Le principe : un mot (dans le titre !), et quelques contributeurs pour exprimer ce qu’ils ont à dire sur le sujet. Par soucis de clarté et de lisibilité, nous avons caché le texte de nos auteurs. A toi donc cher lecteur de cliquer sur Show ▼
pour découvrir ce que chacun a rédigé.
Bonne lecture !
SK :
Source de progrès et de bien-être individuel et collectif pour les uns, la technologie pour d’autres déstabilise des solidarités ancestrales et va jusqu’à provoquer des destructions souvent mortifères. Elle témoigne Show ▼
Cette énumération pourrait se prolonger encore. Beaucoup de choses, alternativement ou même simultanément positives et négatives peuvent se dire à propos de la technologie. Nous sommes, en effet, face à un vocable rempli d’options disparates. Il n’en reste pas moins qu’il est aussi illusoire d’être partisan farouche de toute technologie possible, au nom d’une modernité oublieuse de son passé, que de les détester toutes, au nom d’un invraisemblable état de nature. Autre chose importe, plus raisonnable, plus réaliste également. A savoir : il convient de repérer qui, quel courant d’opinion en fait recours, dans quel contexte, selon quel but, sans négliger la technologie concrètement mise en cause ou en revanche défendue. Car les mots, et les choses qu’ils désignent, n’existent pas en l’air, indépendamment de leurs conditions d’utilisation et, quoi qu’il en soit, ne sont jamais gratuits, ni même interchangeables. Sur ce point, partisans et opposants de la technologie pourraient probablement converger.
Akodostef :
La technologie a considérablement changé la façon dont nous vivons tous, et, d’une façon générale, pour le meilleur : j’ai beau trouver de nombreux défauts Show ▼
Mais c’est aussi l’omniprésence de la technologie qui nous rend excessivement dépendants des énergies qui font marcher toutes nos machines… et, je ne vous apprends rien, nos réserves en énergie s’épuisent de plus en plus rapidement du fait justement que la technologie devient disponible –et c’est tant mieux dans l’absolu- à davantage de gens dans le monde.
Selon certaines estimations, la quantité de pétrole disponible pourrait ne plus être suffisante pour satisfaire la demande mondiale à partir de 2030 (dans 20 ans, donc : on sera peut-être pas encore morts !). Et du coup, tout le monde commence à réfléchir un peu plus sérieusement à des moyens de substitution pour compenser la raréfaction puis la disparition inévitable des principaux hydrocarbures… partant du principe que le problème tient à l’inépuisabilité de la demande pour des ressources qui elles, ne sont pas inépuisables, certains se tournent vers les énergies renouvelables (pas con !).
D’autres, pensent plutôt à des énergies qui produisent plus tout de suite, quitte à voir le problème des stocks se reposer dans 10 ans… C’est ainsi qu’on commence à parler depuis la fin de l’année 2010 des gaz de schiste. Enfin, en fait on a commencé à en parler un peu plus tôt puisque c’est Jean-Louis Borloo, alors Ministre de l’écologie et coordinateur du Grenelle de l’Environnement, qui a signé les premières autorisations d’exploration du gaz de schiste en France (dont le sous-sol serait très riche) ; la ressource apparaissait à l’époque comme une aubaine pour la France.
C’est seulement depuis fin 2010, donc, que certaines voix commencent à alerter sur les terribles conséquences écologiques de l’exploitation du gaz de schiste : c’est que le gaz se trouve enfermé dans des concrétions rocheuses extrêmement denses, et que pour l’en libérer, il faut recourir à ce qu’on appelle la fracturation hydraulique : un processus par lequel, après avoir foré entre 2000 et 3000 mètres pour atteindre la couche de schiste puis créé une brèche dans la roche, on doit envoyer 10 000 mètres cubes d’eau adjuvée de sable et de produits chimiques pour écarter les fissures et pousser le gaz vers la surface. Et ce processus, qui mobilise des centaines de camions pour transporter le liquide de fracturation jusqu’au site, puis du site aux usines de retraitement, entraîne naturellement d’importantes émissions de CO² et posera aussi des problèmes du fait des volumes d’eau requis, dans des régions qui souffrent déjà de sécheresse endémique… Mais surtout, comme les exploitations qui ont déjà cours aux Etats-Unis depuis 10 ans l’ont montré, le gaz de schiste a tendance à remonter dans les conduites d’eau courante (et c’est pas très bon de boire de l’eau mélangée à du gaz de schiste), les produits chimiques du liquide de fracturation se mélangent aux nappes phréatiques (et souillent donc aussi l’eau courante). Tout ça, évidemment sans compter qu’après l’exploitation, le sous-sol ressemble à un gros gruyère avec tous les risques que ça peut comporter…
Bref, voilà une nouvelle technologie que les industriels présentent unanimement comme une aubaine, mais qui comporte des inconvénients qui devraient la disqualifier d’emblée dans la course aux énergies de substitution. Sous la pression écologiste, les politiques commencent à se montrer plus précautionneux, mais rien n’est réglé pour l’instant…
Et subsiste la question : la technologie sera-t-elle capable de résoudre les problèmes que la technologie a créé ?
(un article intéressant et assez complet sur la question : http://ownipolitics.com/2010/12/07/gaz-de-schistes-le-tresor-empoisonne-du-sous-sol-francais/)
Jika :
Dans le contexte actuel de développement technologique tout azimut et à l’heure des « Révolutions Facebook », le terme « technologie », choisi par Stöeffler pour inaugurer ce nouvel exercice, paraît dans l’air du temps Show ▼
En tous cas, il est aujourd’hui nettement plus dépendant de la technologie, et une information récente avait attiré mon attention : lorsque les dictateurs tunisiens puis égyptiens ont commencé à sentir le vent mauvais se dresser contre eux, leurs premières concessions ont porté sur l’accès à internet et aux réseaux sociaux, et non pas sur le coût de la vie, la corruption ou la pluralité politique… Ca n’a pas été suffisant pour sauver leurs régimes, mais c’est tout de même révélateur : à défaut de donner du pain, ils ont voulu donner les jeux.
En France, le législateur travaille actuellement sur une loi garantissant un accès pour tous au réseau : n’est-ce pas plus urgent de garantir à tous une alimentation saine et équilibrée ? Un toit ? Une éducation convenable ?
La technologie et ses fruits sont donc centraux dans nos sociétés actuelles, et il est consternant de constater que 40 ans après être allé sur la lune, l’Homme n’a toujours pas développé de quoi nourrir convenablement la population terrienne.
Si les progrès techniques sont globalement positifs pour l’Homme (il vit plus longtemps, est mieux soigné, voit l’infiniment petit, survole l’infiniment grand, etc.), il n’en reste pas moins qu’au niveau purement sémantique, si l’on considère qu’un progrès technique est une innovation permettant d’améliorer un processus quelconque (fabrication, transport, exploration, analyses, etc.) dans un large panel de domaines (médical, militaire, architectural, alimentaire, informatique, etc.), alors on peut dire que même les pires innovations technologiques de l’histoire sont des progrès techniques. Curieux, non ?
Vous le savez, les nouvelles ampoules électriques, dites basse consommation, vont à moyen terme remplacer les ampoules classiques. L’intention de départ –l’économie d’énergie– est certes louable, mais on apprend ces derniers jours que ces nouvelles ampoules sont extrêmement nocives pour la santé et pour l’environnement (rayonnements radioélectriques pour les humains, résidus de mercure dans la nature, etc.) : est-ce que vous n’avez pas comme moi l’impression que cette technologie sert de prétexte ? Que ce n’est là qu’un moyen pour les industriels de s’en mettre plein les fouilles, au dépend du portefeuille des consommateurs, mais également de la santé de la population et de l’environnement qui était le soi-disant argument premier de cette innovation ?
Ce n’est là qu’un exemple d’usage fourvoyé de la technologie, mais ils sont hélas très nombreux et proviennent parfois non pas des industriels ou des politiques peu scrupuleux, mais des utilisateurs eux-mêmes : habituée au gratuit, une part importante des internautes qui téléchargent des films et des mp3 ne comprend pas que c’est au moins moralement répréhensible.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais ?
Stoeffler :
C’est lorsque je faisais encore mes études qu’on m’a parlé de la loi de Moore pour la première fois. Pour résumer, elle prédit que Show ▼
J’en viens donc à ma première réflexion sur la technologie, en prenant pour exemple les Smartphones qu’on nous balance à la figure et qu’on nous a vendu comme indispensable à notre quotidien (ce à quoi je reste extrêmement sceptique, je pense plutôt qu’on nous a influencé à les percevoir comme indispensables, mais c’est là un autre débat) : elle est en train de créer un climat antisocial entre les individus.
Un exemple flagrant que je vois de plus en plus dans les cafés, c’est l’attitude des couples; j’ai aperçu il y a peu de temps un homme et sa femme/copine assis l’un en face de l’autre, Smartphone à la main, têtes baissées, concentrés à tapoter de manière frénétique sur leur écran, sans doute soit pour envoyer un message soit pour surfer sur la toile. N’est-ce pas là édifiant ? Autre exemple qui me hérisse le poil : une famille se rend au restaurant avec leurs enfants et pendant la totalité du repas, l’un des chérubins porte un casque et écoute son lecteur mp3 plutôt que de participer à une conversation avec le reste de sa famille… personnellement cela me choque, d’autant plus que cette situation avait l’air d’avoir été parfaitement acceptée par les parents ; on se demande qui blâmer vraiment.
Une autre conséquence de l’évolution des technologies est elle environnementale. Nous avons vu paradoxalement ces dernières années le prix des aliments de première nécessité monter en flèche dans les supermarchés : pain, lait, œuf, lessive ont pris des envolées presque lyriques ! D’un autre coté, les téléviseurs, machines à laver et autres appareils électriques ne cessent de voir leur prix diminuer, ainsi que leur durée de vie ! Deux conséquences terribles à cela : on remplacera sans réfléchir un téléphone un tant soit peu obsolète ou une machine à laver tombée en panne plutôt que de garder un ancien modèle ou de faire réparer l’appareil défectueux. Que va-t’on faire de tous ces déchets qui ont été accumulés ? Un problème grave qui je pense ne sera pas réglé tant que le profit des sociétés passera avant l’intérêt écologique de la planète.
Personnellement, ayant suivi des études scientifiques, je suis pro-technologie, mais quand on voit à quelles absurdités on en est arrivé avec ces deux exemples, on se demande vraiment où cela va nous mener.