Parrainer des abeilles
Vous connaissez probablement déjà le système des AMAP, ces Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne qui proposent une mécanique économique ingénieuse et écologique : vous payez une adhésion à l’association, cette adhésion finance un agriculteur local qui bénéficie ainsi d’une rémunération équitable, planifiée et garantie pour sa production à venir, et en retour vous profitez chaque semaine de paniers de produits agricoles divers. C’est économiquement astucieux, et écologiquement imbattable : les paniers sont constitués de produits cultivés localement (moins de coûts -environnementaux et financiers- de transport), et en accord avec la saison, avec une variété de production qui est profitable au consommateur, la plupart du temps en respectant des normes bio (norme AB, essentiellement).
Ce système gagnant-gagnant a été développé dans d’autres secteurs que l’agriculture, et j’ai découvert aujourd’hui cette alternative qui me parle encore un peu plus : le parrainage de ruches. Sans évoquer le cas des frelons japonais qui se répandent de plus en plus largement en Europe et qui y déciment à une vitesse foudroyante les populations d’abeilles, vous avez sans doute entendu parler du très inquiétant « Syndrome de disparition des abeilles » (« Colony Collapse Disorder », ou CCD en anglais), qui reste techniquement inexpliqué pour l’instant (même si les hypothèses sont nombreuses, de la pollution à un parasite propageant des infections virales, en passant par les effets combinés de la multiplication des pesticides) mais qui menace la population des abeilles de disparition pure et simple d’ici à quelques années. Une disparition qui ne nous priverait pas seulement de miel (ce qui serait déjà triste), mais qui poserait de très graves problèmes pour l’ensemble des cultures, car les abeilles sont les principaux agents de la pollinisation, c’est à dire que leur activité transporte le pollen, élément fécondant mâle des fleurs, vers le pistil, organe femelle, des fleurs de la même espèce et ainsi leur permettre de germer. Sans abeille, la pollinisation ne se ferait plus essentiellement que par le vent, bien moins efficace qu’elles car plus aléatoire aussi bien en termes de direction que tout simplement de présence ; les conséquences d’une perte d’efficacité de la pollinisation seraient considérables pour l’agriculture, et donc incidemment pour la subsistance de nombreuses espèces animales… avec pour conséquence ultime probable, de dramatiques accroissements des problèmes de nutrition de l’homme et donc à terme des risques de famine massive.
Contribuer à la protection des abeilles, ou en tous cas participer à des actions qui pourraient accroître leurs chances de survie, est donc une chose qui devrait tenir à cœur de tous ceux qui ont conscience de ce danger. Et c’est ce que propose « Un toit pour les abeilles« , une entreprise (pas une association, donc les dons ne sont pas défiscalisés malheureusement) à laquelle on peut verser à partir de 7€ par mois pour des engagements d’un an et qui permettent à des apiculteurs, comme avec les MAPA, de bénéficier d’un financement anticipé et garanti qui leur permet de planifier leur activité plus sereinement, avec en retour pour le « parrain » des livraisons d’un nombre de pots de miel dépendant de l’importance de sa participation, avec des étiquettes personnalisées (le nom du parrain ou de quelqu’un à qui le pot pourra être offert, figurera sur les étiquettes ; l’initiative s’adressant aussi aux entreprises, un logo peut également y apparaître). A 12 € environ du pot de miel de 250g, ce n’est clairement pas une bonne affaire, mais si ça contribue effectivement à la survie des abeilles, et que ça aide les apiculteurs, ça vaut peut-être le surcoût quand même ?
Je vais peut-être tenter le truc pour voir, en tous cas, et je vous raconterai. J »ai trouvé par exemple cet avis intéressant d’un apiculteur, qui recommande de plutôt soutenir le travail d’apiculteurs plutôt que de parrainer des ruches, en commençant déjà par ne pas acheter son miel en grande surface, et à s’intéresser aux méthodes des apiculteurs en question pour soutenir ceux qui recourent à des méthodes responsables plutôt que ceux qui pratiquent cette activité de manière industrielle et sans vision écologique ni à court, ni à long terme. Une réflexion qui est effectivement pleine de bon sens, même si elle demande du coup davantage d’investissement de la part de ceux qui veulent soutenir cette cause là où un simple clic et un peu d’argent suffisent à adhérer aux parrainages de ruches…
Je suis donc particulièrement intéressé par les témoignages de gens qui auraient déjà testé ce type de parrainage (il existe apparemment d’autres initiatives du même genre, comme Parrains d’abeille, ou 26 rue du miel, moins chers) et qui pourraient témoigner des qualités ou des défauts de ces différentes organisations. N’hésitez pas à poster votre avis en commentaire !