Rock en Seine (3e jour)

La journée a été plus courte pour nous sur ce troisième jour, en partie à cause de la programmation, en partie parce que c’était le troisième jour d’affilée, et en partie parce que c’était dimanche… dommage, pour le coup il n’avait pas plu !

J’aurais bien jeté une oreille à Cherri Bomb, un quatuor de jeunes filles plutôt jolies et qui jouent fort, qui à mon avis sentent pas mal le « produit » fabriqué, mais après tout il y a bien pléthore de groupes rock dont le fait que les membres soient des filles, et plutôt jolies, n’est qu’une qualité incidente sans conséquence sur ce que vaut leur musique. « Malheureusement » (entre guillemets, parce que sur le fond, cette histoire m’en touche une sans bouger l’autre comme qui dirait), encore une fois la curiosité n’était pas suffisamment forte pour vaincre notre tendance naturelle à arriver à la bourre. Résultat, on n’a entendu que la fin de leur dernier morceau donc il me paraît difficile de juger. Il me semble quand même que, sincères ou pas, dans la situation qui est la leur (un peu trop jeunes, suspicieusement jolies, et donc avec encore plus de choses à prouver que les autres groupes émergents plus « ordinaires » présents sur le festival), les filles du groupe sont obligées d’en rajouter pas mal (et donc en en faisant trop, elles perdent en authenticité, et c’est le serpent qui se mord la queue). « Time will tell« , a dit le prophète Bob. Pour le clin d’œil, je vous mets en illustration leur reprise (ah, déjà, le principe de faire une reprise pour lancer sa carrière… si c’est pas marketé, ça…) de The Pretender des Foo Fighters : vous pourrez réécouter l’original dans mon article précédent, qui chroniquait le concert lourdingue du groupe de Dave Grohl.

 

 

Miles Kane est l’un des buzz du moment, et j’étais étonné qu’on ne lui attribue que la Scène de l’Industrie, la plus petite des 4 du festival. Sans surprise, elle était du coup massivement encerclée par le public, venu nombreux écouter celui qui fut le partenaire d’Alex Turner (leader et chanteur des Arctic Monkeys) au sein des Last Shadow Puppets, et surtout auteur du récent gros tube, Come Closer. Le set a commencé sur un morceau bien péchu, plutôt plaisant ; mais ensuite, même si Miles Kane lui-même était relativement irréprochable (à part pour le choix de son pantalon), bon chanteur, bon musicien, bon animateur de la scène et porté par un public qui le suivait et l’encourageait gaiement, ses chansons étaient de plus en plus fades et lentes. Le show s’est heureusement terminé sur deux morceaux plus énergiques, et notamment le fameux Come Closer, que je considérais comme un peu trop « facile », mais qui est réellement efficace, il faut bien le reconnaître, et surtout que Kane sait parfaitement exploiter sur scène, le rendant plus puissant et sachant parfaitement entraîner le public à chanter avec lui (bon, ok, c’est plus facile avec un gros tube à base de « ahahahaha ! ohohohohoho ! », mais quand même). Au final, un sentiment mitigé : Miles Kane a le potentiel pour être un super rocker, mais pas encore les morceaux.

Quand on avait vu The Horrors à Rock en Seine, il y a deux ans, je connaissais mal le groupe, mais j’avais vraiment apprécié leur prestation, et l’évolution globale de leur musique, de la branche « punk » du gothique (à la Alien Sex Fiend) vers la branche « cold wave », façon The Cure de la trilogie Seventeen Seconds/ Faith/ Pornography, la pochette du deuxième album des Horrors étant, disons, légèrement « inspirée » de celle de ce dernier (la proximité est d’autant plus frappante quand on connaît le son des deux albums – vous pourrez vous en rendre compte en écoutant ci-dessous cette bonne prise live de l’excellent Scarlet Fields).

Pornography, de Cure

Primary Colors, de The Horrors

Le concert de cette année a un peu moins bien marché. En partie parce que personnellement je trouve que leur dernier album, Skying, est moins bon que Primary Colors. En partie aussi parce que cette fois, le groupe réussissait moins bien à nous attirer dans son univers et à nous plonger dans l’atmosphère particulière de leur musique malgré la lumière du jour… dommage, car leur version de Scarlet Fields était particulièrement bonne ce jour-là, grâce à la puissante distorsion sur la guitare de Joshua Hayward, qui donnait presque une voix humaine à ses déchirements et atteignait la qualité tripante de ceux du Only Shallow de My Bloody Valentine.

Avant d’entendre les Deftones pour la première fois (c’était il y a… 14 ans ! Oo), je croyais que c’était un groupe de métal qui faisait du gros bruit, un peu bourrin. Et puis, j’ai entendu un de leurs morceaux (c’était Be Quiet and Drive, que je vous mets en illustration ci-dessous, avec l’espoir que ce morceau vous conquière comme il m’a conquis à l’époque… et pour le plaisir de revoir Chino mince !), et ça a été le coup de foudre. Les Deftones font effectivement du bruit, c’est indéniable. Leur son est lourd, ça crie souvent, et parfois comme dirait Stoeffler, en crachant du verre pilé. Mais il y a aussi une particularité du son des Deftones qui les distingue de tous les autres groupes de métal, de nu-métal ou de ce que vous voulez qui existe par ailleurs, notamment depuis leur fabuleux album White Pony (top 3 de mes trois albums préférés de tous les temps) : la mélancolie qui sourd de leur musique, par la fausse lenteur de leurs tempos, par la voix de Chino Moreno, par les sonorités des samples qu’ils ajoutent à leurs guitares,… et qui fait que je peux avoir envie d’écouter les Deftones autant quand j’ai envie de péter un mur de colère que quand je suis triste et que j’ai besoin d’un compagnon de solitude.

Malheureusement, chaque fois que j’avais été les voir en concert, autant j’avais aimé l’ambiance (ça bouge dans un concert des Deftones ! Vorti et moi gardons notamment en mémoire un concert pendant lequel on n’avait pas pu rester les uns à côté des autres tellement les mouvements du public nous promenaient dans tous les sens), autant d’un point de vue purement musical, ça avait été chaque fois la déception, parce que le son n’était jamais à la hauteur. Du coup, j’allais au concert de Rock en Seine avec plaisir parce que c’était quand même les Deftones, mais sans trop grosses attentes, parce qu’en plus ils jouaient sur la Grande Scène, qui a déjà elle-même de gros problèmes de basses : comme l’analysait très justement Vorti la veille, cette scène oblige les spectateurs à choisir entre la musique (en se plaçant à 200m de la scène, où le son devient audible) ou l’ambiance (en s’approchant de la scène pour voir le show et participer au chaos)… c’est moche !

Trop déçu par le son sur les précédents concerts des Deftones, j’ai pris le parti pour cette fois de privilégier le son, et on s’est donc positionnés au niveau des relais d’enceintes, à bien 200m de la scène… Mais quel pied de voir ce concert en vérité ! La playlist était extra (l’avantage des festivals, dans lesquels les groupes jouent plutôt leurs meilleurs morceaux que juste ceux de leur dernier album), faisant la part belle à White Pony, avec un final d’enfer sur deux morceaux de leur premier album, le son était bon, et surtout, ça m’a fait tellement plaisir de voir Chino déchaîné, bondissant partout, et donnant toute la mesure de sa voix exceptionnelle, autant dans les clairs que dans les saturés ! C’est un concert dont je me souviendrai longtemps, pour le plaisir qu’il m’a procuré. Les Deftones ne sont pas morts ! (une note à ce propos en passant, le bassiste Sergio Vega, qui remplace Chi Cheng, assure super bien le poste, avec un jeu énergique et un chant déchiré qui complète parfaitement celui de Chino)

 

BILAN DE CE ROCK EN SEINE 2011 :

Une plutôt bonne année, avec pour moi quelques bonnes découvertes (General Elektriks bien mieux en live qu’en studio, Edward Sharpe and the Magnetic Zeros, Cage the Elephant, Birdy Hunt, Wu Lyf), quelques confirmations (CSS, The Kills, Interpol, The Horrors), et surtout trois excellents concerts, un par jour :

Biffy Clyro, incandescent

Arctic Monkeys, super pro

Deftones, dévastateurs

Je me souviendrai longtemps de ces trois-là :)

2 réflexions sur “ Rock en Seine (3e jour) ”

  1. Stoeffler
    Stoeffler sur

    J’aime bien le « les Deftones ne sont pas morts! » suivi du commentaire sur le bassiste sachant que leur bassiste originel a failli y laisser sa peau dans un accident de voiture…
    ^^

  2. Akodostef sur

    Ricane, ricane, mais tu aurais mieux fait d’être là, mon pote ! Tu as raté LE concert des Deftones.

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