Questions de temps
Depuis 1880, le sultanat de Zanzibar, situé sur la côte est de l’Afrique, dans l’état actuel de Tanzanie, est un protectorat britannique (un protectorat étant l’une des formes de la colonisation).
Le 25 août 1896, le sultan Sayyid Hamid bin Thuwain bin Said meurt; Khalid bin Said, un usurpateur hostile à l’influence britannique, s’empare alors du trône (calife à la place du calife, en somme). Vous noterez ici que le terme « usurpateur » (repris dans tous les textes sur le net sur cet épisode historique) est un parti pris évident et présente Khalid bin Said comme le méchant canard de l’histoire, alors qu’il est sûrement possible de le considérer comme un résistant, un libérateur, etc. : ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, n’est-ce-pas ? Ils l’écrivent d’ailleurs tellement que je n’ai pas réussi à trouver la moindre information supplémentaire sur ce bonhomme.
En tous cas, rejetant l’ultimatum que lui délivre le Royaume-Uni, il érige des défenses autour de la ville, face à la mer et mobilise ses forces, soit environ 2 800 hommes. Les Britanniques décident de mettre fin à son règne par la force et l’escadre de l’amiral Rawson de la Royal Navy est dépêchée dans ce but devant Zanzibar.
Les offres de reddition ayant été rejetées, la flotte britannique ouvre le feu le 27 août. Les batteries côtières sont détruites et un vieux yacht à vapeur, armé en guerre et portant le pavillon du sultan, est coulé après une résistance acharnée mais sans espoir devant la disproportion des forces. L’affrontement aura coûté la vie à 500 zanzibarites et duré 40 minutes, ce qui en fait le conflit armé le plus court de l’histoire de l’Humanité (c’est l’un des deux trucs marrants de l’article à retenir !).
Prenant acte de la défaite de ses forces, « l’usurpateur » (ouh ouh) se réfugie au consulat de l’empire allemand (ach ach) où il reçoit asile pendant plus d’un mois avant d’être remplacé par un nouveau sultan, favorable aux anglais.
Un conflit de 40 minutes qui a au moins le mérite de ne pas avoir duré 107 ans… Ha-ha, transition : pourquoi 107 ? D’où vient l’expression « durer/ne pas durer 107 ans » ?
Ce n’est pas la durée de la Guerre de 100 ans, comme on le pense parfois (qui de toutes façons a duré 116 ans, selon certaines sources, 138 selon d’autres, ou même, ne serait pas terminée !).
Il s’agit en fait du temps de construction de la cathédrale Notre Dame de Paris, sur l’Ile de la Cité. Il n’était pas rare à l’époque de voir la construction d’une cathédrale s’étendre sur plusieurs siècles (la cathédrale Notre Dame d’Amiens, la plus grande de France, a vu sa première pierre posé en 1220, pour une clôture finale de l’édifice en 1519). Cependant, la présence de cet énorme chantier en plein cœur de Paris a paru aux habitants de la capitale anormalement longue, et de cette lassitude est née a posteriori l’expression « ça va pas durer 107 ans ». Le Parisien, vaut mieux l’avoir dans le journal.
Au passage, à l’occasion de cet article, je vous conseille les très bons Piliers de la Terre de Ken Follet, qui vient de sortir la suite, Un Monde sans fin, dont je vous dirai quelques mots prochainement. Il existe d’ailleurs une adaptation en jeux de plateau des Piliers, qui a rencontré un certain succès (jouable de 2 à 6 avec une extension). Pour en finir avec cette digression, je vous fais suivre un lien conseillé (jeu-concours pour gagner un exemplaire du nouveau livre de Ken Follet + un exemplaire du jeu de plateau à sortir) par une lectrice timide (qui contrairement à ce que dit la chanson, a changé).
Pour en revenir à nos moutons et plus particulièrement à Notre Dame (bah oui, la lectrice timide en question n’est plus notre dame), on peut noter que le fait que la construction de la cathédrale ait duré 107 ans est justement ce qui fait l’originalité de l’architecture de l’édifice, qui mêle en façade un style gothique primitif (ce qui a été érigé au début de la seconde moitié du 12e siècle) à un style gothique rayonnant, qui date du 13e siècle, et qui est repérable grâce à la présence dans le chœur d’arcs boutants très élancés typiques de la période.
Ca me fait penser que de la même manière que j’ai toujours du mal avec les styles de musique (néo-pop, trash-jazz et métal-de-chambre), je suis un gros ignare en matière d’art (néo-classissisme, fauvisme, pointillisme, rococo, etc.) : si une bonne âme nous écrivait un petit article là-dessus, il y aura au moins un lecteur passionné :-)
Clap, clap, clap.
Franchement Jika, tes deux derniers articles sont bien cool (et pas d’ironie la-dessus), c’est vraiment sympa d’ecrire sur des sujets differents, on apprend vraiment qqchose et c’est facile a lire!
Merci!
Tout a fait d’accord :
– avec Stoeffler
– avec ta demande d’article sur la zique
– et avec le fait qu’elle a bien changé. ;)
Déjà, merci pour les compliments 8-)
Quand j’ai lu le commentaire de Taupo sur l’article sur le Bluetooth, je me suis demandé si c’était de la gentillesse, une vanne ou un compliment sincère :?
Visiblement, y a un fan-club là, alors je continuerai à vous faire profiter de mes errances sur le net :o)
Ps : tout le monde connait des petits trucs inutiles mais intéressants sur tel ou tel sujet, soyez fous, partagez !
Pps : je n’ai pas fait une demande d’article sur les styles de musique (même si ça m’intéresse également, en fait), mais sur les styles artistiques au cours des siècles concernant la peinture, la sculpture, l’architecture, etc.
Non, non, c’était ni une vanne, ni un élan de gentillesse: c’était un véritable compliment. J’ai déjà partagé cette anecdote avec trois collègues!
moi aussi j’adore ces petites histoires éducatives!! cimer!
N’oubliez pas les travaux fait par Violet le Duc sur Notre Dame de Paris (entre autre) au milieu du 19e siècle. Il a remplacer la flèche (la « tour » au croisement du transept et de la nef) d’origine qui avait était démonté au 18e siècle. Violet le Duc a « refait » beaucoup de nos monument et encore plus celle du Royaume Unis après le grand incendie de Londres de 1666. Il est l’un des inspirateur pour le mouvement de l’Art Nouveau (mouvement qui a transcendé tout les arts).