Melancholia (Lars Von Trier, 2011)
Les avis divergent sur Melancholia, dernier film en date du Danois Lars Von Trier : certains l’encensent, d’autres le descendent, mais le psychodrame survenu à Cannes vient peut-être fausser le jugement des uns ou des autres. Comme personnellement je me contrefous de la personnalité d’un artiste quand je reçois son œuvre, et que je n’avais jamais vu de film de Lars Von Trier avant, j’avais au moins l’avantage d’une certaine neutralité vis-à-vis du film, auquel j’étais sincèrement prêt à m’attacher s’il était bon.
Le prégénérique m’a fait un peu peur : sur une musique envahissante de Wagner, des images baignées dans un éclairage étrange passent au ralenti… les images elles-mêmes sont assez belles, et leur présentation sous cette forme leur donne une qualité esthétique bizarre que j’ai bien aimé ; mais ça annonçait quand même un film à la Tree of Life, ce qui m’a fait craindre le pire (et j’imagine les gens qui ont vu les deux films dans la même semaine, à Cannes !). Heureusement, il ne s’agit bien que d’un prégénérique, et le reste est tourné comme un film plus conventionnel.
Quoique.
Il se divise, pour commencer, en deux parties : la première est consacrée à la première des deux sœurs autour de laquelle s’articule le récit, Justine (incarnée par Kirsten Dunst, dont le réalisateur aime visiblement beaucoup la poitrine). On arrive, avec les mariés, en cours de banquet nocturne d’un mariage luxueux. Les pièces se mettent lentement en place, mais on se rend progressivement compte que quelque chose ne va pas, et la soirée avance de catastrophe en catastrophe dans une atmosphère pesante, malsaine… sans entrer dans les détails pour ne pas trop en dévoiler, partant sur ces bases-là, je trouve qu’il aurait été plus approprié d’intituler le film Misanthropia, parce qu’aucun personnage n’est plaisant, entre ceux qui sont ouvertement détestables (le patron manipulateur et avide, la mère aigrie,…) et ceux qui sont juste nuls (le mari, le père ou l’employé, incapables de se hisser à la hauteur de l’événement ou d’aligner trois mots,…), on a juste envie de tous les flinguer et de ne plus en parler. La pire étant naturellement l’héroïne, neurasthénique et incohérente, qu’on a envie de baffer du début à la fin (de plus en plus vers la fin en fait). Cette première partie est un véritable calvaire, rien de ce qui arrive n’est plaisant, c’est lent, c’est tourné à la caméra à l’épaule pour appuyer le côté désagréable de ce à quoi on assiste, avec des plans flous pour souligner la situation mentale de Justine… l’épreuve. J’avais déjà une aversion pour les films de mariages qui foirent et ceux dans lesquels les familles se déchirent, mais là je suis sevré à jamais.
La seconde partie est moins insupportable, même si elle reste essentiellement lente et ennuyeuse. Supposément centrée cette fois sur la deuxième sœur, Claire (incarnée par Charlotte Gainsbourg), elle se déroule dans la même maison que celle qui a accueilli le mariage et rassemble à nouveau les deux sœurs, ainsi que le mari et le fils de Claire, mais le lien entre les deux parties est en dehors de ça complètement artificiel puisque les deux histoires n’ont à peu près rien en commun. On suit dans cette partie la montée en tension qu’accompagne l’approche d’un danger d’envergure littéralement cosmique, et l’évolution des caractères des personnages : tandis que se profile la menace de la collision d’une planète (la Melancholia du titre) avec la Terre, la neurasthénie de Justine se transforme en sérénité tandis qu’à l’inverse sa sœur, jusque là plus terre à terre, perd ses moyens ; pour être honnête, le final est plutôt réussi et parvient à insuffler –enfin !- un peu d’émotion dans un récit autrement très froid.
Mais combien de temps pour y arriver ? Fallait-il vraiment un si long prologue pour arriver à ce minimum d’efficacité du final ? Pourquoi cette première partie sans réel rapport avec la deuxième ? Pourquoi ce titre –Melancholia– quand la « maladie » qui affecte Justine relève plutôt de la sociopathie et de la schizophrénie, et que ce qui menace de détruire la Terre tient davantage de la médiocrité de ses habitants, et de la misanthropie –plutôt que de la mélancolie- qu’elle inspire à Justine, au destin (où à Dieu si vous préférez), et clairement, au réalisateur (« la planète va détruire toute vie sur Terre parce que les hommes sont mauvais ») ?
Vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé –et je regrette les deux heures dix de ma vie pendant lesquelles je me suis tortillé sur mon fauteuil en attendant que ça finisse enfin.
Choisis mieux tes films, na! 8P
Arrête de te laisser influencer !