Mêmesprit

Cette semaine, j’ai décidé de dédier mon saint-article à la St-Robert : s’il n’y a pas beaucoup de Robert célèbres, il existe tout de même un dictionnaire, Le Petit Robert, bien connu ; il existe également certains autres Robert, qui sont souvent conséquents et viennent toujours par paire…

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Saviez-vous d’ailleurs, que la désignation de la poitrine féminine par ce terme est due à l’invention du 1^er biberon à tétine par un certain M. Robert, en 1888 ? Que cette même année vit sévir à Londres le terrible et mystérieux Jack L’Eventreur (au moins 5 meurtres de prostituée, de août à novembre) ? Que cela n’a aucun rapport ?

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Plus prosaïquement, mon choix s’est porté sur Robert Nesta Marley, plus connu sous le nom de Bob Marley (né en 1945 en Jamaïque, décédé en mai 1981 en Floride). Je ne vous parlerai pas de ses 200 millions de disques vendus malgré des débuts difficiles ni de la fusillade qui faillit lui coûter la vie : sachez tout de même que 6 hommes armés lui mirent 7 balles dans le corps en 1976 (encore que ce nombre varie en fonction des sources) !

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A propos de balles dans le corps, savez-vous quand eu lieu le dernier duel en France ? Pour mémoire, cette pratique aujourd’hui abandonnée est apparue en même temps que les armes et la testostérone (plus sérieusement, les premiers duels attestés remonteraient à l’antiquité).

En France, les duels furent combattus comme des troubles à l’ordre public et parfois durement réprimés (et considérés comme des assassinats) : Richelieu, par exemple, y voyait un risque d’extinction de la noblesse, et quelques nobles furent même exécutés pour cette raison…

A partir de la Révolution, tous les édits royaux furent supprimés, y compris ceux interdisant les duels ; tous les citoyens eurent le droit de sortir armées, ce qui amena à une certaine démocratisation du duel, qui permit à un tout nouveau public de mourir tout aussi bêtement, et nombre de personnalités tâtèrent de l’épée, du sabre ou du pistolet (les trois armes « officielles » du duel) : Hugo, Proudhon, Jaurès, Dumas, Clémenceau, Lamartine, Blum, Pouchkine (qui en mourut, d’ailleurs), etc.

Sans entrer dans les détails qui nous éloigneraient encore de Bob, dès la fin de la Grande Guerre et du traumatisme qui s’en suivit, et plus encore après la Seconde Guerre Mondiale, la pratique du duel fut très largement décrédibilisée.

Parce que oui, il était encore légal de se battre en duel après la Seconde Guerre Mondiale, et en fait, le dernier duel ayant eu lieu en France date de 1967. Mmm… Relisez : 1967 ! Il y a 40 ans ! C’est fou non ? Cette année-là, dans l’hémicycle, Gaston Deferre, célèbre homme politique français, traite un autre parlementaire d’ « abruti » : ni une, ni deux, l’abruti en question demande réparation, et un duel est organisé à Neuilly ; Roger se fera owned par Gaston (je vous rassure, on était entretemps passé des duels à mort aux duels au premier sang) (voir photo ci-contre, qui est une VRAIE photo du duel en question, pas un film !).

Les mœurs s’adoucissent, et de nos jours, on peut dire « casse-toi pauv’con » sans aucun risque (même quand on est petit)…

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Pour en revenir au sujet plus peace du début, si je savais que Robert Nesta Marley avait été une figure politique et non pas seulement un chanteur reggae, je n’avais pas pris l’ampleur de son activisme politique. C’est ainsi qu’il est reçu au siège de l’Organisation des Nations Unies à New-York et devient une figure politique internationale. Sa notoriété l’incite à porter sa cause sur tous les continents. A la fin des années soixante-dix, il se rend en Afrique noire, visite l’Ethiopie, et donne un concert géant au Zimbabwe pour fêter l’anniversaire de son accession à l’indépendance.

Lors de la campagne électorale de 1976, dans une Jamaïque au bord de la guerre civile, Bob Marley intervient en personne et se lance dans l’organisation du « Smile Jamaïca Concert ». Les troubles, qui feront près de 200 morts, opposent alors le leader socialiste Michael Manley et le chef conservateur Edward Seaga.

Les deux hommes politiques sont conviés à ce grand rassemblement gratuit. Mais sur la scène, devant trente mille personnes, les deux frères ennemis sont crispés. C’est alors que Bob Marley se saisit de leurs mains, les réunit dans la sienne, décroche le micro et commence à chanter. Le lendemain, la Jamaïque est apaisée. Elle est pas belle la vie ?