Deux jours à tuer (Jean Becker – 2008)
[Attention si vous prévoyez de voir ce film, cet article peut contenir des révélations importantes sur l’intrigue]
Un film de Jean Becker (précédemment auteur, principalement, de l’Eté meurtrier en 1983), que l’affiche et la présence d’Albert Dupontel m’ont donné envie d’aller voir, avec en plus une légère surprise par rapport à la motivation du personnage d’agir comme il le fait [il envoie valser tout ce qu’il possède, rompt toutes ses relations avec ses amis, sa famille…], parce que la réponse m’apparaissait évidente, mais que lors des interviews les acteurs laissaient entendre que c’était un ressort important du film, qu’il ne fallait pas dévoiler – et le film joue effectivement sur ce supposé « mystère » concernant les motivations du personnage, durant tout le film… Sauf que la motivation du personnage est bien celle qu’on avait deviné avant même d’entrer dans la salle, à cause du titre du film (à la décharge de Becker, c’est aussi le titre du bouquin dont l’histoire est tirée): l’idée d’avoir « deux jours à tuer » laisse clairement supposer une échéance, et partant de là, le film a beau tenter de faire partir le spectateur sur une autre piste, il le fait de façon bien trop inefficace pour qu’on change d’hypothèse à un moment quelconque.
En fait, le résumé idéal de l’histoire est là: soupçonné d’adultère par sa femme, un homme décide le temps d’un week-end de tout envoyer promener: ses amis, sa famille, son boulot et ses biens matériels. Malheureusement, ce n’est pas réellement l’histoire, et ce film n’est pas une satire mais un thriller, et le problème du thriller dont l’intrigue est déjà déflorée longtemps avant le ‘twist’ final, c’est qu’on a franchement l’impression que le réalisateur nous prend pour des ânes et chaque indice censé nous mettre sur la piste de ce qu’on a déjà compris est comme une insulte à notre intelligence (et les fausses pistes supposées nous perdre, comme des effets lourdingues et pas crédibles).
Passé le plaisir du thriller (qui, dans cette histoire, n’existe donc pas), le fond du film n’est pas très passionnant (parce qu’en fait, pas très cohérent: à la fin, le héros demande à son père d’aller dire la vérité à sa famille, et du coup on ne voit pas bien pour quelle raison il a fait autant de mal à tout le monde), et sur la forme, à part le jeu de Dupontel qui est dans certaines scènes très bon (je pense en particulier aux expressions de son visage lors de la scène de la cabine téléphonique, même si elle ne dure que 10 secondes), ou pour une poignée de scènes réussies (la scène du dîner, forcément, assez amusante de cruauté, la scène avant le départ pour l’Irlande, où Dupontel va voir une dernière fois ses enfants), le film n’a rien de remarquable: j’en suis quand même sorti ému parce que je suis une vraie gonzesse, mais dans le même registre émotionnel, Le temps qu’il reste, de François Ozon avec Melvil Poupaud m’avait franchement plus tourneboulé.