Blood’s a Rover (James Ellroy, 2009)

Blood’s a Rover est le quatrième livre de James Ellroy que je lis (je viens de m’apercevoir en effectuant mes recherches que cet ouvrage fait partie d’une trilogie composée de : American Tabloid, The Cold Six Thousand et de Blood’s a Rover) et comme les autres romans du même auteur, il se démarque par un style inimitable. Une constante également : l’action se situe généralement dans les années 60, et la trame très réaliste met en scène, en plus des personnages fictifs, des personnages historiques (dans Blood’s a Rover, Richard Nixon et John Edgar Hoover par exemple) décrits sous un angle totalement différent (et inventé bien entendu) ce qui procure à l’histoire un caractère tangible, tout en liant la trame à un contexte authentique.

Blood’s a Rover est un tour de force à la fois scénaristique et dans la description psychologique des personnages, ainsi que leurs interactions.

L’histoire débute autour de trois hommes aux vies complètement différentes mais dont les chemins vont se croiser pendant les quelques années du récit.

Les personnages :

Wayne Tedrow Jr. est un chimiste talentueux qui cuisine de la dope pour un gros bonnet de la mafia. Il est aussi responsable de la mort de son père, personnage médiatique qui mouillait dans des histoires fascistes et était lié au Ku-Klux-Klan. Wayne entretient une relation amoureuse avec sa belle-mère, d’une décennie son ainée, et atteinte d’un cancer en phase terminale.

Dwight Holly est l’homme de main de J.E.Hoover et pour qui il a un profond respect (même s’il commence à devenir gâteux (Hoover)) et il a certainement par le passé mené à bien des affaires pas très nettes pour le président du FBI. Il entretient une relation amoureuse avec Karen S., une gauchiste affirmée, mais pacifiste chevronnée. Dwight et J.E.Hoover vont conspirer ensemble pour essayer de discréditer des mouvements radicaux Noirs qui commencent à prendre de l’importance dans le pays ; il vaut mieux contrôler le chaos plutôt que de le voir se propager (comme dans les romans de Pratchett).

Donald Crutchfield, ou Crutch (ou Peep (ou Dipshit)) est un jeune enquêteur, si on peut appeler son métier comme cela ; il bosse pour cabinet de détectives et effectue principalement des petits boulots de filature pour démasquer des infidélités entre couples. Abandonné par sa mère lorsqu’il était plus jeune, il a constitué un dossier sur elle dans le but de pouvoir la retrouver. Sa première mission : retrouver Gretchen Farr qui a mit les voiles avec l’argent de son dernier petit ami.

La trame :

Tout débuta en 1964 lorsqu’un convoi blindé fut été attaqué par un gang d’hommes masqués et que l’argent, ainsi que les émeraudes cachées dans le véhicule, furent volés. De ces hommes, un seul a survécu, trahissant ses compagnons, puis disposant de leurs corps afin d’échapper à la police. Ce dossier attire encore l’attention de nombreuses personnes en 1968, lorsque l’histoire commence.

Le récit est dense, complexe mais l’intrigue est telle que le lecteur est tenu en haleine du début à la fin ; il y a cependant certains passages j’ai moins apprécié, notamment lorsque Crutch était en République Dominicaine avec Froggy (un personnage français, no comment) et qui m’a juste saoulé ; ceci, heureusement, n’a représenté qu’une infime portion du récit.

L’écriture de James Ellroy est particulière et j’avais déjà remarqué cela en lisant American Tabloid il y a de cela quelques années (et en VO SVP, car c’était vraiment un challenge !!). L’usage d’argot américain des années 60 ne facilite pas la lecture et en plus de cela, Ellroy a quasiment fabriqué un langage propre à son univers et pouvant appartenir à cette époque (« the wheelmen wolfcalled », « snap- one palroid and vamoose » par exemple), et qu’il utilisera tout au long livre. De surcroit, selon le personnage décrit, les phrases et la syntaxe peuvent changer comme le jour et la nuit. Le plus souvent, les chapitres sont constitués de courtes phrases avec en moyenne dix mots, ce qui peut être un peu déconcertant au début, mais une fois la période d’adaptation passée, il est plus facile de se focaliser sur l’intrigue. Le style de James Ellroy est souvent comparé à celui d’un télégramme, pour donner une idée.

Le récit est également ponctué d’extrait de journaux ou de conversations ou encore de journaux intimes ce qui souligne l’effet authentique mentionné au début de l’article.

J’ai vraiment aimé l’histoire, les relations entre les personnages. Personne n’est un héros, tout le monde a des défauts, a fait des erreurs, ce qui rend les protagonistes plus humains et plus crédibles.

J’ai particulièrement apprécié la relation entre Dwight et Karen, deux personnages antithétiques qui vivent une histoire d’amour touchante et qui m’a vraiment marquée de part les discussions qu’ils partagent ou les petites attentions qu’ils se prêtent tout au long du livre.

Un bouquin qui je pense n’est pas accessible à tout public, mais que je recommande vivement.

4 réflexions sur “ Blood’s a Rover (James Ellroy, 2009) ”

  1. Akodostef sur

    Je n’ai toujours pas lu de livre de James Ellroy, et je ne sais pas par lequel je commencerais si je devais… j’ai mis longtemps à voir L.A. Confidential, que j’ai pourtant trouvé très bien après coup, mais j’ai une espèce de réticence à me pencher sur son univers.
    Ton descriptif ne me persuade malheureusement pas de tenter l’aventure ; le coup du premier personnage par exemple, c’est peut-être ta présentation synthétique et condensée qui donne cette impression, mais je trouve ça franchement too much…

  2. Stoeffler sur

    Ah, désolé!
    Non, sans rire, c’est un peu comme cela que débute le roman, mais par la suite, tout n’est pas si tranché.
    C’est vrai qu’a la base, la plupart des personnages sont des pourris, certains plus attachants que d’autres et que le monde décrit est lui aussi pourri. Mais certains personnages ont vraiment la classe, comme Dwight, et c’est un plaisir que de lire leur aventure.

    Si tu as aimé L.A. Confidential, je commencerai par celui-la, ou bien The Black Dahlia (pas le film par contre, c’était a chier!) qui est aussi plus accessible, ca te donnera une idee du style, qui a mon avis peut rebuter.

  3. Jika sur

    C’est une trilogie mais est-ce que les 3 bouquins doivent se lire à la suite ? Ou bien ils sont complètement indépendants ?
    Il me semble que j’avais commencé un titre d’Ellroy mais sans accrocher (mais je vais ptet retenter l’aventure).

  4. Stoeffler sur

    Non pas du tout.
    Je ne savais pas que ce livre faisait partie d’une trilogie lorsque je l’ai debute et je pense que chaque bouquin peut se lire independemment. Pour ma part j’ai lu le premier et le dernier et je ne me suis pas senti perdu.
    Je crois que plusieurs personnages sont recurrents et que les themes s’entrecoupent mais a part cela, il n’y a pas la necessite de se taper tous les paves!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *