si elle nous permet d’approcher d’un dernier puissant rideau presque au point de pouvoir le toucher et, via d’un ascenseur, de passer d’en-dessous à au-dessus, semble moins exceptionnelle. Cette visite se conclut par une expo temporaire de vieilles photos de famille qui donnent à voir la transformation des Chutes au long du XXe siècle, avec notamment une photo du lit du fleuve complètement à sec (il y a eu une sécheresse en 1972), une vision totalement impossible à concevoir quand on voit le torrent d’aujourd’hui.
Nous passons ensuite dans le parc voisin, dans lequel sont rassemblés des centaines d’oiseaux exotiques, dont des dizaines de perroquets différents ou des toucans (à la fois beaux et marrants – ils se déplacent au sol en sautant à pas chassés le long des rampes des passerelles sur lesquelles marchent les visiteurs et restent tranquillement à 10cm de nous : difficile de mieux les approcher !). Le parc se visite pour l’essentiel en pénétrant dans de très vastes cages (une cinquantaine de mètres de long et autant de large, sur une dizaine de haut) dans lesquelles on cohabite directement avec les oiseaux (un perroquet a d’ailleurs fondu sur nous et est passé à moins de 30cm de la tête de Marion pour se poser sur une branche derrière elle), ce qui est vraiment un avantage pour bien les voir, notamment les plus exotiques (et ils sont nombreux). Une visite que je recommande chaudement.
De retour à l’hôtel en milieu d’après-midi, nous en profitons pour nous installer près de la piscine jusqu’à la tombée de la nuit où, une fois bues nos margaritas et pina coladas, nous finissons par battre en retraite face aux moustiques invisibles qui commencent à nous bouffer de partout (jusque sous la plante des pieds, les salopiots !).
Jour 17 (Mardi 3 novembre) : Posadas
Hem… nous faisons ce jour-là un détour pour aller voir les Ruines de San Ignacio, évoquées dans le Routard comme « les plus émouvantes du monde ». Après un trajet de 4h en bus (irréprochable : hyper confortable et tout, idéal pour le voyage), nous arrivons à San Ignacio… ville déserte ou presque, sous une chaleur écrasante, et on a au départ la curieuse impression de s’être trompés d’endroit.
Intellectuellement, les Missions Jésuites comme celles de San Ignacio sont extrêmement intéressantes : les Jésuites avaient développé un type de communauté assez unique où, même si leur but restait d’évangéliser et « civiliser » les indiens, c’est eux qui apprirent la langue des Guarani plutôt que d’imposer l’espagnol aux indigènes ; ils intégrèrent une partie de leur structure hiérarchique traditionnelle pour fonder les règles de leur communauté (c’est d’ailleurs de là que vient le terme de « cacique »), et les indiens vivaient donc libres dans une société « communiste chrétienne » (travaillant une terre commune et répartissant équitablement les fruits de la production) presque démocratique : une révolution par rapport à la situation des autres indiens d’Amérique, écrasés ou réduits en esclavage par les colons européens partout ailleurs. La visite des Ruines permet de se rendre compte de ce à quoi ressemblait l’organisation spatiale des missions, avec une large place carrée sur laquelle se déroulaient toutes les activités communes, et autour de laquelle étaient construites les habitations sur 3 côtés, le dernier restant réservé aux bâtiments religieux. La façade de l’église et les bases des murs sont relativement bien conservés, mais il n’y a plus beaucoup à voir malheureusement, et la visite est plutôt courte… et pas tellement plus enrichissante que la lecture des descriptifs des missions qu’on trouve dans les guides. Du coup le « crochet » (4h aller, donc) depuis Iguaçu ne se justifie pas franchement. Nous nous mettons en quête du bus qui nous conduira ensuite à Posadas, où nous devons passer la nuit… et l’attendons plus d’une heure sur une place sans aucune indication sur les passages des bus, pas même un panneau pour signaler que les arrêts se font bien là (et avec donc l’angoisse que nous ne soyons pas au bon endroit). L’heure supplémentaire de trajet jusqu’à la ville, dans la cabine parfumée à l’essence du petit bus qui finit par nous prendre achève de me donner l’impression d’avoir perdu une journée pour rien (d’autant que Posadas est une très grande ville, qui ne présente pas le moindre charme). Très décevant.
Jour 18 (Mercredi 4 novembre) : Buenos Aires
La gentille-vieille-dame-qui-parle-français qui vient nous chercher à l’hôtel pour nous conduire à l’aéroport évoque pendant le trajet la chance qu’a l’Argentine de ne pas avoir de « problème de la peau » ; précision demandée par Marion (avec une naïveté charmante), elle parle bien de la chance « de ne pas avoir de noirs pauvres qui posent des problèmes »… après la gentille-vieille-dame-qui-parlait-français qui nous avait accueilli à Buenos Aires le premier jour, nous mettant en garde à propos des rues ou du métro, dans lesquels « il y a des gens gentils et des gens pas gentils », cette nouvelle réflexion me fait me promettre de toujours me méfier à l’avenir des gentilles-vieilles-dames-qui-parlent-français…
Le vol pour Buenos Aires nous fait subir deux minutes d’intenses turbulences qui rendent Marion malade d’angoisse et moi malade tout court, mais nous y survivons néanmoins. Une fois débarqués, nous partons pour Recoleta, le quartier des riches mais qui n’en a pas trop l’air, pour visiter le cimetière de la capitale, dans lequel se trouvent les caveaux de toutes les grandes familles argentines. Ce cimetière est assez remarquable en ce qu’il ne compte pas de tombe classique, mais strictement que des caveaux, qui s’élèvent tous au minimum à 2m au-dessus du sol (certains sont décorés avec des statues ou des constructions énormes et sont alors bien plus hauts), et leurs alignements dessinent ainsi quasiment une ville, pas vraiment sinistre parce que ces tristes immeubles sont en revanche d’élégantes constructions, en marbre avec des portes Art nouveau ou design, pour la plupart. Certaines ont quand même été fracturées et des gens s’y sont visiblement introduits, sans doute pour des soirées glauques au vu des déchets qui y restent après leur passage, et il y a une dizaine de chats errants dans les allées, contribuant à créer une atmosphère de désolation et d’abandon.
Nous poursuivons avec une visite du musée des Beaux-Arts, gratuit et ouvert apparemment jusqu’à pas-d’heure (officiellement, c’est 19h30, mais nous sommes sortis à 19h40 : personne ne nous demandait de nous presser, et il restait encore plein de gens à l’intérieur). Plusieurs œuvres de qualité y sont présentées, mais comme j’ai écrit cette note trois jours après la visite et que je n’ai une fois de plus pas appliqué la règle que nous promettons à chaque fois de suivre Marion et moi (avoir un carnet pour noter ce qu’on aime lorsqu’on visite une expo), je n’en ai pas gardé grand-chose sinon une série de petites sculptures de mâchoires macabres noyées dans du tissu, suspendues sur des promontoires, etc. : assez flippantes, et une sculpture qu’il me semble avoir déjà vu ailleurs mais que j’aime bien (il faut la voir pour la comprendre, mais je n’ai apparemment même pas été fichu de retenir ni son nom ni celui de son auteur donc je n’ai pas de lien à présenter…).
Jour 19 (Jeudi 5 novembre) : Buenos Aires
Nous entamons la journée par une discussion animée sur l’intérêt d’aller à Caminito, une rue de la ville située dans le quartier de La Boca, réputé dangereux au point que tous les guides recommandent très fermement de ne pas s’y promener à pied et de s’y faire déposer et reconduire en taxi. Il n’y a donc à voir là qu’une rue (une seule !) hyper touristique, soi-disant typique du folklore argentin (avec danseurs de tango, tout ça) : en gros pour moi une rue blindée de clichés pour touristes dans laquelle on ne trouve que des touristes et des gens qui font des trucs pour les touristes, au milieu d’un océan de misère et de danger… j’avais clairement fait comprendre à Marion dès le vol aller pour l’Argentine (Jour 1, donc) que je ne voyais strictement aucun intérêt à cet endroit, mais il m’a quand même fallu me battre une bonne demi-heure pour obtenir qu’on n’y perde pas notre matinée.
Échapper à cette galère n’aura été que la première épreuve de cette journée. C’est en effet un jour de manifestations à Buenos Aires (même si nous n’en verrons pas la queue d’une, à part quelques regroupements de dix à vingt personnes par endroit (tu m’étonnes qu’à l’étranger ils aient l’impression que c’est l’émeute en France dès qu’il y a une manif !), et toutes les stations de métro sont fermées… ce qui ne nous facilite pas la vie puisque la ville est énorme et que le réseau des bus est incompréhensible (il y a environ 160 lignes, et il n’existe pas de plan ni global, ni ligne par ligne ; les arrêts ne portent pas de nom, il faut seulement se rapporter au nom des rues ! Oo)
Nous entamons quand même la balade proposée par le Lonely Planet pour les gens qui ont 1 ou 2 jours pour visiter la capitale, et qui est censé permettre d’en voir les attractions majeures et la diversité des quartiers. Bon… la ville est bruyante, surpeuplée, il y a trop de voitures et même si on trouve effectivement une grande diversité dans les bâtiments, dont certains sont remarquables, je ne la trouve décidément toujours pas très intéressante.
Nous réussissons quand même à prendre le bus (ce qui, compte tenu des réseaux de bus tient du miracle : bien que nous ayons acheté exprès un guide des bus, ce sera la seule fois où nous réussirons à trouver quelle ligne prendre pour aller d’un point à un autre) et partons visiter Palermo, le quartier branché. Difficile d’avoir un avis tranché : le quartier est plus agréable à vivre parce qu’il est presque désert et que même les voitures s’y font rares, et il n’a rien à voir avec un 15e ou 16e arrondissement de Paris : on y trouve des immeubles de plus haut standing que dans la plupart des autres quartiers que nous avons visité, mais ceux-ci voisinent avec d’autres immeubles tout aussi délabrés qu’ailleurs, et si les trottoirs sont pavés, le dallage laisse souvent à désirer… Nous croisons des dizaines de filles de riches typiques, à la Beverly Hills, qui font du shopping avec leurs copines et ne jetteront pas même un regard aux deux adolescents qui viendront successivement mendier devant le bar branché où nous faisons une pause. Le violent contraste qui apparaît subitement et avec une cruelle clarté entre ces deux facettes de la capitale me retourne le cœur. Néanmoins, malgré notre impression initiale d’être là chez les branchouilles et les nouveaux riches, il n’est pas possible de se limiter à ce rapide a-priori car les nuances sont globalement plus subtiles que celles-là.
Quoi qu’il en soit, si je comprends qu’on puisse aimer cette ville quand on y vit, je ne trouve pas personnellement qu’elle mérite qu’on passe 3 jours à la visiter (je dirais peut-être la même chose de Paris si je n’y vivais pas, en même temps).
Jour 20 (Vendredi 6 novembre) : Buenos Aires, encore
La météo, qui avait été idéale à Buenos Aires jusque là et se fait mitigée, et le prix de l’expédition (60€ par personne), nous font renoncer à visiter Colonia, une ville d’Uruguay juste de l’autre côté du fleuve : nous décidons donc de respecter notre plan pour ces derniers jours de vacances, et de simplement nous balader en prenant du bon temps. Nous partons donc tard de l’hôtel, direction le Musée d’Art Moderne (en fait le MALBA est censé être le Musée des Arts Latino-Américains… mais on n’y voit que de l’art moderne à contemporain, et ce trimestre-ci, l’exposition temporaire était consacrée à… Andy Warhol ! Pas trop latino…). Même commentaire qu’au Musée National des Beaux Arts : la collection est respectable mais je n’en ai pas gardé grand-chose…
Nous croisons sur notre route des promeneurs de chiens, réelle profession à Buenos Aires, qui consiste à trimballer une dizaine de chiens à la fois pour leurs propriétaires qui n’en ont pas le temps (rassurez-vous, nous avons aussi croisé des pauvres, contraints de promener eux-mêmes le leur). Nous passons l’après-midi dans deux cafés successifs, en quête du « vieux Buenos Aires » : d’abord une maison de thé qui a gardé son aspect de boutique antique avec ses bocaux en verre remplis de thé et ses rayons en bois sur lesquels sont entreposés des condiments et des épices ; puis, dans ce qui est censé être un café dansant où, si les boiseries restent belles dans la très vaste salle principale, le reste du bâtiment semble ne plus être que le fantôme de son passé : les lustres n’ont plus tous leurs bulbes, les ampoules sont à moitié éteintes mais ne sont pas changées, les miroirs sont tachés, Marion revient morte de rire des toilettes tellement elles sont insalubres, les présentoirs à pâtisseries semblent avoir des problèmes d’étanchéité (le présentoir réfrigéré est parsemé de buée, celui des gâteaux secs abrite quelques gâteaux littéralement moisis) et l’endroit est totalement désert ! Merci les guides pour ce super-plan (même si c’était marrant de se retrouver dans un tel bouge) !
Nous finissons la journée en allant visiter la galerie commerciale Mercado de Abasto. Les deux derniers étages de ces galeries commerçantes sont occupés par un parc d’attractions pour enfants avec des tas de jeux (ball-trap, etc.) et des manèges modernes mais jolis et colorés. C’est relativement désert (étonnant pour un vendredi soir) mais ça rend la balade d’autant plus plaisante puisque moins bruyante et que nous pouvons nous déplacer où nous voulons et à notre rythme, sans compter que cela donne un côté secret et un peu abandonné au lieu, une atmosphère que j’aime bien dans ce genre de cadre. Quand on voit certains des trucs anecdotiques recommandés par les guides, je trouve scandaleux qu’on ne parle même pas de ce Neverland (à part une ligne dans le Lonely Planet, dans la présentation des « superbes » galeries commerçantes (qui sont au contraire parfaitement banales, elles).
La soirée se finit dans un resto italien chic de Puerto Madero, sur le « port », presque là où nous avions commencé notre visite le premier jour de notre arrivée en Argentine, jolie manière de boucler notre tour (sans compter que le resto est très bien, même si un peu cher, et on est traités avec beaucoup d’égards malgré notre look de touristes au milieu des clients en tenue de soirée chic).
Au final :
Je regrette que notre voyage ait duré si longtemps : je n’arrive pas à profiter des choses lorsque je suis privé de mes activités ordinaires trop longtemps ; nous aurions largement pu faire l’économie de l’étape San Ignacio/ Posadas –mais nous ne pouvions pas le savoir à l’avance- et j’aurais préféré passer moins de temps à Buenos Aires à la fin. Ushuaïa aura aussi été un détour trop conséquent pour ce qu’il y avait à y voir. D’une façon générale, j’ai aussi trouvé pénible de devoir tant utiliser les transports pour nous rendre sur les lieux « à voir », mais la configuration du pays (des étendues et des étendues de territoires qui s’étirent indéfiniment) ne permet pas de le visiter autrement. Tout ce que nous aurons vu durant nos deux premières semaines valait quand même franchement le coup, et je garderai donc un très bon souvenir de la Patagonie dans sa diversité (les glaciers, les animaux, les balades en montagne), notamment à El Chalten où les conditions (chouette hôtel, personnel chaleureux et anglophone avec lequel nous avons donc pu échanger, et resto idéal) nous ont permis de davantage profiter du séjour en plus de profiter de la région. L’impossibilité de communiquer a une fois encore été la source de pas mal de frustration pour moi, même si je ne suis pourtant pas bavard ni d’un naturel grégaire, parce que cela rendait tous les échanges tendus et inconfortables alors qu’à 90% tous les argentins que nous avons rencontré étaient très sympathiques (peut-être un peu moins dans le nord), contrairement ce qui se dit parfois.
Et il FAUT voir Iguazu.
A ceux qui prévoient un voyage en Argentine, donc, je recommande chaudement un billet Patagonie + Iguazu comme base de parcours.
Pffiiou, t’écris pas vite !
(demain, je lis l’article)
Tiens ca me rappelle que j’ai toujours pas fini de taper le mien…
Sinon toujours de tres belles photos, et Iguazu ca a l’air effectivement d’etre magnifique!
Julien a aussi un article sur son voyage au Japon à écrire. Au boulot, les gars ! :D