Pour ou Contre: les réseaux sociaux

Revoilà donc sur memesprit.fr cette fameuse rubrique qui a suscité moult controverses il y a de cela plusieurs années et qui a surtout déchaîné les passions lors de cet épisode célèbre où je me suis fait pourrir parce que j’avais pesté contre les 4×4 (pour être honnête, je n’ai pas changé d’avis sur l’utilité de ces véhicules en ville, na!).

Je reviens donc pour du rab, presque 5 ans après ma joute verbale,  avec un sujet qui je suis sûr va m’apporter un nombre féroce de commentaires partisans: les réseaux sociaux…

Je vais principalement me cantonner à ce que je connais et utilise, Facebook, Twitter, WhatsApp,  LinkedIn et un peu Instagram (je n’ai pas de compte, mais j’en connais le principe). Pas de commentaires sur SnapChat, Tumblr ou encore Pinterest (et je suis sur que j’en oublie d’autres); j’en appelle à votre bon cœur pour nous éclairer quant à ces applications dans la partie commentaire. Et nous voilà donc lancés!

 

Comme dans les rédactions de français au collège et au lycée, débutons avec une définition (qui est généralement pompée d’un autre ouvrage): les réseaux sociaux regroupent des programmes informatiques ou sites Internet qui permettent à leurs utilisateurs de pouvoir communiquer afin de partager informations, idées, photos, centres d’intérêts et de s’exprimer sur les différents contenus.

Jusqu’ici tout va bien – étant de nature optimiste, mais toutefois prudente, lorsque les réseaux sociaux ont commencé à exploser avec Facebook au début des années 2000 (dont l’utilité principale à l’époque était de reconnecter avec des amis perdus de vue, de lancer des moutons sur ses potes ou bien encore de s’adonner à des parties de Scrabble endiablées avec ses collègues…),  je ne m’attendais pas à ce que 10-15 ans après leur émergence, nous soyons dans cette situation. C’est vraiment avec l’arrivée des smartphones et de l’Internet mobile que l’ampleur des réseaux sociaux a littéralement inondé nos vies, car il est possible à présent de passer 24 heures sur 24 sur les sites, de s’y perdre et au final de ne pas accomplir grand-chose. Et ce, tant qu’il y a une connexion wifi ou bien du réseau. Vive le progrès!

 

1 – L’information

Selon moi, l’arrivée des réseaux sociaux a manifestement permis d’accéder à l’information de manière beaucoup plus rapide. En 2012, je me souviens avoir eu une discussion avec une camarade de voyage au Pérou à propos de Twitter – je ne voyais pas l’intérêt de cette plateforme de partage car j’avais le préjugé que les 140 caractères étaient principalement utilisés pour décrire des éléments banals de sa vie, du style ce midi j’ai mangé une pomme, mega-lolz, tout ça.

Mais ça, c’était ma vision quelque peu étriquée de la situation et on m’a fait remarquer que Twitter permettait quasiment instantanément d’avoir accès à beaucoup plus d’informations, quasiment en temps réel.

Une tuerie a eu lieu aux États-Unis, suivez la BBC et sous 15 minutes vous aurez l’information qui s’affichera sur votre ligne de vie. Vous êtes intéressés par la sortie du prochain livre de votre auteur préféré? Suivez-le sur Twitter/Instagram/Facebook. De même avec un groupe que vous affectionnez particulièrement – depuis que j’ai rejoint Twitter, j’ai été de nombreuses fois averti d’un nouveau morceau disponible ou bien encore d’une tournée imminente des groupes que j’ai depuis décidé de suivre.

Où est donc le côté négatif me direz-vous? Le souci qui est apparu ces dernières années, c’est qu’en partageant l’information aussi vite, il n’est pas toujours possible de la vérifier, créant parfois de fausses rumeurs ou bien encore ces fameuses Fake News (ou fausses nouvelles en québécois!). Il semble aussi que sur Twitter, le nombre de Retweet/Likes donne un cachet de crédibilité à une “information” alors que sa véracité n’a pas été établie. Tu remarqueras, lecteur, les guillemets, car il faut être honnête tout peut être considéré comme la vérité, si on va dire 10000 personnes lui donnent du crédit – il est beaucoup plus facile de disséminer l’info en cliquant un bouton que de prendre 5 minutes et d’en vérifier l’exactitude… De plus, ces posts ou Tweets sont généralement sortis de leur contexte: il est très aisé de manipuler la réalité en ne citant qu’une partie de ce que quelqu’un a dit et de ne mettre en lumière qu’une partie de l’argumentation pour présenter cette personne sous son pire jour.

Bim, pour et contre dans le même paragraphe!

 

2 – Le partage

Pour revenir aux points plutôt positifs, il est indéniable que les réseaux sociaux rapprochent les gens, pas seulement les amis, mais aussi les personnes qui ont un intérêt commun (qui vous le verrez par la suite fait aussi partie d’un argument contre!). Je prends Facebook ou Whatsapp – il n’a jamais été aussi facile de fonder un groupe pour permettre à des potes d’organiser une soirée, un dîner ou bien juste de discuter. L’exemple de Whatsapp ou Facebook Messenger est intéressant car pour moi il a quasiment remplacé le sms, ou bien même dans certains cas l’e-mail. Peut-être que personnellement c’est parce que je vis à l’étranger et qu’il était gratuit de communiquer par ce biais, mais je trouve l’interface de WhatsApp (c’est le service que j’utilise) beaucoup plus ergonomique pour discuter avec amis et famille. Gratuitement.

On est tous des super potes, le nez dans nos smartphones…

 

3 – L’addiction et l’impatience

Vive le progrès comme je le disais plus haut, sauf qu’il y a plusieurs revers à cette médaille. Premièrement, le temps passé sur les réseaux sociaux et surtout pour la/les génération(s) après la mienne. On lit de plus en plus qu’il est difficile de déscotcher un ado de son téléphone (quoique certains adultes sont aussi coupables), qu’il passera sa journée à faire défiler sa ligne de vie afin d’approuver ses pairs sur Facebook (quoique apparemment c’est un truc de vieux selon ma nièce de quinze ans… (o_0)), Instagram ou autre. Et sur chaque post/tweet/photo de ses amis, il faut laisser sa touche personnelle. Parce que c’est mal vu de ne pas “liker” le post laissé par ses amis, sous peine que cette personne vous jette en disgrâce et que l’effet boule de neige fasse de vous le paria de votre classe ou bien de votre groupe de potes. Je schématise quelque peu mais je le répète, j’ai eu cette conversation avec ma nièce de 15 ans, donc je ne l’ai pas inventé.

Autre conséquence de pouvoir faire défiler la ligne de vie aussi rapidement, et d’avoir tout à portée de main, c’est que les gens sont devenus impatients; et je suis persuadé que les smartphones et réseaux sociaux y sont pour quelque chose. Il n’y a pas de secret, pourquoi est-ce que les Tweets ne font que 140 caractères? Pourquoi on se fait critiquer sur ce blog lorsque les articles sont trop longs? Pourquoi de manière générale les articles sur Internet, et également de plus en plus dans les journaux, sont aussi courts? Pourquoi une plateforme comme Instagram, qui est basée essentiellement sur le partage de photos (filtrées ou comprendre truquées) et qu’il est facile de passer d’une à l’autre sans vraiment regarder, est aussi populaire? Parce notre attention a diminué drastiquement.

 

4 – La réalité

Autre effet pervers, la réalité présentée devant nos yeux sur les réseaux sociaux est biaisée. Quand on partage un moment ou un instant de sa vie sur les réseaux sociaux, c’est bien souvent positif: regarde ce bout de viande que je mange dans ce restaurant branché; waouh, tu as vu le magnifique coucher de soleil derrière nous dans ce cadre de vacances idyllique; mais oui je suis bien au dernier concert de Thirty Seconds To Mars (Jareeeeeeeed!) avec mes amis, mais je passe mon temps à prendre des photos avec mes potes ou bien filmer le concert et vivre cette expérience à travers mon téléphone plutôt que d’écouter la musique avec mes oreilles.

Comme je l’ai aussi indiqué au-dessus, Instagram permet de retoucher les photos avant de les poster et présenter à son audience une version détournée, et bien souvent embellie, de la réalité qui nous entoure. Si on peste sur les magazines de mode qui présentent à nos yeux des canons de beauté inatteignables, que dire des réseaux sociaux? Comme je viens de le décrire, il est facile de retoucher ses photos et de ne présenter qu’une facette idéale et magnifiée devant sa communauté. Pas étonnant que si tout ce que est présenté à nos yeux paraît aussi parfait, il soit difficile de ne pas comparer la ligne de vie de nos amis avec sa propre vie banale (de merde) et de se sentir plus que déprimé.

 

5 – Marketing et données des utilisateurs

De ce que j’ai également vu, Facebook et Instagram (et d’une certain façon Twitter) sont des outils de marketing et de publicité (sur)puissants permettant d’atteindre un nombre potentiel d’utilisateurs, j’ose même dire de consommateurs, qui donne le tournis.

Pas étonnant non plus, si on a bien compris que toutes les plateformes surveillent en temps réel l’usage des données de ses utilisateurs, que lesdites données soient revendues à prix d’or à d’autres sociétés qui veulent comprendre les habitudes de dépenses des utilisateurs et ainsi les cibler le mieux possible afin de vendre leurs produits ou services (qui n’a pas fait des recherches sur le Net pour voir une publicité sur Facebook, ou autre, d’un produit qui nous intéresse…).

Suis-je quelque peu cynique? Je ne pense pas, quand on regarde qui sont les 10 plus grosses sociétés dans le monde en termes de valeur boursière: coïncidence que Facebook, Alphabet (i.e. Google), Amazon ou Apple, qui exploitent énormément les données de leurs utilisateurs, trustent près de la moitié des places?

 

6 – Les commentaires

Je vais à présent finir ce billet interminable avec un dernier paragraphe pour / contre sur un point qui selon moi est assez épineux: la section des commentaires.

Dans les réseaux sociaux, il est possible de faire des commentaires. Personnellement, c’est une section dans laquelle je ne m’aventure que très rarement. Et pourtant, l’idée de base est louable car elle permet à tous de communiquer librement, de partager ses idées et de discuter plus en profondeur sur un sujet choisi tout en donnant à chacun une voix pour s’exprimer. La plupart du temps cette partie est aussi un défouloir où c’est une compétition à celui qui sera le plus acerbe ou qui aura la meilleure répartie. Et pour être honnête, c’est souvent marrant.

Sauf que ce n’est pas toujours aussi bon enfant et je ne sais pas si vous avez déjà fait défiler les commentaires, posts réponses, tweet etc… mais sur un sujet donné on trouvera de tout: des gens d’accords et polis, des gens pas d’accords et polis et des gens pas d’accords et pas polis du tout et puis les trolls.

Je trouve que les réseaux sociaux poussent les gens à exprimer leurs opinions et ça c’est super car cela donne l’opportunité à certaines personnes qui ne le feraient pas d’habitude de partager leur opinion… mais d’un autre côté, qu’est ce qui empêche de disséminer leurs pensées extrêmes, sans être limitées?

Essentiellement, tout peut être anonyme sur le net; alors les nazis, les trolls, les gens qui se plaisent à insulter les autres pour le plaisir de blesser peuvent s’en donner à cœur joie sans avoir l’appréhension de devoir rendre des comptes à qui que ce soit.

 

Je me rends compte que j’en suis à quatre pages d’écriture et que je n’ai couvert qu’une infime partie de ce que je voulais dire. C’est un sujet tellement complexe et large que ces quelques paragraphes, qui ne présentent rien de nouveau, ne rendent pas justice à ce phénomène des réseaux sociaux qui ne cesse de croître. De plus, je suis sur qu’il y aura forcément une personne qui va avoir une position diamétralement opposée à un de mes arguments et va me le faire savoir sans concession dans la section des commentaires… ah, l’ironie!

4 réflexions sur “ Pour ou Contre: les réseaux sociaux ”

  1. Akodostef sur

    Eh… pas sûr que tu déclenches de vives polémiques cette fois dans la mesure où tu apportes à la fois le pour et le contre (alors que je crois que l’article sur les 4×4 était peut-être… plus orienté ! ^_^), et que ce que tu exposes me paraît relever plutôt du bon sens (après, on n’a pas tous le même bon sens, donc qui sait ? 8D).
    Il y a un point que je crois que tu évoques à un moment mais sur lequel tu ne reviens finalement pas, c’est aussi l’effet de « confirmation de biais »: le fait que les algorithmes des réseaux sociaux te font remonter en priorité des choses qui correspondent à ce que tu as recherché, fait ou dit, si bien que si tu penses que la Terre est plate, tu vas être confronté à davantage d’articles/commentaires/gens/photos qui vont dans le même sens, encourageant ainsi ta perception des choses. Ça permet certes de trouver des gens qui partagent tes opinions et de construire des choses avec eux, mais ça limite aussi ta capacité à t’ouvrir à d’autres points de vue, à garder une distance critique, et à débattre tout simplement. Et ça déforme aussi ta vision de la réalité en te donnant l’impression que tout le monde est d’accord avec toi, s’intéresse aux mêmes trucs, etc.
    Tu abordes aussi essentiellement les choses du point de vue du « consommateur », j’en profite donc pour ajouter aussi le point de vue du « producteur » de contenus, dans la balance des points positifs : avant Internet (ça a existé, ça ?) pour diffuser tes écrits, ta musique, etc., il fallait en produire des copies, les distribuer, se décarcasser pour toucher un public qui était a priori restreint par des questions de distance physique. Internet a permis de mettre directement tes œuvres/ ta production/ tes opinions sur la place publique, et chacun peut librement le rechercher, tomber dessus, s’en emparer. Les réseaux sociaux combinent le meilleur de ces deux mondes, en abolissant les limites géographiques, et en te permettant de partager instantanément avec tout le monde les contenus que tu produis (quelle que soit leur qualité): c’est ce qui fait la différence entre mon journal intime (lu par moi et éventuellement mes plus proches), mon blog (lu par mes potes, et encore :p), et un blog à succès (suivi par des milliers de lecteurs)… et c’est ce qui fera que ton article ici présent sera lu deux fois, dix fois, ou plus de 500 fois !
    J’avais pensé à un autre truc au moins en lisant, mais le temps de l’écrire, j’ai oublié (alzheimer power). Pas grave, j’y reviendrai si ça me revient, on a toute la vie pour enrichir cette discussion ! :)

  2. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Hehe, merci de ton commentaire avisé!

    En réalité, je n’avais pas pensé à parler du biais dans le contexte que tu as amené, mais je pense que ça apporte une dimension supplémentaire à la collecte de données intempestive. Tu as bien raison de le signaler car il me semble (j’en ai entendu parler il y de cela peut être un an) que si tu effectues une recherche Google sur un sujet et que je fais la meme chose, je crois qu’on tombera sur des résultats différents, selon nos « préférences » – je ne sais pas si ce tri sélectif est pour aider à filtrer le nombre de résultats, qui bien souvent est colossal, ou bien à te diriger vers des résultats que Google pense tu vas préférer (ou même pire à des fins purement commerciales). Si c’est la deuxième option, ça ne me parait pas super.

    J’ai très brièvement mentionné l’autre juste point du producteur, mais pas de façon équilibrée.
    Ce que tu dis est très juste – j’ai personnellement pris le point négatif qui est de pouvoir partager tout et n’importe quoi et que le contenu puisse se propager à une vitesse folle. Ca ne pose pas de problème c’est anodin, mais si les propos sont extrêmes ou sont à des fins peu recommandables (comme de semer la désinformation par exemple), le volume de partage, les gens qui en font de la publicité en commentant donne du cachet à ces contenus qui par le passé n’avait pas forcement de plateforme pour se propager.
    Et avec tout ce qui est l’anonymat (quoiqu’il y a souvent des scandales sur le partage ou les pertes des infos personnelles des utilisateurs) sur Internet, si avant tu ne disais pas tout haut ce que tu pensais tout bas, l’arrivée des réseaux sociaux a résolument changé la donne.

    Fais-nous signe si tu te souviens de ce que tu voulais dire!

  3. Ln sur

    Plutôt d’accord avec toi, même si l’article (ou les échanges) pourrait être complété de quelques infos susceptibles d’alimenter les paranoïaques…
    (Ajoutez http…)
    mobile.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/03/30/cookies-mouchards-comment-vous-etes-suivis-sur-internet_5278722_4355770.html?xtref=https://t.co/redirect

  4. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Toutafé, ça fait froid dans le dos! Il me semble que j’avais même lu qu’à l’aide des mouchards, certains sites changent le prix d’un article/billet selon si tu le visites une fois ou plusieurs fois… et qu’il fallait donc utiliser la fonction Icognito lorsque tu voulais faire des achats!

    Clairement LN, j’ai pas pu toucher tous les sujets dont j’aurais voulu parler sinon j’y aurais passer ma vie et surtout ça aurait été imbuvable à lire.

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