Deux semaines au Japon [2/7]

Le Palais Impérial de Tokyo

Résumé des épisodes précédents : Marion et moi avons passé 15 jours au Japon en août 2014. La première partie du récit de notre périple se trouve ici. Voici la deuxième, avec mes notations sur l’intérêt des lieux visités, la qualité des hébergements où nous avons dormi, et des endroits où nous avons mangé, de * (misérable, à éviter) à ***** (extraordinaire, justifie le voyage à lui seul), pour donner des indications utiles à ceux qui prévoiraient d’organiser un voyage du même genre.

Jour 4 : mercredi 20 – Palais Impérial – Mont Fuji

Le réveil est compliqué : Marion n’a dormi que 4 heures (et dans son agitation insomniaque, m’a régulièrement réveillé…), et se trouve dans un tel état de fatigue avec le décalage horaire qui l’accable en plus, que nous hésitons à garder la chambre pour la journée… et à abandonner la randonnée au Mont Fuji.
Malgré l’épuisement, elle parvient à trouver suffisamment d’énergie pour sortir quand même du lit, et nous organisons alors notre transport en bus vers le Mont Fuji grâce au personnel de l’hôtel (décidément très bien). En voyant un couple d’autres clients en faire la demande, nous décidons comme eux de faire transporter nos bagages à notre prochain hôtel à Kyoto (un service assez courant au Japon), plutôt que de compter sur les consignes dans les gares (également très utilisées ici), vue la taille de nos bagages et le risque que les consignes soient déjà toutes occupées. C’est un peu angoissant quand on n’a pas l’habitude de ce genre de service, mais dans un pays comme le Japon, je suis assez confiant dans le fait que nous retrouverons bien nos bagages à l’arrivée, d’une façon ou d’une autre. En revanche, pour éviter que notre matériel électronique soit endommagé, on décide de transférer tous nos ordinateurs, iPad, téléphones, appareils photos,… dans les bagages que nous emmenons au Mont Fuji. C’est ce qui m’a permis d’écrire ces lignes dans le train vers Kyoto plutôt que de me tourner les pouces, mais ça a rajouté quelques kilos superflus à un sac déjà bien chargé… On en reparlera plus tard.

La mer de nuages, au lever du soleil pendant l’ascension du Mont Fuji

Nous partons ensuite au Palais Impérial de Tokyo**, aire gigantesque dont seule une partie est ouverte au public : il y a peu à voir (la silhouette d’une belle forteresse et de belles portes), car l’accès à l’intérieur des murailles est fermé au public. Les jardins ne se visitent que sur réservation, et le Palais n’est ouvert au public que 2 jours par an. Comme le Palais est situé dans le quartier d’affaires de Tokyo**, peuplé de grands immeubles, nous en profitons pour en parcourir quelques rues ; le coin n’est pas particulièrement intéressant, mais ça tombe bien pour cette fois car nous n’avons pas beaucoup temps à lui consacrer.
Nous récupérons ensuite sans trop de problème nos billets de bus pré-réservés par téléphone, et direction le Mont Fuji !

La mer de nuages au lever du soleil, pendant l’ascension du Mont Fuji

Transportés directement à la 5e station de la piste (ce qui nous laisse officiellement encore 6h d’ascension, et un peu plus de 3h de descente), nous découvrons qu’il n’y a d’eau courante nulle part sur la montagne et qu’il nous faudra donc (comme tous les randonneurs) acheter des ravitaillements en cours de parcours… Nous commençons par acheter une bouteille de 2L à la base, car les tarifs sont réputés augmenter progressivement au fur et à mesure de l’élévation : la bouteille d’eau de 33cl revient à 500Yens (un peu moins de 4€) au dernier refuge. Vu comme il doit être compliqué de faire monter ces provisions dans la montagne, ce sont à mon sens des tarifs finalement assez raisonnables.

Lever du soleil, au sommet du Mont Fuji

Pour ceux qui prévoiraient d’effectuer cette randonnée un jour, il faut savoir qu’il existe 4 chemins qui permettent d’accéder au sommet. Nous avons suivi pour notre part la Yoshida Trail (le lien permet de voir les 4 parcours possibles) : c’est la plus facile d’accès depuis Tokyo, et du coup aussi la plus fréquentée.

Les bons souvenirs que je garde de cette randonnée :
– la beauté de la mer de nuages qui formaient le paysage autour du mont, notamment au coucher du soleil même si nous étions encore assez bas à cette heure.
– l’excitation de voir des éclairs au loin derrière les nuages pendant une bonne partie du parcours.
– la chance d’avoir eu le beau temps, qui ne nous aura pas quittés alors qu’une montagne de cette hauteur peut facilement se retrouver perdue dans les nuages.

L’ombre portée du Mont Fuji, depuis son sommet

– le frisson de l’inconnu et du réconfort à l’arrivée au refuge, à la 7e station, après un peu plus d’une heure de marche, pour nous restaurer et dormir quelques heures avant de repartir vers minuit (l’idée était de finir la randonnée pour le lever du soleil, au sommet du Fuji-san) : l’accueil autour d’un petit feu, le dortoir relativement confortable organisé en petites couchettes dissimulées derrière des rideaux, comme des petites cabanes autour d’un tatami sur lequel nous prenons notre repas rapidement avec les autres occupants du refuge.
– le côté cocasse des guides qui se baladaient avec des espèces de sabre jedi pour être facilement repérés par leur groupe, et qui marquaient régulièrement des pauses pour faire l’appel et vérifier qu’il ne leur manquait personne.

Vue depuis le sommet

– La procession lumineuse formée par la longue chaîne des randonneurs qui cheminaient vers le sommet : on progressait très lentement parce que la rando était assez rude, en file indienne à peu près tout le temps, mais pour le coup plutôt que de me frustrer parce que j’aurais pu vouloir aller plus vite, ça contraignait à conserver un rythme de progression raisonnable, et ça permettait de bénéficier des lumières les uns des autres, et ça faisait une jolie chaîne de points lumineux dans la nuit. En l’occurrence, donc, c’était vraiment très bien pendant les trois quart du parcours.
– le (court) passage durant lequel il était plus pratique de progresser sur quatre appuis, en s’aidant des mains pour saisir la roche et éviter le déséquilibre, ce qui pour un capoeiriste (habitué à utiliser ses mains comme des pieds) doublé d’un amateur d’escalade, était assez sympa.

Le cratère du Mont Fuji

– les chocolats chauds (en canettes, plongées dans une marmite d’eau bouillante) achetés au sommet, pour se réchauffer (il a fait très froid, et très venteux cette nuit-là).
– la tentative de se glisser dans notre unique cape de pluie, à deux, pour se tenir chaud (échec : on ne pouvait pas ET se mettre à l’abri tous les deux ET inclure sous la cape les jambes de Marion -qui avait eu la bonne idée de porter un corsaire, mollets nus).
– le lever d’un soleil rouge, magnifique, sur la mer de nuages, avec ma dulcinée dans les bras (quoi de plus romantique ?)
– le paysage vu du sommet après le lever du jour

Autant de bons points qui me feront en garder un super souvenir.

Pour les moins :
– la nuit blanche passée dans le refuge, à cause de tous les bruits et mouvements à l’intérieur et autour du refuge au cours de la nuit (croyez-moi, je retiendrai qu’il FAUT porter des boules Quiès et un masque sur les yeux quand on dort en communauté, même si les gens avec qui vous partagez le dortoir ont l’air très bien a priori).
– les deux dernières heures de l’ascension au ralenti, avec une pause de 5 secondes dans le froid à chaque pas, le temps que la chaîne devant reprenne sa progression : là le rythme est devenu vraiment trop lent, et le froid rendait l’expérience d’autant plus désagréable.
– la difficulté de la randonnée : clairement, on n’est pas dans de la rando familiale, et personnellement, j’ai fini la descente rincé, les jambes tremblantes : le fait que je n’ai pas suffisamment dormi la veille, que je n’ai pas réussi à dormir au refuge, et que je portais un sac trop lourd a très probablement contribué à cette impression d’épreuve à la limite de mes capacités, mais franchement la descente sur un terrain de graviers glissant, après une nuit blanche et une ascension de 6h, le froid du sommet et la frugalité des repas, avec le stress de devoir rejoindre la 5e station à temps pour prendre notre bus de 10h et donc de ne pas pouvoir s’accorder de pause, c’était trop : trop long, trop répétitif, trop éprouvant.

Il y a un proverbe qui dit : «celui qui gravit le Mont Fuji une fois est un sage, celui qui le fait deux fois est un fou ». Je partage totalement ce point de vue : c’est une expérience qui mérite d’être vécue… mais une seule fois ! En ce qui me concerne, même si l’occasion m’en était donnée et en dépit des très nombreux points très positifs que j’ai énumérés, je pense ne jamais remettre un pied sur le Mont Fuji.
Et pourtant c’est réellement un incontournable !*****
(Marion mentionne dans mon dos pendant que j’écris, que quand on n’a pas de sac, l’ascension n’est pas particulièrement éprouvante (et pourtant, elle était dans un état de fatigue notable avant la montée) ; si vous arrivez à vous débrouiller pour ne pas emporter de sac trop lourd, vous ne vivrez peut-être pas le même enfer que moi)

Jour 5 : jeudi 21 – fin du parcours du Mont Fuji et départ pour Kyoto

C’est sales, épuisés et puants que nous quittons le Mont Fuji pour Tokyo, d’où nous prenons ensuite le TGV nippon, le fameux Shinkansen, vers Kyoto. Honnêtement, on n’a pas idéalement géré ce trajet, parce qu’on aurait pu partir du Fuji-san directement vers Kyoto, mais nous n’avions pas anticipé que nos bagages voyageraient sans nous (le recours à ce service a été improvisé la veille un peu au dernier moment, lors du check-out de notre premier hôtel), et nous avions donc planifié de devoir repasser par Tokyo pour les récupérer en consigne avant de partir pour Kyoto… Tant pis pour nous, c’est autant de temps perdu avant de pouvoir enfin prendre une douche et nous changer !

Retour à Tokyo

L’utilisation des trains japonais est un peu particulière : sous réserve d’avoir un moyen d’accès au réseau (comme le JR Pass que nous avons acquis par exemple), il est possible sur la plupart des trains de simplement se présenter devant les wagons prévus pour les passagers sans réservation et de monter directement, sans acheter de billet. Pour ceux qui n’aiment pas l’imprévu, il reste toutefois possible de réserver sa place sur les mêmes trains, dans les wagons prévus à cet effet.
Un peu plus larges que les trains français, les trains nippons sont très confortables et propres (ils sont nettoyés méthodiquement par des équipes de femmes de ménage entre deux trajets) et ont ceci de particulier qu’on peut orienter les sièges d’un coup de poignet dans le sens de la marche ou l’inverse (du coup lorsque le train atteint son terminus, les équipes de nettoyage retournent aussi tous les sièges, et le train peut repartir en sens inverse, avec tous les fauteuils dans le sens de la marche).
On peut pencher le dossier des sièges très largement en arrière car il y a davantage de place que sur les TGV (ce qui est notamment très pratique pour dormir), mais les appuie-tête ne sont pas pliables (une invention géniale à mon sens en matière de transports, qui permet vraiment de maintenir la tête et d’éviter qu’elle tourne, tombe et nous réveille à chaque virage). Les tablettes ne sont pas non plus super, elles sont petites et ne s’avancent pas assez : elles ne sont du coup pas pratique pour écrire.

Arrivés à Kyoto, nous nous dépêchons de rejoindre l’hôtel via le métro. Le Palace Side Hotel*** est correct, mais forcément moins bien que celui que nous avons quitté (les toilettes sont moins fonctionnelles, la salle de bains plus étroite ; le lit reste toutefois très bien et il y a un peu plus de place dans la chambre). Nous prenons une douche désirée et méritée, changeons de vêtements, et partons diner au Ippudo****, un restaurant de ramen qui a des succursales dans plusieurs villes du Japon et du monde, où les serveurs sont très dynamiques mais parlent très vite et à peu près exclusivement en Japonais. Nous sommes accueillis avec un verre et une carafe de thé glacé chacun (plutôt fade, mais sympathique). Le repas est bon (un peu trop épicé pour l’un des deux bols choisis, mais ça c’est notre faute) avec notamment de très bons gyozas ; Marion trouve également la bière Ki-rin meilleure que celle bue en France (ce n’est peut-être pas qu’une construction mentale, il y a effectivement des produits internationaux dont la recette est adaptée au pays d’exportation).

Étant donnée l’épreuve qu’ont été les dernières 48h, nous nous couchons tôt, et nous endormons comme des masses, pour 10 heures de sommeil dont notre corps avait bien besoin…

Une réflexion sur “ Deux semaines au Japon [2/7] ”

  1. elise sur

    vu les photos du mont fuji, j’ai très envie d’être sage ;)

    c’est drôle pour ippudo, je ne savais pas du tout que c’était une chaine… avec Pierre, on a testé plusieurs fois celui de nyc. avec des serveurs américains qui crient en japonais!

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