La vérité (Terry Pratchett, 2000)

La vérité est le 25e volume des Chroniques du Disque Monde de Terry Pratchett. Hop là, ne vous sauvez pas, les Chroniques ont ceci de remarquable qu’elles se situent simplement dans un même univers foutraque dans lequel Pratchett injecte tout ce dont il a besoin pour ses histoires, sans qu’il y ait besoin de suivre un quelconque fil entre les différents ouvrages, qu’on peut donc lire dans l’ordre qu’on veut (on a même le droit de ne pas tous les lire)(mais c’est dommage).

Les Chroniques du Disque-Monde se situent donc dans un univers de fantasy dans lequel on retrouve à la fois tous les éléments classiques du genre (mais alors vraiment tous, hein : des trolls, des nains, des épées, des voleurs, des guildes, des vampires, des loups-garous, des chiens qui parlent ah non pardon, ça c’est juste un mythe). Il y a donc volontairement un peu de tout, voire du n’importe quoi (le nonsense british y est extrêmement présent), y compris des anachronismes totalement assumés avec par exemple dans La vérité des personnages qui s’allument des clopes au détour d’une page, ou des petits démons enfermés dans des boîtes et qui peignent ce qu’ils voient sur de petites toiles rectangulaires lorsqu’on appuie sur le déclencheur de leur boite, qui envoie un marteau leur taper sur la tête. Par exemple.

Dans La vérité, les nains viennent d’inventer l’imprimerie et le héros, Guillaume des Mots, va mettre à profit leur invention pour créer le premier journal de l’Histoire, Le Disque-Monde… qui va naturellement entraîner la naissance d’un concurrent, et créer à des Mots et ses collaborateurs pas mal d’ennemis, notamment quand le principal notable de la ville va être victime d’un complot orchestré par ceux qui dirigent la ville dans l’ombre, et que Le Disque-Monde va se lancer dans une investigation soigneuse sur l’affaire.

L’intrigue, assez simple, est l’occasion pour Pratchett de mettre en scène des personnages riches en petites bizarreries assez tordantes, et de nous régaler de descriptions et de dialogues très riches en petites blagues et allusions fines qui rendent la lecture très plaisante, bien qu’après coup il soit difficile de citer de passage particulièrement notable tellement l’humour est en fait omniprésent. On en apprécie même d’autant plus la deuxième lecture (j’ai testé, par-dessus l’épaule de Marion -qui déteste ça- pendant qu’elle dévorait le bouquin en trois jours après que je l’aie fini), où n’ayant plus à faire attention à l’histoire, déjà connue, on peut d’autant plus profiter des innombrables microgags parsemés dans chaque scène et réplique.

Je vais quand même essayer de citer deux-trois passages qui m’ont bien faire marrer pour vous donner aussi, j’espère, l’envie de lire sinon La vérité, au moins du Pratchett (sachant que dans l’absolu, les fans s’accordent pour dire qu’il n’y a pas vraiment de bouquin de Pratchett meilleur que les autres, la qualité de son oeuvre résidant avant tout dans son écriture brillante et pour ce que je peux en juger (j’ai lu en français) remarquablement traduite).

On l’appelait le Roi de la rivière d’or. Manière de reconnaître sa richesse, ses exploits et la source de sa réussite, laquelle n’avait rien à voir avec la rivière d’or classique. Ce surnom marquait un net progrès sur le précédent : Henri la Pisse.

Cette fois, ce fut Guillaume qui retint Bonnemont. « Doucement, doucement. Il y a sûrement une loi qui interdit de tuer les avocats.

– Vous êtes sûr ?

– On continue d’en croiser, non ?

– Excusez-moi, messieurs ? » Une silhouette avait jailli de la ruelle devant eux, un couteau dans chaque main. « Guilde des Voleurs, déclara-t-elle. Je vous prie de m’excuser. C’est un vol officiel. »

A la grande surprise du voleur, monsieur Lépingle et monsieur Tulipe ne parurent ni choqués ni effrayés malgré la taille des couteaux. On aurait plutôt dit deux lépidoptéristes venant de tomber sur une espèce inconnue de papillon qui agiterait un tout petit filet.

Voilà, voilà. Ajoutez à ça qu’on peut aussi voir dans cette histoire une réflexion pas vraiment révolutionnaire mais malheureusement toujours d’actualité, sur le peu d’intérêt que porte globalement le public aux investigations d’intérêt général alors que les infos les plus anodines peuvent monopoliser l’attention de tous pendant des jours (vous saviez que Mickaël Jackson était mort ?)…

Nan, laissez tomber, ça c’est trop sérieux. Lisez juste Pratchett, c’est vraiment très marrant !

3 réflexions sur “ La vérité (Terry Pratchett, 2000) ”

  1. Jika sur

    T’es certain que ça ne t’a pas vraiment plu pour le côté :

    Dans La vérité, les hunains viennent de changer les règles du jeu de l’édition des annonces légales et le héros, Stéfanus, va devoir bosser vachement plus s’il veut sauver son journal (et son taf). A cause de la concurrence, il change de lieu de travail, mais globalement, ça va encore, il a le net, mais il est obligé de côtoyer plus de rats-garous, etc.

    En vrai, ça a l’air sympa ; perso, j’ai toujours eu du mal avec la fantasy, à cause justement des elfes, elfes sylvains, elfes des bois, elfes des égoûts, etc (désolé, Aya !) ; mais là, ça a l’air tourné différemment, et rien que pour lire un passage où un nain s’allume une clope après une journée dans la mine, ça a l’air bien.
    25 bouquins ?? Je tenterai !

  2. Akodostef sur

    On a deux bouquins pour l’instant (La vérité, donc, et La Huitième Couleur). Alors qu’elle n’avait pas encore fini le premier, Marion exigeait déjà qu’on en rachète d’autres :)

    Il faut savoir aussi que Pratchett, s’il est surtout connu pour ce cycle-ci, n’a pas écrit que les Chroniques du Disque-Monde, donc au pire après les 30 bouquins, il reste encore de quoi s’occuper!
    Par contre, j’ai appris en préparant l’article que Pratchett avait Alzheimer (pour de vrai, lui) donc profitons-en tant qu’il est encore au mieux de son talent…

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