Dans ses yeux (Juan José Campanella, 2009)

Affiche du film Dans ses yeux

Franchement, ça vous donne envie de voir le film, cette affiche ? Je veux dire : si vous n'êtes pas une fille et que vous n'avez pas envie de voir un drame sentimental ?

Dans ses quoi ?

Qu’est-ce que c’est que ce film… argentin?

Son origine explique sans doute pourquoi Dans ses yeux, de Juan José Campanella, n’a bénéficié d’aucune promo (pourtant, ce film aurait pu compter sur une petite notoriété en France puisque c’est lui qui a ravi en mars dernier l’Oscar du Meilleur Film Etranger à Un Prophète de Jacques Audiard). Comme en plus le titre, comme l’affiche, laissent supposer qu’il s’agit d’un mélo, ce film avait toutes les raisons de me passer complètement à côté sans que ma vie en soit affectée.

En fait, il s’agit avant tout d’un film policier, même s’il y a bien une dimension sentimentale avec l’histoire d’amour -forte mais platonique- entre le personnage principal, l' »inspecteur » (le système judiciaire argentin a l’air un peu particulier, avec les flics et les juges qui travaillent au même endroit, le pouvoir judiciaire se fondant avec l’exécutif : on est un peu perdu au départ dans les rapports hiérarchiques entre les personnages)  Benjamin Esposito (Ricardo Darin) et sa jeune et jolie supérieure (commissaire ?). L’histoire voit l’inspecteur se replonger dans ses souvenirs pour écrire un roman autour d’une affaire qui a marqué (et achevé) sa carrière : le viol et le meurtre d’une jeune femme dont le mari restera obsédé par le besoin que justice soit faite, au point d’y sacrifier sa propre vie… à la différence près que contrairement à pas mal de films prônant la vengeance violente et l’autodéfense, de Charles Bronson dans les années 70 à d’autres films plus récents qui nagent dans des eaux moralement troubles (A vif avec Jody Foster, Death Sentence avec Kevin Bacon, plusieurs Mel Gibson…), aussi bien le flic que le mari de la victime refusent d’user des mêmes armes que leurs haïssables ennemis pour rendre la justice ; et c’est ce qui fait le sel et la subtilité du dénouement de l’intrigue policière, qui semble se conclure sur une défaite décourageante dans le passé avant de rebondir dans le présent… sans qu’on puisse véritablement parler là de victoire pour qui que ce soit (j’espère avoir su rester suffisamment subtil pour évoquer cette qualité du film sans révéler l’intrigue pour autant).

L'"inspecteur" Benjamin Esposito, droit mais désemparé

On peut reprocher au film un certain classicisme dans le fond comme dans la forme, et une esthétique moche assez typique d’un certain cinéma latino (image filtrée avec des couleurs supposément chaudes mais en fait plutôt jaunasses ou rougeâtres, selon) . On peut lui trouver des longueurs (2h09mn) et trouver que le final s’étire un peu trop (la toute dernière scène, notamment, qui conclut un pan de l’histoire sur une note positive mais plutôt balourde -on aurait pu s’en passer).

Mais Dans ses yeux est un film assez émouvant, touchant par ses personnages qu’il prend le temps de rendre attachants jusqu’aux seconds rôles, et glaçant par ce qu’il traduit -pourtant avec une parfaite sobriété- de l’histoire souvent violente de l’Argentine de la fin du XXe siècle. Pour ses qualités, c’est un film que je recommanderais d’aller voir -même si je ne pense pas que j’aurai envie/besoin de le voir une deuxième fois pour autant.

2 réflexions sur “ Dans ses yeux (Juan José Campanella, 2009) ”

  1. Gattaca
    Gattaca sur

    Je confirme, bon film avec quelques longueurs de mise en scène mais qui arrive à nous tenir en haleine malgré une base d’enquête somme toute très simple… Les personnages sont attachants, surtout celui de Benjamin Esposito dont le charme opère instantanément, et celui de son acolyte Santonder, ivrogne sympathique ivrogne …

  2. Enfin vu !
    On a vraiment bien aimé le film, et je trouve personnellement que Ricardo Carin que j’avais découvert dans « Les 9 reines » est un excellent acteur.

    Dans ses yeux souffre effectivement de quelques longueurs, mais le film est très émouvant, très prenant.
    Perso, j’aurai bien aimé que l’intrique soit plus visiblement liée à la conjoncture politique de l’époque.

    Je recommande :)

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