The Tree of Life (Terrence Malick, 2011)
En sortant de la séance d’un film qui nous avait déçus, Vorti me faisait remarquer avec à-propos qu’en n’allant voir que des films dont on savait quoi attendre, on ne risquait pas d’être (agréablement) surpris. C’est l’un des arguments qui m’a fait accepter d’aller voir The Tree of Life, de Terrence Malick, Palme d’Or à Cannes mais dont le pitch (pour autant qu’il y en ait un) ne m’attirait pas du tout-du tout. L’autre argument qui m’a convaincu, c’étaient plusieurs des images de la bande-annonce, qui laissaient entrevoir un film poétique et potentiellement émouvant par sa beauté.
Pour préparer cet article (après avoir vu le film, donc), il m’a fallu aller chercher sur le Net ce qu’en disaient les critiques pour avoir confirmation qu’il y avait bien des gens qui avaient aimé le film. En sortant du ciné, il ne m’a semblé voir que des gens énervés et qui criaient au scandale (il y a aussi eu des gens qui sont partis pendant la séance). Alors, je vais peut-être passer pour un idiot, un inculte, ou un beauf, mais je ne peux que décrire ce que j’ai ressenti pendant le film et malheureusement, même si les cinéphiles saluent le génie, l’audace, la vision inspirée de l’auteur, personnellement ça a été 2h18 d’apprentissage de la patience.
Je peux parfaitement comprendre qu’on considère que le cinéma n’est pas qu’un moyen parmi d’autres pour raconter des histoires, qu’il peut s’agir d’un art destiné à créer des émotions ou des idées. Avec The Tree of Life, on est à mi-chemin : il y a un peu de scénario, avec cette histoire d’une famille de trois enfants, élevés à la dure par un père excessivement sévère et qui ne sait pas témoigner son affection à ses garçons, notamment l’aîné, qui par réaction tend à devenir lui-même méchant et destructeur. Et il y a toute une partie… expérimentale ?, celle qui fait dire à ceux qui ont aimé le film qu’ils le trouvent audacieux, qui vient se glisser entre les « époques » du film et évoque l’univers, sa création, la… préhistoire (il y a des dinosaures !), et qui en terme d’images se situe entre le documentaire léché à la National Geographic et l’écran de veille d’ordinateur.
Pendant tout le film, les dialogues sont presque absents, et des voix off chuchotent des questions ou des prières au Dieu chrétien et invitent à remercier le Seigneur pour ce qu’Il nous donne et à accepter les épreuves qu’Il nous impose, ou le fait qu’Il nous reprenne ce qu’Il nous a donné. Etant donnée la redondance du message, on pourra légitimement crier au prosélytisme masqué, voire -vu le support visuel qui l’accompagne- à la tentative de lavage de cerveau.
N’imaginez pas pour autant que ce soit un film contemplatif, ou alors c’est un film contemplatif malade ! Je ne connais pas Terrence Malick, et je n’ai vu aucun des autres films qu’il a réalisé avant celui-ci. Je m’étonne quand même qu’on salue comme du génie cette succession de plans de 4 secondes quand la plupart des cinéphiles condamnent les manies « clipesques » des réalisateurs qui viennent du monde de la vidéo : il y a un nombre incalculable de plans différents dans The Tree of Life, mais tous se succèdent à un tel rythme que l’émotion n’a jamais le temps de naître. Dans le registre de la contemplation sensible et de l’évocation des jeux de l’enfance, voyez plutôt Tomboy, c’est mille fois plus réussi !
Je ne retire pas pour autant qu’il y a ponctuellement des choses très belles dans ce film, mais pour ce qui me concerne, deux heures et quart de changements de plans permanents, c’est trop. Si vous voulez avoir une idée de ce que ça donne, regardez la bande-annonce (dont je maintiens qu’elle est magnifique ; je suis beau joueur, je vous la glisse même à la fin de l’article) : doublez la durée de chaque séquence, et vous avez le même montage. Sauf qu’au lieu de durer deux minutes pendant lesquelles vous vous dites « oh, quelles belles images ! », ça dure deux heures et qu’au bout d’un quart d’heure, vous aimeriez qu’on avance vers quelque chose, que ce soit une histoire, ou une émotion, mais que rien ne vient. Et rien ne viendra.
Ou si, en fait, à la fin. Trois émotions très fugaces, sur les trois derniers plans du film (en 12 secondes, donc, si vous avez bien suivi). La première : l’espoir – que ce soit fini. La deuxième, l’angoisse -parce qu’un nouvel écran de veille vient re-dire que le film est terminé. Et finalement, le soulagement, parce que là, c’est quand même vraiment la fin.
Je déconseille totalement.
je suis d’accord avec toi Akodo ! L’essence et l’intérêt du film m’ont échappés, et pourtant, je suis relativement open sur les films expérimentaux ou contemplatifs (les asiatiques sont forts pour ces derniers)… J’ai vraiment détesté le film, on s’y ennuie ferme tout du long, du coup, je me suis endormie rapidement… Mais bon, je n’ai pas loupé grand chose, entre les scènes de vie familiales sans profondeur, les chuchotements et bondieuseries à la « frère, mère, pourquoi suis-je là ? », et les images de planètes ou de dinosaures… On ne peut s’empêcher effectivement de penser à un lavage de cerveau ou un film de propagande pour les témoins de jéhova… Du coup, j’ai craqué et suis sortie 1h avant le fin… On ne m’y reprendra pas !
A ton avis, Stéphane, qu’est-ce que j’ai pensé du film? Réponse (et long débat qui s’en suivra) dans 3 jours!
@ Taupo : J’en étais sûr ! ^_^ Mais c’est parfait, parce que je suis curieux de débattre des qualités de ce film avec quelqu’un qui ne serait pas de mon avis.
@Gattaca : moi j’étais claqué par un week-end de capoeira à base de 6h d’activité par jour, mais j’ai lutté contre le sommeil pour ne pas qu’on puisse me reprocher que mon avis ne se basait pas sur une vision de l’oeuvre complète. Je suis un guerrier ! (et puis on avait payé 10,50€ par place, je peux te dire que ça motive à faire un effort ! 8’p )
vous avez l’air d’aller pas mal au ciné, pourquoi vous prenez pas la carte UGC illimité ?! heureusement que j’ai pas payé pour le voir ! je suis je crois jamais partie d’une séance avant la fin du film, mais là, bien soulagée d’être sorti avant !
On avait une carte à une époque, mais on a fini par résilier parce qu’on ne la rentabilisait pas.
Maintenant, c’est vrai qu’avec l’alliance UGC/MK2 vue notre localisation (idéale !), ça nous ouvre de très bonnes salles, et très nombreuses, et avec la place à 10,50€ et les cartes à 19,80€ par mois, finalement, même en y allant que 2 fois par mois, on a déjà fait de petites économies…
Il faudrait peut-être qu’on se repose la question, c’est vrai. Histoire de pouvoir nous aussi sortir avant la fin des films ! 8’p
J’ai beaucoup aimé l’article ^^
Quand je pense que j’avais envi de voir ce film.
Alors même que j’étais allé voir Le Nouveau Monde (The New World donc) de ce même réalisateur, et qu’après 1 heure de patience pénible, puis 1 heure de torture inacceptable j’ai fini par quitter la salle pour la seule fois de ma vie (à 15 min de la fin, mais je pouvais plus, j’étais hors de moi).