Barcelone, le 2ème jour

Nous attendions beaucoup des visites prévues ce deuxième jour, d’autant plus que le beau temps était de la partie.

Après un pillage en règle du buffet de l’hôtel, nous avons donc repris le métro, en direction ce que je pensais être le clou de notre séjour, la Sagrada Familia ! Je ne connaissais pas grand-chose à l’histoire de cet édifice et le nom même de Antoni Gaudi son architecte ne me parlait qu’à peine, mais ce temple est LA visite incontournable de Barcelone.

Même après avoir un peu bouquiné sur le sujet, j’ai été scotché en sortant du métro : juste à la sortie, on a tourné la tête pour s’orienter et on s’est pratiquement retrouvé au pied de la Sagrada Familia, toute proche, grandiose, imposante, alambiquée et … en travaux.

Parce qu’en dehors de l’architecture, très intéressante et particulière, l’omniprésence des grues, des sacs de gravats et des cabanes de chantier, sans parler du bruit des engins, ça vous pourrit quand même une visite… Difficile d’apprécier la beauté du lieu au milieu des grues, malcommode de parler à l’intérieur du bâtiment (dont la majeure partie était de toute façon inaccessible) par-dessus le vacarme des marteaux-piqueurs, bref, il me fut impossible de profiter pleinement de la visite.

Pour la petite histoire, Antoni Gaudi reprit en 1883 un chantier à peine entamé à la suite d’un autre architecte, bouleversa les plans initiaux, et décida de faire de ce chantier l’œuvre de sa vie. Se rendant compte au fur et à mesure de l’avancement des travaux qu’il ne pourrait pas les finir de son vivant, Gaudi prépare à l’intention de ses successeurs de plans et des maquettes, qui seront hélas en grande partie détruits durant la guerre civile espagnole (1936-39). La Sagrada Familia devait donc déjà être une œuvre particulière, les circonstances historiques en firent une construction unique.

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Ces dernières années, les travaux ont repris, suivant dans les grandes lignes la volonté de Gaudi, son esprit, mais apportant des techniques et des matériaux mieux adaptés à notre époque. On estime que le temple pourrait être terminé dans 20 à 25 ans. Un conseil : patientez.

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J’imagine que j’aurai bien plus apprécié la visite s’il n’y avait pas eu tous ces inconvénients ; si on ne s’était pas rendu compte que l’entrée au musée Gaudi, qui nous avait valu un supplément à la caisse, était en fait libre d’accès  et si on n’avait pas appris une fois les caisses passées que les ascenseurs, présentés comme optionnels à la caisse était en fait obligatoires si l’on veut visiter les hauteurs du temple.

Au final, excepté une façade assez impressionnante à la fois par ses dimensions et son architecture et ses très nombreux détails, excepté quelques pièces du musée, et excepté les promesses d’un intérieur en cours de rénovation, j’ai été un peu déçu de la visite.

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Nous avons donc repris notre périple, qui comprenait ce jour-là le principal du « pack Gaudi » : Sagrada Familia, Casa des los Punxes, Casa Batllo et Pedrera, laissant le parc Guel pour le lendemain.

Nous avons donc fait un rapide passage devant la Casa de los Punxes, que d’aucuns comparent à une maison de fées à cause de ses tours rondes flanquées de tuiles colorées ; la maison ne se visitant pas (c’est une propriété privée), ce fut assez rapide. Ce ne fut en fait qu’une étape entre la Sagrada Familia, la Pedrera (dont le vrai nom, méconnu est Casa Mila) et la Casa Batllo.

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J’ai été conquis par la Pedrera, un ancien immeuble d’habitations conçu par Gaudi, et dont l’architecture extérieure, pour le moins, lui vaut sa célébrité.

L’extérieur de la bâtisse, déjà intriguant, n’est qu’un avant-goût de la cour intérieure (qui est libre d’accès), et, surtout, du toit. Entre les deux, il est également possible de visiter les appartements, contenant du mobilier d’époque, mais cette étape de la visite ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Le toit ondulé, en revanche, mérite vraiment le détour : outre le panorama sur Barcelone et la vue plongeante sur la cour intérieure du bâtiment, j’ai apprécié la découverte de la mini galerie à ciel ouvert assez atypique.

Alors que je pensais tomber sous le charme de la Sagrada, j’ai été très agréablement surpris par la Pedrera, et encore plus par la casa Batllo (du nom de son propriétaire de l’époque où ce riche bourgeois demanda à Gaudi de refaire sa maison, aux alentours de 1900).

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Connue à Barcelone sous le nom de Casa de los huesos (Maison des os), elle doit ce nom à son architecture : les balcons ressemblent à des fragments de crâne avec les ouvertures pour les yeux et le nez, les colonnes de la tribune du premier étage ont la forme d’os humains et de nombreux autres détails de la façade peuvent faire penser à un squelette.

D’une manière générale, la maison présente sur sa façade polychrome et ondulante une allégorie de Saint-Georges tuant le dragon. Le toit fait penser au dos arqué d’un dragon et les tuiles en céramique qui le recouvrent à ses écailles (à l’intérieur d’ailleurs il y a un escalier en bois qui rappelle étrangement une colonne vertébrale, qui pourrait appartenir au supposé dragon).

L’intérieur est tout aussi imaginatif : foyers, escaliers, meubles et pourtours de fenêtres en bois, vitrages décorés. Des aérations sur et autour des portes, à la manière de branchies de poissons coulissantes, sont un exemple de l’ingéniosité  et de l’innovation dont Gaudi fit preuve à l’occasion de ce chantier.

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Le soir venu (je ne vous refais pas le topo « marche/Burger King/métro/hôtel/repos/douche/sortie »), on est sortis dans le quartier de l’Eixample, destination la Calle Aribau (Aribau, c’est beau la vie). Hélas, même à cette heure tardive, le quartier était globalement mort, les fiestas diverses commençant plus tard, vers 2-3 heures du matin…  Déambulant un peu au hasard des rues, on s’est donc dirigés vers les Ramblas déjà évoquées, à la recherche d’un petit repas.

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Saviez-vous, d’ailleurs, d’où viennent les tapas ?

Tout le monde connait le principe de ces petites portions servies avec un verre, mais d’où viennent ces amuse-gueules ?

Il y a deux explications en la matière : sachant que le mot tapa signifie couvercle en espagnol (dérivé du verbe tapar, couvrir), la première voudrait que l’on couvrait les verres de vin avec une tranche de pain afin que la boisson ne soit pas gâchée par un suicide d’insecte ; de fil en aiguille, on aurait ajouté quelques dés de tomates sur le pain, puis du fromage, du jambon, etc. L’autre explication voudrait qu’un roi espagnol, soucieux de l’hygiène publique, aie imposé qu’une tranche de pain/jambon soit servie avec chaque verre de vin, afin que l’alcool ne soit pas ingurgité seul.

Il existe encore une troisième explication, un peu un mix des deux précédentes, selon laquelle ledit roi, Chupamelas 1er, fut ravi lorsque dans une taverne on lui servit un verre de xérès recouvert d’une tranche de jambon, et il lança la mode dans tout le royaume.

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C’était ce jour-là la Noche de los museos, l’équivalent de nos nuits blanches. On en a donc profité pour assister par hasard à une démonstration de sabre (quoi ? encore des duels ??), boire un coup (de trop : moi, l’éternel sobre, je me suis fait traiter d’holy drunk… hé oui, et par une anglaise en plus !), et on a fini par fuir un concert de musique pakistanaise.

Au final, une excellente et surprenante journée à Barcelone !

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