American trip (Nicholas Stoller, 2010)

American Trip est un spin off de Sans Sarah rien ne va (que j’ai vu sans son pendant notre trajet en avion vers l’Argentine, et dont je ne saurais donc pas confirmer si c’est un film si marrant que pas mal de gens semblent le dire), centré cette fois sur le personnage d’Aldous Snow, le rocker déjanté incarné par Russell Brand, acteur et showman anglais assez fendard qui a été la principale raison pour laquelle j’avais envie de voir le film.

L’histoire est celle d’Aaron Green (Jonah Hill), un gentil (à tous les sens du terme) agent de maison de disque américain, qui propose à son requin de boss (Sean « Puff Daddy » Combs) un plan pour booster les ventes de sa boite : relancer la carrière du rocker Aldous Snow, devenu has been après avoir produit un album qui a fait un bide monumental, en le faisant remonter sur la scène qui l’avait vu atteindre son zénith, 10 ans plus tôt. Aaron va donc partir pour l’Angleterre, d’où il va devoir lutter contre le temps qui court pour amener à temps pour le concert son incontrôlable protégé qui tient à marquer chaque étape du signe de la fête… ou plutôt de la débauche.

Le film est souvent assez marrant, avec quelques scènes franchement énormes, au moins durant les deux premiers tiers du film ; dans son dernier tiers, Nicholas Stoller s’intéresse plus à la face sombre de son héros déjanté et le récit se fait moins léger, voire par moments déprimant ou même carrément glauque tandis qu’on découvre à quel point la vie d’Aldous Snow, derrière le délire festif, est en réalité bien pourrie. Ce contrepoint nuit un peu à l’efficacité du film (le chaud-froid fait qu’on en ressort avec une impression mitigée, alors qu’en général on aime bien sortir d’une comédie l’esprit léger et avec la banane), mais apporte un peu de profondeur au personnage d’Aldous Snow (et par extension au film lui-même).

Les deux acteurs principaux du film sont tous les deux parfaits dans leur rôle ; Jonah Hill est archi-crédible en type normal dépassé par les événements, à la fois sobre tout en restant capable d’exprimer l’hallucination totale, et son physique bonhomme et pataud, un physique de personnage de dessin animé (et parfois utilisé dans cet esprit Show ▼

) sert vraiment bien son personnage.

De même, la personnalité de l’acteur Russell Brand en fait l’interprète idéal pour incarner Aldous Snow, électrique et barré mais en même temps raffiné et élégant. Deux séquences en particulier m’ont marqué le concernant, parce qu’elles illustrent bien les sommets et les abimes auxquels le tempérament du personnage peut l’amener Show ▼

Deux séquences qui m’ont rendu le personnage plus humain et plus sympathique, et que Russel Brand interprète avec une totale crédibilité.

Un petit mot en passant sur la façon étrange dont ce film a été marketé : en général quand on change le titre d’un film étranger, c’est pour lui attribuer un titre français, plus facile à comprendre pour le public français. Ici, le titre de la version française est effectivement plus compréhensible que le jeu de mots du titre original (Take him to the Greek, « the Greek » faisant référence au Greek Theatre (sur la scène duquel Aldous est censé monter), à peu près inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique. Mais la vraie raison du choix de ce titre, c’est qu’il est censé créer un rapprochement dans l’esprit des spectateurs potentiels avec Very Bad Trip… un film dont le titre « français » était lui-même censé créer une filiation implicite avec Very Bad Things, autre récit (clairement plus sombre et moins déjanté) d’un enterrement de vie de garçon qui tournait à la cata. Very Bad Trip (The Hangover en V.O.) ayant bien marché en France, on aurait pu s’attendre du coup à ce que le distributeur continue dans sa logique et donne à American Trip sa chance de rencontrer le même succès… et pourtant, de façon très surprenante, le film n’est proposé, à Paris, que dans 3 salles, et des petites en plus… Oo

J’avoue que je me l’explique mal, d’autant qu’American Trip combine des atouts qui auraient pu lui permettre de bien marcher : succès critique (jusqu’à Télérama, qui n’est pourtant pas franchement le public visé), humour à plusieurs niveaux navigant de sous-la-ceinture au second degré plus malin, acteurs sur la pente ascendante, producteur (Judd Apatow) culte,… Dommage, parce que sans être le film de l’année, je trouve qu’American Trip vaut d’être vu ; il m’aura en tous cas fait passer un bon moment, avec au passage quelques grands éclats de rire. Je recommande !

3 réflexions sur “ American trip (Nicholas Stoller, 2010) ”

  1. Personnellement, je suis largement plus réservé sur le film : j’ai trouvé ça sympa, assez marrant par certains moments (ce qui n’est pas si mal), mais juste sympa.

    Les gags sont tous un peu les mêmes, prenant appui sur le duo déjà vu du « barje dépressif » et du « sérieux qui se décoince » sur fond, effectivement, de débauche continue.
    Quelques gags sont tout de même assez bons, mais pas forcément les plus mis en valeur (le texto envoyé par le boss, par exemple, comme le signalait Michemuche, est excellent ; les paroles de quelques-unes des chansons, etc.).

    Au final j’ai très largement préféré « Very bad trip » et même le très léger et récent « Night and day » m’avait plus diverti…

  2. Vortigern sur

    Je trouve au contraire que ce duo est très différent de l’archétype que tu décris, précisément parce que le mec sérieux ne se décoince pas. Il n’est à aucun moment séduit par le mode de vie de la rock star (dont il admire la musique) et reste concentré sur son objectif (dont dépend son avenir professionnel) : le ramener à temps pour le concert, seule raison pour laquelle il adopte temporairement son mode de vie.

    D’une manière générale, chacun des personnages existe et dépasse largement l’archétype qu’il pourrait incarner (la petite amie, par exemple, qui dans beaucoup de comédies aurait été facilement décrite comme une mégère empêcheuse de s’éclater en rond, qui ici a une ambition professionnelle et trouve une manière originale de faire réagir son copain).

    Personnellement, j’apprécie que les gags ne soient pas archi soulignés et que le film fasse confiance à l’intelligence des spectateurs (ça fournit en plus une raison de le revoir)

    Ce film est à mon avis plus original et, au fond plus déjanté que Very bad trip (que j’avais aussi trouvé sympa) parce qu’il prend plus de risques : la scène de viol féminin ; le clip vidéo super sexe qui se termine par un arrêt sur image de danse de petites filles (et ce n’est pas gratuit, c’est juste l’apothéose d’un clip sexe de super mauvais goût)

  3. Je reconnais au film quelques qualités (de bons passages et des acteurs sympas), mais je regrette :
    – certains gags un peu prévisibles
    – la facilité scénaristique d’amener la plupart des gags par le fait que les personnages sont bourrés/shootés. Sous prétexte que les gars sont dans des états « seconds », ils font des trucs incohérents ou ridicules pendant 1h49… j’ai l’impression qu’il a suffi de tirer au hasard les gags et de les mettre bout à bout… bof.

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