Le Discours d’un Roi (Tom Hooper, 2010)
Le Discours d’un Roi raconte la relation entre le Roi George VI, prince puiné qui n’était pas appelé à devenir Roi, affligé d’un bégaiement qui aurait dû lui interdire toute fonction publique importante, et de l’homme qui parvint à lui faire contrôler son élocution et à lui faire accepter le rôle qu’il devrait jouer pour le Royaume-Uni.
Le film arrivait en France précédé de l’aura du « film à Oscars », film historique à la réalisation classique, nominé entre autres pour la prestation de son acteur principal, Colin Firth, qui a appris à bégayer pour ce rôle ; un film « à papa », quoi, présumé chiant, que je n’avais pas l’intention de voir. La programmation foireuse du MK2 (on était partis pour voir Le Frelon Vert au départ… qui ne passait pas à l’horaire prévu en fait) nous a donné l’occasion que nous n’attendions pas… et en fait, je suis très content d’avoir été poussé par le destin, parce que le film était très chouette au final.
Certes, la réalisation est extrêmement classique : propre, impeccable, mais sans originalité ni qualité esthétique particulière (on ne perdra pas grand chose à le voir sur petit écran, quoi). Mais d’une part, l’anecdote qui sert de point de départ à l’histoire (le bégaiement du prince) permet de redécouvrir un moment de l’Histoire auquel on n’aurait accordé autrement que peu d’importance (pour un Français, les péripéties qui ont conduit au couronnement d’un roi Anglais plutôt que d’un autre, bof bof -personnellement j’ai déjà du mal à retenir l’ordre de succession des rois de France…) et la narration parvient à rendre cet épisode intéressant : je ne me suis pas ennuyé un seul moment durant tout le film. D’autre part, le sujet principal du film est la relation qui se noue entre les deux personnages principaux, le roi en devenir et son thérapeute, et celui-ci est parfaitement traité : les personnages sont attachants (le roi droit et vertueux, carré sur le protocole, redonne du prestige à ces grands principes là où la plupart des films qui traitent de la transition des régimes monarchiques vers la modernité font plutôt adopter au spectateur le point de vue du réformateur en phase avec la société civile ; Geoffrey Rush rend carrément touchant son personnage de thérapeute anticonformiste qui peine à trouver sa place dans le carcan de la société anglaise), et les dialogues fins et spirituels sont bien servis par des acteurs tous excellents.
J’ai été paradoxalement un peu déçu par la toute fin, le discours final manquant du lyrisme que j’imaginais (il s’agit du discours par lequel le roi annonce que le Royaume Uni entre en guerre contre l’Allemagne nazie), et l’après-discours me paraissant superflu : pour moi le film aurait pu (dû) s’arrêter sur la conclusion du discours.
Au final, j’ai trouvé le film très agréable, et je le recommande donc à à peu près tout le monde puisque je pense qu’il est susceptible de plaire à un public vraiment large. Une bonne surprise !