Gaspard Proust tapine (Salle Gaveau, Paris, 2011)
C’est Vorti qui avait eu envie de voir Gaspard Proust sur scène après l’avoir vu rapidement dans Le Grand Journal de Canal+, et de ce que j’en avais vu et lu moi-même, le show promettait en effet d’être… disons, « intéressant », « sympathique » n’étant pas très approprié parlant de ce comique volontairement froid et pince-sans-rire, qui aime à se faire détester (rôle que j’aimais bien endosser moi-même à une certaine époque avant de trouver la femme idéale, et là je me suis mis à faire des efforts).
Gaspard Proust (que mes doigts s’obstinent apparemment à épeler « Gaspar Proust » pour une raison obscure -ce n’est de toutes façons qu’un nom d’emprunt donc peu importe. Non ? Ah bon) est plutôt un nouveau venu, mais le moins qu’on puisse dire, est qu’il a très rapidement fait parler de lui, et trouvé son public : en gros, le même que celui qui aime Pierre Desproges, ou dans une moindre mesure Stéphane Guillon, pour citer les plus célèbres (pour ceux qui connaissent, j’évoquerais aussi le très bon Walter) dont il perpétue l’humour vachard et la volonté de faire rire celui qui l’écoute tout en le mettant mal à l’aise.
J’apprécie particulièrement dans le registre qui lui est plus personnel du faux nostalgique des totalitarismes européens ou de la colonisation. Le spectacle n’est pas construit comme une suite de sketches, mais plutôt comme un authentique one-man show, suite interrompue de vannes qui donnent l’illusion qu’elles suivent le fil désordonné de ses pensées -ce qui n’aide pas trop à se souvenir du texte et à en garder des citations ; je vais quand même m’y essayer un peu pour donner une idée du ton, en citant avant tout sa courte autobiographie, qui avait achevé de me donner envie de le voir sur scène (mais que plusieurs de ses détracteurs ont visiblement pris au premier degré) :
« Gaspard Louise Ciccone est né le 32 juin 1978 dans les faubourgs de Pittsburgh au Pakistan. Après une scolarité sans histoire effectuée dans une école coranique réputée de Neuilly, il rejoindra une banque privée suisse. Malgré l’ennui profond que lui inspirera ce métier il y fera une rencontre décisive qui le marquera à vie ; l’argent. Le coup de foudre est immédiat. […] Son spectacle est la conséquence de cette émouvante quête humaniste : « faire un tour de piste, prendre le blé et se casser. » »
Quelques phrases du spectacle :
« Les Etats-Unis sont le pays dans lequel vit la plus grande communauté d’Américains, après l’Irak. »
« Être prof : quel constat d’échec ! Faire bac+5 pour finir en CM2, c’est lamentable. »
« Le nazisme a été avant tout une tentative -certes un peu maladroite- de construire l’Europe. »
Clairement, on est dans un registre plus élaboré en terme d’écriture que celui d’Eric & Ramzy, mais ce qu’on gagne en intelligence se perd un peu en marrade pure (alors que l’excellent Ben réussit, lui, à marier une écriture élaborée brillante avec un humour vraiment barré), et finalement à devoir écouter avec attention les vannes subtiles de Gaspard Proust, on ressort plutôt du spectacle avec un sourire amusé en coin qu’avec une bouffée d’euphorie dans la tronche. Ça ne m’empêche pas d’avoir passé néanmoins une très bonne soirée, et de vous conseiller d’aller le voir sur scène si vous en avez l’occasion (ses chroniques télé m’ont pour l’instant paru beaucoup moins convaincantes). Et sinon, vous pourrez toujours visionner cette vidéo de Proust au festival de Montreux, à peu près la seule de ses captations scéniques qu’on puisse trouver pour l’heure sur le Net :
Quelques coups d’éclats verbaux avec effectivement une touche « Desprogienne ».
Sauf que le Gaspard n’a pas de fil conducteur dans ses sketchs, il balance des vannes à la suite, très bonnes pour certaines mais ça s’empile sans rien de plus. Sur un skecth de 10min à la limite ça va, mais sur un spectacle d’une heure voire plus, perso je décroche.
Dieudo restera encore pour quelques temps encore, le patron de l’humour noir même si Fabrice Eboué n’est pas très loin.