D’un retournement l’autre (Frédéric Lordon, 2011)

J’écoutais l’autre jour une intervention de Frédéric Lordon lors d’un rassemblement organisé en juin 2016 par les commissions « Europe » et « Économie politique » du mouvement « Nuit Debout », quand Marion m’a ingénument demandé : « Qui c’est, Frédéric Lordon ? ».

La question m’a un peu surpris, parce que je pensais que Frédéric Lordon (économiste et sociologue, directeur de recherche au CNRS, membre des Économistes atterrés, contributeur régulier du mensuel Le Monde Diplomatique, auteur du blog La pompe à phynance et participant actif du mouvement « Nuit Debout » où il a effectué quelques prises de paroles remarquées) était relativement bien connu des gens qui s’estiment socialistes authentiquement de gauche.
Elle m’a donné envie en tout cas de reprendre ce billet commencé il y a plus de 3 ans (en 2013) sur un texte assez épatant écrit par Frédéric Lordon, D’un retournement l’autre (Seuil, 2011), sur la crise financière de 2008 – ses origines, la façon dont elle a été gérée, et les conséquences logiques qui en ont découlé. Bien que les écrits de Frédéric Lordon soient habituellement réputés assez ardus, ce texte original par sa forme (il a été écrit en 4 actes et en alexandrins, pour être joué au théâtre) réussit à être à la fois limpide, drôle, désespérant et révoltant par ce qu’il décrit de la folie du système, l’avidité décomplexée des banquiers et l’asservissement aveugle des politiques à la logique de cet ennemi, la finance (pour l’anecdote, il a également fait l’objet d’une adaptation pour le cinéma).

C’est donc l’histoire, en 4 actes, de la façon dont les banques ont transformé une crise privée née de leur mauvaise gestion en une crise publique dont tous les peuples doivent désormais assumer les conséquences à leur place. C’est romancé, mais sur le fond, c’est réellement ce qui s’est passé, et personnellement, je n’imagine pas qu’on puisse ressortir de cette démonstration sans être salement remonté contre ceux qui sont responsables de tout ça (et là je ne parle pas d’individus, mais de classes). C’est d’ailleurs l’un des objectifs de Lordon, qui constate que les idées, mêmes bonnes, ne suffisent pas à changer les esprits, mais considère qu’une œuvre artistique peut provoquer l’émotion qui entraînera l’évolution… et pourquoi pas, la révolution.

Comme le récit est édifiant, je vous propose de vous en faire très simplement un résumé scène par scène, le tout illustré de quelques citations des passages qui m’ont le plus plu, pour leur forme ou leur fond (souvent les deux). Si vous n’avez rien compris à la crise de 2008, ça c’est passé comme ça :

Acte I :

Scène I :

Les banquiers découvrent la crise des subprimes : eux qui savaient pertinemment que les titres qu’ils vendaient à leurs clients étaient vérolés n’ont pas réalisé qu’emportés par leur avidité ils s’en sont quand même gavés pour augmenter leurs profits. Ils se rendent compte qu’au moment où les emprunteurs insolvables commencent à ne plus pouvoir rembourser, eux aussi se retrouvent avec des milliards de crédits pourris dans leurs livres, qui vont devenir autant de pertes et menacer d’effondrement tout le système bancaire.

Scène 2 :

Épaulés par les médias, les banquiers chargent un bouc émissaire : le trader, pour faire passer la crise systémique pour une faute individuelle.
Dans la bouche des banquiers, s’adressant aux pouvoirs publics :
« La finance est en soi une chose très belle ;
Vous êtes la victime de forfaits criminels.
Le système est parfait, sauf quelques malfaisants,
Il faut les écarter, jusqu’à l’enfermement.
Ainsi est rétablie l’harmonie virginale,
Union du sain marché et du bon capital. »

Scène 3 :

Les banquiers n’ont plus confiance les uns en les autres. Connaissant pertinemment leur propre faiblesse, ils savent que leurs confrères sont aussi chancelants qu’eux : c’est la crise du crédit, plus personne ne prête à personne. Or, cet arrêt des affaires est ce qui condamne encore plus sûrement les banques à leur perte.
Écoutons les banquiers à nouveau, cette fois dans l’entre-soi, et cessant donc de pipeauter leur public pour évoquer la situation avec lucidité :
« Pour chacun d’entre nous, il est très rationnel
De cesser de prêter car l’argent infidèle
Menace de filer quand le débiteur coule.
Voilà donc que chacun contribue à la houle,
Cette vague qui enfle et va nous chavirer :
Elle vient de nous tous, tous nous l’avons créée.
Or nous pourrions avoir la cruelle illusion
Que le salut ne tient qu’à nos propres actions :
Ne suffirait-il pas de nous faire crédit,
Pour ainsi de concert faire notre survie ?
Mais chacun prisonnier de son seul intérêt
Est frappé de terreur et retient tous ses prêts.
Croyant lors nous sauver individuellement,
Nous faisons notre ruine collectivement. »

Acte II :

Scène 1 :

L’écho de la crise américaine atteint la France -où l’on considère encore que le crédit à tout prix est une idée géniale- l’État découvre à son tour le problème.
« Il reste que la chose est chez eux en vigueur
Et tout nous porte à croire qu’elle fait leur malheur.
Le problème sans doute vient de l’exécution
Puisque l’idée défie toute contestation,
Et tel est le mystère, qu’assurément sans vice,
L’idée était géniale… mais tourne au maléfice. »

Scène 2 :

Les banquiers viennent trouver le chef de l’État pour l’appeler à la rescousse, avec un argument de poids, mais qui ne fait que redoubler le poids de leur faute : si les banques s’effondrent, c’est l’argent de tout le monde, État et particuliers, qui va disparaître.
« Disparition brutale des moyens de paiement,
Toute l’économie prend un tour amusant :
Retour au jardinet ou bien à la cueillette,
Vivent les joies du troc, et celles de la diète…
(…)
En tous cas, mes bravos, magnifique avancée,
Le retour à la terre, il fallait y penser !
Est-ce cela qu’on nomme « Nouvelle Économie ? »
N’hésitez surtout pas, développez, je vous prie.
En revenir au foin ou bien à la luzerne,
Quel audacieux projet, et du dernier moderne,
Cette modernité dont vous étiez si fiers –
Quand vous nous ramenez droit à l’âge de pierre. »

Scène 3 :

L’État est décidé à intervenir pour sauver les banques -et lui-même dans la foulée- mais sur le seul principe que le marché est indispensable à l’économie et qu’il ne faut rien changer à la façon dont il fonctionne, c’est à dire sans sanction ni contrepartie, et surtout sans remettre en cause le libéralisme : le meilleur moyen de faire en sorte que le phénomène se reproduise ensuite.
L’un des conseillers du Président, incarnation de la voix de la raison (celle de Lordon ?), tente d’alerter sur ce danger :
« Considérez de près ce que vous allez faire :
Car gratis pro deo, vous sauvez les bancaires,
Mais sans contrepartie, sans la moindre exigence,
Que fera d’après vous cette maudite engeance ?
Supposé un merci, elle repartira,
Et tourne le manège une nouvelle fois,
Jusqu’au prochain désastre puisqu’elle sait l’adresse
Où faire rattraper ses indélicatesses.
(…)
Monsieur le président, les banquiers ont compris
Qu’il nous est interdit de les laisser faillis.
Craignez donc qu’ils ne prennent la sinistre habitude
De nous faire payer leurs propres turpitudes.
(…)
Toujours aussi prudents nos chers économistes,
Craignant le dérapage et la sortie de piste,
Ont trouvé le doux mot de l' »aléa moral »
Pour du capitalisme ne dire aucun mal.
Ces gens-là très polis et très bien éduqués,
Ne font qu’euphémiser les tares du marché.
(…)
Cette fois-là encore, le risque sera vrai,
Et l’État à nouveau en sera pour ses frais.
Cette corporation est devenue experte
A garder les profits pour nous laisser les pertes. »

Pour le conseiller / Frédéric Lordon, la nationalisation est la réponse la plus évidente et naturelle à la situation : c’est une sanction pour les fautifs, et on ne peut pas décemment imaginer que le public fasse pire que le privé vu où le privé a conduit l’économie :
« Le marché n’a été déclaré supérieur
Que par un postulat dont toute la valeur
Vient de tomber en cendres, aux bons soins de la banque.
Mais les idéologues ne sont jamais en manque,
Et toujours, quoi qu’il fasse, ils diront du marché
Non pas qu’il y en a trop : qu’il n’y en a pas assez !
De l’État sur les banques, vous refusez l’empire ?
Ayant vu ce que le privé vient d’accomplir,
Que peut vous retenir d’entrer au capital ?
Comparé à ces buses, peut-on faire plus mal ?
(…)
En attendant partant avec vos larges dons,
Les voilà du marché ignorant la sanction.
Actons que leur faillite est vraiment impossible :
Que pourrait être une punition admissible ?
Sauf à leur accorder de fait l’immunité,
Je n’en vois pas d’autre que nationaliser.
(…)
La puissance publique a des droits légitimes,
Si c’est elle qui paye, elle a le mot ultime. »

Acte III

Scène 1 :

Six mois plus tard, les choses vont beaucoup mieux pour les banquiers, mais l’économie reste dans le marasme, les banques restant frileuses sur les crédits aux entreprises mais pouvant à nouveau se gorger de profits à la Bourse.
Le conseiller s’en indigne :
« Ne voyez-vous donc plus, aveuglés que vous êtes,
Le spectacle affolant, l’impression que vous faites ?
Vous élisez l’abus comme nouvelle norme,
L’opinion est choquée, le scandale est énorme.
Par vos comportements tous plus inadmissibles
Vous faites enrager les gens les plus paisibles.
Avez-vous conscience de l’effet que produit
Le secours empoché mais sans contrepartie ? »

Scène 2 :

Et pourtant, en dépit de leur comportement et de la façon dont ils mettent toute l’économie en danger pour servir leurs seuls intérêts, ce sont les banquiers qui gardent l’oreille de l’État, à qui ils recommandent de ne surtout rien changer au système ; la régulation ne ferait qu’entraver le bon fonctionnement du marché, système parfait qui ne connaît que de petites crises cycliques : la solution, c’est simplement de faire appel à la moralisation des banquiers, qui se feront un devoir de remplir leur fonction en respectant la vertu…
Les banquiers :
« Le marché, de la crise, doit sortir raffermi.
Certes il connaît parfois quelques péripéties,
Mais toute la nature est sujette à des cycles,
Il n’y a pas là de quoi édicter des articles.
Qui voudrait s’opposer au retour des saisons,
Empêcher des planètes la révolution ?
Aux marchés nous devons ce genre de sagesse,
A ses fluctuations il faut que l’on acquiesce.
Réguler, c’est contrarier l’ordre naturel
Dont tout l’agencement est si providentiel.
Certes ses variations parfois nous déconcertent,
Il faut les accepter et qu’elles soient souffertes,
Car c’est fort peu de chose, j’ose dire presque rien
Comparé aux merveilles, aux innombrables biens
Que le marché dispense par ailleurs sans compter.
C’est cela, Votre Altesse, qu’il nous faut préserver. »

Acte IV

Scène 1 :

La crise financière (celle des banques) a conduit à la crise économique (celle de la société dans son ensemble).
Les banquiers se dédouanent de toute responsabilité, blâmant la gestion de l’État pour seule cause du creusement de son déficit. Et le pire, bien sûr, c’est que c’est aussi l’opinion de la plupart des spectateurs de la crise, qui ne font pas le lien entre les deux.
Le conseiller / Lordon tente de le rappeler :
« La crise en fait est double : dissocier ses parties
Est la plus frauduleuse des hypocrisies,
Comme si le séisme avait eu le bon goût
De s’arrêter aux banques et puis plus rien du tout !
Qu’il fallût les sauver leur paraissait moderne,
Mais la suite, à les croire, en rien ne les concerne.
Des effets jusqu’aux causes, il suffit cependant
De remonter la chaîne pour voir évidemment
Que la récession suit de l’arrêt du crédit,
Et l’arrêt du crédit des banquiers déconfits,
Que leur déconfiture est le fait de leurs fautes,
Et leur implication on ne pourrait plus haute.
(…)
Coupée de ses vraies causes, la crise de l’État
Apparaît autonome, un comment sans pourquoi,
A part comme toujours l’usuelle imputation
Qui condamne l’État à la divagation :
L’impécuniosité entre dans son essence
Répètent ceux-là même qui ont l’outrecuidance
De le vilipender, sauf quand leurs turpitudes
Les poussent à quérir toute sollicitude.
Ne pas incriminer les vrais fauteurs de crise
C’est donc vous exposer à toutes les méprises,
A commencer par celle qui jettera l’opprobre
Sur l’État réputé inapte à être sobre.
Tour extraordinaire, suprême habileté,
La crise financière se fait donc oublier,
Et de crise privée se fait crise publique…
Subtil escamotage, chiasme machiavélique,
Le monde est abusé et n’y voit que du feu,
L’État isolément devient le seul enjeu.
(…)
« L’État est le problème », c’est ce que tous crieront,
Et savez-vous le pire : les banquiers s’y joindront. »
(c’est moi qui souligne ; je trouve ces vers effroyables de lucidité)

Scène 2 :

Et les banquiers de rejeter effectivement sur l’Etat (qui vient de les sauver de leur propre faute) la responsabilité de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve du fait de ce sauvetage :
« L’État doit se reprendre, il doit se réformer.
La situation est grave, elle peut basculer.
Les marchés sont inquiets, et légitimement :
De votre dette ils redoutent l’emballement,
Ils craignent de vous voir devenir insolvable,
Et que votre défaut, autrefois improbable,
Détruise ce qu’en vous ils avaient de confiance.
Or que font les marchés en telle circonstance ?
Ayant peur que leurs gains un défaut leur confisque,
Ils bazardent vos titres, abandonnent vos risques,
Les cours chutant font monter les taux d’intérêt,
De là le poids accru que prennent tous vos prêts. »

Et les gouvernants de leur emboiter le pas, adoptant la logique de leurs bourreaux comme la seule imaginable :
« Je vois monter le coût de nos fonds empruntés,
Et le cercle vicieux s’auto-alimenter :
Plus notre dette monte, plus les marchés s’inquiètent,
Plus les marchés s’inquiètent, et plus cher ils nous prêtent,
Plus cher nous leur payons, plus nos dépenses croissent,
De sorte qu’à la fin les déficits s’entassent.
Ce système est pervers et, perfidie suprême,
La dette toute seule s’y fait croître elle-même. »
(…)
« Partout les mêmes causes, donc les mêmes effets,
Partout le lancinant problème des budgets.
Les dettes souveraines sont toutes attaquées,
Tous à la même urgence nous sommes confrontés.
Regagner la confiance de nos investisseurs
Nous oblige uniment à la même rigueur.
(…)
Nous devons déférer aux lois de l’univers,
Et c’est pourquoi je dis la rigueur nécessaire. »

Scène 3 :

Dans un dernier discours emporté, le conseiller / Lordon s’insurge contre l’absurdité de la situation et, au-delà du gouvernement fantoche de la fiction auquel le personnage s’adresse, appelle le lecteur à la mobilisation :
«  »Le peuple souffrira mais le marché le veut » :
Mais comment pouvez-vous vous soumettre à ce jeu ?
Demandez-vous messieurs, pour qui vous gouvernez,
A qui le politique a-t-il à s’adresser ?
Est-ce à des créanciers ou à ses citoyens ?
Où sont ses vrais devoirs, à qui doit-il le bien ?
J’ai peur à vous entendre que, sens dessus dessous,
Vos esprits, vos idées, désormais se dévouent
A ignorer le peuple et servir la finance
-Et du contrat social à faire déchéance.
(…)
Vous ne gouvernez plus pour le corps citoyen,
Et vous avez cessé d’être républicains ;
Car l’unique devoir que vous reconnaissez
Ne va plus qu’à ceux-là qu’on nomme créanciers.
« Si j’ai du déficit, où irai-je emprunter ?
Qui pourra me prêter à part, oui, les marchés ?
Et si je dépends d’eux, comment pourrai-je faire
Pour de leurs exigences parvenir à m’abstraire ? »
Se passer du marché est sorti du pensable,
Comme si leur présence était indépassable.
Il est temps de tomber l’interdit de penser,
Rouvrir la réflexion pour fermer les marchés.
(…)
D’abord mobiliser l’épargne nationale,
Et puis reprise en main de la Banque centrale.
Faire acheter la dette par tous nos épargnants
Est d’abord pour eux-mêmes un investissement,
Mais c’est aussi pour vous de la tranquillité ;
Circonvenant ainsi l’empire des marchés
Vous êtes affranchis de toutes leurs foucades,
De leurs diktats ineptes, enfin de leurs brimades.
(…)
Et la Banque centrale ? Ne pourrait-elle faire
Une ou deux autres choses que sauver les bancaires ?
Et notamment ceci : refinancer l’État,
Lui ouvrir les crédits, et aux taux les plus bas.
(…)
Vous souvient-il monsieur, que pour sauver les banques
Il a fallu tout faire, que surtout rien ne manque.
Se ruant auprès de l’institut monétaire,
Qui est un peu pour elles comme une bonne mère,
Elles en ont tiré cette orgie de crédit,
Volume illimité et surtout prix d’ami,
Presque zéro pour cent, on n’est pas plus aimable
Avecque des fauteurs, avecque les coupables.
Or voilà que l’État, dont la dette publique
Qui n’est que de la crise le contrecoup logique,
N’aura droit à aucune de ces facilités :
Le pelé, le galeux, ira sur le marché
Payer du cinq pour cent quand ce n’est pas du dix,
Pour, du tas de la crise, déblayer l’immondice.
(…)
Voulez-vous à son comble porter l’ironie :
Demandez-vous pourquoi la banque resplendit.
C’est que vos chers amis qui empruntent gratis
Vous reprêtent aussitôt, délicieuse malice,
A ces taux usuraires qui font les belles marges. »
(…)
« C’est votre sorte de péché originel
De n’avoir pas voulu briser la citadelle.
Il fallait l’investir quand elle était en flammes,
Elle était désarmée, au bout de votre lame,
Quémandant le secours, en haillons, lamentable,
Sans discussion possible avérée responsable.
Vous pouviez en faire tout ce que vous vouliez,
Qu’avez-vous fait de cette possibilité ? »

Toutes les citations sont extraites du livre « D’un retournement l’autre », de Frédéric Lordon, paru chez Seuil en 2011 (ISBN 978.2.02.104577.2).
J’espère que ce billet vous aura donné envie d’en lire plus, et je vous en recommande chaudement la lecture complète.

3 réflexions sur “ D’un retournement l’autre (Frédéric Lordon, 2011) ”

  1. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Bon ben je cherchais un bouquin a lire – faudra preter si possible :D

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