Barcelone, le 3ème jour
Notre programme du 3ème et dernier jour était moins serré que les deux précédents et comprenait principalement des visites en extérieur dans des lieux excentrés, et notamment les parcs Guell et Montjuic, ainsi que Tidibado.
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A propos de jour, saviez-vous que jusqu’en 2004, la loi française imposait aux femmes divorcées et aux veuves un délai de 300 jours avant de se remarier ? Ce délai, qui correspond au temps nécessaire à une grossesse, avait été instauré afin d’être sûr que la femme ne soit pas enceinte de son ancien époux…
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Dès la sortie, après le petit-déjeuner habituel, gargantuesque, nous fûmes surpris du nombre de barcelonais habillés en maillot de foot, et je me souvenais alors que Julien m’avait prévenu qu’un match important se jouait ce soir-là, au stade même auquel nous nous étions rendus l’avant-veille pour lui acheter son maillot. Je ne suis pas fan de foot, et la perspective d’une dernière soirée à Barcelone gâchée par des hordes d’hooligans déchaînés n’était pas pour m’enchanter.
Mais nous étions encore le matin, et nous nous mîmes donc en route.
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Le parc Guel (qui faillit s’appeler Park Guell : en effet, à l’origine, ce ne devait pas être un parc, mais une véritable petite ville construite dans le style anglais ; faute de moyens, Gaudi ne fit construire « que » le parc et deux maisons à l’une de ses entrées).
Le parc, donc, est l’un des lieux les plus visités de Barcelone, et il est vrai qu’il est très agréable : j’aurai aimé y passer plus de temps. Pour l’anecdote, nous sommes tombés par hasard sur une sculpture géante, une sorte d’arche à colonages représentant des arbres sous laquelle nous avons pus chercher un peu d’ombre. Un duo de guitariste y jouait une interprétation assez libre de « Commandante Che Guevara », et nous sommes restés quelques minutes à profiter du tube revisité tout en profitant du petit air frais. Près d’une heure après, comme nous repassions par cet endroit, les deux musiciens jouaient le même morceau, dans une nouvelle version inédite… de vrais spécialistes !!
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Savez-vous d’ailleurs d’où vient le surnom d’Ernesto « Che » Guevara ? Le « che » argentin, qui signifie plus ou moins « mec », est un tic de langage similaire au « quoi » en fin de phrase souvent usité en France. A cause d’une manie de ponctuer ses phrases par des « che » à tout bout de champ, les compagnons d’armes surnommèrent ainsi celui qui devint le leader que l’on sait.
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J’ai particulièrement apprécié l’entrée principale du parc, qui comprend quelques sculptures et une grande place surplombant une vaste cour surnommée « salle des 100 colonnes ».
La place, tout d’abord, est remarquable en ce sens qu’elle est délimitée par un banc d’un seul tenant, en ciment joliment décoré avec des céramiques, blanches au niveau de l’assise et colorées sur le dossier : ce banc représente un serpent de 150 mètres de long sur lequel on s’assoit et qui ondule en petites cavités, à l’intérieur ou aux extrémités desquelles on s’assoit seul ou en groupe. On peut donc se faire face tout en restant ouvert sur l’activité frénétique de la place.
Il y avait de jour-là une forte affluence, les touristes à la queue-leu-leu pour prendre les mêmes photos, les vendeurs à la sauvette pour refourguer les mêmes sacs en faux-cuir-vrai-skaï, ceintures et portefeuilles, les mêmes imitateurs d’oiseau vendant les mêmes appeaux…
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Saviez-vous d’ailleurs, que l’expression « à la queue leu-leu » est directement issue de l’ancien français ?
Après le XIe siècle, on pouvait se passer d’article, écrire un complément de nom sans préposition ou rejeter le verbe en fin de proposition. Ainsi le nom du village de Bourg-la-Reine n’avait rien à voir avec les frasques sexuelles du roi, mais signifiait simplement « le bourg de la reine ».
« A la queue leu-leu » était un raccourci de « à la queue (du) leu (le) leu » ou, en moins compact encore, « c’est à la queue d’un leu qu’on trouve un autre leu » et provient de l’habitude des bandes de loups de se déplacer en file indienne, c’est-à-dire les uns derrière les autres, donc chaque loup derrière la queue du congénère qui le précède.
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Sous la place se trouve donc une salle, appelée « Salle des 100 Colonnes », bien que n’en comprenant que 84, qui devait à l’origine abriter un marché couvert. Les colonnes n’étant pas toutes verticales, certains angles de vue étaient assez curieux, et nous sommes restés quelques minutes à écouter un artiste de rue jouer du hang.
J’ai vraiment bien apprécié la musicalité de cet instrument à percussion, et j’ai donc attendu une pause de l’artiste pour lui poser quelques questions ; il s’est malheureusement trouvé qu’il était suédois et la discussion, en spanglais approximatif des deux côtés, a été quelque peu laborieuse…
Le hang ressemble à deux assiettes creuses métalliques qui auraient été mises l’une sur l’autre, côtés bombés vers l’extérieur. En calant l’instrument sur ses genoux, par simples frappes du bout des doigts et de la paume des mains, l’artiste arrive à produire des sons très différents et à mon sens, harmonieux.
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Saviez-vous d’ailleurs que le didgeridoo est un cuivre alors qu’il est fait en bois et que le saxophone est un bois, même s’il est en laiton et ressemble à un cuivre ?
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Au retour de notre séjour, j’ai fait des recherches sur le hang, imaginant peut-être même d’en acheter un ; j’ai été surpris d’apprendre, déjà, que le hang est une invention suisse. Et j’ai été déçu de lire de multiples posts sur des forums spécialisés qu’il est pratiquement impossible de se procurer cet instrument : outre son prix exorbitant (1000 € environ), la production de hang est l’exclusivité d’un unique atelier situé, donc, en Suisse, et qu’il faut pour pouvoir en acheter un se rendre sur place, prouver sa motivation, expliquer son projet musical, etc. Certains acheteurs potentiels ont fait le pied-de-grue devant l’atelier, ont fourni une lettre de motivation, discuté avec le concepteur sur place, etc, parfois pour rien. Suuuuper.
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Après la visite du Parc Guell, nous nous sommes dirigés vers la Zona Alta de Barcelone (dont le nom est tout de même réellement moche), et plus particulièrement vers Tibidabo. Une partie du trajet s’effectue en partie dans un funiculaire à flanc de montagne qui offre une vue sur la ville assez sympa, et le panorama lorsqu’on arrive est tout à fait impressionnant.
Le site est très particulier ; situé au sommet d’une montagne en périphérie de la ville, le plateau de Tibidabo est relativement restreint, et composé de deux curiosités, d’autant plus étranges qu’elles sont situées juste à côté l’une de l’autre.
Dès la descente du funiculaire, on arrive sur une petite place dallée et toute proprette, à la Disney, servant justement d’accès à un parc d’attraction miniature. Ce parc, plutôt destiné aux enfants, est particulier car il s’agit d’un parc « à l’ancienne », avec des jeux en bois et des attractions semblant avoir été construites au début du siècle dernier. Amateurs de sensations fortes, montagnes russes, de néons et de musiques criardes, passez votre chemin (mais en partant, prenez donc une sucette et un serpentin !).
Même si l’endroit a donné lieu à de nombreuses photos, nous ne sommes pas restés très longtemps, et nous sommes donc retournés sur la place. Face à nous, hem… Comment décrire cette construction ? Imaginez une église, classique même si un peu pas mal kitch; sur cette église, à la place de la nef et des pointes, qui auraient été rasées, on aurait construit une basilique, au moins aussi imposante… Ça donne un ensemble baroque et à mon sens particulièrement moche, voir ici (photo grand angle), ou là (photo perso). L’intérieur (les intérieurs ?) n’était pas non plus inoubliable : ha, si, peut-être, ce petit jésus clignotant… Non, vraiment, nous ne nous sommes pas éternisés sur place.
Et pas même un livre d’or : la mi-sè-re (heureusement, nous avions déjà accompli la BA de notre séjour ! A la Casa Battlo, d’ailleurs : admirez les arabesques !).
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Sur le chemin du retour, j’ai eu une discussion assez intéressante avec un conducteur de bus (moi, j’aime bien parler avec les gens ^^), sur un truc qui ne cessait pas de nous étonner Céline et moi : un peu partout dans Barcelone, des affiches ou des draps peints de slogans sont suspendus aux balcons, protestant contre tel ou tel projet de construction ou d’aménagement des quartiers. Depuis quand est-ce que ce genre de protestation sert à quelque chose ? Et bien, à Barcelone, si c’est tellement utilisé, c’est parce que, parfois, ça marche : plusieurs projets qui déplaisaient à la population ont ainsi été remis à plus tard ou annulés, les politiques prenant en compte l’hostilité de leurs électeurs (de leur électeurs à balcons, devrait-on dire).
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Durant un rapide tour aux Ramblas (et notre dernier Whooper), nous avons croisé plus de supporters de foot que de civils, mais j’ai été rassuré par l’ambiance générale, qui était plutôt très bon enfant. Un groupe de supporters de l’équipe adverse (maillots, bières et voix haut perchées), a par exemple tenté une approche sur une barcelonaise plutôt mimi : elle les a envoyé chier avec le sourire, en leur disant de revenir lui parler quand ils auraient changé de maillot :)
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Nous avons fini la journée par la découverte du parc de Montjuic, en fait un immense agglomérat de parcs débutant juste derrière le musée d’archéologie de Barcelone, là-même où nous avions assisté au très sympathique spectacles des fontaines magiques le premier jour (souvenez-vous…). Nous étions un peu fatigués et ne savions pas précisément où aller, et nous avons donc un peu suivi notre instinct et les directions aléatoires données par les gens rencontrés. Dans le bus que nous avons emprunté pour gravir la montagne de Montjuic, j’ai assisté, aux première loges, au second accident de la route en 3 jours : le premier, la veille, n’était qu’un simple accrochage sans gravité ; celui-ci fut un peu plus spectaculaire : le car a fait voler à 15 mètres un scooter qui était garé sur le côté de la rue, le réduisant en miettes. Nous, on a ressenti un minuscule « poc » 8-)
La promenade à Montjuic nous a bien plu : on a pu voir de belles fleurs, entrapercevoir quelques perroquets, découvrir les fontaines magiques -inactives en cette fin d’après-midi- d’en haut ; on a également visité rapidement la cité olympique, Barcelone ayant accueilli les Jeux en 1992. Nous avons également eu le plaisir de croiser un vieux pépé, intégralement nu et tatoué.
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Après une sieste bien méritée à l’hôtel, nous sommes ressortis dîner en ville, qui était alors en effervescence : Barcelone avait gagné le match, plusieurs rues étaient bloquées, les gens chantaient et criaient, s’invitaient à boire, etc etc.
Très très bonne ambiance ce soir-là aux Ramblas, envahies de supporters euphoriques, et, disons-le, nettement plus sympathiques que ce que je peux en savoir des supporters parisiens…
Nous avons trouvé un petit troquet conseillé par le guide ; comme partout dans le centre-ville, ce dernier était rempli de supporters venus chanter leur joie et sonner dans leurs cornes de brume, et c’est dans une ambiance survoltée que nous avons demandé au serveur, comme les jours précédents, de nous faire un mix de tapas. Et encore une fois nous n’avons pas été déçus :-)
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Un peu moins de 4 heures plus tard, nous prenions le bus de nuit pour l’aéroport, l’avion pour Paris et le périphérique pour nos boulots respectifs.
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Nous avons vraiment bien apprécié notre trop court séjour à Barcelone : très peu de déception, et beaucoup de bonnes surprises. Un ou deux jours de plus nous auraient permis de découvrir certains quartiers de la ville que nous n’avons même pas approché (ce bâtiment très souvent représenté doit valoir le déplacement, par exemple), et de goûter à plus de tapas, mais je sais que nous y retournerons un jour :-)
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870 photos de plus, qui restent à trier, recadrer, retoucher…