La Stratégie Ender (Scott Orson Card)

C’est un concours de circonstances assez improbable qui m’a fait m’intéresser au roman La stratégie Ender.

L’affiche du film

D’abord, il y a eu cette affiche énigmatique avec ce titre bizarre, annonçant la sortie d’un film qui a ma connaissance n’est resté qu’une semaine en salles ; cette affiche m’a fait me demander ce qu’était ce film, et la réponse m’a été donnée par un blog rigolo que je lis régulièrement et dont je vous ai déjà parlé ici, Chez la Dame, révélant qu’il s’agissait de l’adaptation d’un très bon livre de l’écrivain américain Scott Orson Card. Or, j’avais déjà lu de cet auteur, il y a des années de ça, Le Septième Fils, premier tome vraiment bien d’un cycle (Les Chroniques d’Alvin le Faiseur) qui ensuite l’était beaucoup moins. J’avais donc un avis mitigé sur l’auteur, le sachant capable de très bonnes choses, mais aussi de moins bonnes ; comme il y a déjà des tas de bouquins que j’aimerais lire mais que je manque de temps pour le faire, je n’aurais pas été jusqu’à acheter le bouquin sur cette seule base. MAIS il y a eu ce fameux déménagement de ma boite qui en doublant mon temps de transport me donne pleeeein d’occasions de lire, et ce cadeau fait par des amis, d’une liseuse Kobo Aura HD, qui -on aura beau dire- rend quand même la lecture vachement plus pratique. Bref : La stratégie Ender de Scott Orson Card était dans la bibliothèque qu’un autre ami (enfin, une connaissance, plutôt) m’a généreusement installé sur ma liseuse, et lorsqu’il s’est agi de me choisir un nouveau livre à lire après Les Aventures de Dunk & Egg, je me suis dit : « pourquoi pas » ?
Et devinez quoi ? Ça valait le coup.

L’une des couvertures du livre en français

Le début du livre nous fait découvrir une Terre du futur dans laquelle les couples humains ne sont pas autorisés à avoir davantage que deux enfants. Or le personnage central de l’histoire, Andrew Wiggin, est le troisième enfant de sa famille : il a été autorisé parce que les autorités ont mené des expériences sur son frère, jugé trop cruel, puis sur sa sœur, jugée trop douce, et qu’il est espéré que lui aura le tempérament intermédiaire tout en ayant le potentiel intellectuel hors du commun qui a été repéré chez ses deux aînés.
Bien qu’âgé de seulement 6 ans, Andrew -surnommé Ender- est autorisé à rejoindre l’Ecole Militaire, une station orbitale sur laquelle les enfants de la Terre sont formés à devenir les officiers et les pilotes d’une armée destinée à protéger les humains d’une invasion d’extraterrestres -les doryphores- qui ont semé une première fois la désolation sur la Terre il y a de cela des dizaines d’années.
On comprend progressivement que la gravité de la menace a conduit tous les pays à oublier les conflits territoriaux et les rivalités politiques à l’échelle des nations, pour se rassembler sous la bannière d’un gouvernement mondial, s’unissant pour espérer pouvoir faire face à la menace que tous redoutent : une nouvelle attaque, inévitable et apparemment imminente, des doryphores.
Après tout le temps perdu à essayer d’identifier le potentiel futur général capable de conduire les armées terriennes, Ender apparaît aux yeux des autorités militaires comme la dernière tentative possible pour former le commandant qui sera capable de faire triompher les humains avant l’échéance implacable qui s’approche -mais naturellement, compte tenu de la situation et des méthodes incertaines qui ont permis de désigner Ender -à six ans !- comme un candidat potentiel, tous se demandent si cet enfant est vraiment le stratège providentiel dont la Terre a désespérément besoin.

La bande dessinée tirée du roman

J’ai trouvé peu engageante la façon abrupte et initialement obscure dont l’état du monde est présenté dans un premier temps, et le choix d’un personnage central âgé de six ans n’aide pas trop à s’identifier à lui -d’autant que l’auteur ne s’essaye pas non plus à rendre ses personnages attachants, insistant plutôt sur la froideur des relations entre les jeunes élèves de l’Ecole Militaire, la compétition permanente instaurée entre eux, et la pression que subissent ceux qui sortent du lot. Détesté par les autres enfants et adolescents pour sa capacité à les surclasser en dépit de son très jeune âge, Ender est par ailleurs soumis à une pression de plus en plus dure de la part des adultes qui gèrent l’Ecole, pour lui permettre de faire la preuve de sa capacité à surmonter l’insurmontable et à triompher dans les conditions les plus improbables -qualités qui seront nécessaires au futur général des armées terriennes faces à des  extraterrestres plus nombreux et à la technologie supérieure.

L’essentiel du récit tourne autour de la formation que suit Ender, des combats qui se livrent en apesanteur dans les salles d’entraînement entre les équipes d’adolescents, et de la façon dont Ender parvient coûte que coûte à triompher en dépit des conditions de plus en plus injustes qui lui sont opposées. Pour qui a l’esprit de compétition et/ou celui de vengeance, ce long parcours est assez prenant ; mais c’est aussi le récit de l’isolement et de la pression imposés à ce pré-adolescent -et qu’il s’impose à lui-même pour survivre à l’environnement hostile dans lequel il se trouve plongé : une histoire assez dure et éprouvante, qui culmine avec l’épuisement dans lequel Ender se trouve plongé lors des épreuves finales qui sont censées le couronner, et que Card parvient bien à communiquer à son lecteur : le héros n’en peut plus, et nous non plus.

C’est la fin de l’histoire… mais pas celle du livre, et c’est un peu bizarre.
Il y a eu en parallèle des épreuves vécues par Ender quelques chapitres consacrés aux activités sur Terre de son frère et de sa sœur, qui ont eux aussi révélé le potentiel qui avait été décelé chez eux, d’une façon différente de celle d’Ender ; mais l’aboutissement de ces actions est expédié en quelques lignes, rendant toute cette partie de l’histoire finalement extrêmement anecdotique.

Surtout, Ender part alors dans une sorte de quête personnelle qui aurait à mon sens pu faire l’objet d’un récit complet et qui se retrouve là encore expédiée de façon précipitée sans qu’on comprenne bien pourquoi, d’autant que ce livre n’est que le premier du Cycle d’Ender et a donc été suivi de plusieurs autres tomes : l’auteur avait donc tout le temps et la place pour raconter chacune de ces histoires, ne semer que des débuts d’intrigues dans ce premier chapitre et les approfondir réellement dans les suivants. Le livre aurait aussi pu faire 200 ou 300 pages de plus, afin de traiter ces deux intrigues avec la profondeur appropriée, d’autant que la découverte faite par Ender dans cette quête finale semble être le véritable « twist » de l’histoire… Étrange découpage, donc (qui ne paraît avoir dérangé que moi, d’après ce que je lis sur le Net), qui m’a donné l’impression d’un épilogue à rallonge, mal équilibré, plutôt que d’une conclusion, un aboutissement à un récit par ailleurs intéressant et relativement original. Jetez-y donc un oeil à l’occasion, et revenez ici me dire ce que vous en aurez pensé !

3 réflexions sur “ La Stratégie Ender (Scott Orson Card) ”

  1. Stoeffler sur

    Pourquoi pas…

    A l’epoque de la sortie du film, j’avais vu la bande-annonce et ca avait vraiment l’ait pourri.
    Ta critique me donne envie de le lire – c’est long?

  2. Akodostef sur

    Le premier bouquin est assez court (250-300 pages, il me semble) ; j’ai lu le suivant, qui part dans un délire assez différent, même s’il reprend le même univers et le même personnage central, plus âgé. Pas mal aussi, j’en ferai sans doute la chronique un de ces jours. Et après il y a tout un cycle avec plein d’histoires avant/après, tout ça, mais les deux premiers sont les plus réputés (Card a d’ailleurs reçu des prix pour ces deux bouquins).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *