Yes Man (Peyton Reed, 2009)
Ce film a été précédé d’une campagne marketing un peu originale, avec des tracts apposés en ville et invitant les passants à dire « oui », et à se rendre sur le site « yes-yes-yes.fr » pour en savoir plus. J’avais été intrigué par les prospectus, mais pas assez pour avoir envie d’aller sur le site (je suis pas un pigeon, moi, oh !).
En découvrant ensuite le pot aux roses et en voyant l’affiche du film, j’avais été encore davantage déçu : je ne suis pas franchement un fan de Jim Carrey (le seul film dans lequel il a joué que j’ai aimé étant The Truman Show, pas exactement typique des films de l’acteur (je n’ai pas vu Eternal Sunshine of the Spotless Mind, pour ceux qui se posent la question. Je ne suis pas sûr que j’aimerais pour autant, mais de toutes façons ça n’est pas non plus un film qui mise beaucoup sur les caractéristiques spécifiques du jeu de Carrey (les grimaces, quoi)).
Le titre du film reprend par ailleurs celui d’un groupe d’activistes marrants un peu connu et que j’aime assez, les Yes Men, et le film n’avait l’air d’avoir aucun rapport avec eux, tout en se servant (j’extrapole peut-être un poil, là ! ^_^) de la modeste notoriété du groupe pour booster la sienne.
Bref, rien de tout ça ne m’avait donné l’envie de lire quoi que ce soit sur le film, dont je ne savais pas même de quoi il parlait, et il serait normalement sorti de ma mémoire aussi rapidement que des salles (sans doute plus vite, en fait).
Mais c’était compter sans les circonstances particulières de ce dimanche 25 janvier, où nous avions prévu avec Marion d’aller voir… Slumdog Millionaire (avec un seul ‘n’, notez). Comme nous ne nous étions pas suffisamment pressés, à 17h55 nous étions encore chez nous –ce qui aurait pu passer si la séance avait bien commencé à 17h50 comme Marion croyait l’avoir lu, et non à 17h40 comme il était en fait marqué dans le programme. C’était râpé, donc, et nous avions le choix entre deux options : attendre la prochaine séance en prenant le risque d’avoir la flemme de nous remettre en mode ‘actif’, et de finalement ne pas bouger de la maison ; ou nous rabattre sur un autre film, mais dans ce cas l’heure qu’il était ne nous laissait guère de choix… ce fut donc Yes Man, qui avait deux ‘T’ dans Télérama, quand même… (ça a été littéralement l’argument invoqué par Marion pour me donner envie de voir le film durant la minute de réflexion que nous nous sommes accordés avant de sortir :p )
L’histoire est celle de Clark, un Michel typique, qui ne décroche pas son téléphone quand on l’appelle, et rejette systématiquement toutes les propositions qui lui sont faites, quelles qu’elles soient : enfermé dans une attitude négative, il se cloître chez lui et se contente d’une vie triste, passive et coupée des autres. Pendant cette partie du film, on sourit franchement peu malgré la grosse caricature.
Puis, Clark se rend à une sorte de grande cérémonie mystico-païenne pour le développement personnel, où tous les présents sont de gros « ouisseurs », qui voient le monde avec un œil candide et exalté. Clark accepte de passer un marché avec le grand prêtre de la cérémonie, et s’interdit alors l’utilisation du « Non », assuré que l’ouverture à toutes les opportunités qui se présenteront à lui lui apportera une vie meilleure.
Le reste du film voit donc Clark embrasser d’abord avec frilosité puis avec bonheur toutes les occasions qui s’offrent à lui, redevenir quelqu’un de positif, ouvert et joyeux, ce qui lui permet de regagner l’amitié de ses proches, des opportunités d’évolution dans son travail, l’amour… avant que son optimisme forcené ne finisse par lui jouer des tours.
Clark apprend toutefois sur la fin de son aventure que tout ça n’a rien de magique et qu’il suffit d’être ouvert (aux autres, à l’imprévu…) pour ne pas passer à côté de sa vie.
La morale finale, même si elle peut paraître simpliste, me parle et me plaît, et voir ce film m’a fait passer un moment agréable ; au-delà des gags (souvent réussis), du jeu des acteurs (sympathiques et attachants, avec une mention spéciale pour Zooey Deschanel, que son rôle d’anticonformiste et sa voix de gorge rendent très charmante malgré une plastique passe-partout), j’en suis ressorti avec un bon moral du fait de l’optimisme-même du film.
J’ai quand même trouvé la fin décevante, la morale de l’histoire étant assénée de façon lourde et pas appropriée à mon sens (ce n’est pas un excès d’optimisme qui tourne mal qui permet à Clark de comprendre qu’il faut savoir rester raisonnable, mais la conclusion d’une nouvelle série de catastrophes qui lui arrivent après qu’il ait dit « Non » (séquence qui suggère qu’il y a effectivement quelque chose de surnaturel derrière tout ça) qui fait que le gourou du groupe vient lui annoncer textuellement que son « pacte » n’avait pour but que d’être un déclencheur pour le tirer de son enfermement ; conclusion qui contredit complètement les scènes de « grand-messe » du groupe des « ouiistes », qui sont clairement ridiculisés par leur candeur excessive virant à la stupidité).
Enfin, donc, à part pour le début et la fin, un film sympa et léger, à voir quand on a besoin d’un coup de boost au moral. Un film de crise, quoi !
Note: les musiques du film ont été écrites par Eels; un bon point supplémentaire pour rendre ce film sympathique et dissimuler un peu son étiquette de blockbuster ;)