Braquo

Une fois n’est pas coutume vaut mieux que deux tu l’auras, pour une poignée de dollars, cet article aura pour sujet une série, française pour une fois, « Braquo » (ce qui en zonard signifie « braquage à main armée » ; un exemple en contexte ici, ouech ouech).

Je suis régulièrement plusieurs sites et blogs dédiés aux séries, par curiosité et histoire de sélectionner un peu à quoi je vais perdre mon temps, et j’avais lu l’année dernière avec intérêt un article dédié à « Braquo », une série française devant être diffusée sur Canal +.

Avant même sa diffusion, la série suscitait effectivement une certaine attente, tenant notamment à l’un des deux réalisateurs, Olivier Marchal (un peu moins attendu, Frédéric Schoendoerffer a réalisé la moitié des épisodes). Olivier Marchal,  donc, pas Maréchal.

Saviez-vous d’ailleurs, d’où vient le mot « maréchal » ?

A l’origine, ce terme désignait un péon de base (et j’invite plusieurs d’entre vous à cliquer ici ou !) chargé de s’occuper des chevaux, et ce n’est que plus tard que ce terme a servi à désigner un grade militaire ; et c’est parce qu’à la création des boulevards qui entourent Paris, ces derniers portaient tous le nom d’un des maréchaux du 1er empire qu’on les appelle encore aujourd’hui « les Maréchaux » (Kellerman, Brune, Jourdan, Murat, etc.).

Pour en revenir à Olivier Marchal, sa connaissance du milieu policier et donc le réalisme de son jeu d’acteur puis de ses réalisations vient du fait qu’avant de se lancer comme acteur puis comme réalisateur,  il a été pendant des années officier de police judiciaire. Ce fait, même s’il n’est pas gage de qualité, est assez rare pour être souligné.

Après avoir joué dans plusieurs séries, écrit pour quelques autres, Olivier Marchal est passé réalisateur et a signé quelques polars tels que « 36, quai des Orfèvres » et « MR 73 » (un truc marrant : il a recours à des acteurs récurrents, comme Daniel Auteuil ou Francis Renaud, et invariablement, les personnages joués par ce dernier sont toujours tués, quel que soit le film : si vous ne voulez pas vous gâcher votre prochain film de Marchal avec cet acteur, n’allez pas voir sa gueule 8-).

Le casting de « Braquo », justement : on retrouve avec plaisir Jean-Hugues Anglade et quelques autres acteurs moins connus comme Nicolas Duvauchelle ou Joseph Malerba.

Après avoir réalisé « Flics », une série assez décevante (que je n’ai pas vu personnellement, sûrement parce que diffusée sur TF1)  « Braquo » permet à Marchal de faire ce qu’il aime : peindre un univers noir et réaliste où la psychologie des personnages prend le pas sur l’intrigue qui ne sert que de support à leur évolution.

Le synopsis de cette première saison (car il y en aura une seconde !) est relativement simple : suite à la condamnation injuste et au suicide de leur chef de groupe, trois flics de la PJ sont tentés de franchir la ligne rouge.

Harcelés par l’IGS, ils tournent définitivement le dos aux règles établies et à leurs illusions ; ces trois flics adoptent un mode de vie hors norme régi par l’adrénaline, la prise de risque, les coups bas, l’argent, le sang et la mort… Chaque pas supplémentaire fait sur le territoire des voyous rend plus difficile le retour en arrière.

Ces quelques lignes rappelleront inévitablement à nos formidables lecteurs une autre très bonne série, américaine celle-ci : je parle bien entendu de « The Shield » ; sur laquelle j’ai commencé deux brouillons d’articles avant de renoncer : c’est assez difficile d’écrire un texte sur une série dont on a vu le premier épisode plusieurs années auparavant, et dont la trame de base est relativement simple, mais qui au final est bien plus complexe.

Comme dans la série US de Shawn Ryan, « Braquo » raconte donc l’histoire d’un groupe de quatre flics chargés de faire respecter la loi parmi les petits malfrats et les gros bandits, fonctionnant de manière presque autonome, adaptant les règles aux besoins du moment, essayant de survivre dans un univers parfois glauque, pressé entre malfrats, IGS et hiérarchie bornée.

« Braquo », dont la première saison ne comporte que 8 épisodes dévorés pour ma part en quelques jours, montre également comment il est facile de déraper, et qu’une fois cet équilibre perdu, il n’existe pas d’autre issue que la fuite en avant. Réparer la première erreur conduit nécessairement à un nouveau franchissement de la ligne jaune, puis à un autre et encore un autre.

La mise en place se fait de manière progressive, sans jamais nuire aux rebondissements de l’histoire, les personnages secondaires prenant leur place et se révélant de manière harmonieuse au fil des épisodes. Tout au long des huit rendez-vous, le rythme est soutenu, parfois haletant, avec de nombreuses scènes d’action et très peu d’interrogatoires, malgré un aspect psychologique assez important. A l’instar de « The Shield », l’accent est également mis sur les vies privées de chacun des protagonistes, et même si cela n’apporte rien à l’intrigue, j’ai apprécié ce côté humain donné à chaque personnage (on est très loin du flic milliardaire vivant sur un yacht avec un crocodile).

Les lecteurs attentifs se demanderont où est l’intérêt de perdre son temps à regarder « Braquo » alors qu’existe déjà « The Shield » : je répondrai que malgré quelques similitudes, et pour peu que ce genre d’univers un peu glauque (mais réaliste !) plaise, les deux séries sont tout de même différentes et réellement captivantes. Je lisais quelque part que « Braquo » c’est « The Shield » avec une French touch : mouais, pas faux ; et ?

J’ai quant à moi passé un très bon moment, même quand des flics semés à la BNF (marrant de voir le Décathlon transformé en préfecture 8-) gueulent dans leurs radios que les suspects ont pris la direction de la Chapelle :D

Je recommande donc cette série, et perso, j’attends la prochaine saison avec impatience.

4 réflexions sur “ Braquo ”

  1. Ayastan sur

    Pas encore tout lu mais ne dit on pas un maréchal ferrant (qui ferrer les chevaux justement :) )

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