2 semaines en Écosse (Juillet 2018)

Marion et moi sommes partis cet été deux semaines en Écosse, dont 2 jours dans la capitale, Édimbourg, quatre jours de randonnées sur la West Highland Way (de Tyndrum à Fort William), puis un road trip dans le nord du pays et sur l’Ile de Skye.

L’album de nos meilleures photos est ici. Comme toujours pour ceux qui envisagent d’effectuer un séjour comparable, je listerai en fin d’article les endroits où nous avons dormi et mangé. Pour ces lieux, comme pour les activités que nous avons effectuées, j’utiliserai un système de notation allant de * (à éviter absolument) à ***** (justifie le voyage à lui seul).

Jour 1 : mardi 10/07/18 (Édimbourg)

Nous avions prévu un voyage aller « à la cool », avec un avion à 14h50 qui nous permettait de nous lever à une heure décente et de nous mettre en route sans avoir à courir. Manque de pot, Marion avait oublié son pull fétiche chez nos amis Michel et Hélène, et je me suis donc réveillé à 6h30 pour aller le récupérer (empruntant une Autolib, probablement pour la dernière fois étant donné que l’arrêt du service a été violemment décidé en juin).

Comme les contretemps arrivent rarement seuls, nous apprenons par la radio au réveil que le trafic est très perturbé sur le RER B (le seul qui permet de rejoindre l’aéroport) du fait d’une panne d’électricité : nous partons donc plus tôt qu’initialement prévu, pour prendre le bus navette qui part d’Opéra, qui avait déjà été notre recours lors d’un précédent départ.

Sur le chemin, un très vieil homme trébuche devant nous dans la rue, et son visage est maculé de sang là où ses lunettes, en se cassant, lui ont laissé deux coupures. Nous l’aidons à se relever puis le laissons après qu’il nous ait assuré que tout allait bien.

Un, deux, trois mauvais augures… Voilà une journée qui commence vraiment mal ! Ça a heureusement été le dernier incident de ce premier jour : le vol s’est ensuite passé sans problème.

Pour rejoindre la ville depuis l’aéroport d’Édimbourg, nous avons pris le tram, qui traverse un cadre champêtre plus joli que celui auquel on a droit d’habitude en quittant les aéroports. Un premier bon signe !

Nous déposons nos bagages au Southside Guest House****, un Bed & Breakfast à la décoration élégante, à la fois typiquement anglaise et moderne. Nous y logeons dans une jolie chambre au haut plafond et avec un bow-window, notre lit est à baldaquins : très chouette.

Nous partons rapidement nous balader dans les rues de la ville, d’abord à la recherche d’un adaptateur pour prises britanniques puisque j’ai oublié les 2 nôtres à Paris (13€ dépensés pour rien : je les retrouverai en fait le soir-même au fond de notre valise), puis d’un endroit où diner et voir la demi-finale France-Belgique. On se décide finalement pour un pub où l’on ne peut que boire et pas manger, appréciant les 60 premières minutes de jeu avant que l’équipe de France ne décide d’arrêter de jouer et de ne plus faire que de l’anti-jeu avec un esprit antisportif au possible (plus aucune construction de jeu et de simples dégagements le plus loin possible, même plus de tentatives de marquer malgré quelques occasions), les dernières minutes allant jusqu’au franchement honteux (Mbappé qui éloigne la balle de la touche où elle a été sifflée, l’ultime corner de la rencontre joué à deux sur un carré de 20 cm pour protéger la balle et empêcher les Belges de l’approcher aussi longtemps que possible…) : cette fin de match m’a laissé énervé et mécontent (et j’imagine ce qu’ont pu en penser les Belges qui ont dû subir ça (apparemment, les joueurs Belges n’ont pas trop aimé, ce qui leur a valu de bien se faire chambrer)). Nous dînons ensuite d’une pizza, pour faire vite, chez Mamma’s**. Pas typiquement écossais, mais nous avons de toute façon une tradition de manger un truc un peu idiot le premier soir de notre arrivée dans un pays étranger.

Jour 2 : mercredi 11/07/18 (Édimbourg)

Nous nous réveillons dès 6h45 parce que le petit-déjeuner n’est servi qu’entre 8h et 9h (ça nous a surpris au début, mais en fait c’était comme ça dans à peu près tous les B&B où nous avons logé). Ce désagrément est heureusement largement compensé par la qualité et la profusion du petit-déjeuner, riche en options cuisinées à la commande : un petit-déjeuner comme on les aime !

Nous commençons la journée par une visite du Edinburgh Castle****, une vieille et belle forteresse perchée sur son rocher. Entre autres traces de l’Histoire, on peut y voir les « Honours of Scotland » (le sceptre, la couronne et l’épée qui symbolisent le pouvoir du roi d’Écosse), ainsi que la Pierre du Destin, un bloc de pierre sans charme mais aux origines mythiques, qui servait au rituel de couronnement du Roi. Elle fut prise par les Anglais en 1296 qui s’en sont à leur tour servi pour leurs propres cérémonies de couronnement (la Pierre étant installée… sous le trône Anglais). Récemment rendue (en 1996) aux Écossais, elle continuera à servir pour les cérémonies de couronnement des futurs Rois Britanniques.

Nous effectuons ensuite un gros détour pour aller déjeuner/goûter à Loudons**** : on croise plein de coffee shops sympas sur le chemin (Édimbourg en regorge en fait) donc on aurait pu choisir un lieu moins éloigné pour manger, mais c’est aussi pour nous l’occasion de nous balader dans une partie différente de la ville.

Nous passerons régulièrement pendant notre séjour par la Victoria Street****, étrangement bâtie sur deux étages et qui de ce fait inspira à J.K. Rolling la Diagon Alley d’Harry Potter.

On passe également à la St Gile’s Cathedral*** à la recherche de vitraux de Burne Jones, mais sans être vraiment sûrs de les avoirs trouvés : tous les vitraux de l’église sont jolis d’une façon générale, mais on n’a reconnu nulle part le style préraphaélite de l’artiste, que nous aimons bien tous les deux (et qui est exposé jusqu’au 24 février 2019 à la Tate Britain si vous êtes également amateur). Un chœur de jeunes filles chantait pendant notre passage, ça donne toujours un petit surcroît d’atmosphère !

Nous passons ensuite au Holyrood Palace***. Le bâtiment lui-même n’a pas énormément d’intérêt à mon sens, mais on y découvre l’histoire de Mary Stuart et celle de James VI, également connu sous le nom de James I (suivez le lien si vous êtes curieux de savoir pourquoi), qui unit les deux couronnes d’Écosse et d’Angleterre.

Après un chocolat chaud au Smoov***, nous partons pour les beaux quartiers de Newtown. Après une petite balade, nous avons la chance de pouvoir diner sans avoir réservé au Gardener’s cottage****, un restaurant gastronomique tout petit et bien caché dans la modeste cabane où logeait autrefois le jardinier du quartier. Le diner, composé de produits locaux et de qualité, nous a surpris avec notamment des chips de peau de poulet accompagnées d’une émulsion de fanes de carottes, un excellent hashbrown, du cabillaud très salé accompagné de rubans de légumes, et un dessert fraise et meringue à l’aspérule odorante (je vous rassure, je ne connaissais pas non plus ;p).

Nous avions envisagé d’aller écouter de la musique traditionnelle au Sandy Bells, mais il est tard quand nous sortons du restaurant, et fatigués par notre longue journée, nous y renonçons pour ce soir.

Jour 3 : jeudi 12/07/18 (Édimbourg)

Nous reprenons notre découverte de la ville à pied, passons devant de très chouettes bâtiments victoriens en cours de rénovation de l’université d’Édimbourg, traversons le Meadows Park, et jetons un œil au cimetière Greyfriars***, dont les voisins semblent avoir un certain détachement vis-à-vis de la mort : plusieurs de leurs habitations sont littéralement adossées aux tombes, d’autres ont leurs fenêtres qui donnent directement sur le cimetière.

Nous avons réservé une visite du Real Mary King’s Close*** (« close » est le nom des ruelles qui partaient du Royal Mile, l’avenue centrale d’Édimbourg, et dont les habitations s’élevaient en hauteur en laissant un passage très étroit entre elles. Pas de lumière, pas d’aération : un environnement idéal pour une bonne épidémie de peste ! La visite animée est rigolote, et permet de découvrir la réalité des pauvres de l’époque et pas seulement l’histoire des rois, et aussi la façon dont s’est construite la ville. J’y ai également appris l’histoire des costumes des Plague Doctors, ces médecins qui venaient soigner les malades atteints de la peste, et qui portaient un masque à bec comme ceux qu’on associe souvent à Venise… où ils avaient en fait déjà été utilisés, pour les mêmes raisons, même si aujourd’hui on les porte pour le carnaval Oo.

Nous empruntons ensuite un bus pour nous rendre à la Rosslyn Chapel*** devenue célèbre grâce au Da Vinci Code qui a amplifié les mystères qui l’entourent (notamment ses liens avec l’ordre maçonnique). La feuille qui nous oriente pour la visite décrit les innombrables sculptures et bas-reliefs de la chapelle (dont certaines notables : une interversion entre une des illustrations des 7 vertus et une issue des 7 péchés ; la présence de plus de 100 « hommes verts« , les piliers du Maître et de l’Apprenti, et les tombes des StClair), mais il n’y est jamais fait référence aux Francs-Maçons, et on n’en a pas trouvé non plus…

Nous nous accordons un goûter au South Cross Café**** (je vous ai dit qu’il y avait des centaines de coffee shops sympas à Édimbourg !), avant un rapide tour à la Scottish National Portrait Gallery**** juste avant la fermeture (la vie s’arrête bien tôt en Écosse… à 17 heures tout commence déjà à fermer :/ ). Nous n’aurons pas eu le temps de voir les collections, mais le magnifique grand hall avec ses décorations de style Arts & Crafts (une frise des plus célèbres personnages écossais, des fresques grand format d’événements notables de l’histoire Écossaise, des représentations symbolique des constellations au plafond) mérite le détour à lui seul.

Nous poursuivons par une visite à la Scottish National Gallery**** qui finit un poil plus tard. La collection n’est pas immense, mais plusieurs tableaux m’ont bien plu.

Nous dînons au Villager***, et renonçons une fois encore à aller écouter de la musique au Sandy Bells. C’est un petit regret, parce que j’ai gardé un très bon souvenir d’un soir où des musiciens étaient venus jouer dans notre pub lors de notre séjour en Irlande, mais en même temps je me sens bizarrement un peu mal à l’aise à l’idée d’aller dans un endroit où on joue « officiellement » de la musique traditionnelle… Il fallait de toute façon qu’on prépare nos bagages pour le départ du lendemain, et le début de notre grande randonnée itinérante de 4 jours.

Jour 4 : Vendredi 13/07/18 (De Tyndrum à Bridge of Orchy)

Au réveil, pris d’un doute, j’avertis Marion que nous n’avons pas de carte de la West Highland Way… J’avais considéré qu’avoir la Google Maps (et une navigatrice aguerrie comme Marion ^_^) serait suffisant, et je n’avais pas recherché, ni imprimé, ni téléchargé de carte. Justement parce qu’elle est une navigatrice aguerrie, Marion juge au contraire qu’on ne peut pas s’engager sur une randonnée de cette longueur sans un topo pour nous orienter, d’autant qu’il risque de faire mauvais temps, et qu’il est donc assez possible que l’orientation soit compliquée.

Nous passons donc notre petit-déjeuner à regarder ce qu’on peut trouver sur le Net, et il s’avère que le tracé de cette randonnée pourtant très fréquentée n’apparaît pas sur le site ni sur l’appli. Je télécharge à l’arrache un guide en .pdf mais il ne contient pas de carte ; je fais des captures d’écran de Google Maps mais le tracé n’est pas très précis (sans compter qu’on n’a aucune certitude que le chemin qu’il nous fait prendre suit bien le tracé de la randonnée) ; enfin, on trouve l’adresse d’un magasin à Édimbourg où on peut acheter la carte officielle, mais il ne nous reste qu’assez peu de temps avant le départ du train… Pour expier mon insouciante impréparation (et parce que c’est le seul moyen qu’on puisse récupérer la carte avant le départ), je cours (littéralement) au magasin acheter la carte pendant que Marion garde les bagages à la gare. Heureusement, pas de mauvaise surprise, et je parviens bien à récupérer la précieuse carte. On avait prévu d’acheter un peu de nourriture (barres de céréales en vrac, pommes et bananes) avant de partir, cet imprévu nous contraint à le faire dans la précipitation. Normalement, nous devrions avoir la possibilité de petit-déjeuner et diner dans les relais où nous avons prévu de dormir chaque soir, donc il s’agit surtout de petits compléments plutôt que de la base de nos repas à venir.

Notre voyage en train nous fait rejoindre d’abord Glasgow, où nous changeons de train pour atteindre Tyndrum. Le train est plein, mais seule une famille descend avec nous à Tyndrum, dont je déduis qu’elle n’est pas un point de départ classique pour la randonnée (ou pour un séjour de quelque ordre que ce soit, visiblement). Avant de nous lancer pour de bon, nous nous arrêtons dans une station-service où nous discutons avec quelques jeunes français qui parcourent eux aussi la Highland Way : une adolescente lyonnaise qui vit l’expérience en solitaire, ce que je trouve d’autant plus audacieux qu’elle ne parle que très mal anglais, et deux garçons que nous aurons l’occasion de revoir tous les jours suivant sur le parcours, et que nous surnommerons « les minions » à cause des housses jaune fluo de leur sac à dos.
Pour l’anecdote, on trouve bien sûr dans la station-service… la carte de la randonnée que j’ai dû courir chercher le matin-même dans la panique totale.

Notre première journée de marche relie Tyndrum à Bridge of Orchy. C’est une randonnée très simple, sans dénivelé, bouclée en un peu plus de deux heures malgré un chargement de bœuf : pour ce tronçon, nous portons en effet tous les bagages de nos 15 jours de vacances sur le dos. Pour la suite, nous avons prévu de confier notre plus gros bagage (plein de choses que nous n’utiliserons pas pendant ces quatre jours de randonnée) à une société spécialisée qui le transportera jusqu’à Fort William (point d’arrivée de la West Highlands Way) mais aucune compagnie n’avait la possibilité de récupérer nos bagages dans un endroit où nous n’aurions pas dormi la veille… Ça m’a fait un petit 11 kilomètres avec 40 kilos sur le dos (dont 25 de trop), mais comme disait Nietzsche (cité en exergue de Conan le Barbare, vous pouvez vérifier) : ce qui ne te tue pas te rend plus fort (il te flingue les deux épaules et la hanche droite, dans mon expérience personnelle, mais bon).

Le paysage est très plaisant, avec des tâches de lumière qui viennent animer les collines et les prairies très accidentées, on longe des petits cours d’eau. La météo est avec nous : le temps est à la fois beau mais pas chaud, c’est l’idéal quand on voyage chargé.

Nous sommes agréablement surpris par le Bridge of Orchy Hotel****, qui propose des chambres dans de petites cabines neuves parfaitement fonctionnelles et élégantes. Le repas au restaurant est simple mais pas ordinaire (des raviolis aux noix de Saint-Jacques, des macaroni & cheese fondantes servies avec des petits pois et des oignons nouveaux). On s’attendait à bien plus roots.

Pour l’anecdote, l’hôtel vend aussi la carte de la West Highlands Way que j’avais dû courir acheter le matin, au bord de la panique…

Jour 5 : samedi 14 juillet 2018 (de Bridge of Orchy à Glencoe)

Le tronçon Bridge of Orchy – Glencoe représente environ 12 miles, ou à peu près 20 km : il y a un peu plus de dénivelé que la veille, mais le parcours reste tranquille, et il est beaucoup moins fatigant avec une charge plus normale sur le dos. On sait que la rando doit durer un peu plus de quatre heures donc forts de notre expérience sur le Tour du Mont Blanc où nous arrivions toujours très tôt aux relais, nous prenons notre temps en route pour nous reposer, prendre des photos, profiter du paysage… au final, nous mettrons 4h30. C’est un paysage de landes aux hautes herbes, composé de longues plaines avec des vallées au loin, des lochs, quelques rochers isolés… Il y a peu d’arbres, qui deviennent du coup des éléments de décor marquants quand ils apparaissent. Jusqu’ici la météo continue de nous être favorable, avec un temps agréable (moins ensoleillé que la veille quand même) et pas trop chaud.

Nous couchons ce soir-là en « glamping » (que nous avons supposé à juste titre être la contraction de « glamour » & « camping ») au Glencoe Mountain resort*** dans une sorte de hutte de hobbit tubulaire au toit pseudo-végétalisé : rigolo et plutôt confortable, forcément bien plus qu’une tente ordinaire compte tenu du risque de pluie, du froid, et des midges (les moustiques locaux, minuscule et silencieux donc indétectables avant qu’il soit trop tard), qui guettent pour vampiriser les innocents. Le site propose aussi des douches, payantes (1£ / 5mn), mais appréciables quand même après une journée de marche (par contre, c’est vraiment 5mn chrono donc tu as intérêt à pas perdre de temps pour faire ce que tu as à faire).

Jour 6 : dimanche 15 juillet 2018 (de Glencoe à Kinlochleven)

Nous nous réveillons dans les nuages et sous la pluie… Nous avons eu de la chance jusque là, donc nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur. La marche prévue pour cette journée est courte (3h) mais plus physique avec davantage de dénivelé, dont le « devil’s staircase » (« L’escalier du diable »), qui promet une montée ardue. On patiente un peu pour voir si le temps va se lever, mais la pluie a l’air d’être là pour un moment, donc on finit par se mettre en route malgré tout. Le début de randonnée traverse de beaux décors de hautes vallées mais les cimes sont ce jour-là un peu trop mangées par la brume. Le parcours longe la route pendant un long moment, ce qui n’est pas non plus très agréable. Nous effectuons des arrêts réguliers pour ajuster notre attirail (remettre ou enlever un imperméable, essentiellement, pour gérer la pluie et la température). Contrairement à ce que laisse redouter son nom, la montée du Devil’s Staircase n’est pas bien méchante (j’ai fait le Mont Fuji en jet lag et en pleine nuit sans dormir, moi mon pote !). On retrouve de beaux paysages une fois parvenus de l’autre côté, avec une vue sur un joli loch, puis un glenn un peu plus loin, plusieurs rivières. Nous arrivons à Kinlochleven après un peu plus de 4 heures de marche quand même. L’endroit ressemble davantage à une petite ville que ce qu’on imaginait, avec une supérette, des pubs,… On avait lu qu’on n’y trouverait pas de quoi se restaurer, ce n’est clairement plus d’actualité. On dort au Blackwater Hostel*** à nouveau dans un « pod » (une cabine tubulaire en bois), un peu plus grand cette fois que la veille (il n’y avait plus de disponibilités que pour les cabines pour 4), mais il y a en ville des bed & breakfast, des auberges, et on aurait probablement pu dormir dans une vraie chambre pour le même prix. Ce n’est pas très grave, l’endroit est très bien pour le prix, on a même à disposition un frigo et un micro-ondes pour préparer notre propre popote, ce qui est bien pratique. Il y a même une télé, mais on préfère aller dans l’un des pubs en ville (Tailrace Inn****) pour suivre la finale France-Croatie (4-2 (ou 2-1 si on ne compte que les « vrais » buts, c’est-à-dire si on oublie le penalty contestable et les buts contre son camp)), entourés de jeunes Français hyper enthousiastes qui mettent l’ambiance dans le bar. Pour fêter la victoire, on dîne finalement sur place plutôt que de rentrer réchauffer nos soupes lyophilisées et notre riz au micro-ondes au campement, et le repas est très bon (dont un bon et surprenant burger végétarien au quinoa).

Jour 7 : Lundi 16 juillet 2018 (de Kinlochleven à Fort William)

Nous retournons au sympathique Tailrace Inn pour le petit-déjeuner, avant de nous mettre en route pour le dernier tronçon de la West Highlands Way, Kinlochleven-Fort William. La météo annonce un temps toujours aussi pluvieux, mais celui-ci nous sourit une fois encore, globalement.
La randonnée couvre 21km : on pensait la couvrir en 5-6h, il nous aura fallu 6h30. Nous croisons sur le chemin des moutons aux grandes oreilles, dont les bébés sont tout gros et blancs. Ça fait plaisir de revoir de la vie animale : nous n’avions vu que quelques rares oiseaux et insectes jusque-là. De vastes étendues de terrain sont couvertes d’arbres morts, probablement atteints d’une maladie parce qu’ils sont tout blancs : la dévastation s’étend sur des hectares, et avec la distance, on dirait un cimetière, couvert d’autant de pierres tombales…
Plus loin, nous retrouverons une forêt en meilleure santé, parsemée d’un joli parterre de mousses. Nous effectuerons un détour pour aller voir le Dun Deardail, un fort de pierre datant de l’Âge de Fer*** qui aurait été incendié par un feu mystérieux si particulièrement intense que les pierres des murailles en auraient été vitrifiées. La fin de la montée jusqu’au point de vue est hyper exposée au vent ; on a depuis là une vue sur le Ben Navis (point culminant des Iles Britanniques) enfin dégagé et sur un autre massif montagneux qui a une bonne gueule mais dont je n’ai pas réussi à retrouver le nom. Je m’avoue néanmoins un peu déçu car il ne reste en vérité rien du fort sinon la forme générale du plateau, et surtout, on n’a vu aucune pierre vitrifiée : c’était quand même l’essentiel de la promesse de cette visite.
La fin de la randonnée s’effectue en ville. Nous allons quand même jusqu’au point final officiel de la West Highlands Way, même si cette portion ne présente guère d’intérêt (plus d’une heure sur des trottoirs en bitume, le long d’une route pas mal fréquentée par les voitures) et même si on est claqués, pour le principe… et parce que de toute façon c’est la route de notre B&B (Bucchleuch Guest House**** : une jolie maison confortable et élégante avec vue sur le loch, et un service très aimable).

Même si la difficulté de la West Highlands Way était somme toute relativement modérée, la fatigue en cette fin de parcours me donne le sentiment d’avoir quand même accompli quelque chose, et j’en ressens un peu de fierté. Je croise une dernière fois quelques-uns des duos que nous avons côtoyés au long de ces quelques jours (les « minions » croisés à Tyndrum et avec qui on a regardé la finale du Mondial ; les « punkettes » croisées dans le train pour Tyndrum, qui nous avaient donné l’impression de partir pour un trip roots mais qui finalement ont l’air d’avoir voyagé en mode plus cosy que nous ; le « gentleman », qui a fait tout Glencoe-Kinlochleven avec un parapluie à la main ; les Allemands avec qui on s’est croisés mille fois sur le tronçon Orchy-Glencoe ; les Français gros randonneurs qui m’ont raconté leur randonnée itinérante bien plus éprouvante en Crête, qui ont fait la West Highlands Way en entier en campant tout du long et qui ont dû morfler avec la pluie et les midges…)…
Même si – fidèles à nous-mêmes – nous n’avons parlé à peu près à personne, c’était comme une petite famille qui voyageait avec nous.

Bilan de cette randonnée de quatre jours Tyndrum-Fort William**** : c’était une expérience agréable, qui nous a permis de traverser de très beaux paysages, dans des conditions relativement confortables, assez semblables à celles du Tour du Mont-Blanc : grâce aux relais réguliers qui permettent de se ravitailler en route, on s’épargne le transport de gros stocks d’eau et de nourriture, et l’inquiétude de manquer de l’un ou de l’autre. La possibilité de choisir son couchage entre camping, pods et chambres est aussi appréciable et permet à chacun d’équilibrer entre budget et confort. Enfin, les conditions de voyage sont sûres, et on ne risque à aucun moment de se perdre (il y a beaucoup moins de marquage que sur le Tour du Mont-Blanc mais la piste est impossible à perdre tant qu’il ne neige pas : il n’y a même pas besoin de carte).

Nous dînons le soir au Geographer**** un restaurant clairement marketé pour bobos voyageurs mais bien conçu, où la cuisine est bonne et le service rapide, aimable et dynamique.

Jour 8 : Mardi 17 juillet 2018 (Durness)

Dunrobin Castle

Nous avons déniché à la guest house un guide « Walking in Scotland » de Lonely Planet qui avait l’air de proposer plein de randos du genre que nous recherchions. Nous avons commencé la journée par quelques visites des librairies en ville mais l’ouvrage n’est visiblement plus imprimé : on en fera des photos à l’arrache, à la place.

Nous nous rendons ensuite à la gare pour récupérer notre voiture de location, mais nous découvrons en arrivant qu’il y a eu un malentendu : le loueur, Easydrive, n’a pas de bureau à la gare ! L’heure qui m’avait été indiquée pour la prise du véhicule était en fait un horaire précis de rendez-vous et non une heure indicative comme c’est généralement le cas. Ils étaient donc passés nous chercher à 10h pile… et nous n’y étions pas. Nous perdons une demi-heure à organiser un nouveau rendez-vous. Tout finit néanmoins par rentrer dans l’ordre et on part juste avec un peu de retard sur le planning que nous avions prévu.

Nous roulons jusqu’au Dunrobin Castle***, un château à la séduisante façade aux angles innombrables. L’intérieur n’était pas passionnant, et valait surtout pour les meubles et les objets rappelant les différentes époques que le château a traversées. L’arrière du château est décoré de jolis jardins avec une dizaine de parcelles aux différentes ambiances, tout en fleurs (nous sommes en août, mais août, c’est le printemps ici !) dont certaines exotiques.

Durness

Depuis le château jusqu’à notre prochaine étape, Durness, la route nous offre de magnifiques paysages*****. Nous étions relativement pressés par le temps et nous n’avons donc pas pu nous arrêter à chaque fois, mais il y avait des dizaines de points de vue magnifiques : les conditions météos nous sont vraiment favorables, et avec cette lumière cette région de l’extrême nord de l’Écosse est littéralement splendide.

Après un dîner au Whale Tale**** un restaurant neo-baba, où la musique est douce et les gens très gentils, nous marchons jusqu’à la pointe de la côte pour profiter des couleurs du ciel sur la plage. En chemin, nous croisons d’adorables lapins qui se carapatent en remuant leur cul tout blanc, et il y a des moutons partout. J’ai adoré ce coin.

Jour 9 : mercredi 18 juillet 2018 (Ullapool)

Nous séjournons au Mackay’s Rooms****, aux chambres belles et confortables, modernes et décorées avec goût. Après un excellent petit-déjeuner (notamment des tartines originales à la purée de poivron rouge, noix de cajou et guacamole), nous gagnons le « ferry »qui traverse le bras de mer qui sépare Durness du Cape Wrath, une péninsule qui n’est accessible par aucune route carrossable. Nous arrivons malheureusement 5 minutes trop tard, et le canot n’effectue la traversée qu’une fois par heure… Nous faisons donc une petite balade le long de la jolie côte en attendant le prochain départ.

Baie de Kearvaig

Une fois traversé le bras de mer, un petit bus permet de rejoindre le phare à la pointe du cap. Le chemin est très cahoteux, et bien qu’il ne soit long que de 11 miles (18 km), il faut 1 heure à la navette pour faire le trajet. Le chauffeur rigolo se charge de rendre le temps moins long en racontant des tonnes d’histoires et d’anecdotes, qu’on ne comprend pas toujours à cause de son accent et du bruit que fait le vieux bus tremblotant.
Le phare lui-même n’est pas particulièrement impressionnant. La plupart des autres visiteurs se contentent néanmoins d’un simple aller-retour après l’avoir atteint. Pour notre part, nous nous mettons d’accord avec le chauffeur pour le retrouver sur un de ses prochains voyages retour 4 heures plus tard, et nous partons à l’aventure. Il n’y a pas de sentier sur cette péninsule sauvage, et c’est un vrai plaisir que d’être ainsi libres d’explorer en traçant notre propre route, avec l’impression d’être seuls au monde (avec les moutons ! (dont un qui s’est retrouvé isolé sur un bout de falaise sans qu’on sache comment il y est arrivé, et sans qu’on voie comment il va pouvoir en repartir…)). Nous aurons aussi l’occasion de croiser un groupe de daims, s’enfuyant à notre approche. La baie de Kearvaig est magnifique, le décor y mêle lande, rochers, falaises, eau turquoise et plage de sable blanc. Nous découvrons sur ladite plage une cabane où on peut passer la nuit : un bon plan pour qui veut profiter encore plus de la région en solitaire (et n’a pas peur de coucher là au milieu de nulle part).
On est censé pouvoir voir des puffins dans les rochers de l’autre côté de la plage, mais nous les avons manqués. A la place, nous avons trouvé un bec de puffin mort pendant notre balade. C’est pareil, non ?
Nous sommes ensuite retournés vers la « route » pour retrouver notre chauffeur, avec la vague inquiétude de ne pas savoir comment nous ferions si nous manquions cette ultime navette de la journée… mais tout s’est bien passé finalement et nous étions même en avance sur l’heure de rendez-vous. Au final, ce fut une très chouette balade**** de quatre heures et demie.

Baie de Kearvaig

Nous conduisons ensuite vers le sud jusqu’à Ullapool, où nous arrivons un peu tard (20h30 presque, et les Écossais mangent à 18h30 !). Nous sommes rejetés de deux restos, et devons nous rabattre sur le Seaforth** qui propose une bouffe de pub probablement réchauffée. Le couchage se fera au Broomview Cottage***, chez l’habitant – en l’occurrence une sympathique retraitée anglaise.

Jour 10 : jeudi 19 juillet 2018 (Gairloch)

On est à Westeros ! Plus exactement Wester Ross, mais j’ai dû mal à imaginer que ça n’ait aucun rapport avec le continent de G.R.R. Martin (étant donné notamment le fait que « Westeros » est un nom tout pourri). Nous avions ambitionné de gravir le Ben More Assynt ou de traverser une partie du Glen Canisp en y ajoutant l’ascension d’un munro sur le chemin, mais 7h30 de randonnée dans l’un comme dans l’autre cas, ça paraissait un peu tendu pour ensuite rejoindre Gairloch pour la nuit (à 2h de route de distance), d’autant plus que la pluie était censée tomber en fin de journée.

A la place, nous avons donc plutôt gravi le Stag Polaigh****, qui offre des vues superbes sur la région (dont une vue sur les Summer Isles, autre référence qu’on retrouve chez George Martin), et qui comporte une partie fun avec un peu de scrambling (une forme de gentille escalade sans risque et qui ne nécessite aucun équipement particulier – mais c’est toujours sympa de faire un peu de grimpette quand on aime l’escalade).

Stag Polaigh

Comme cette première ascension était relativement courte, nous y avons ajouté une deuxième randonnée dans le Glen Canisp**, une boucle courte (2h) et sympathique, mais pas à la hauteur des paysages qu’on a traversés jusqu’à présent : plutôt une balade familiale.

Je m’aperçois en partant du Glen que nous avons oublié de rendre notre clé de chambre au Broomview… on y retourne donc, ce qui n’est pas trop grave, car c’est sur notre route pour Gairloch.

C’est là que tombe la véritable tuile : un accident est survenu sur la route du sud, l’unique axe qui descend vers Gairloch depuis Ulapool, et la route est coupée. Nous nous voyons contraints de faire un gros détour par le nord pour rejoindre une autre route qui nous permettra d’atteindre Gairloch : ce trajet nous prend 3h30 au lieu d’une heure.
Les routes sont à double sens, mais seulement assez larges pour un véhicule à la fois, avec des accotements réguliers pour permettre aux véhicules de se croiser ; la luminosité est déclinante, le ciel prend une apparence surnaturelle, avec des nuages et des lumières hyper bizarres (je n’avais jamais vu un ciel pareil) ; et c’est une course contre la montre pour ne pas rouler dans la nuit noire, et éviter la pluie. Nous n’avons pas pu échapper à la pluie jusqu’au bout, et il nous a fallu quand même rouler avec les essuie-glaces et une visibilité réduite la dernière heure… j’étais un peu stressman.

Stag Polaigh

Nous sommes néanmoins arrivés à bon port (heureusement que les journées sont longues ici : il ne faisait pas encore complètement noir à 22h50 !), et les propriétaires du Gairlochview**** ont eu la gentillesse de nous attendre jusqu’à 23h pour nous accueillir.

Jour 11 : vendredi 20 juillet 2018 (Kinlochlewe)

Nous nous réveillons sous la pluie, les pics sont dans les nuages. On se rend quand même au départ de la randonnée du Beinn Alligin pour tenter l’ascension : 6h30 avec un dénivelé de 1300m (!)), comprenant une partie de scrambling réputée être une sorte de test de ce que ceux qui s’y engagent sont prêts à affronter dans ce mode de crapahutage semi-acrobatique, avec des parties au-dessus du vide qui ne sont normalement pas dangereuses mais qui peuvent impressionner. Malheureusement une fois sur place le ciel ne s’est toujours pas dégagé, et se taper une randonnée ardue de 6h30 ne vaut pas la peine dans ces conditions : on ne verra rien du paysage.
On se rabat donc sur une rando plus raisonnable de 4h30 jusqu’au Coire Mhic Fhearchair (purée, tous les noms de lieux que j’avais écris dans mes notes rapides étaient mal orthographiés, je vous raconte pas comment c’est simple de retrouver les bons noms ensuite… J’avoue qu’ensuite, même en ayant retrouvé le bon nom, rien que retranscrire l’orthographe correctement, c’est pas du tout cuit non plus : langue de sauvages !). On effectue la randonnée essentiellement dans le brouillard, avec même par moments de la pluie. Sans surprise, on n’a à peu près rien vu, mais la dernière montée était quand même amusante dans ces conditions : c’était un escalier de pierre, dont le sommet nappé de brouillard donnait l’impression d’être une porte mystique vers l’au-delà. Il est possible que j’aie été influencé dans mes perceptions par la musique que j’écoutais à ce moment-là – un instrumental épique (Pimpf de Depeche Mode). On ne voyait naturellement rien du sommet (ce qui est bien dommage parce que les photos que j’en vois aujourd’hui sont très belles…), et nous sommes donc rapidement repartis après un petit casse-croûte sur les bords d’une étendue d’eau qui par beau temps doit être un mignon lac, mais qui ce jour-là ressemblait plutôt aux marais de Dagobah. La promenade n’était physiquement pas anodine, mais elle restait forcément décevante dans ces conditions. On a quand même réussi à attraper quelques vues pour compenser : la cascade bien nourrie qui bordait l’ultime escalier de pierre, et sur la redescente les silhouettes de rochers qui se découpaient sur le brouillard, ou encore une porte de lumière apparaissant de façon fugitive au loin.

Glen Canisp

Après cette relativement courte promenade, nous sommes arrivés tôt à notre destination suivante, Kinlochlewe, et nous avons pu prendre une bonne douche, avant de diner puis nous coucher au Kinlochlewe Hotel****. Le repas a été l’occasion pour Marion – qui refuse de manger les poissons et fruits de mer en temps normal – de découvrir qu’elle peut manger de la lotte (monkfish). Elle y a aussi dégusté un sticky toffee pudding, un dessert britannique qui devait devenir une de ses douceurs favorites du séjour.

Jour 12 : samedi 21 juillet 2018 (Portree)

Le diner avait été très bon, le petit-déjeuner fut plutôt décevant, par rapport à ceux qu’on a connu depuis le début du séjour, mais il nous a permis d’ajouter un poisson supplémentaire à la courte liste des poissons que Marion peut manger : le haddock fumé (oui oui au petit-déjeuner ^_^).

Nous partons tôt pour tenter l’ascension du Beinn Alligin****, malgré un temps toujours nuageux. Notre objectif est de nous faire plaisir en accomplissant une grosse randonnée (6h30 annoncées) et de tester nos capacités en scrambling et en orientation : le topo prévient qu’il n’y a pas vraiment de piste, et nous allons de toute façon devoir faire face à un inévitable problème de visibilité à cause des nuages accrochés aux sommets. A regret, nous avons fait notre deuil de la possibilité d’avoir des vues aujourd’hui encore.
Notre début de randonnée est difficile à battre en termes de calamités : j’ai fait l’erreur de proposer à Marion de ne pas prendre son sac pour qu’elle ne soit pas gênée pendant les phases acrobatiques, donc on a déplacé les affaires vers un seul sac, et c’est toujours une très mauvaise idée de faire ce genre de choses dans la précipitation. La preuve ? 5 minutes après le départ, je réalise que j’ai oublié la boussole (qui promet d’être capitale pour s’orienter dans le brouillard, dont on n’espère pas réellement qu’il se lèvera quand on sera en haut). Il nous faut donc retourner à la voiture, pas question de risquer l’expédition sans pouvoir compter sur elle en cas de besoin : 15 minutes perdues. De retour sur la piste, 15 minutes plus tard encore, je réalise que la poche de mon manteau où j’ai rangé la clé de la voiture est ouverte. La boussole est toujours là, ouf… mais la clé de la voiture est tombée !

Il se trouve que j’avais justement rêvé la nuit précédente qu’on me proposait de monter un business où des gens commandaient des pizzas qu’ils payaient… avec des clés (business que j’avais naturellement laissé tomber quand je m’étais rendu compte de la monnaie qui allait être utilisée : on ne me la fait pas, à moi !). Était-ce une prémonition ? Un signe ?

J’ai en tout cas rarement été aussi paniqué : je suis reparti en arrière pour scanner le sentier pendant 20 grosses minutes de déprime, à imaginer comment gérer ce problème si on ne les retrouvait pas… et je n’ai pas réussi à les retrouver.

C’est Marion qui a fini par les retrouver, en rebroussant chemin encore un peu plus loin que moi. Ouf ! mais que de temps perdu : une heure s’est écoulée en tout avec ces âneries, alors que le timing était déjà un peu tendu pour rejoindre ensuite l’ile de Skye pour notre prochaine nuit.

Nous repartons alors d’un bon rythme (pour l’anecdote, et pour continuer la série de la rando de la loose, mes tripes seront ensuite torturées par un violent besoin que je finirai quand même par dominer après une bonne heure d’épreuve). On passe par une phase de scrambling très sympa, et l’orientation dans le brouillard s’avère plus ludique qu’inquiétante (enfin, dans la mesure où j’ai le Guide Marion avec moi bien sûr) : le sentier est mieux marqué que ce qu’on craignait, et on arrive à se repérer à peu près malgré le brouillard. Au sommet du Sgurr Mohr, on croise trois types qui sont arrivés là par le côté opposé de la randonnée et qui repartent par là d’où ils sont venus : apparemment la rando classique fait le chemin par l’autre face, mais à mon sens elle est vraiment beaucoup moins intéressante, et ludique, de cette façon (pas de scrambling ou presque, et un parcours qui consiste essentiellement en un gros escalier à monter puis redescendre : notre itinéraire était beaucoup plus sympa). Peu de vues hélas, à cause du brouillard. A un moment, une fenêtre s’est ouverte au travers de la brume, qui s’est refermée tellement vite que la fermeture elle-même était un spectacle en soi, le vent qui soufflait les nuages devenant pratiquement une force visible. Le brouillard produisait aussi un effet intéressant sur la corniche du Tom na Gruagaich, le nuage restant coincé sur la face est de la falaise. J’ai vu des photos a posteriori, c’est vraiment dommage d’avoir manqué le paysage (notamment ladite corniche du Tom), mais en même temps ne pas voir tout le décor nous a permis de monter sans être impressionnés par la hauteur : en temps normal, les 3 « horns » au sommet sont apparemment réservées aux amateurs de sensations fortes, pour nous ça a été un terrain de jeu sympathique.
Nous avons terminé la randonnée fiers d’avoir réussi notre défi – soyons clairs, essentiellement grâce au sens de l’orientation de Marion et à son habitude de suivre des pistes. Moi, c’est surtout le côté fun du scrambling qui m’a plu.

Quiraing

Sur la route pour Skye, nous avons effectué un détour pour aller voir le Eilin Dunnan***, un château médiéval photogénique au bout de son pont, mais qui ne me touche pas vraiment (l’effet « parking et trois cent touristes qui tournent autour du château », sans doute : lorsque je vois les images sur la page que je vous ai mise en lien, je comprends mieux pourquoi on en fait toute une histoire).

Sur l’île de Skye, nous logerons au Skeabost Hotel**** un hôtel luxueux aux belles salles communes (dont un salon avec cheminée où nous siroterons nos chocolats chauds le soir), des chambres modernes, confortables et bien conçues en-dehors du bâtiment principal (j’ai apprécié cette petite touche : une veilleuse dans la salle d’eau pour ne pas avoir à allumer la lumière pendant les pauses pipi nocturnes :D ). Le diner était aussi très bien, ce qui était pratique parce qu’il n’y avait pas des centaines d’alternatives dans les environs. Il faudrait peut-être quand même qu’ils se calment sur les chansons de Whitney Houston (on a dû entendre entre cinq et dix fois I will always love you et Saving all my love for you en deux jours, et pourtant on n’est pas beaucoup restés à l’intérieur de l’hôtel).

Jour 13 : dimanche 22 juillet 2018 (Portree)

Le petit-déjeuner était à la hauteur de la promesse de l’hôtel, avec un large buffet varié et des options cuisinées à la demande.

Le matin est encore nuageux et nous promet encore une journée de mauvais temps. Nous commençons par visiter rapidement Portree, à la recherche notamment de douceurs à ramener à nos amis, familles et collègues. Le centre-ville est tout petit, ce qui est surprenant considérant qu’il s’agit quand même de la principale ville de l’île.

Refusant de ne rien faire à cause du mauvais temps, nous partons ensuite randonner au Quiraing***. La pluie menace quand on commence à marcher, puis il se met rapidement à pleuvoter, puis le brouillard tombe sur la vallée… On a croisé un jeune type qui s’était lancé, tente sur le dos, dans une rando itinérante traditionnelle de 7 jours qui traverse l’ile, et qui pour ses trois premiers jours de marche n’avait eu droit qu’à ce temps-là… le pauvre !

Les Red Cuillin

Avec ces conditions météo, on discerne à peine les formes des roches escarpées et dentelées qui nous surplombent, mais qui ont l’air d’avoir beaucoup de gueule. Le massif du Quirang proprement dit regorge de reliefs très chouettes. On monte jusqu’à une sorte d’ancien fort dont ne reste plus qu’une muraille au milieu de rochers saillants. Les conditions se détériorent au fur et à mesure de notre progression… Nous tentons de monter à la Table, un point notable du parcours, mais s’il y avait une piste pour l’atteindre on ne l’a pas trouvée ; on s’est engagés sur un sol en cailloux instables, parsemé de rochers glissants, on est arrivés en vue d’un sommet perdu dans le brouillard… et on a fini par renoncer parce que progresser sur ce terrain, dans ces conditions, devenait franchement dangereux et on n’aurait de toute façon eu aucune vue.

Le reste de la rando nous sort de la partie la plus intéressante du massif niveau reliefs et nous expose au vent violent et aux pluies persistantes, dans la gadoue : sans aucune vue, ça n’a strictement aucun intérêt (mais on se doute que les vues doivent être superbes par beau temps). On boucle la randonnée en 4 heures en tout, mais les deux dernières heures étaient un vrai calvaire à cause de la météo, et on finit sales, trempés et frigorifiés.

Avant de rentrer, on passe malgré tout au Old Man of Storr, un point de vue caractéristique de l’île (et donc hyper touristique), au cas où.
Le parcours est découpé en sections barrées par des palissades fermées. On monte dans le froid et sous le vent jusqu’au quatrième segment de la pente, mais on voit bien que le sommet est perdu dans le brouillard. Poursuivre jusqu’au bout n’a pas d’intérêt et risque de fatiguer inutilement le genou de Marion, on renonce donc et on rebrousse chemin, sous la pluie persistante.

Les Red Cuillin

C’est le genre de circonstances dans lesquelles on est contents d’être dans un bon hôtel : une fois rentrés, on profite des chocolats chauds et de shortbreads dans notre chambre après une bonne douche bien chaude, puis allons diner, avant de finir la soirée autour d’un verre au coin du feu dans le beau salon.
Nos affaires humides mettront deux jours à sécher et empuantiront toute la chambre et la salle de bains… Ça aura clairement été la journée la moins sympa de notre séjour.

Jour 14 : lundi 23 juillet 2018 (Portree)

Nous ambitionnions de faire la randonnée Sgurr Dearg & Coire Lagan s’il n’y avait pas de pluie et pas de nuages bas, mais nous nous réveillons encore sous la pluie… Par dépit, on prend donc le parti de juste faire des road-trips pour rejoindre différents points de vue et on se dirige vers Elgol, quand le soleil fait une réapparition inattendue. Alors qu’on passe devant les Red Cuillin dégagées, Marion et moi nous entraînons mutuellement à changer le plan et à nous engager plutôt pour la rando du Bruach na Frithe****, censée durer… de 6 à 8 heures. C’est un peu trop a priori vu que nos tergiversations nous font commencer la randonnée à 11h30, mais on parie sur le fait qu’on sera plutôt dans la tranche basse (6 heures), et on préfère tenter un plan ambitieux mais risqué que rester sur un plan plus sûr, mais moins excitant.

La randonnée commence par une montée le long d’un torrent aux multiples cascades avec de très belles vues sur les montagnes Cuillin. Notre topo évoque un chemin alternatif passant par la crête du Bruach na Frithe, avec une section de scrambling exaltante : on fait donc un détour (qui nous coûte un temps dont nous savons qu’il est précieux) pour trouver le chemin, on s’engage sur une montée graveleuse qui semble correspondre à la description du topo, mais on finit par renoncer parce que ça paraît un peu dangereux de se lancer dans l’ascension sur un passage de ce genre sans être sûr que c’est le bon (il n’y a aucun cairn pour marquer la dérivation, ou le chemin vers la crête) et parce qu’on se dit que ce chemin alternatif n’est peut-être plus praticable (le topo qu’on utilise est ancien, tiré d’un guide qui n’est plus édité ni disponible en librairie aujourd’hui et on a connu cette mésaventure d’une voie fermée à cause de sa dégradation qui la rend dangereuse, l’année précédente à Hawaï).
Nous retournons donc sur le sentier principal, qui nous propose à la place une ascension très désagréable sur une sorte de gravier. Arrivés en haut, nous sommes accueillis par un rayon de soleil, et quelques fenêtres de beau temps s’ouvrent au travers des nuages. On effectue un peu de gentil scrambling avant de rencontrer un groupe d’anglais qui, eux, sont bien montés par la crête. Rassurés par cette confirmation que le passage est praticable, on redescend alors par là. La progression n’est pas très compliquée et sans doute moins amusante dans le sens de la descente que dans celui de la montée, mais nous sommes de toute façon contents de ne pas redescendre par la pente de gravier, et d’avoir quand même l’occasion de passer par le sentier alternatif qu’on avait voulu emprunter (et qui était bien celui auquel on avait renoncé faute de confirmation que c’était la bonne route : le marquage des pistes est quand même le gros point d’amélioration des randonnées en Écosse).

Les Red Cuillin

Nous prendrons sur le retour notre première et unique douche écossaise du séjour (tiens, j’apprends en éditant ce billet qu’une douche écossaise n’est pas ce que je pensais… On a donc juste eu une courte mais intense saucée avant le retour du beau temps). Le chemin de retour nous fait profiter de magnifiques vues sur les Red Cuillin et le torrent qui longe le chemin (avec même un arc-en-ciel à un moment).
Au final, nous bouclons la randonnée en un peu moins de 6 heures. Comme la météo est encore bonne, nous profitons de l’opportunité et faisons encore un peu de route pour voir un peu plus du paysage de Skye que la pluie et le brouillard nous ont caché jusque-là.

Nous finissons la journée bien contents de conclure notre séjour sur une belle journée, où on aura pu faire une vraie rando avec un temps essentiellement beau (à part pour les vues depuis le sommet, malheureusement), et où on aura pu dire proprement au revoir aux belles montagnes et aux landes d’Écosse. On reviendra !

 

Les Red Cuillin

Les endroits où nous avons dormi :

Edimbourgh : Southside Guest House****: un bed & breakfast à la décoration élégante, à la fois typiquement anglaise et moderne. Nous y avons logé dans une jolie chambre au haut plafond et avec un bow-window, avec un lit à baldaquins : très chouette. Le petit-déjeuner est remarquable, alliant qualité et profusion, et riche en options cuisinées à la commande : un petit-déjeuner comme on les aime ! Il y a vingt bonnes minutes de marche entre le B&B et le centre-ville, mais en passant par les petites rues (plutôt que par le grand axe, plus court mais très fréquenté par les voitures et les bus) c’est une promenade au final très sympathique.

Bridge of Orchy : Bridge of Orchy Hotel****: nous avons été agréablement surpris par cet hôtel, qui propose des chambres dans de petites cabines neuves parfaitement fonctionnelles et élégantes. Le repas pris au restaurant était simple mais pas ordinaire (des raviolis aux noix de Saint-Jacques, des macaroni & cheese fondantes servies avec des petits pois et des oignons nouveaux). On s’attendait à bien plus roots dans cet endroit isolé.

Kinghouse / Glencoe : Glencoe Mountain resort***: nous avons dormi en « glamping » dans une sorte de hutte de hobbit tubulaire au toit pseudo-végétalisé : rigolo et plutôt confortable, forcément bien plus qu’une tente ordinaire compte tenu du risque de pluie, du froid, et des midges (les moustiques locaux, minuscule et silencieux donc indétectables avant qu’il soit trop tard), qui guettent pour vampiriser les innocents. Le site propose aussi des douches, payantes (1£ / 5mn), mais appréciables quand même après une journée de marche (par contre, c’est vraiment 5mn chrono donc tu as intérêt à pas perdre de temps pour faire ce que tu as à faire).

Kinlochleven : Blackwater Hostel***: nous avons dormi à nouveau dans un « pod » (une cabine tubulaire en bois), confortable et pratique, à l’abri du froid et de la pluie. Il y a en ville des bed & breakfast, des auberges, et on aurait probablement pu dormir dans une vraie chambre pour le même prix, mais l’endroit est très bien, on avait même à disposition un frigo et un micro-ondes pour préparer notre propre popote, ce qui est bien pratique. Les douches (communes) sont gratuites.

Fort William : Bucchleuch Guest House**** : une jolie maison confortable et élégante avec vue sur le loch, et un service très aimable

Durness : Mackay’s Rooms**** : chambres belles et confortables, modernes et décorées avec goût. Excellent et copieux petit-déjeuner !

Ulapool : Broomview Cottage*** : un réel Bed & Breakfast où on dort vraiment chez l’habitant – en l’occurrence une sympathique retraitée anglaise. Peut-être pas fancy, mais authentique.

Gairloch : Gairlochview**** : pas grand chose à dire sur cette chambre, sinon qu’il y avait tout ce qu’on peut attendre d’une chambre chez l’habitant. Les propriétaires très sympathiques ont eu la gentillesse de nous attendre jusqu’à 23h pour nous accueillir.

Kinlochlewe : Kinlochlewe Hotel**** : le genre d’auberge rustique qui donne une sensation de solidité, de confort et de chaleur, à l’écossaise.

Skye : Skeabost Hotel**** un hôtel luxueux aux belles salles communes (dont un salon avec cheminée où siroter un verre ou un chocolat chaud le soir), des chambres modernes, confortables et bien conçues en-dehors du bâtiment principal. Le diner était aussi très bien, ce qui était pratique parce qu’il n’y avait pas des centaines d’alternatives dans les environs. Le petit-déjeuner était à la hauteur de la promesse de l’hôtel, avec un large buffet varié et des options cuisinées à la demande.

Les meilleurs endroits où nous avons mangé :

Edimbourgh : Gardener’s cottage****: un restaurant gastronomique tout petit et bien caché dans la modeste cabane où logeait autrefois le jardinier du quartier. Le diner, composé de produits locaux et de qualité, nous a très agréablement surpris.

Fort William : Geographer****: un restaurant clairement marketé pour bobos voyageurs mais bien conçu, où la cuisine est bonne et le service rapide, aimable et dynamique

Durness : Whale Tale**** un restaurant neo-baba, où la musique est douce et les gens très gentils

Skye : Skeabost Hotel**** Le restaurant est à la hauteur du reste de l’hôtel, on y a diné les trois soirs où on y a dormi et c’était toujours très bien, ce qui était pratique parce qu’il n’y avait pas des centaines d’alternatives dans les environs.

 

 

Une réflexion sur “ 2 semaines en Écosse (Juillet 2018) ”

  1. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Y’a toujours des photos magnifiques :)

    Personnellement, j’adore Edimbourg je trouve que la ville est géniale et si ce n’était pas pour le temps écossais, j’aurais sérieusement réfléchi à m’y installer. Architecture très sympa quoiqu’un peu austère
    et grise mais très vivant et à échelle humaine.

    Je n’ai pas été m’aventurer plus loin, mais la encore on ne peut renier la beauté naturelle du paysage et ce qui est sûr c’est que ca doit tout de même être plus sympa avec les rayons du soleil! Blague à part, ca donne vraiment envie!

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