Winter’s Bone (Debra Granik, 2010)

Winter’s Bone est un film indépendant (primé à Sundance et aux Golden Globes, mais seulement nominé -4 fois- aux Oscars) dont l’action se passe au fin fond du Missouri (dans les Monts Ozarks) dans un décor assez hallucinant de bicoques délabrées et de carcasses de voitures perdues en pleine forêt. L’histoire est celle de Ree (Jennifer Lawrence), ado de 17 ans qui assume seule l’éducation de ses deux jeunes frères et soeurs, sa mère s’étant plongée dans une sorte d’autisme et son père, qui produisait et vendait sa propre meth ayant été jeté en prison. Celui-ci vient en fait juste d’être libéré sous caution, mais il n’est pas retourné chez lui, et il ne s’est pas non plus présenté au contrôle chez le sheriff. Le problème, c’est que sa caution, c’était la maison familiale, et que s’il reste introuvable, la maison sera saisie, et Ree, sa mère et ses frères et soeurs se retrouveront alors sans toit (comme quoi leur situation pourrie peut quand même encore empirer !) : Ree va donc remuer ciel et terre pour savoir où son père a pu disparaître, avant qu’il soit trop tard.

Si on devait faire la liste de ce qui se passe dans le film, ce serait assez court : en gros, Ree va de voisin en voisin pour essayer de comprendre ce qui s’est passé et retrouver la trace de son père, et elle se heurte à un silence hostile de la part de chaque membre de la « communauté » qu’elle rencontre. Le récit n’est donc pas franchement trépidant, mais la description de ce milieu assez flippant, où tout le monde a plus ou moins des liens de sang avec tout le monde à des kilomètres à la ronde, où tout est délabré et où les gens sont tous aculturés et désoeuvrés, pratiquement des animaux, et s’en sortent « à la démerde », tirant leur nourriture d’une nature pauvre et froide et en grappillant quelques billets (nécessairement issus d’un deal pas net) à droite à gauche, est une première assez originale, et pour tout dire assez marquante.

J’ai beaucoup lu et entendu qu’une des grandes forces du film serait sa description d’une réalité méconnue et étonnante ; personnellement je ne suis pas sûr que la réalisatrice ait réellement eu une visée documentariste en écrivant cette histoire et que la vie dans la forêt des Ozarks ait quoi que ce soit à voir avec cet univers très glauque, mais ça n’enlève rien à la qualité et à la puissance de l’atmosphère de Winter’s Bone. Et pour un petit film où il ne se passe pas grand chose, je pense qu’il m’en restera des images assez longtemps et que je me souviendrai encore dans plusieurs années (et malgré ma mémoire pourrie) de cette ambiance très particulière.

Une réflexion sur “ Winter’s Bone (Debra Granik, 2010) ”

  1. Stoeffler sur

    Vu (j’avais d’ailleur oublie que tu avais dedie un billet a son sujet)!

    Effectivement, je suis d’accord que pour un film ou il ne se passe pas grand’chose, les images et les personnages compensent la ou la lenteur et l’epaisseur du scenario auraient pu pecher.

    On retiendra comme themes principaux la puissance des liens familiaux (meme s’ils ont un code d’honneur douteux), la violence entre les differents protagonistes (surtout pas de pitie pour les femmes!) et un portrait d’une Amerique peu connue.

    Un bon petit film qu’il faut voir si on est pas trop deprime, quoique je l’ai tout de meme trouve charge d’espoir.

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