15 jours à Hawaï (Eté 2017) (1/2)
Vous l’attendiez tous (non ?), voici la première partie du récit de nos vacances, cet été à Hawaï, baby ! Un séjour d’un peu plus de 15 jours, partagé entre les iles de Kauai et Big Island. Pour ceux qui préfèrent les belles images aux longs textes, l’album de nos meilleures photos est ici. Et pour ceux qui prévoient d’effectuer un voyage similaire, j’ai listé à la fin de l’article les endroits où on a mangé et dormi, pour vous aider éventuellement à faire vos choix. Dans le texte de l’article, j’ai aussi attribué des « notations » de *(à éviter absolument) à *****(justifie le voyage à lui seul) aux activités qu’on a effectuées et aux endroits qu’on a visités. Ce préambule terminé, passons au récit du séjour !
Lundi 17 juillet :
C’est d’habitude Marion qui s’occupe de la planification de nos vacances, parce qu’elle aime ça (alors que moi pas) et que ça lui met déjà un pied en vacances. Cette année compte tenu de sa charge de travail elle n’a pas pu s’y consacrer, et on s’est retrouvés pas mal en retard en termes d’organisation. Du coup, on a pris nos billets d’avion un peu à l’arrache quand on a senti que les prix allaient commencer à s’envoler si on attendait davantage, avant d’avoir réellement pu ouvrir nos guides pour voir à quoi tout ça ressemblait et de décider de ce qu’on allait faire. Résultat : on a pris une série de vols pour rejoindre la capitale d’Hawaï, Honolulu… avant de réaliser qu’Hawaï est un ARCHIPEL et qu’Honolulu est certes la capitale, mais qu’elle se trouve sur l’une des îles où on n’avait à peu près aucun point d’intérêt à visiter. On a donc dû ajouter un quatrième vol à chacun de nos trajets (4 allers et 4 retours au total donc) pour atteindre les îles qu’on voulait effectivement visiter, ce qui nous a fait perdre du temps de vacances, et de l’argent (parce qu’évidemment il y avait en fait des vols, plus courts et moins chers, qui nous auraient permis d’arriver plus rapidement sur la bonne île…).
Le trajet aller était quand même à peu près aussi optimisé que possible, avec moins de deux heures entre chaque vol ce qui nous a permis d’arriver à Honolulu en « seulement » 23h (avec une petite inquiétude sur la possibilité qu’auraient nos bagages de suivre avec si peu de temps d’escale, à la suite de ce qui nous était arrivé en Sicile). Anecdote amusante : du fait du décalage horaire (12h entre Paris et Honolulu : c’est littéralement de l’autre côté du globe), nous sommes partis lundi 17 juillet à 11h de Paris, et nous sommes arrivés à Honolulu… le même jour, lundi 17 juillet, à 20h30 !
Étant donnée notre heure d’arrivée, et celle de notre avion le lendemain, nous avions réservé une nuit dans un hôtel tout proche de l’aéroport, et qui proposait un service de navette, bien pratique (le Pacific Marina Inn). Nous y avons mangé -devant la piscine, mais sous la pluie- notre premier repas du séjour, qui par tradition n’est pas-du-tout-local, en l’occurrence et comme souvent, du Starbucks (sauf que cette fois c’était spécialement pas terrible, et qu’on avait payé super cher parce que c’était le dernier truc encore ouvert à cette heure à l’aéroport : 11$ le sandwich !).
Mardi 18 juillet : Makalawena Beach (Kekaha Kai State Park)
Nous atterrissons sur l’île de Hawaii (celle qui porte le nom qu’on a donné par extension à l’ensemble de l’archipel, et qu’on surnomme « Big Island » pour éviter les confusions). L’aéroport de Kailua-Kona est à ciel ouvert : il n’y a pas de toit et aussi peu de murs que possible. Les tapis pour récupérer les bagages sont eux aussi en extérieur, et n’importe qui pourrait se servir… mais personne ne le fait parce que c’est le ALOHA SPIRIT ! C’est les vacances, tout le monde est paisible et cool. Marion perd malheureusement assez vite son aloha spirit, et se met à engueuler le chauffeur de la navette qui emmène les clients aux loueurs de voiture : deux navettes sont passées et reparties sans nous parce qu’elles étaient complètes, il n’y a pas de file d’attente et c’est à qui sera le plus près de la porte d’entrée là où la navette s’arrête… or la navette ne s’arrête pas toujours au même endroit. Bref, ce n’est pas très bien organisé, mais il y a 3 navettes qui tournent en permanence donc 2mn plus tard on est à bord, le chauffeur est super sympa : ALOHA SPIRIT ! On récupère notre voiture et on part ensuite déposer nos bagages à l’hôtel. Kona est une ville de taille beaucoup plus raisonnable que ce que je craignais, c’est même plutôt un village qu’une ville, avec plein de petits cafés et restaurants, très sympa. Pas vraiment de plage par contre donc niveaux activités, tout sera à faire à l’extérieur. Nous y découvrons une originalité hawaïenne : des carrefours sans aucun feu de signalisation. Il y a à la place un « stop » à chaque entrée du carrefour, et chaque voiture qui y arrive marque donc l’arrêt. Puis, la voiture qui est là depuis le plus longtemps s’engage, et le conducteur fait un signe de remerciement aux autres ; la voiture qui est au stop depuis le plus longtemps passe ensuite et ainsi de suite. En termes d’optimisation de la circulation, ce n’est pas l’idéal parce que chaque voiture devant marquer l’arrêt, ça crée pas mal d’engorgements, mais c’est une bonne façon d’incarner l’esprit de courtoisie qu’on imagine chez les Hawaïens (pas sûr que ça pourrait fonctionner partout par contre : en Italie ou à Paris par exemple, où ce sont les plus opportunistes qui foncent en se moquant bien de ceux qui respectent le code, ce serait l’échec assuré !).
On repart direct pour le Kekaha Kai State Park****, où nous lisons mal le topo qui est censé nous aider à nous diriger sur cette rando qui conduit à une jolie plage ; pensant être sur la piste nord du parc alors que nous sommes sur celle du sud, nous nous orientons forcément à l’envers, et nous demandons donc notre chemin à trois jeunes filles qui se trouvent là, dont une qui semble être Hawaïenne. Celle-ci s’avère en fait moyennement aimable, et nous indique la direction du sud… Mais Marion et moi nous rendons rapidement compte que quelque chose cloche, et nous revenons sur nos pas avant de repartir plutôt au nord et de trouver les plages visées : tout d’abord la plage Mahai’ula Beach**** où nous nous baignons pour profiter et pour nous rafraîchir, puis après cette pause, la Makalawena Beach****, très jolie, au milieu de dunes parsemées de pahoehoe (une sorte de liane fleurie qui pousse dans le sol, à même le sable). Nous profitons un peu de l’endroit avant de retraverser les champs de lave séchée (des kilomètres de roche noire sur laquelle plus rien ne pousse plus, hormis quelques rares arbustes) pour retrouver notre voiture. Sur le chemin, nous interrompons involontairement le combat de deux mangoustes (les premières que nous rencontrons sur Big Island, mais nous en reverrons régulièrement), qui se carapatent en nous entendant approcher. Le trajet du retour n’est pas passionnant, mais nous marchons dans le soleil couchant, qui découpe derrière nous les silhouettes des arbres dans un bien bel horizon rose et violet.
Mercredi 19 juillet : Kealakekua Bay, Pu’uhonua o Honaunau, Hapuna Beach
Nous commençons la journée par une courte randonnée qui doit nous permettre d’atteindre la Kealakekua Bay****, où le Lonely Planet nous a promis le meilleur snorkeling de l’ile, avec même des dauphins ! Le début de la piste a été difficile à trouver, malgré et en partie à cause des indications du guide : l’entrée du sentier est très discrète, signalée seulement par un petit panneau caché par la végétation et qui mentionne un nom (Ka’awaloa Cove) différent de celui utilisé partout ailleurs pour parler de cette rando (Captain Cook’s Monument Trail) . Ka’awaloa Cove**** est en fait le nom de la crique à laquelle conduit le sentier, au nord de la baie de Kealakekua : il vaut mieux le savoir (au moins deux voitures se sont arrêtées et sont reparties pendant que nous nous préparions, préférant visiblement ne pas s’engager sur un sentier qui ne paraissait pas être le bon, et dont l’entrée était gardée par des avertissements sur la difficulté et la pénibilité de la descente). En fait, comme la ville de Kona, toute proche, reçoit énormément de touristes, et que la présence de ces touristes pose des problèmes environnementaux sérieux, l’accès à Kealakekua Bay par la mer a été restreint pour protéger la baie ; ça me laisse imaginer qu’en parallèle, les autorités gardent volontairement l’entrée du sentier quasi-secrète, dans le même but.
Le sentier n’est visiblement pas très emprunté, et des plantes hautes envahissent le chemin : Marion, qui porte des vêtements courts, finira couturée de cicatrices laissées par les feuilles coupantes… et urticantes de ces plantes (un guide nous dira lors de notre première excursion sur Kauai qu’il s’agirait de Buffalograss (ou Guinea grass), mais en faisant mes recherches pour écrire cet article, ça n’a pas l’air de correspondre…). Parvenus dans la crique, nous découvrons que nous n’y serons pas seuls : plusieurs bateaux chargés de touristes sont déjà là, mais ça reste supportable. Le snorkeling est effectivement idéal : l’eau étant très salée on y flotte sans grands efforts, il y a plein de poissons, et l’eau est calme. Hélas, pas de dauphins à l’horizon (il faut vraisemblablement venir bien plus tôt pour espérer en croiser, et nous avons fait le choix d’un début de séjour à la cool, plutôt que de nous lever à l’aube pour pouvoir hypothétiquement voir les dauphins). J’ai passé moins de 5 minutes dans l’eau (je ne suis pas un grand fan des activités aquatiques), mais ce court laps de temps a suffi pour me faire prendre des coups de soleil sur tout le dos et les épaules… j’avais pourtant prévu des T-shirts blancs à manches longues pour snorkeler, mais j’avais oublié de les prendre pour la randonnée : ça m’apprendra. Les nageuses locales utilisent, elles, des maillots une pièce qui couvrent totalement le haut du corps, épaules et bras inclus : le look est particulier, mais c’est assurément ce qu’il y a de plus efficace pour se protéger du soleil pendant qu’on nage. De mon côté, je repars notamment content d’avoir réussi à utiliser le matériel de snorkeling, alors que lors de mes dernières tentatives je n’avais pas réussi à respirer avec le tuba.
La randonnée était finalement beaucoup plus simple qu’annoncée : nous avons mis autant de temps pour descendre que pour remonter (1h), alors qu’une durée double était annoncée pour la remontée (il faut dire que comme souvent lors de ce séjour, Marion a enclenché un petit moteur lors de l’ascension, qui semblait n’être pas plus difficile à effectuer pour elle qu’une marche en terrain plat).
Nous nous rendons ensuite à Pu’uhonua o Honaunau*** pour visiter les « ruines » reconstituées d’un ancien village, avec son temple surélevé destiné à accueillir les reliques des personnalités majeures après leur mort, et sa section réservée à la royauté, délimitée par un mur de roches volcaniques noires. Les courants sont violents autour de cette côte et il est dit que les habitants de l’archipel qui avaient enfreints l’un des interdits édictés par les rois, pouvaient obtenir le pardon s’ils parvenaient à braver les vagues et les marées pour rejoindre ce village à la nage. L’histoire est jolie, mais je trouve la visite un peu pauvre : en y réfléchissant a posteriori, les ruines antiques d’Europe ne sont pas toujours plus riches que celles-ci, mais sans que je puisse expliquer pourquoi, l’histoire et la culture hawaïennes ne parviennent pas vraiment à m’émouvoir. Dommage :/
Nous passons au Da Poke Shack prendre deux bols de l’une des spécialités culinaires hawaïennes, le poke (on prononce « poké » (oui, ce sont donc des « Poké Bowls »)) ; Gattaca vous en proposait justement une recette ici le mois dernier. Nous emportons nos bols à Hapuna Beach***, une plage jolie et bien aménagée, sur laquelle nous nous baladons après le repas pour admirer une fois encore le coucher de soleil. Assis tranquillement sur le sable l’un contre l’autre, nous nous amusons à suivre du regard les tous petits crabes qui émergent de leurs trous et se déplacent ensuite à une vitesse étonnante sur le sable mouillé.
Nous gagnons ensuite le village de Waimea, où trouver notre hôtel est une petite aventure en soi : il nous faut effectuer plusieurs allers-retours dans la rue centrale avant de trouver l’allée qui y conduit, car l’hôtel est caché en retrait ; le fait de naviguer dans le noir n’aide pas non plus, c’est sûr…
Jeudi 20 juillet : Pololu Valley, Mookini Heiau, Beach 69
Nous empruntons la très jolie Kohala Moutain Road**** pour atteindre la Pololu Valley*****, qui sera mon endroit préféré du séjour : la visite commence au-dessus de la vallée, d’où depuis le lookout puis le chemin qui descend jusqu’à la vallée s’enchaînent de magnifiques points de vue. Puis on arrive dans un petit sous-bois tout mignon, traversé par une rivière qui s’étire jusque là depuis la vallée. Et enfin on parcourt une petite plage bordée d’une forêt de pins, avec les falaises en décor de fond : tout est beau et calme, c’est magnifique. Mon seul regret : Marion avait trouvé une petite piste qu’on a commencé à explorer, mais on s’est arrêtés parce qu’on avait peur de pénétrer sur un territoire interdit ou de s’engager sur une longue randonnée de plusieurs heures, et après avoir vérifié a posteriori c’était en fait une courte promenade autorisée et qui aurait sans doute prolongé le plaisir de la visite dans cette splendide vallée. Leçon à retenir : bien lire les descriptifs des guides AVANT, c’est mieux.
Les chaussures de randonnée de Marion ont choisi ce lieu unique pour rendre l’âme. Un animiste dirait que c’était un bon choix, mais pour nous ça a plutôt été le début d’une gentille galère ; on s’est débrouillés dans l’immédiat pour maintenir les semelles aux chaussures en nouant les lacets autour de tout son pied, et ça a tenu jusqu’à notre retour à la voiture.
Nous nous sommes ensuite laissés tenter par la visite du Mookini Heiau**, les ruines d’un ancien temple isolé sur une pointe de l’île, qui aurait selon la légende été construit en une nuit par des milliers de personnes formant une longue chaîne pour faire passer les pierres depuis Pololu Valley à 20km de là, et où eurent lieu plus tard dans l’Histoire des sacrifices humains. Mauvaise idée : la route était longue, le chemin trop cahoteux pour que nous puissions aller jusqu’au bout en voiture, et on a fini le trajet à pied, ce qui nous a fait perdre pas mal de temps. A l’arrivée, les ruines n’inspiraient pas grand-chose, et il n’y avait pas non plus de point de vue… ça ne valait vraiment pas un tel détour.
La journée avait magnifiquement commencé, elle allait se transformer en galère, à l’image de cette visite décevante du heiau. De retour à Waimea, nous nous sommes rendus au centre d’information sur les activités des observatoires situés au sommet du Mauna Kea où nous avions prévu de nous rendre le soir pour suivre le programme public d’observation des étoiles. On a alors appris que ça n’avait pas lieu tous les jours, et notamment pas ce jour-là ni le suivant… Ça tombait mal, parce que ça aurait été pour nous les deux meilleurs jours pour le faire ! Au vu de notre calendrier des jours à venir, pouvoir effectuer ce « stargazing » qui nous faisait bien envie allait s’annoncer très compliqué…
Nous sommes ensuite partis en quête de nouvelles chaussures de randonnée pour Marion, et comme il n’y avait aucun magasin de chaussures à Waimea ni dans les environs, nous avons dû nous rendre à Waikoloa, un resort conçu pour les touristes à l’américaine, où tout est vert et plat, avec des commerces partout, et où on prend nécessairement sa voiture pour aller d’un endroit à l’autre parce que rien n’est pensé pour les piétons. Nous y explorons les Queen’s galleries et le King’s shops, deux concentrations de boutiques diverses, mais aucune ne propose de chaussures de rando ! Comme il s’agit du principal centre commercial de Big Island, ça signifie que sur toute cette île volcanique, où il y a des tas de balades à faire, personne ne vend/ personne n’achète de chaussures de randonnée !!! Ça paraît hallucinant, et ça conforte mon idée négative du mode de vie des américains. Marion se contentera en définitive de l’UNIQUE modèle de chaussure de marche proposé dans UNE SEULE boutique, des espèces de chaussures de sport avec une semelle qui accroche un peu (qui auront fait l’affaire le temps de ce voyage mais que, je pense, elle ne réutilisera plus jamais).
La soirée se conclut de façon un peu plus agréable, par un brin de snorkeling sur une plage qui semble bien s’appeler Beach 69***, même si les panneaux sur place évoquaient Hapuna Beach Park (pour mémoire, Hapuna était la plage où nous avions déjà conclu notre journée la veille). Cette plage-ci, qui semble effectivement pouvoir être le prolongement au sud de celle de la veille, est beaucoup plus petite et n’est pas aménagée. Dans le soleil couchant, presque à l’heure de la fermeture du parc, désertée par presque tout le monde mais pas par les poissons, elle a un côté secret et plus sauvage qui en fera un des meilleurs souvenirs de plage de Marion.
Il est « tard » lorsque nous regagnons Waimea (20h, vous pensez !) et les restaurants annoncent une heure de fermeture à 20h30. Nous comprenons avec soulagement que cette heure correspond en fait à l’heure après laquelle les restaurants n’acceptent plus de nouveaux clients, et nous pouvons donc diner dans un petit restaurant sain, frais et sans prétention juste à côté de notre hôtel.
Vendredi 21 juillet : Waipi’o Valley, Akaka Falls
La journée commence sous la pluie et dans le brouillard, qui nous accompagnent sur tout le chemin qui nous conduit à Waipi’o Valley***. C’est l’une des régions les plus humides de l’île, et ça se voit ! Après une courte accalmie sur la fin du trajet, il se remet à pleuvoir à notre arrivée, au moment où nous allons commencer à marcher. Nous ne nous laissons pas abattre pour autant, et nous nous engageons quand même sur la piste très pentue (25%) qui mène du promontoire (d’où on ne voit rien dans la situation présente) au plancher de la vallée. C’était la bonne décision : le temps s’éclaircit au fur et à mesure de la descente. La vallée est jolie, mais moins que Pololu, que nous avions parcourue la veille. Du fait qu’il a plu, nous avons la chance de pouvoir voir les Kaluahine Falls qui se jettent dans la mer depuis les falaises à l’est de la plage (par beau temps la rivière est sèche). La plage est coupée en deux par un assez large bras de rivière qui vient se jeter dans la mer, et j’avais lu qu’il était possible de traverser pour marcher de l’autre côté jusqu’à des chutes, les Nanau’e Falls. Nous voyons un premier type effectuer laborieusement la traversée, ressortant de la rivière mouillé jusqu’à la taille, puis un couple, qui s’en sort un peu mieux avec de l’eau seulement jusqu’à mi-cuisses… Pour ma part, je n’avais pas du tout prévu de traverser et j’avais emporté nos papiers, nos téléphones, l’appareil photo et les objectifs de Marion : je n’avais franchement pas envie de risquer de glisser comme ça m’était déjà arrivé en Corse (une toute petite glissade, mais qui m’avait coûté mon iPhone de l’époque, qui ne s’était pas remis de sa petite baignade impromptue). Marion, elle, avait au contraire prévu (dans son petit for intérieur) de faire la rando. On en discute rapidement, et elle se lance quand même dans la traversée, seule, tandis que je reste sur l’autre berge à garder les affaires…
Suivant les conseils du Lonely Planet, elle passe non pas au niveau de la rivière, mais par l’entrée dans la mer : il y a certes des vagues, mais le sol est moins glissant du fait de l’absence de cailloux. Elle s’en tire avec de l’eau jusqu’aux fesses, et je me dis que j’aurais peut-être pu tenter quand même. Je suis content en tous cas qu’elle ne se soit pas laissée décourager par ma retenue, et qu’elle ait pu tenter sa chance en toute sérénité, et dans le plus grand confort, débarrassée de tout son attirail. J’occupe la grosse heure d’attente qui suit en faisant quelques étirements et mouvements de capoeira sur la plage. Malgré le temps couvert, je prends de gros coups de soleil sur le crâne et le front… Quand Marion revient, la marée est montée et la traversée de retour la mouille jusqu’à la taille -c’était après tout quand même plus prudent que je n’y aille pas donc, parce qu’on n’avait pas pris ce paramètre en compte, qui aurait pu nous faire une mauvaise surprise. De son côté, Marion a trouvé la rando sympa mais sans plus. Le fait qu’elle se soit retrouvée seule, et avec une certaine pression pour ne pas me laisser poireauter trop longtemps, a pu jouer dans son appréciation de la promenade.
Nous déjeunons au What’s Shakin, un petit restaurant où on cuisine notamment les produits issus de la plantation durable sur laquelle le restaurant est construit, et où on prépare des smoothies 100% fruits frais. Nous partageons un « burger » au taro, l’un des aliments de base de l’île et que je ne connaissais pas, accompagné de smoothies à l’incontournable papaye locale.
Abandonnant des visites intermédiaires prévues sur le trajet compte tenu de l’heure qui avance, nous nous rendons directement aux Akaka Falls***. Je ne suis pas très friand des chutes d’une façon générale et celles-ci ne m’impressionnent donc pas particulièrement, mais le petit parcours de passerelles qui y conduit traverse une belle forêt, avec des arbres fleuris, et notamment des lierres qui transforment les arbres qu’ils recouvrent en quasi-sculptures : on en reverra pas mal ensuite, mais ça a été la première fois que j’en voyais et j’adore ces plantes et l’aspect qu’elles donnent aux arbres qu’elles submergent.
Nous arrivons enfin à Hilo, où nous nous installons dans notre chambre au Dolphin Bay Hotel avant d’aller diner en ville au Moon & Turtle, un restaurant qui nous a été suggéré par la tenancière de l’hôtel parce que végétarien, et qui en fait n’est pas du tout végétarien, mais plutôt branché, et qui propose une cuisine inventive de fusion asiatique-européenne.
Samedi 22 juillet : Hawaii Botanical Gardens, Chasing Lava
Nous reprenons de bonne heure la petite route touristique (Pepe’ekeo 4-Mile Scenic Drive***) qui à la fois longe la mer et traverse une forêt luxuriante, pour gagner les Hawaii Botanical Gardens****. Ce jardin privé rassemble une belle diversité de jolies fleurs et plantes (dont à peu près aucune originaire de l’île toutefois) et s’étend jusqu’au bord de mer déchiqueté (Onomea Bay), que cingle une mer particulièrement agitée de ce côté de l’île. J’ai particulièrement apprécié la partie du parc qui longe la mer, pour ses vues spectaculaires (dont un tunnel de roche naturel au travers duquel l’eau est propulsée en produisant le son d’un souffle puissant), et, à la fin du parcours, l’étonnant et féérique Cannonball Tree.
Tant qu’à nous trouver à nouveau au bout de la route touristique, nous sommes retournés déjeuner au What’s Shakin, avant d’entreprendre la longue route en voiture jusqu’à la Fin de la route, tout au sud de Big Island, où la lave qui s’écoule en permanence depuis 1983 du volcan Kilauea, toujours en activité, a submergé les terres… dont l’autoroute, d’où ce nom de Fin de la route (« End of the Road« ), qui désigne l’endroit où l’autoroute a disparu sous la lave, et où s’élèvent aujourd’hui de nombreux étals de prestataires proposant des locations de vélos, des tours guidés, etc. pour aller explorer ce paysage lunaire de lave durcie qui a tout recouvert sur des kilomètres. Toute la surface est stabilisée (la lave s’écoule sous la croûte durcie), mais il y a en permanence des résurgences de lave ponctuelles, crevant la croûte pour s’écouler à l’air libre. Il est donc possible de « chasser la lave »*****, c’est-à-dire de parcourir la surface durcie pour tenter de dénicher l’endroit où la lave vive s’écoule, et d’assister ainsi à ce spectacle unique d’une authentique coulée de lave. Certains se lancent à l’aventure seuls, mais c’est typiquement le genre d’exploration pour lequel il me semble vraiment préférable d’engager un guide, au moins la première fois : on parle quand même de marcher au-dessus de la lave et de s’approcher d’endroits où elle s’écoule à l’air libre, je pense que ce danger-là paraît assez évident à tout le monde ; mais il faut aussi savoir que la surface est très inégale et accidentée, et que les rebords des plaques sur lesquelles on évolue sont assez friables et coupants, menaçant donc de faire tomber celui qui marche sans faire attention, et d’entailler ceux qui perdraient l’équilibre. Enfin, le risque le moins dangereux mais le plus probable sans guide, c’est surtout de ne pas parvenir à localiser la lave vive et de repartir sans avoir atteint son but.
Nous avons donc sans hésitation opté pour l’expédition guidée***** et nous nous sommes retrouvés avec deux autres couples et notre guide, Derek, sur la lave. La surface séchée, durcie et noircie au contact de l’air, est beaucoup plus récente ici qu’à Kekaha Kai, et elle est du coup moins terne, avec de très beaux reflets argentés. Lorsqu’on arrive après une petite heure de marche sur les zones chaudes, le guide attire notre attention sur un fait amusant : de petits éclats se détachent en sautant de la croûte la plus récente, comme du pop-corn. Nous atteignons bientôt nos premières vues de la lave, qui apparaît sous la forme d’une simple ligne rougeoyante sous des parties plus dures. Je vous laisse imaginer ce qui se passe dans notre tête quand on comprend qu’elle coule donc, là, sous nos pieds, à quelques centimètres sous la roche.
Puis enfin c’est l’aboutissement de notre « chasse », et nous assistons au spectacle unique de la lave littéralement en train de couler, sous nos yeux, à moins d’un mètre. Un peu plus loin, on assiste même au détachement d’un gros pan de roche qui laisse se déverser une lave d’un rouge-orange apocalypse pur (sur des écoulements plus modestes, la lave est immédiatement mêlée de marbrures noires du fait qu’elle commence très rapidement à sécher au contact de l’air). C’est beau. Derek nous donne ensuite un piolet pour nous permettre de crever la croûte de la lave juste coulée, ce qui nous permet d’ouvrir de nouvelles saignées : la lave qui s’accroche au pic se solidifie presque instantanément. La chaleur à proximité de la lave augmente très (très) rapidement et il est très difficile de rester longtemps exposé à cette température. Marion et moi étions bien équipés (vêtements longs sur tout le corps, les mains protégées par les gants de chantier que nous avait filé le guide), et nous avons du coup moins souffert de la chaleur à proximité de la lave – même si quand on s’en est approchés pour le coup de piolet c’était vraiment à la limite du supportable. Les deux couples qui nous accompagnaient étaient venus en tenues plus légères, et l’une des filles a eu une petite crise de panique à un moment parce que la chaleur qui traversait ses tennis lui a fait croire qu’on était en train de marcher sur de la lave trop récente ; un autre gars qui portait un bermuda a reçu des petits éclats de « pop-corn de lave » sur les mollets qui l’ont un peu picoté. La plupart des gens qu’on a croisés y allaient en short ; une bande de jeunes qui ne savaient visiblement pas ce qu’ils faisaient sont partis en maillots de bain… Rétrospectivement, la quête de la lave me paraît moins dangereuse que ce que j’avais imaginé, mais porter des vêtements appropriés pour une protection minimale paraît quand même la moindre des choses. Pas mal de gens venus sans accompagnateurs ont pu se jour-là atteindre la lave… Grâce (involontairement) à notre guide, qui portait un T-shirt orange fluo et a visiblement servi de repère à plein de gens qui autrement n’auraient rien trouvé…
Malgré son expérience, lui-même a pris une bonne heure et demie pour localiser le Graal.
Nous avons ensuite longé le couloir souterrain par lequel la lave s’écoule directement du cratère en fusion vers la mer, et rejoint l’endroit où la lave jaillit de la falaise qui surplombe la mer pour s’y jeter. Se rendre de jour sur ce point de vue n’a aucun intérêt car la lumière empêche de distinguer quoi que ce soit dans le flot de fumée que produit la rencontre de l’eau et de la lave ; dans le soleil couchant, l’obscurité de la nuit qui tombe rend, elle, visible le rougeoiement de la lave. Le spectacle est beau, voire impressionnant, mais moins fou à cette distance (le promontoire se trouve par mesure de sécurité à plus d’une centaine de mètres de la coulée, parce que l’impact de la lave dans la mer provoque la projection aléatoire d’éclats bouillants dans toutes les directions) après avoir vu la lave de si près.
Nous avions fait une partie du chemin aller en vélo, mais la chaîne d’un des vélos a sauté et le groupe prend donc le chemin de retour à pied à la lumière des lampes frontales. Le spectacle des étoiles est une consolation pour Marion et moi, car étant donnée l’heure, il nous faut cette fois encore renoncer à rejoindre l’observatoire du Mauna Kea pour assister au « stargazing ».
L’expédition valait néanmoins franchement le coup, et restera comme l’un de nos souvenirs les plus forts du séjour.
Dimanche 23 juillet : Hilo : Na Ha Ele Trail, Pe’epe’pe Falls, Boiling Pots, Rainbow Falls, Liliuokalani Gardens, Volcano : Kipuka Puaulu Trail, Jaggar Museum
Nous commençons la journée en retournant encore une fois sur la Pepe’ekeo 4-Mile Scenic drive, cette fois pour explorer la Na Ha Ele trail***, qui traverse littéralement le Hawaii Botanical Gardens pour rejoindre d’autres points de vue sur la belle et sauvage Onomea Bay.
Nous allons ensuite jeter un œil à deux lieux pittoresques en bordure de Hilo, les Pe’epe’pe Falls** et Boiling Pots** : une rivière s’y coule dans un lit accidenté, creusé autrefois par la lave. C’est un plan alternatif sympa pour les gens qui se trouvent dans le coin et qui veulent se baigner, mais ce n’est pas notre intention et ces deux lieux ne présentent donc pas vraiment d’intérêt pour nous. Un peu plus loin, le site des Rainbow Falls*** est un peu plus joli et intéressant, mais c’est blindé de monde, ce qui lui retire tout son charme : nous ne nous y attardons pas.
Nous nous lançons ensuite dans un plan un peu fou : traverser Hilo à pied pour rejoindre les Liliuokalani Gardens***, et découvrir la ville sur le chemin… mais c’est oublier que les villes américaines ne sont pas faites pour être parcourues à pied : sous la chaleur écrasante, avec des voitures qui nous cernent des deux côtés de la bande de verdure sur laquelle nous marchons, Marion craque au bout d’une vingtaine de minutes et cesse de prendre le moindre plaisir à la promenade. Je la laisse donc sur un banc, à l’ombre des palmiers au bord de la mer (y a pire, quand même !), et je repars seul chercher la voiture. Pour ma part, alors que je trouvais jusque là effectivement Hilo trop urbaine et assez moche, cette section de jardins et d’étendues vertes sur un joli front de mer**** (certes délaissée par la population habituelle, remplacée ici par des vagabonds a l’air inoffensif, et encadrée par deux routes blindées de voiture) m’avait plutôt plu.
Une fois ramenée la voiture, nous parcourons ensemble les jardins que nous avions prévu de visiter, puis après un déjeuner rapide, nous prenons la route pour Volcano, le parc des volcans.
Nous nous rendons en premier lieu au Visitor Center, juste pour être sûr que notre programme de randonnées est faisable (certaines sont parfois fermées pour des raisons de sécurité), puis allons à la Volcano House, plus ancien bâtiment du parc, depuis lequel on peut admirer le cratère du Kilauea, et la cheminée du Pu’u’O’o, toujours actuellement en éruption.
L’après-midi touchant à sa fin, nous entamons une courte randonnée d’une heure, la Kipuka Puaulu Trail***, réputée plaisante pour sa verdure et les chants des oiseaux qui l’animent en matinée et en soirée (d’où notre choix d’effectuer la rando à cette heure-ci). La promenade est sympathique, sans plus, et si nous y rencontrons bien des nene (l’oie sauvage native de Hawaï, actuellement menacée), le nombre d’autres oiseaux entendus ne m’a pas paru exceptionnel (je ne parle pas de ceux qu’on a vus : on n’en a pas vus).
Nous profitons d’être à cet endroit du parc pour aller aussi regarder les Lava Tree molds***. Ce sont des endroits où des arbres ont été incendiés par la lave ; mais comme les troncs sont humides, ceux-ci n’ont fini de brûler qu’une fois que la lave s’est durcie autour d’eux, ce qui fait qu’il reste un trou dans le sol (sol qui est en fait constitué de lave durcie, en surélévation par rapport au niveau du sol avant la coulée): une sorte de moule de la forme du tronc figée dans la roche. Ce que j’avais compris, moi, avant de nous rendre sur place, c’était qu’il restait hors du sol des cheminées formées par la lave durcie autour des arbres, une fois la lave fluide écoulée. Et je croyais avoir mal compris ce dont il s’agissait parce que sur place nous n’avons vu que la première version des « moules d’arbres de lave », en creux dans le sol. Or en fait, ce dont je me rends compte en faisant mes recherches avant publication de l’article c’est que j’avais bien compris, mais qu’on n’a vu qu’une moitié des trucs ! La loose ! Pour ceux qui n’ont rien compris à mes descriptions, cette page bien illustrée sera sans doute plus claire que mon blabla laborieux.
Nous nous rendons enfin au Jaggar Museum***, à une extrémité de la Crater Road qui fait le tour du cratère, et que je m’étais représentée comme beaucoup plus longue, et en bien moins bon état : elle est en fait goudronnée, et dessert les principaux points d’intérêt sur un parcours qui peut s’effectuer en moins d’une demi-heure en voiture ; parfait pour les touristes pressés… Nous visitons le musée en attendant que le soleil se couche : on y a une vue sur le cratère du Kilauea**** qui se fait paradoxalement de plus en plus claire à mesure que la nuit tombe, les rougeoiements de la lave étant évidemment bien plus impressionnants en fait dans la pénombre qu’à la lumière du jour, où on ne distinguait – par intermittence- qu’un point lumineux rouge.
Nous rentrons ensuite nous coucher après un diner au Thaï Thaï, un restaurant thaï (sans rire ?) inattendu dans un endroit aussi isolé que cette « ville », mais apparemment réputé ici.
Lundi 24 juillet : Napau Crater Trail
Je me souviens encore de la première fois où nous avions décidé de nous lancer dans une rando de 8h (au mont Fitz Roy, en Argentine) et du sentiment d’incrédulité qui m’animait au début du périple : au final, nous avions prolongé l’ascension avec des promenades latérales en plus et avions ainsi marché pendant près de 9h30 d’affilée… comme quoi, on se fait parfois des montagnes de pas grand-chose. Aujourd’hui, envisager des randonnées de 7h me paraît parfaitement ordinaire… C’est ce que nous nous proposions de faire ce jour-là, avec la Napau Crater Trail****, une rando de 6 heures et demie traversant des kilomètres et des kilomètres de roche volcanique craquelée sur laquelle n’ont encore commencé à repousser que des buissons épars et de petites fleurs de ci-de là. Au tiers du trajet, on atteint le bord d’un premier cratère éteint, qu’on longe en le surplombant avant de plonger dans une forêt vivace qui paraît ancienne mais qui en réalité n’a commencé à pousser qu’après une coulée de lave en 1840. On y trouve notamment beaucoup de fougères et d’arbres-fougères, à différents stades de leur évolution ce qui m’a donné l’occasion de comprendre tout le processus de croissance de ces plantes étonnantes qui se déroulent autant qu’elles poussent : il m’a même fallu un peu de temps pour comprendre qu’il s’agissait de la même plante ! Apparemment, je suis le seul que le processus de développement de cette plante intéresse ; comme je n’ai rien trouvé sur le Net pour vous le montrer, je vous ai fait une petite illustration de mes propres mains, pour essayer de vous faire comprendre le truc : l’idée c’est que la plante se déroule, depuis une tige unique, puis de branche en branche, et de feuille en feuille, on dirait des tentacules de poulpe !
Enfin, on atteint le cratère du Napau, d’où on aperçoit aussi au loin les fumées du Pu’u O’o, constamment en éruption depuis 1983.
Si le cœur du parc des volcans est en partie aménagé pour les touristes qui ne viennent y passer que quelques heures au mieux, la Napau Crater Trail est à l’inverse un vaste territoire désert où ne s’aventurent que les vrais randonneurs (dont je continue de m’étonner qu’ils soient si rares sur cette île). Nous étions donc tout seuls pendant toute la promenade… ou presque ! A la toute fin du parcours, on s’est retrouvés nez-à-nez avec deux Français venus camper sur le bord du cratère.
Quatre Français littéralement aux antipodes de leur terre d’origine, qui se retrouvent sur le même mètre carré de ce coin de territoire complètement isolé… La rencontre improbable !
Le soir, nous avions espéré diner au restaurant de la Volcano House, chalet installé là depuis 1846 (mais depuis complètement rénové), véritable institution locale et d’où on a une vue sympathique sur le cratère du Halema’uma’u. C’était un peu naïf : le restaurant était complet, et nous avons donc diné à la place au Uncle George’s Lounge, le bar (beaucoup) plus casual de l’hôtel -mais d’où on partage finalement la même vue.
Mardi 25 juillet : Thurston Lava Tube, Kilaueka Iki Trail, Hilina Pali Overlook, Mauna Kea
La journée commence par une visite du Thurston Lava Tube***, un tunnel de lave durcie formé par la couche extérieure de la lave plus fluide qui coula autrefois à l’intérieur. Nous étions sur place suffisamment tôt pour éviter les cars de touristes dont c’est l’un des arrêts obligatoires, mais même dans ces conditions idéales, j’ai trouvé la visite plutôt décevante : en-dehors du frisson intellectuel de se savoir au creux d’un tunnel de lave, il ne s’agit au final quand même que d’un tunnel, sans particularité notable (il y avait apparemment des stalactites à l’origine, qui ont été emportées par des #*$! de visiteurs qui se sont dit que ça serait mieux chez eux) et relativement court (150m).
A deux pas de là, nous entamons la Kilaueka Iki Trail***, randonnée qui nous fait descendre dans le cratère du Kilaueka Iki (éteint depuis 1959), dont on traverse ensuite la surface presque parfaitement plane. L’idée de parcourir le cratère du volcan est excitante, mais en termes de paysage, il n’y a là rien de nouveau par rapport à ce qu’on a déjà vu la veille sur la Napau Crater Trail : la Kilauea Iki Trail est en fait la version plus accessible (en termes de durée, parce que toutes deux sont assez tranquilles en termes de difficulté) de la même rando, en quelque sorte. Nous avons néanmoins la chance d’y apercevoir -de loin quand même- un spécimen du faucon Hawaïen, espèce endémique rare, et menacée.
Nous roulons ensuite assez longuement sur la Chain of Craters Road pour jeter un oeil au Hilina Pali Overlook, un promontoire d’où on a une vue surélevée sur un paysage très différent du reste du parc, au bord d’un escarpement abrupt devant lequel s’étend l’océan Pacifique -sans doute beaucoup plus loin que ce dont on a l’impression.
Nous partons ensuite pour le Mauna Kea, assister enfin au stargazing*****, que nous avions dû reporter plusieurs fois mais auquel nous n’avions jamais renoncé pour autant. Installés à Volcano, nous sommes maintenant assez loin du lieu (1h45), et le parking est réputé se remplir très rapidement : nous partons donc d’assez bonne heure pour ne pas risquer une nouvelle déception après avoir déjà dû abandonner trois fois. L’ascension jusqu’au MKVIS, la station d’accueil des visiteurs où a lieu l’animation, se fait en voiture, mais la pente est rude… Notre petite voiture compacte est à la peine, au point qu’à un moment elle s’arrête presque complètement, me faisant redouter une panne !… Il y a eu un flottement d’une ou deux secondes, où j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter en même temps que le moteur. Mais finalement nous parvenons sur les lieux sans encombre, trouvons une place sans difficulté, et avons même le temps d’aller admirer le coucher de soleil depuis le Pu’u Kalepeamoa tout proche.
Une fois la nuit tombée, l’observation des étoiles commence, et on découvre toute la voûte céleste parfaitement visible, sans aucune pollution lumineuse ni aucun nuage. Comme au planétarium… mais avec la vraie voûte céleste ! Le speech de l’astronome qui anime la session est à la fois amusant et intéressant -on jouera ensuite régulièrement pendant le séjour à retrouver les quelques constellations que nous aurons retenues (le Triangle d’été, la Croix du nord (/ le Cygne), le Scorpion et l’étoile rouge Antarès). Les télescopes sont à l’inverse plutôt décevants à mon goût : on n’y distingue pas grand-chose. Même celui qui pointe sur Saturne, dont on voit l’anneau, ne me transporte pas plus : il ne me donne pas une impression de réel. J’imagine que c’est moi qui ait un problème parce que c’est une chance relativement unique, de pouvoir utiliser ce genre de télescope, notamment dans ces conditions. Nous avons également pu suivre la trajectoire de satellites, dont nous aurions pensé sans les indications du guide qu’il s’agissait de simples avions. Surtout, dans ce ciel parfaitement clair et protégé des pollutions lumineuses, nous avons pu distinguer très facilement le passage d’étoiles filantes : Marion en a compté plus d’une dizaine, moi je n’en ai vu que trois ou quatre… mais c’est déjà bien plus que dans toute ma vie passée ! Depuis ce voyage, je me dis que nous ne regardons pas assez le ciel et le spectacle magnifique qu’il nous offre (de jour comme de nuit).
Il faisait froid (proche de zéro) mais nous étions bien équipés et nous n’en avons donc pas trop souffert (nous n’étions néanmoins pas encore réchauffés quand nous nous sommes couchés, 2 heures après avoir quitté le sommet…).
C’était notre dernière nuit sur Big Island, mais c’était une belle nuit ; avec la « Chasse à la lave », ça restera sans doute comme l’une de nos activités les plus mémorables du séjour.
Le meilleur de notre séjour restait pourtant à venir, avec notre semaine passée sur une seconde ile de l’archipel, Kauai, « l’île jardin » (le nom seul est déjà prometteur, non ?).
Mais ça, je vous le raconterai dans un deuxième article !
(à suivre)
Les activités qui m’ont le plus plu :
Kekaha Kai State Park****: deux très jolies plages, cachées derrière des kilomètres de roche volcanique noire désolée. Une bonne introduction aux paysages de Big Island.
Ka’awaloa Cove****: au nord de Kealakekua Bay, le spot parfait pour le snorkeling.
Pololu Valley*****: on atteint la vallée en suivant la déjà très jolie Kohala Moutain Road****. On se gare sur un promontoire avec une vue magnifique sur la vallée, puis on descend par un chemin qui offre davantage de superbes points de vue, avant d’arriver sur un petit sous-bois charmant qui longe une jolie plage entourée de falaises. Magnifique de bout en bout, mon lieu préféré du séjour.
Hawaii Botanical Gardens****: de nombreuses plantes et arbres exotiques (dont l’étonnant et beau Cannonball Tree) agréablement arrangés dans ce jardin en plein air, qui offre également de jolis points de vue sur la côte sauvage d’Onomea et sa mer déchaînée.
Chasse à la lave*****: une expédition sur un terrain unique, pour assister à un spectacle unique, la coulée de lave vive, là, à ses pieds. A peu près sans risque (de blessure ni de déception) si vous vous faites accompagner d’un guide, ce que je recommande pour une première expérience.
Napau Crater Trail****: une rando de 6h30 (aller-retour) pour se sentir seul au monde (ou sur une autre planète), en traversant d’abord un paysage lunaire où la végétation ne commence qu’à peine à réapparaître sur les kilomètres de roche volcanique qui recouvrent tout jusqu’à l’horizon, puis une belle forêt de fougères et de fougères arborescentes, en passant sur les bords de deux gigantesques cratères endormis.
Observation des étoiles sur le Mauna Kea*****: une présentation vivante, intéressante et amusante, des constellations visibles dans le ciel nocturne épuré de tout nuage et de toute pollution lumineuse. Comme au planétarium, mais avec les vraies étoiles, et des dizaines d’étoiles filantes !
Les endroits où nous avons dormi :
Honolulu (Oahu) : Pacific Marina Inn*** : il faut savoir ce qu’on cherche, quand on réserve une chambre d’hôtel. En l’occurrence, je ne recommanderai pas le Pacific Marina Inn pour un séjour à Hawaï, mais pour une nuit d’escale entre deux avions, il n’y a pas d’hôtel mieux situé (une dizaine de minutes de l’aéroport), et le service de navette gratuite est vraiment pratique.
Kona : Royal Kona Resort*** : les chambres sont agréablement spacieuses et confortables, pour un prix relativement abordable dans cet hôtel qui oscille entre le familial et le chic. Il y a une petite piscine dont nous n’avons pas eu le temps de profiter ; nous n’avons pas testé non plus le petit-déjeuner ni le restaurant, préférant profiter des nombreux petits endroits sympathiques où se restaurer à quelques pas de l’hôtel.
Waimea : Kamuela Inn*** : il nous a fallu effectuer plusieurs allers-retours dans la rue centrale de Waimea avant de trouver l’allée qui conduit à l’hôtel, caché en retrait ; le fait de naviguer dans le noir n’aidait pas non plus, c’est sûr, mais je pense qu’on ne doit pas être les seuls à avoir gentiment galéré pour y parvenir. L’hôtel est un peu rustique mais c’est intentionnel ; il est en cours de rénovation mais conserve son aspect général « motel de montagne ». Tout est parfaitement confortable et propre, par ailleurs.
Hilo : Dolphin Bay Hotel*** : accueil sympathique dans cet hôtel situé à deux pas du Downtown Hilo ; les chambres sont équipées d’une kitchenette où on peut prendre son petit-déjeuner, les boissons chaudes, un banana cake et des fruits du jardin (des papayes, et un régime entier de bananes !) étant laissées à la disposition des hôtes dans la cour.
Volcano : Volcano Guest House*** : on peut être dans un lotissement, et néanmoins être au cœur de la végétation : c’est ainsi que vivent les habitants du lotissement où se trouve cette guest house, un endroit étonnant, retiré du monde, où semblent s’être réfugiés à la fois des écologistes hardcore, des survivalistes, des hippies, et peut-être des repris de justice. La Volcano Guest House elle-même est située dans le coin le plus excentré du lotissement, mais on reste quand même à moins de 5 minutes de l’entrée du parc des volcans en voiture. Nous étions logés dans la « Claudia’s place », tout était calme, confortable et nous n’avons manqué de rien ; les propriétaires (très discrets) tiennent une laverie à disposition de leurs hôtes, ce qui est très pratique. Le tri des déchets est effectué sur place, l’électricité est en partie fournie par des panneaux solaires, l’eau de pluie est récupérée : le souci des propriétaires du respect de l’environnement est manifestement sincère.
Les endroits où nous avons mangé :
Kona :
Evolution*** : un endroit agréable pour déjeuner ou petit-déjeuner bio/végétarien/sans gluten en terrasse en regardant jouer dans le jardin les petits piafs du coin aux couleurs vives.
Da Poke Shack*** : une petite boutique qui ne paie pas de mine, mais où on connaît visiblement son affaire. La pêche est du jour, on peut choisir entre une dizaine de marinades distinctes, et entre 4 ou 5 accompagnements différents. Prendre à emporter, je ne me souviens plus s’il y a même de quoi s’asseoir pour manger sur place, mais il y a de toute façon des milliers d’endroits sur l’île qui seront plus agréables que l’échoppe pour apprécier son repas.
Waimea :
Pau*** : un petit restaurant sans prétention où on sert des plats sains et frais. Le service est assuré par des étudiants souriants et dynamiques et on mange bien, pour un prix très décent.
Hilo :
What’s Shakin*** : un petit restaurant où on cuisine notamment les produits issus de la plantation durable sur laquelle le restaurant est construit, et où on prépare des smoothies 100% fruits frais. Une institution locale, mais apparemment les propriétaires vendent… Dépêchez-vous d’y aller !
Moon & Turtle*** : un restaurant qui nous a été suggéré par la tenancière du Dolphin Bay Hotel parce que végétarien, et qui en fait n’est pas du tout végétarien, mais plutôt branché, et qui propose une cuisine inventive de fusion asiatique-européenne. un peu cher. Le service était sympathique, mais je sentais que je n’étais pas dans mon élément (je me sens toujours un peu décalé au milieu des gens « cool », et j’ai l’impression que le sentiment est partagé).
Short ‘n’Sweet*** : une petite boutique qui propose des sandwiches fait à la demande et des pâtisseries, ainsi que des limonades maison. Le cadre n’est pas fou, mais pour un déjeuner un peu « sur le pouce », c’est mieux que le tout-venant.
Volcano :
Thaï Thaï*** : pas forcément attendu dans une « ville » comme Volcano (qui ne compte pour ainsi dire qu’une dizaine de commerces alignés sur une unique route), ce restaurant thaïlandais à la décoration typique propose une bonne variété de plats avec différentes variantes de « viandes » (poulet, tofu, ou végétarien) pour accompagner les plats. Ce qu’on y a mangé était très bien.
Uncle George’s Lounge (Volcano House)** : un restaurant (beaucoup) plus casual que le restaurant attitré de la Volcano House, mais d’où on partage la vue sur le cratère incandescent. Ni les cocktails ni les plats n’étaient mémorables. Si vous y allez pour la vue, sachez qu’en traversant simplement le hall, vous pouvez accéder gracieusement au balcon d’où vous aurez la même vue qu’à l’intérieur ; du fait de sa lumière tamisée, la salle où l’on patiente en attendant sa table est plus appropriée pour apprécier le spectacle depuis l’intérieur, le soir : on peut tranquillement y prendre un verre, confortablement installé dans un canapé ou un rocking-chair.
Ouais, merci pour cet article, je pense etre le seul pelerin qui les lise tes billets de vacances en integralite…
Hawai, et son archipel d’iles (8P) ca a l’air top – entre les experiences volcaniques et les randos, c’est un bon melange de vacances.
Et les photos sont magnifiques et donnent vraiment envie d’y aller. Je laisserai un commentaire plus consequent lorsque ma connexion Internet sera moins a l’arrache :)
Avec ma mère et Marion, je crois que vous êtes trois, quand même ;) et puis il y a d’autres amis qui font parfois des remarques qui me laissent supposer qu’ils en ont lu une partie aussi :)
Oui, Hawaï c’était bien beau, mais je crois que là où tu es, bien que l’Internet soit à l’arrache, ça se défend aussi ! 8D
On se fera un concours de photos à ton retour !
que de péripéties, mais cela donne quand même envie d’y aller. Les photos sont topissimes, elles méritent presque toutes un agrandissement poster !
ALOHA SPIRIT