Leçon de français 1.00
Je profite de l’occasion de cette rentrée scolaire pour pouvoir jouer au professeur de français sans risquer de me faire frapper (encore que !). Depuis maintenant un peu plus d’un an, je harcèle mes proches en pointant leurs erreurs de langage en terme de vocabulaire, erreurs que l’on retrouve désormais partout (dans la vie quotidienne de monsieur toutlemonde ou dans les médias qui étaient autrefois garants d’une utilisation correcte du langage, ce qui a malheureusement bien changé depuis trop longtemps, mais ce n’est pas le sujet de cet article, même si ce serait un sujet intéressant pour un prochain billet…).
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Bref, après cette introduction, passons à la première leçon : De l’utilisation des verbes amener et apporter :
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Faute la plus courante, il suffit d’analyser ces deux verbes pour comprendre leur utilisation : a-mener : il s’agit ici de mener quelqu’un, quelque part, cette personne doit pour cela avoir ces deux choses formidables qu’on appelle des pieds pour avancer.
a-pporter : Ici, il s’agit de porter quelque chose quelque part ou à quelqu’un. Cette chose n’est pas une personne. Alors oui, s’il s’agit d’un enfant en bas âge on peut dire qu’on le porte mais c’est la fameuse exception qui confirme la règle.
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Exemple : « J’ai amené un jeu de cartes » est faux à moins que vous ayez un jeu de cartes doté de pieds !
De la même manière si vous êtes invité chez des gens à dîner et que vous voulez faire bonne impression, vous apporterez des fleurs à la maîtresse de maison.
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Résumé de cette première leçon: on apporte quelque chose, on amène (ou emmène) quelqu’un.
De l’utilisation impropre du verbe marcher :
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Ici encore, c’est une histoire de pieds puisqu’il en faut pour marcher. Or, on entend souvent des personnes se plaindre qu’un appareil (électroménager par exemple) ne marche pas. Encore une fois, sauf si vous êtes doté d’un appareil électroménager capable de se déplacer tout seul avec des pieds, on ne dira pas de celui-ci qu’il marche (ou pas) mais qu’il fonctionne (ou pas).
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Résumé de la deuxième leçon: Les objets fonctionnent mais ne marchent pas.
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La cloche vient de sonner, c’est l’heure de la récré !
Quoi ? Ça marche pas comme phrase : « Vous pouvez amener des bières demain soir ? Et des sacs de glace parce que mon frigo marche plus ! » Je comprends enfin pourquoi mes amis intelligents oublient la Kro et pensent que j’appelle mon mec Frigo dans l’intimité… Seriously, la question de la correction des usages de la langue est passionnante. Il est souvent délicat de trouver un équilibre entre exigence et tolérance. Pour ma part, je pense que l’enseignement des savoirs, en linguistique, grammaire, etc. se doit d’être synchronique et diachronique, et le doubler de celui de l’art délicat de l’à-propos et de la contextualisation me semble nécessaire. By the way, « Avec mon pistolet, le cordon s’embarrasse, Fait marcher le déclin, le feu prend, le coup part. » Corneille, Le Menteur, 1643
PTDR !
Plus sérieusement, je suis moi-même plutôt un partisan de l’orthodoxie en matière d’usage de la langue. Tant qu’à faire, même si ça peut devenir reulou quand c’est systématique, ça ne me dérange pas qu’on porte à mon attention certaines erreurs d’usage que je peux commettre. Et d’une façon générale, certaines tournures impropres m’horripilent lorsqu’elles traduisent un appauvrissement de la langue chez celui qui l’utilise.
Mais effectivement, la plupart du temps je garde mes réflexions pour moi-même plutôt que de relever les erreurs de mes interlocuteurs ; c’est mieux pour la vie en société, mais je ne suis pas sûr que ce soit forcément rendre service aux intéressés non plus.
Bref, comme tu le fais remarquer, la question de la correction de la langue est un vrai sujet et qui ferait un thème magnifique pour un prochain diner-débat ! ;)
Maintenant que c’est écrit noir sur blanc (sur un fond taupe :p ), je cesserai de vous harceler mais si vous demandez d’amener quelque chose ou si tel ou tel appareil marche, je vous répondrai non :p !
je précise que je suis tout à fait favorable à l’idée de signaler des erreurs/incorrections/subtilités quand le contexte s’y prête, voire à l’idée de faire un peu de prosélytisme (cf.mon métier : THE ennemi, selon Stéphane et Marion). je pense néanmoins qu’il est bon de garder à l’esprit que la langue n’est pas figée et de toujours s’interroger sur les usages qui font débat au cas par cas, car tous ne peuvent pas être rangés dans la catégorie des fautes…
Cela fait bien longtemps que j’ai abandonné l’idée de corriger toutes les fautes qui me parviennent aux oreilles, il y en a beaucoup trop et je sais très bien que la plupart des gens se fichent royalement de savoir s’ils parlent correctement ou non. Alors en général, lorsque je parviens à me contenir, je laisse couler. Par contre, s’il y a bien une chose que je supporte pas, c’est lorsqu’on m’envoie un e-mail où il y a une faute tous les quatre mots. Je peux comprendre que l’on fasse des fautes dans les sms en prenant l’excuse que l’envoi coûte plus cher sinon, mais dans les e-mails ! Alors quand on me dit que Skype est génial, je ne peux que être d’accord. Ne plus avoir à lire toutes ces erreurs grâce à la webcam…ce que ça fait du bien !