Let me in (Matt Reeves, 2010)

Remake d’un film suédois que j’avais vu il y a moins d’un an, Let the right one in, (lui-même tiré du livre du même nom), Let me in traite du lien d’amitié qui se crée entre un enfant de 12 ans, Owen, et une jeune fille étrange, Show ▼

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Le film commence dans une ville du Nouveau Mexique au début des années 80. La première scène se passe dans un hôpital où un inspecteur de police questionne un homme blessé (apparemment défiguré, et dont on ne verra pas le visage) à propos de récents meurtres commis dans la région. Suite à ses blessures, l’homme ne peut pas parler mais peut communiquer grâce à l’intermédiaire d’un calepin.

Lorsqu’un coup de téléphone éloigne l’officier de police de la chambre quelques instants, l’homme en profite pour se jeter au travers de la fenêtre.

La narration nous projette ensuite deux semaines avant l’incident dans l’appartement d’Owen, un jeune garçon qui subit de plein fouet le divorce de ses parents. Il est aussi victime de trois petites frappes à l’école ce qui n’arrange pas le désintérêt complet que lui porte sa mère, qui se réfugie dans la religion, et son père, totalement absent. Alors qu’il s’attache à son passe-temps favori, observer ses voisins avec son télescope, Owen aperçoit deux nouveaux arrivants s’installer dans l’appartement qui jouxte le sien.

Peu de temps après, il rencontre une jeune fille mystérieuse, qui se trouve être l’une des deux locataires lorsqu’il joue seul dans la cour de son bâtiment. Une histoire d’amitié va naitre entre les deux enfants.

 

Comme je l’ai écrit, j’ai d’abord vu le film suédois qui a précédé le remake américain (apparemment, les droits avaient été achetés avant même que le premier film soit tourné) et la première chose que j’ai pensé après avoir visionné le remake, c’est qu’il n’y a pas vraiment de différence. Pour être honnête, ça fait à peu près un an que je l’ai vu, mais pour moi il n’y a rien de flagrant. La narration et l’histoire sont quasiment identiques, juste quelques petits détails diffèrent.

Premièrement, l’action se déroule au Nouveau Mexique, et non à Göteborg. Le réalisateur a d’ailleurs réussi à transposer l’histoire originale, qui se passe en Suède donc, dans un cadre américain, avec pour toile de fond la guerre froide. Bien que ce la ne soit pas essentiel pour le film, j’ai trouvé que cette touche historique permettait à la trame d’être rendue encore plus crédible pour le spectateur.

Deuxièmement, je pense que la version US exprime de manière beaucoup plus directe (et ce n’est pas une critique) la relation qui s’établit entre les deux personnages principaux ; il me semble que cela s’était fait plus subtilement, dans le film original. Let me in se déroulant en anglais, je me suis également senti plus proche des protagonistes, alors que j’étais assez étranger à ceux qui parlaient suédois (à tort certainement).

 

Attention lecteur, si tu continues ta lecture, tu t’exposes à quelques détails clés qui pourraient te gâcher le film si tu n’aimes pas qu’on te révèle des surprises.

Les 116 minutes s’écoulent très rapidement. La mise en scène est réussie, dynamique lorsqu’elle a besoin de l’être mais aussi sobre quand il le faut.

De nombreux films de vampires ont été réalisés, des plus ou moins bons, et je pense que celui-ci amène un regard neuf sur ces créatures légendaires, et donc présente un réel intérêt. Le réalisateur ne tombe pas dans la facilité des hectolitres de sang et même s’il y a pas mal d’hémoglobine, l’impression générale qui domine est un film qui ne tombe pas dans l’excès.

Let me in passe subtilement en revue le mythe du vampire (besoin de sang, fragilité face à la lumière du jour), tout en présentant deux êtres issus de mondes différents et qui sont en quelques sortes des rejetés de la société (à l’école et par ses parents pour Owen, et la jeune fille car elle est un vampire).

Nos deux chérubins

Autre qualité, la justesse des deux jeunes acteurs rend touchante la rencontre entre ces deux êtres solitaires qui lient de manière aussi simple leur destin. Et pourtant, comme l’a mentionné Akodostef dans son article sur Tomboy, il est difficile d’incarner des enfants à l’écran, car leur jeu n’est pas souvent juste. Ici, il fait avouer que cela ne m’a pas du tout gêné, j’ai même trouvé qu’ils jouaient juste et bien. Owen est interprété par Kodi Smith-McFee qui n’est pas un inconnu puisqu’il avait déjà rendu la réplique à Viggo Mortensen dans La route. Et la jeune vampire n’est pas non plus en reste puisque c’est Chloë Grace Moretz que l’on a surtout vu dans Kick-Ass et qui interprétait Hit Girl.

 

Au final, je recommande Let me in (je pourrai d’ailleurs recommander la version suédoise si je la re-visionne prochainement), je pense qu’il touchera les personnes qui aiment les films de vampires, mais aussi un plus large public par son histoire intelligente et la justesse des acteurs.

4 réflexions sur “ Let me in (Matt Reeves, 2010) ”

  1. Akodostef sur

    J’ai vu en partie l’original, qui pour une raison étrange a été retitré « Morse » dans sa version française (ce qui n’a visiblement pas aidé à le vendre).

    Deux remarques : je cautionne assez largement la réflexion de l’auteur suédois, qui n’a pas pu empêcher le remake de se faire, et qui juge qu’on ne devrait faire de remakes que de films ratés ou qui ont des défauts manifestes, pour régler ce qui posait problème. Pour le coup, le seul défaut de l’original semblait être sa langue, vu que le remake est vraiment resté sur les mêmes rails, donc je trouve ça un peu dommage même si je comprends bien que le fait qu’un bon film soit transposé dans une version anglo-saxonne l’ouvre à un public beaucoup plus large, qui n’aurait même pas accordé une minute d’attention à un obscur film scandinave en langue originale.
    D’autre part, j’avais trouvé aussi que la fillette du premier film était physiquement plus « bizarre » (et donc plus appropriée pour le rôle), et ressemblait moins à une « vraie petite fille » que Chloë Grace Moritz (encore que là on pourrait discuter de ce qui est plus dérangeant pour incarner un vampire entre un enfant qui a l’air bizarre et une petite fille ordinaire).

    Sinon, attention en écrivant les articles à prévenir que tu vas révéler des points-clés de l’intrigue, là dès le premier paragraphe, la mèche est vendue ça pourrait gâcher le mystère du film à ceux qui auraient voulu le voir sans savoir…

  2. Stoeffler sur

    Pour « Morse » Show ▼

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    Pour tes remarques, ton point sur les remakes est justifiable, meme si tu pointes du doigt la raison principale pour laquelle le film a ete refait, pour l’ouvrir a un plus large public. Je pense egalement au fait que l’on aussi re-faire decouvrir un ancien film qui etait peut etre tombe aux oubliettes. La, je pense a True Grit dont tu as fait un article. Je n’ai pas vu l’original, mais je ne crois pas que la premiere version etait nulle. Comment expliques-tu l’engouement pour realiser le remake?
    Pour la fillette, effectivement la premiere est plutot androgyne, avec un physique atypique alors que Chloe Machin a tout d’une petite fille normale, enfin la plupart du temps ^^.

    Enfin, pour ton dernier commentaire, je me mal voyais ecrire quoi que ce soit sans reveler qq petits details. Je comprends ton point de vue, mais selon moi, ce n’est pas un point capital et avec la distribution du film, je pense que ce n’est plus un mystere.
    Je vais neanmoins mettre un commentaire au debut, comme tu l’avais fait sur un de tes articles.

  3. Akodostef sur

    Bonne remarque pour True Grit ; là je pense que l’idée était de faire une version remise au goût du jour, parce que l’original a un look… d’époque, disons.
    Let me in/ Let the right one in sont sortis à deux ans d’intervalle, du coup le principe même de faire un remake paraît plus étonnant.
    Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est vrai que l’idée, c’est de rendre le film plus accessible à un large public… et soit on peut le prendre comme une chose positive parce que ça permet de populariser une oeuvre de qualité ; soit on le prend comme un simple moyen de faire du fric, ou comme une insulte (encore que… c’est peut-être juste du réalisme) à l’intelligence du public, qu’on considère (en partie à juste titre) incapable de s’intéresser à certains films parce qu’ils sont vieux, nordiques, ou quoi.
    Je pense qu’il faudrait organiser un diner-débat, pour trancher. ^_^

  4. Spiritinblack sur

    Le remake n’est pas foncièrement moins bon que l’original. Deux points m’ont amusés:

    Dans la version américaine le vampire doit forcément avoir une tête de pas beau vampire avec la voix qui va avec (WTF? syndrome Buffy?)

    La version américaine ne laisse pas de place au doute. La ou tout le monde avait compris dans la version scandinave que « le père » n’était pas le père et qu’on assistait au début d’un nouveau cycle, le remake nous impose une scène « album photo » pour bien nous le signaler.

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