Anathem (Neal Stephenson, 2008)

Quand AkodoStef parle d’aller voir des films juste parce que l’affiche est sympa, je pense pouvoir rapprocher la raison qui m’a fait lire Anathem! Assis sagement dans ma bibliothèque, voilà à quoi ressemble la couverture du livre:

Plutôt mystique et mystérieuse, j’ai toujours eu une envie indescriptible de le lire. C’est chose faite à présent! Et ne connaissant rien de l’auteur, je pensais qu’il écrivait principalement des romans de Science-Fiction (c’est la section dans laquelle on peut trouver le livre). Il se trouve que Neal Stephenson est un écrivain très éclectique et que ses ouvrages sont variés et souvent uchroniques, ce qui peut expliquer pourquoi on le considère un peu comme un écrivain de SF. Marga, à qui appartient Anathem, avait lu auparavant un de ces autres ouvrages, Cryptonomicon. Cela l’avait enthousiasmé au point de s’approprier Anathem, dont je fais tenter de faire une rapide description.

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L’histoire se déroule sur Arbre, une planète dans un système solaire inconnu et dont les habitants sont physiquement et psychologiquement très proches des humains. L’histoire d’Arbre est cependant beaucoup plus riche, car nous entrons dans l’année 3689. Durant de nombreux siècles la civilisation a connu des hauts et des bas, entrainant parfois apogée et chute de cette dernière, suivie par des résolutions draconiennes envers la communauté scientifique. Les scientifiques et penseurs d’Arbre, appelés Avout, ont d’ailleurs été petit à petit concentrés dans des couvents, et coupés du monde extérieur et où ils continuent à exercer leur Science, mais sans avoir accès à la technologie qu’ils ont vraisemblablement enfanté. Les Avouts n’ont de contact avec l’extérieur que lors de cérémonies de dix jours appelées Apert et qui se déroulent tous les ans, dix ans, cent ans ou mille ans selon la caste d’Avout à laquelle on fait partie.

L’histoire suit le destin de Fraa Erasmas, un Avout Décennaire (donc autorise à sortir dix jours toutes les années dont la dizaine est ronde) et pensionnaire du couvent d’Edhar, qui va se retrouver malgré lui au cœur d’une intrigue qui va non seulement concerner son microcosme mais aussi toute la planète d’Arbre.

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Ok, cela semble un peu confus peut être ? C’est normal, les 50 premières pages du livre sont assez dures à digérer, notamment faute à des descriptions un peu trop longues et la mise en place de l’histoire. Une fois que le roman démarre, on est submergé dans un monde à la fois très lointain et à la fois très proche du notre.

C’est la première chose qui m’a vraiment frappé après avoir lu Anathem, c’est le sang et la sueur que l’auteur a dû verser pour créer le monde d’Arbre et le rendre aussi cohérent et riche. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a à la fois l’impression qu’Arbre est un monde totalement étranger au notre, mais également parfaitement compréhensible car tel ou tel évènement sur Arbre fera presque toujours échos à un évènement qui s’est passé dans notre histoire terrienne.

L’histoire d’Arbre et des Avouts est si riche qu’il est difficile de ne pas être fasciné par les détails que Neal Stephenson partage avec le lecteur. Chaque élément décrit nous pousse à vouloir en savoir plus sur le passé de cette planète;  j’ai été complètement séduit par le monde mis en place par l’auteur.

Lorsqu’on lit Anathem, on peut également tracer un parallèle entre la façon dont les religions sur Terre sont perçues et la manière dont les Avouts sont considérés sur Arbre. Les personnes extérieurs aux couvents se méfient de ces ascètes reclus et ne sortant qu’une fois tous les ans (pour les plus « chanceux »). Il s’avère au cours du roman que les Avouts, bien que perçus comme des fanatiques religieux ou bien mêmes des sorciers, peuvent être comparés aux philosophes grecs qui étudiaient les sciences tout en s’adonnant aux discussions et argumentations, bien loin donc de ce à quoi on aurait pu s’attendre si on se cantonne à leur description initiale.

Une des autres raisons qui en font une œuvre colossale, ce sont les thèmes abordés, notamment car certaines sections l’histoire sont montrées au travers de dialogues philosophiques et métaphysiques. Le thème le plus souvent abordé est celui de l’existence de l’être. Il est fascinant de voir quelles sont les explications (souvent scientifiques) que l’auteur donne à l’existence de la conscience. Mais surtout, Anathem a la capacité de générer une réelle discussion lorsqu’on le finit, un peu à la manière d’un film dont la fin vous laisse perplexe et qu’il faut se tourner vers son voisin pour mettre toutes les pièces du puzzle en place.

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Quelques faiblesses pourront rebuter ceux qui ne sont déjà pas férus de Science-Fiction. Par moment, Anathem peut être long, très long et surtout rébarbatif surtout si on n’éprouve aucun intérêt à lire un dialogue entre deux érudits (ou plus) qui conversent sur la véracité et la pertinence de l’existence de leur conscience au sein du Cosmos…

Je trouve que le rythme est également assez mal géré. Sur certains chapitres, les pages se tournaient vites car l’histoire nous prend à la gorge. A d’autres moments, on pouvait questionner le bien-fondé de certains passages qui ressemblaient plus à du bouche trou que du détail essentiel à l’histoire.

Dernier point qui m’a le plus gêné, c’est l’élément perturbateur principal du livre (que je ne vais pas spoiler) et qui je trouve a été amené de manière maladroite. Je trouve que le style de l’histoire ne se prêtait pas du tout à ce tournant dans le récit. Si par la suite, mon opinion s’est modérée, je pense qu’en changeant quelques détails et la manière dont l’histoire a été amenée, cela aurait pu être plus cohérent.

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Au final, Anathem n’est pas à mettre entre toutes les mains. C’est une œuvre colossale qui demande qu’on y consacre du temps, mais qui rebutera certainement les amateurs de romans faciles d’accès. Pour les autres, malgré ses faiblesses, je pense que le livre vaut le détour d’être lu, il vous laissera l’impression que tout ce que vous avez bouquiné récemment est insignifiant.

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