Cote Ouest des Etats-Unis (Eté 2011 – 2e partie)
Cet article est la suite de la première partie de notre voyage sur la Côte Ouest des États-Unis en cet été 2011, publiée ici. Vous trouverez à la fin, comme pour mes précédents récits de voyage, la liste synthétique des endroits où on a mangé et dormi, avec des appréciations (de * = tout pourri, à ***** = esssstraordinaire !) pour donner à ceux qui prévoient un voyage similaire quelques pistes et bons plans. Je posterai un peu plus tard (en commentaire sans doute), un lien vers une sélection plus étendue de nos meilleures photos.
Jour 8 : vendredi 24
Le réveil est matinal, et il est assuré par une sympathique mouche qui vient tourner autour de nos oreilles à l’aube : bien reulou.
Nous gagnons le Yosemite Village, au cœur de la vallée : l’organisation est remarquable, le parc d’une façon générale est super propre et parfaitement aménagé (avec des navettes pour aller d’un point à l’autre de la vallée, vu qu’il y a en gros une demi-heure de marche d’un bout à l’autre). Les rangers par contre, ont visiblement pour consigne d’orienter les touristes vers les balades les plus pépères, et il n’a pas été facile d’obtenir des infos utiles sur les randos qu’on aurait pu faire… heureusement, nous avions préparé le terrain à l’avance, grâce à ce site vraiment excellent (*****) qui donne (gratuitement) le détail des randos, une carte topographique pour bien visualiser le parcours, des conseils pertinents et qui est rédigé avec beaucoup d’humour (personnellement, je suis fan – à la rigueur, on peut même lire les descriptifs de randos sans avoir l’intention de faire de rando, juste pour le plaisir !).
Nous commençons néanmoins la journée par LA rando la plus tranquille du parc, un classique qui peut même se parcourir en fauteuil roulant, et qui nous conduit en un quart d’heure à un chouette point de vue au pied des Lower Yosemite Falls (***). Il y a évidemment beaucoup de monde là et entre la vapeur d’eau qui nous douche légèrement et la foule qui se presse pour se prendre en photo devant les chutes (super trophée…), il est difficile de vraiment profiter de l’instant.
Nous prenons alors la direction d’une rando un peu plus ambitieuse, qui nous conduit d’abord au sommet du Sentinel Dome (super vue à 360° sur la vallée****). En redescendant, Vorti et Elise tentent de nous bricoler un itinéraire bis qui nous permettrait de rejoindre une autre piste (la Pohono Trail ou la Taft Trail… c’était pas très clair, ni sur nos cartes, ni dans les explications des filles). Autant les balades principales sont archi balisées, autant celles qui sortent un peu des sentiers battus sont pratiquement laissées à l’abandon : il n’y a aucun marquage nulle part, ce qui n’est déjà pas pratique, mais qui est même limite dangereux, même s’il n’y a pas de vrai risque de sérieusement se perdre dans cette partie du parc. Le sentier est aussi en partie recouvert par la neige, et les rangers qui nous ont renseignés n’étaient visiblement pas trop au courant de l’état de la piste. Du coup, faute de repères, il devient difficile de se situer et, fatalement, on se perd (ce qui nous donne quand même l’occasion de voir un ou deux points de vue très beaux, des chipmunks furtifs), et on se fait bouffer par les moustiques. Après moult débats pour décider si on allait continuer à essayer de trouver notre chemin à moitié au hasard (en suivant le courant d’un cours d’eau, en comptant sur les empreintes de pas dans la neige,…), la nécessité de traverser un marais pour poursuivre finit par faire convenir aux filles qu’il n’y a pas le choix : il faut rebrousser chemin (ce que Pierre et moi martelions depuis trois quart d’heure, en gros).
Heureusement comme nous étions partis tôt, la journée n’est pas gâchée par ce contretemps, et nous pouvons donc enfin nous rendre au Mariposa Giant Sequoia Park ****, qui abrite comme son nom l’indique, des séquoias géants. Tous sont impressionnants, dès celui qui trône sur l’aire de stationnement, mais certains en particulier sont terribles : j’en retiens notamment le Grizzly Giant*****, vieux de 1800 ans, haut comme un immeuble de 19 étages, avec des branches de 2M DE DIAMETRE (!!!), plus grosses que la plupart des arbres ; le séquoia couché au tout début du parc, dont la souche est haute comme deux hommes, est aussi pas mal : déraciné depuis des millénaires, il n’est toujours pas décomposé, du fait de la haute teneur en tanin du bois et de l’écorce des séquoias. Je garde enfin en mémoire l’arbre-tunnel, témoin de la folie des hommes, qui ont creusé dans la base de son tronc un passage suffisamment large pour y faire passer une voiture… une attraction touristique navrante, d’une époque où la conscience écologique n’était pas très avancée.
Nous dinons le soir à la maison, l’un des avantages d’avoir un condominium plutôt qu’une chambre d’hôtel.
Jour 9 : Samedi 25
3 des 4 membres de notre équipée réclamaient une rencontre avec un ours, c’est chose faite ce matin, très furtivement, avec un jeune ours à la fourrure très foncée qui traverse la route en deux bonds, juste devant nous dans la montagne pendant que nous descendons vers le village ! Et comme c’est apparemment la journée des rencontres inattendues, une dizaine de minutes plus tard, c’est un coyote (peut-être un loup ?) qui s’avance, super pépère en plein milieu de la route alors qu’il va dans le sens inverse des voitures. Étonnant !
Un bus nous conduit ensuite du village jusqu’à Glacier Point en passant au pied d’El Capitan, un des pics les plus fameux du parc, que des grimpeurs du monde entier viennent pour escalader (ce qui leur prend entre 3 et 5 jours, avec des nuits passées à dormir dans des corniches et des anfractuosités… personnellement, je trouve ça super l’escalade, mais ça c’est sans moi !). Le conducteur du bus est aussi un guide et il donne pas mal d’explications intéressantes sur le parc… mais au fond de nos confortables fauteuils et bercés par le ronron du moteur, Vorti et moi ne parvenons pas à rester éveillés jusqu’au bout.
On a depuis ledit Glacier Point une belle vue panoramique sur la vallée en contrebas***, mais ce n’est que le début de la balade donc nous ne nous attardons pas. La rando est en descente pratiquement tout le temps, ce qui est moins fatiguant que l’inverse, mais qui reste assez éprouvant pour les jambes, sollicitées en permanence. Pierre se blesse à la cheville au premier dixième du parcours en butant bêtement sur un caillou : on a cru au départ qu’il en rajoutait pour la blague, mais en fait il a donné quelques signes de malaise donc on arrête rapidement de rire pour lui laisser le temps de se remettre. Comme après quelques minutes et malgré un boitement assez prononcé, il se sent néanmoins capable de poursuivre, on reprend alors la route. Celle-ci passe devant une première chute, Illilouette Falls***, vue de face et légèrement en surplomb ; puis c’est Nevada Falls***** et là on passe au-dessus, autour, sur les côtés… je retrouve un peu les sensations d’Iguazu et c’est vraiment très plaisant. Suit enfin Vernal Falls*****, qui est la cause de l’origine du nom de la piste : Mist Trail. Le site Internet ne blaguait pas quand il disait qu’on emporterait un peu du parc avec nous, les gouttelettes en suspension qui s’échappent de la cascade arrosent tout le monde autour sur tout le trajet et tout le monde repart donc avec une bonne quantité de flotte !– très marrant, même s’il faut faire attention parce qu’on passe à ce moment-là sur une grosse descente sur des rochers glissants et que ça bouchonne un peu (j’ai fait une glissade qui aurait pu être plus dramatique qu’elle n’a été, sur un gros rocher incliné en ne percevant pas parfaitement à quel point malgré son apparence il n’offrait aucune adhérence). C’est un passage magique, car dans le soleil, cette bruine génère des arc-en-ciels permanents, partout, de toutes tailles (c’est la première fois que je vois le pied d’un arc en ciel!). Une rando à faire impérativement*****!
Nous avons eu beaucoup de chance pour notre séjour à Yosemite, les conditions étaient idéales (un temps beau mais pas trop chaud, des cascades denses et puissantes (la période de fin de printemps/ début d’été est le meilleur moment de l’année pour profiter de la beauté des chutes). C’est un séjour que je recommande vraiment, dans ces conditions-là en particulier.
Le soir à l’appartement, nous découvrons que la cheville de Pierre est grosse comme une bonne tomate, même si elle reste couleur chair : il a l’air de s’être fait une bonne entorse, et alors qu’on avait cru qu’il en rajoutait au moment du choc, il s’est en fait montré héroïque (inconscient ?) d’avoir été jusqu’au bout de la rando en subissant plus de 6h de marche avec une cheville dans cet état…
Jour 10 : dimanche 26
Nous commençons la journée par un détour jusqu’au village de Yosemite pour consulter un docteur pour Pierre, mais le centre n’ouvre qu’à 9h du matin, contrairement à ce qu’annonce le Lonely Planet (décidément souvent en défaut depuis le début du voyage). Vu que 12 heures de route nous attendent, on ne peut pas se permettre d’attendre qu’ils ouvrent, donc on repart illico.
On fait une 2e tentative de consultation dans une pharmacie CVS (une chaîne de pharmacies… no comment !) sur la route, mais il n’y a pas de docteur sur place (on est dimanche), et on se contente donc d’y acheter une chevillère. La 3e tentative de trouver un médecin (dans un autre CVS) sera la bonne, mais celui-ci n’a visiblement pas grand chose à faire de la blessure de Pierre et ne la regarde même pas, se contentant de lui donner… de l’Ibuprofène. Suuuper ! Ça valait vraiment la peine de courir partout pour trouver un médecin !
Le midi approche, et Pierre repère un In-n-Out sur la route, une chaîne de fast-food que tout le monde a recommandé à Pierre comme l’équivalent Californien de l’excellent Shake Shack New-Yorkais. On s’embrouille un peu à la sortie de l’autoroute, et on se retrouve à tourner en rond dans le coin à la recherche du resto, sans le trouver, mais on insiste parce que la chaîne a été hyper vantée à Pierre… et qu’on a faim ! En fait, le resto a été pas mal survendu**, même s’il est relativement original dans son genre : le menu est hyper-standard (3 burgers possibles, il n’y a que des frites en accompagnement…), la boisson est à discrétion du visiteur, à la fontaine. Donc le menu… c’est simplement le choix entre trois burgers ! J’assiste quand même à l’épluchure et au découpage des patates qui sont ensuite cuites sur place (et qui donnent d’assez bonnes frites, d’ailleurs), ce qui est une qualité rare et inattendue dans un fast-food. Les burgers, eux, sont plutôt anodins.
La route occupe le reste de notre journée. Sur le chemin, nous assistons à la naissance un peu flippante mais à la mort quasi immédiate dans la foulée, de 2 mini-tornades dans des champs sur la route ; nous voyons au loin passer un train interminable, long de peut-être cent (peut-être plus encore !) wagons de marchandises. Et nous finissons la route de nuit, ce qui n’est jamais pratique ni confortable dans une région qu’on ne connaît pas, mais qui reste très gérable en l’occurrence puisqu’on suit de très grands axes. Tant qu’on y est, on tente pour notre repas du soir de trouver un diner typique, mais ce n’est pas facile de trouver quoi que ce soit aussi loin sur la route et dans la nuit ; on s’arrête deux fois dans des aires glauques (l’une qui rappelait la station perchée en haut d’une colline de Planète Terreur, l’autre les coins désolés où des habitants dégénérés se marient entre eux), et finalement, on dine dans un Denny’s qui propose des tas de plats différents (à l’américaine, quand même – des burgers, divers trucs frits, etc.). C’est assez sympa de diner dans l’ambiance d’un diner (avec la serveuse au look bien 80’s qui sert du café comme dans les films, en étant assis dans des banquettes en cuir comme dans les films, etc.) mais la bouffe est moyenne**.
Le repas achevé, on fait un peu de navigation à vue dans le Grand Canyon Village dans le noir, jusqu’à trouver notre résidence. Quand nous arrivons à l’hôtel, la nana de l’accueil nous fait l’impression qu’on vient juste de la réveiller, mais pour nous c’est avant tout le soulagement d’avoir réussi l’épreuve de la journée de route (partis à 8h du mat, arrivés 23h45…) sans incident (notamment mécanique : je redoutais la panne ou le pneu crevé) qui domine, et je me couche soulagé.
Jour 11 : lundi 27
Après la longue journée de route de la veille, nous nous levons tard, et après un long petit dej au Bright Angel Lodge, nous débutons réellement la journée à 12h… ce qui n’est pas idéal dans un endroit comme le Grand Canyon, où la période de la mi-journée, la plus chaude, est normalement consacrée au repos, le départ des excursions étant recommandé aux moment plus « frais » du petit matin ou de la fin d’après-midi.
Du coup, nous adaptons notre programme, et commençons par la Rim Trail, une balade à pied sur sol plat, sur la partie ouest du plateau supérieur du Canyon avec possibilité de passer d’étapes en étapes via la navette qui parcourt la corniche. La piste, complètement aménagée, est idéale pour les conditions dans lesquelles nous la parcourons, mais par contre, elle n’est pas franchement trépidante pour quelqu’un qui aime marcher ; quant au paysage, que je ne trouve étonnamment pas très beau ni même impressionnant, mais qui par contre est très répétitif, il me laisse froid.
Plus tard dans l’après-midi, vers 16h30, quand le soleil est plus bas et moins chaud, nous descendons dans le canyon par l’une des deux autres pistes principales du Canyon, la Bright Angel Trail. Pénétrer dans le canyon au lieu de le surplomber donne une vue différente du canyon, un peu plus séduisante mais sans être exceptionnelle à mon goût. On descend pendant une heure sur un chemin très pentu, mais régulièrement à l’ombre -un privilège rare !- ce qui nous préserve largement de l’épuisement qui peut frapper les marcheurs dans le canyon. Nous nous montrons prudents et attentifs aux précautions rappelées partout : il faut boire beaucoup (1 litre par heure par personne), ne pas aller trop loin… et comme le Grand Canyon est clairement l’un des endroits du monde où je n’ai pas envie de jouer les marioles, nous remontons ensuite en 1 heure (au même rythme, donc, que la descente, pas mal !)… avec, forcément, la frustration de n’avoir pas vu grand chose, même si cette deuxième randonnée nous a permis de mieux nous rendre compte du gigantisme du canyon (entre 1 300 et 2 000 mètres de profondeur) et de la distance qui sépare vraiment la corniche (d’où commencent toutes les randonnées) du premier plateau (qui se trouvait encore bien loin de là où nous avons arrêté notre descente).
Nous assistons le soir au coucher du soleil sur le canyon. Joli, mais personnellement, je suis davantage excité par le fait qu’un drôle d’insecte volant à longues antennes a jeté son dévolu sur moi, se posant sur mon épaule puis restant perché sur mes doigts un bon quart d’heure, faisant de moi une attraction pour les photographes et les enfants (avec en particulier deux jeunes ados qui m’ont dit que mon insecte était trop cool, pensant apparemment qu’il était apprivoisé ! ^_^).
Le repas du soir à l’Arizona Room**, gros restaurant pour familles de touristes, est sans surprise à l’image du reste de la journée : plutôt moyen.
Jour 12 : mardi 28
La matinée de la veille avait été volontairement sacrifiée pour nous permettre de récupérer de la journée de voiture qui avait précédé, mais pour ce deuxième jour au Grand Canyon, nous avons programmé une « vraie » rando, et nous nous sommes organisés en fonction. Nous arrivons donc tôt au départ de la South Kaibab Trail, réputée beaucoup plus exigeante que celles que nous avons fait la veille. Elle s’avère finalement assez semblable, au moins sur le début, puisqu’on ne fait que descendre en lacets le long du chemin. Pas grand chose de neuf niveau vues ou sensations, mais encore une fois nous profitons de conditions favorables pour nous (des nuages qui nous protègent en bonne partie d’une exposition directe au soleil, une température supportable). Cela ne nous fait pas oublier pour autant les dangers de cette excursion, et bien que nous ne sentions pas particulièrement fatigués, nous ne poussons pas au-delà de la première station, là encore à 1 mile et demi du point de départ. Nous passons un petit moment sur ce point d’étape très classique, Cedar Ridge, pour admirer le point de vue (qui me laisse toujours essentiellement froid), nous restaurer un peu tout en repoussant les écureuils pas farouches qui tentent de nous chiper de la bouffe (et qui réussissent même leur raid sur le sandwich d’une touriste à 10 mètres de nous… L’environnement est plus hostile à la propriété personnelle que la Cité des 4000 !), puis nous remontons en une heure et quelques sans problèmes.
Au final, sortir de ces randos dans le Grand Canyon sans réelle fatigue est assez inattendu, mais je suis bien conscient que c’est parce qu’on a bien suivi les avertissements, qu’on est qu’en fin juin et que les températures ont été clémentes ; ça me laisse forcément un petit arrière-goût d’inachevé et compte tenu de ces conditions particulièrement favorables, on aurait probablement pu se permettre d’aller un peu plus loin… j’aurais aimé pousser jusqu’aux deuxièmes stations de chaque rando, mais compte tenu des risques, on a forcément tendance à se méfier des impressions qu’on peut avoir pendant la marche : le fait, en particulier, que le parcours commence par une descente et finisse par une remontée doit être particulièrement traître quand on décide d’attendre de ressentir la fatigue pour faire demi-tour…
Nous quittons ensuite la ville de Grand Canyon, et prenons la voiture pour suivre la Desert View Drive*** qui longe la fracture du Canyon par l’est et offre de nombreux points de vue, plus variés à mon goût que ceux de la partie ouest que nous avions parcourus le premier jour… mais il me faut moins d’une dizaine d’arrêts pour saturer et me désintéresser de ce panorama somme toute assez répétitif.
La journée avançant, nous filons donc ensuite droit vers Page, notre prochaine ville-étape. Nous avions entendu parler de HorseShoe Bend, un point surélevé qui surplombe un méandre du Colorado (le fleuve) qui forme un « U », ou pour utiliser la métaphore du nom du lieu, celle d’un fer à cheval. On avait vu de belles photos de l’endroit, mais on avait renoncé à y aller parce qu’il était censé être assez loin de là où on passait, et qu’on ne pouvait pas se permettre un trop gros détour… et en fait, il était sur notre route pour Page. On y est arrivés donc de façon totalement imprévue, à un moment particulièrement propice -le coucher du soleil-, et combiné à la beauté du site, ça a donné un moment vraiment magique*****. Je recommande de toutes façons l’endroit, mais je pense que les circonstances dans lesquelles on y est arrivé ont contribué à en faire un moment inoubliable.
On en dira pas tant du dîner au Taco Bell* (c’est un classique du fast-food US, à la cuisine d’inspiration mexicaine – on y mange burritos, fajitas,… et tacos bien sûr). Même si ce repas était à la limite du décent, il m’a permis de découvrir concrètement ce qu’était cette chaîne (qui propose quand même les menus les moins chers de l’univers, à 2$ avec un « sandwich », des nachos (en sachet alu individuel !) et une boisson), mais aussi ce qu’est le Dr Pepper, qui comme les autres boissons dans les fast-food US, est servi à volonté directement à la fontaine (et le Dr Pepper en fait, c’est très bon !). Bref, niveau gastronomique : zéro, mais niveau enrichissement culturel… euh… oh, c’est bon, j’ai quand découvert deux trucs en une soirée, c’est déjà pas mal, non ?
Jour 13 : mercredi 29
Il faut réserver à l’avance pour visiter le Upper Antelope Canyon****, situé sur un territoire administré par les Navajos, et on ne peut y accéder qu’accompagné par les guides indiens (qui sont en fait des gars comme vous et moi, ne vous attendez pas à du faux folklore), après avoir été emmenés dans des camions de transport de bétail (ou à peu près)… le trajet secoue pas mal, vu que les camions roulent relativement vite sur des pistes cahoteuses de terre ou de sable, mais j’ai trouvé ça plutôt rigolo. Le canyon consiste en un passage étroit d’environ deux mètres de large, creusé dans le grès orange-rose par l’érosion. La texture et la couleur de la roche sont très plaisants, même si l’heure à laquelle on y est allés n’était visiblement pas idéale pour créer les jeux de lumière qui peuvent s’y produire. Il y a aussi de jolis passages où des filets de sable coulent des plateaux supérieurs le long des parois et jusqu’au sol – une tentation mortelle pour les photographes, qui ont dû passer ensuite plusieurs dizaines de minutes à nettoyer minutieusement leurs appareils – personnellement, je n’aurai pas pris le risque d’enrayer définitivement un mécanisme ou de rayer un objectif, et même si j’imagine que certaines photos seront splendides, comme dans pas mal d’endroits, je pense qu’on peut parfaitement se séparer de son appareil arrivé à ce point de la visite pour profiter du moment avec ses yeux seuls, ce qu’apparemment tout le monde ne peut pas faire… J’imagine que l’endroit doit avoir une atmosphère de secret très excitante quand on le parcourt seul, mais là c’était blindé de monde et sauf à avoir un sauf-conduit ou énormément de pot, il doit être excessivement rare de le visiter dans de meilleures conditions, hélas. Sur le retour, les groupes qui nous précédaient et succédaient étant un peu éloignés de nous, j’ai quand même pu profiter pendant quelques secondes du plaisir d’y avancer complètement seul, et ainsi avoir une idée du bonheur que ça doit être de le découvrir dans ces conditions. En bref, un endroit à éviter pour les agoraphobes, ou les allergiques aux groupes de touristes, mais qui vaut quand même la visite. A noter qu’il existe aussi une visite possible du Lower Antelope Canyon, dont on ne saura pas si elle était plus intéressante ou fréquentée que celle-ci.
Après cette visite, direction Las Vegas, baby ! Bon, le chemin a été un peu plus long que prévu, le Neverlost (le GPS maison qu’Hertz installe « en dur » dans ses voitures de location) nous fait passer à l’intérieur du Zion National Park, ce qui nous fait au départ grincer des dents (25$ de droit de passage quand même), mais qui nous permet de découvrir un endroit assez joli*** et à taille plus humaine que le Grand Canyon, dans lequel il doit être possible de passer un peu de temps en profitant davantage des balades. A découvrir.
L’arrivée à Las Vegas est à la fois excitante et terrifiante. D’un côté, c’est le délire de la surenchère permanente, et c’est assez drôle à voir et à vivre ; d’un autre, c’est quand même plutôt un cauchemar qu’un rêve, et personnellement, j’ai plutôt vu le côté sordide de ces casinos tape-à-l’œil alignés sur des miles, dans lequel des joueurs appuient passivement sur les boutons de milliers de machines à sous en attendant vainement et sans passion que le jackpot tombe, le tout dans un vacarme permanent, tandis que des danseuses peu vêtues à l’air triste tentent d’attirer l’œil du public déjà capté par les écrans omniprésents qui diffusent des images -dont essentiellement des pubs- en continu.
Nous dînons au Society Café*** de l’hôtel Encore, dans l’une des extensions du Wynn, l’un des casinos les moins kitsch de la ville (mais toujours aussi fier de son pognon). Cher, mais plutôt bon, même si je ne garde pas un souvenir resplendissant de mon « Surfin’ American Kobe Burger » à la langoustine : eh… j’avais pas compris qu’il y aurait AUSSI DU BŒUF dans le burger ! Ça m’apprendra à vouloir être original… On sort relativement tard du restaurant avant d’enchaîner la visite de quelques-uns des casinos typiques de Las Vegas : le Venetian, qui recrée (hem) l’ambiance de Venise en miniature ; le Ceasar’s Palace, dans une ambiance à la Romaine antique (mais sans les figurants en tenue romaine ou égyptienne que je m’attendais à y trouver) ; le Flamingo, où des flamants roses dorment dans un coin du parc… C’est sur cette dernière triste vision que nous décidons d’aller nous aussi nous coucher, vannés, à 2h du mat’, dans notre lit king size du luxueux (mais peut-être pas tant que ça selon les standards de Vegas) hôtel Planet Hollywood (dans la Planet Hollywood Avenue : ici, les hôtels ont chacun leur rue à leur nom !)
Jour 14 : jeudi 30
C’est le jour du départ, et nous quittons nos deux amis pour prendre un premier vol qui nous fera rejoindre San Francisco avant de repartir vers Paris (la solution paradoxalement la plus économique pour rentrer chez nous). Une fois n’est pas coutume, le GPS craque et ne nous emmène que très difficilement jusqu’à l’aéroport. Étonnamment, on n’a pas trouvé de station sur le chemin, et du coup on rend la voiture sans le plein (ce qui est toujours une mauvaise idée avec les voitures de location). Le coût : 103 $ ! (9$ le gallon au lieu de 3,69$ dans les stations, ça fait plaisir).
Nous aurons parcouru au total 1820 miles (2928 km) en 11 jours. Quand même un bon road trip, non ?
Les endroits où nous avons dormi :
Note : je ne retiens les pommes de douches inamovibles comme critère négatif pour aucune de nos chambres, puisque c’est apparemment la norme dans tout l’ouest des États-Unis. Super pratique… Les matelas par contre, étaient partout de bonne qualité, fermes et larges.
A Yosemite : Yosemite’s Scenic Wonders*** : pas grand chose à redire sur ces condominiums (appartements) à louer, spacieux et propres, même si le fait de se retrouver parqués dans des espèces de barres en plein milieu des bois n’est pas très enthousiasmant a priori. La proximité des voisins n’a pas été un problème non plus. Attention, ce n’est pas directement situé dans le Village, il y a vingt minutes de voiture pour le rejoindre, environ, mais c’est quand même dans le parc, et cette courte distance n’est vraiment pas un problème.
A Grand Canyon : Yavapai Lodge***: des chambres d’hôtel de plain-pied de qualité décente, situé à proximité (enfin, il faudra quand même prendre la voiture, hein) des départs de randonnées principaux. Un bon compromis.
A Page : Holiday Inn Express**: Est-ce qu’on y était à un moment particulièrement inapproprié ? Rien à redire sur les chambres, propres et spacieuses ; par contre, le reste des promesses n’est vraiment pas tenu : on était tout contents (enfin, les 3 autres, pas moi : je n’avais pas encore débranché du mode « gros reulou qui a passé la journée en voiture ») en découvrant qu’il y avait une piscine. Mais en fait, elle n’est pas éclairée la nuit (ok on avait qu’à y aller de jour), et surtout elle est ridiculement petite (ça, ça ne change pas en fonction de l’heure à laquelle on y va) – à réserver à ceux qui veulent épater leurs amis en leur annonçant qu’ils ont fait plus de 100 longueurs en une heure sans leur révéler que les longueurs en question étaient de 5m. Le Wifi était en panne pendant les 2 jours où on y est restés (comment ça, ce sont des plaintes de bourgeois occidental ?!?), et le petit-déjeuner était… comment dire ? A la fois misérable et surpeuplé (c’est quand même honteux d’avoir un si grand hôtel et de réserver une salle de 20m² pour accueillir le petit déjeuner ! Truc énorme, il y avait même une chambre dont la porte d’entrée était dans la salle à manger !! J’espère que les gens qui ont dormi là n’ont pas payé cher…).
Las Vegas : Planet Hollywood** : chambre bling-bling à mort avec en déco des photos pourries de « stars » d’Hollywood (Don Johnson pour nous, Bridget Fonda pour Pierre et Élise) et des objets « souvenirs » tirés de leurs films. On avait quand même la chance d’avoir une chambre en hauteur avec une vue qui en jetait, surtout de nuit, et qui donnait sur la place en face du fameux Bellagio, d’où on a pu « admirer » le show des jets d’eau (pas terrible en fait). L’hôtel lui-même, par contre, est un vrai cauchemar, mais qui doit être assez typique des hôtels de Las Vegas (on parle de « resorts » là-bas) : démesuré, mêlant des magasins, des casinos, on a passé notre temps à s’y perdre (en commençant par le parking, pour trouver où on avait le droit de ranger la voiture !). Au point que j’avais peur de ne pas trouver l’endroit où il faudrait qu’on rende les clés le lendemain. Pas du tout mon truc.
Les endroits où nous avons mangé :
A Grand Canyon Village :
Bright Angel Lodge*** : petit déjeuner correct et copieux dans un vaste chalet en bois. Comme souvent aux États-Unis, on a du mal à déterminer si l’ambiance « Old West » est authentique ou totalement artificielle…
Arizona Room** : repas très moyen dans un restaurant habitué à servir des centaines de touristes chaque soir. Cela dit, je ne pense pas qu’il y ait vraiment d’endroit qui échappe à cette définition dans le village, hein…
Las Vegas : Society Café*** de l’hôtel Encore : un repas cher, mais raffiné. Ça fait du bien après les fast-foods et les restos familiaux pour touristes qu’on a éclusés, mais l’ambiance guindée n’est pas non plus mon truc.