Rock en Seine 2010 (3e jour)

Après un vendredi passé à naviguer entre la petite et la moyenne scène du festival, la journée du dimanche s’est passée à l’inverse surtout autour de la scène principale… et globalement, alors que la première journée m’avait assez enthousiasmé, la dernière m’a plutôt déçu.

Comme d’habitude, nous avons commencé la journée plutôt fatigués (trois jours de musique non-stop, ça marque…), et apparemment, la programmation a suivi notre perte de patate en proposant des groupes plus « cool », qu’on écoute plutôt tranquillement, à la limite en faisant autre chose…

Nous sommes arrivés pendant que les Black Angels jouaient sur la scène intermédiaire. Ce que j’avais entendu du groupe m’avait paru très ordinaire, mais le son de ce qui passait pendant qu’on traversait le parc m’avait l’air bien meilleur. J’y rejetterai une oreille à l’occasion.

Eels, mode ZZ Top

Eels, dont je ne suis pas fan (à la différence de Vorti), m’avait fasciné au Grand Rex, dans un show à l’ambiance vraiment magique. Là, j’ai cru assister au retour de ZZ Top, avec une playlist (et un look à barbe) rock roots loin de la créativité pour laquelle on loue souvent E, le leader et seule réelle incarnation du groupe. Il y avait quand même une astuce de leur part, puisque plusieurs des morceaux joués étaient des réinterprétations de leurs titres sur les mélodies de standards du rock ; on pourrait aussi arguer pour sa défense, qu’Eels a plutôt intelligemment conçu sa playlist en fonction des conditions qu’on lui offrait (un concert en plein air, en plein milieu d’après-midi… pas vraiment l’idéal pour créer une ambiance « à la Eels »). Reste qu’au final, c’était décevant.

Wayne Beckford est l’auteur de plusieurs tubes des Black Eyed Peas, de Rihanna ou de Gnarls Barkley. Il se lance aujourd’hui dans sa propre carrière de chanteur et… ben j’ai pas été convaincu. Dans un registre crooner soul élégant, assez proche de celui de Plan B la veille, aucun de ses titres ne m’a accroché.

Beirut

L’avantage de la Grande Scène, c’est qu’on peut écouter ce qui s’y passe d’assez loin tout en faisant autre chose. Je n’étais pas très partant pour écouter Beirut, un artiste américain qui joue de la musique folklorique européenne, parce que je n’aime ni l’accordéon, ni les cuivres, et que la vidéo proposée sur le site de Rock en Seine ne m’avait pas donné envie de dépasser mes préjugés. Pour le coup, ce que j’ai entendu (de loin, donc) m’a souvent semblé pas mal du tout, plutôt cool là où je redoutais le truc festif à la Emir Kusturica. Pas sûr de le réécouter de ma propre initiative, mais je ne demanderais pas à changer de disque si ça passait en fond sonore chez quelqu’un (je ne sais pas si c’est un compliment, ça ! ;p ).

Nous avons jeté une oreille à Fat Freddy’s Drop, un orchestre jazz/ reggae/ soul en mangeant, et un peu comme tout ce qu’on entendait depuis le début de la journée, ça m’est passé complètement à côté.

The Ting Tings (TING TINGS, Céline !!! ;p )

C’est seulement avec The Ting Tings que la journée a vraiment commencé pour nous (en fait, vue la programmation, c’était une fois de plus sur la petite scène de l’Industrie que se jouait le rock ce jour-là…). J’étais curieux de voir ce que donnaient les concerts du groupe, vu qu’ils ne sont que deux, mais en même temps j’étais assez optimiste parce que je trouve leur album (We started nothing) très efficace, simple et entraînant. Et je n’ai pas été déçu par le spectacle, le show était pêchu et assez marrant (déjà, ça a commencé par la lecture en français avec un accent pourri par Katie White d’une feuille qui disait « nous adorons jouer en France » (ovation) « c’est la première fois que nous jouons à Rock en Seine » (ovation) « Mon français est merdique donc je vais fermer ma gueule et vous faire danser comme des oufs » . Dans le genre, ça a mis tout de suite l’ambiance ^_^ ).  Il y avait aussi des choristes/ danseuses arrivant en tenues grises et en tirant la tronche quand le batteur et la chanteuse étaient en couleurs flashy et n’hésitaient pas à l’inverse à en faire des tonnes (Jules de Martino s’était fait un look à la David Guetta qui se la pète) ; ça bougeait sur scène, les deux passant d’un instrument à l’autre, lançant des riffs qu’ils transformaient en loops pour multiplier les partitions jouées en même temps, et tout ça fonctionnait très bien. Enfin, ça fonctionnait bien : je veux dire que les morceaux étaient bien rendus, et que ça donnait envie de bouger. Parce que malheureusement, niveau son, il y avait quelques petits problèmes de balance, la voix de la chanteuse (pétillante, mais qui dans sa tenue moche avait l’air d’avoir 40 ans) étant régulièrement sous-mixée alors qu’elle joue évidemment beaucoup dans l’énergie des titres. Ils m’ont aussi fait un peu peur en jouant l’un des titres de leur prochain album, qui était ok dans le délire du concert, mais qui sonnait pas mal europop (vous savez, cette dance variétoche à synthés cheap qui a globalement défini ce que les gens qui en sont nostalgiques retiennent aujourd’hui comme le son des années 80…) : pas sûr que j’aie envie de retrouver ce genre de son sur un album… Mais qu’importe : c’était quand même un très chouette concert, qui mettait enfin un peu d’animation dans cette journée bien molle.


C'était y a longtemps, ok. Mais vous voyez ça : ça vous donne envie de voir le groupe, franchement ??

…et ça aura été le dernier concert de cette journée pour nous, et donc du festival. Comme ça arrive régulièrement à Rock en Seine pour des concerts « événements » (les Rita Mitsouko en 2007, Them Crooked Vultures en 2009,…), toute la programmation s’arrête « innocemment » pour qu’il n’y ait plus qu’un concert à écouter. Et cette année, le concert « événement », c’était celui de la reformation de Roxy Music. Comment la musique à fourrer chiante et pompeuse de ce groupe des années 80 a pu séduire autant d’amateurs de rock (fut-il glam) reste un mystère pour moi. Il était donc hors de question que je perde une heure de ma vie à écouter ce vieux groupe (et ce que j’en aurai entendu en passant à côté de la scène -mou et sirupeux- ne m’aura pas fait regretter mon choix). Mais du coup, rester pour écouter Arcade Fire (qui ont toujours assuré à Rock en Seine avec des concerts vibrants et émouvants) signifiait rester une heure à ne rien faire, claqués, dans le froid (et avec la perspective de reprendre le boulot le lendemain matin en s’étant couchés tard) ; résultat, on a fait nos vieux et on est rentrés, ce qui s’est quand même avéré un choix judicieux du point de vue météo et santé : il a ensuite plu des cordes, et le concert des Canadiens a même dû être interrompu tellement ça tombait -ils l’ont repris pour un (comme chaque fois) renversant Wake up.

Note : j’aurais bien aimé aussi voir Crystal Castles, dont le son électro mixant contemporain et rétro me plaît pas mal, mais pareil, ça jouait vers 22h, et avec Arcade Fire en face, c’était mort quoi qu’il arrive. Ca aussi ça mérite le détour, je m’y intéresserai davantage, je pense.

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