Deux semaines à Madère (Août 2021)
Premier article depuis pratiquement un an… Elle est loin l’époque où il fallait vérifier si quelqu’un ne venait pas déjà de publier un article pour ne pas gâcher la visibilité des deux articles ! Mais bref, Marion et moi sommes partis deux semaines à Madère, et je fais ci-dessous le récit de ces deux semaines de visites et de randonnées dans l’île, pour nos parents qui nous lisent et pour pouvoir moi-même me souvenir de tout ça dans six mois. Si vous tombez sur cette page parce que vous prévoyez un voyage à Madère et que vous êtes intéressés par mon avis sur ce qu’on a fait, j’ai noté de * (j’aurais pu m’en passer) à ***(à faire indiscutablement) les choses qu’on a faites. Si vous êtes plus photos que blabla, l’album de nos meilleures photos est ici.
Jour 1:
Une fois n’est pas coutume, le départ est marqué par un petit épisode de psychose au moment de faire notre enregistrement à l’aéroport et que je sors ma carte d’identité au lieu de mon passeport. Marion se prend la tête à deux mains en me maudissant pendant quelques secondes, jusqu’à ce que la stewardesse lui confirme qu’il est bien possible de voyager en Union Européenne avec une simple carte nationale d’identité. J’étais à peu près certain que c’était le cas et j’avais sciemment emporté ma carte d’identité, plus facile à transporter que mon passeport, mais la panique de Marion m’a bien fait angoisser pendant les cinq secondes qu’elle a duré.
Pour la première fois lors d’un de nos voyages, le vol a fait une escale, mais sans que tous les passagers, ni tous les bagages, ne descendent : la moitié des passagers – dont nous, donc – est restée à bord pour la deuxième moitié du voyage (ici, de Porto à Funchal). Une escale au sens propre du terme, donc.
L’atterrissage a été un peu éprouvant, car le vent soufflait fort et l’avion a été pas mal secoué. L’aéroport où nous atterrissons porte le doux nom de Aeroporto Cristiano Ronaldo – je me suis demandé si c’était une blague du pilote, mais non. L’aéroport ne comporte qu’une seule piste, et pour l’emprunter, tous les avions doivent opérer une manœuvre sympathique pour se mettre bien dans l’axe, et il n’y a pas intérêt à rater le freinage parce que la piste est courte et qu’au bout… c’est la mer ! Quand on voit la piste depuis l’avion pendant la manœuvre, on voit qu’elle est construite au-dessus de la mer, sur des pylônes de béton… Bref, tout ça n’est pas très rassurant, mais l’atterrissage s’est bien passé (le pilote a été chaleureusement applaudi par les passagers, malgré tout).
Nous récupérons rapidement notre voiture de location Goldcar, qui m’avait permis d’enregistrer à l’avance tous mes documents, si bien qu’il n’y avait plus qu’à récupérer les clés archi-facilement via une machine en libre-service, en moins d’une minute et sans file d’attente : imbattable. Une dernière formalité avant de quitter l’aéroport avec la présentation de nos certificats de double vaccination, et les vacances commencent pour de bon !
Je savais les routes de Madère étroites et escarpées, j’avais donc opté pour une petite voiture (Citroën C1) dont je confirme qu’elle était un bon choix pour circuler dans l’île : les routes ne sont généralement pas si étroites, et elles sont en remarquablement bon état, mais il y a eu plusieurs occasions où j’ai apprécié de pouvoir croiser un véhicule sans avoir à gérer la distance au millimètre près. Une autre particularité des routes rapides de Madère est leur rampe d’accès parfois trèèèès courte – il n’y a même parfois pas de rampe du tout, on se lance sur l’axe rapide en s’arrêtant parfois complètement au cédez-le-passage, c’est un peu chaud.
Nous arrivons à l’hôtel – Casa Velha do Palheiro*** – au bout d’une loooongue montée en tortillons qui impose de jongler entre première et deuxième vitesse tellement les pentes sont raides, et je me dis que ça sera le cauchemar à chaque fois qu’on sortira (en fait au bout de trois fois j’avais chopé le coup de main et je n’avais plus à me poser de question sur les directions et les manœuvres à effectuer – ça m’a fait un petit stage de conduite en montagne 😉. L’hôtel est un Relais & châteaux mais hyper bon marché (140€ la nuit petits-déjeuners inclus, c’est ce qu’on a payé dans des hôtels de bien moins bon standing lors de nos voyages précédents) ; nous piquons une tête dans la piscine – par principe parce qu’il y a une piscine, et pour se rafraîchir après ce long voyage, puis nous dînons au restaurant de l’hôtel, où on mange bien (pour un peu cher par contre) ; le soir il faisait plus frais un peu frais et les serveurs nous ont gentiment apporté des couvertures une fois la nuit tombée pour que nous n’attrapions pas froid.
Jour 2 :
Notre première randonnée du séjour nous a conduits jusqu’à Ponta de Sao Lourenço***. C’est une marche dans un décor très sec et assez particulier à la pointe est de l’île, que Marion aurait préféré nous garder pour plus tard dans le séjour, pour changer de l’ambiance plus tropicale du reste de l’île, mais c’est la météo qui a orienté notre choix, puisqu’il n’était pas censé faire beau et que par conséquent les randos de montagne auraient été gâchées. Il y avait beaucoup de monde sur la piste pour cette balade de trois heures pas trop éprouvante (pour celui qui porte le sac avec les 5 litres eau, un peu plus quand même). Une partie de la pointe est colonisée par les lézards, je n’en avais jamais vu autant si proches. La randonnée offre de très beaux points de vue sur les falaises et la mer, des blocs de roche jaillis des flots et dont les différentes couches colorées rappellent l’origine volcanique de l’île. La fin plus sportive conduit à la pointe proprement dite. Pour agrémenter cette promenade relativement courte, on repart sur un autre chemin qui est beaucoup moins fréquenté et moins clair, mais qui nous donne le plaisir d’être un plus isolés et la sensation d’une vraie randonnée plutôt que d’une balade. Ce sentier nous conduit à un autre point de vue sur la côte, et une vue de la côte nord. Nous en redescendons en traçant notre propre chemin, et un peu par miracle nous arrivons pile sur l’emplacement où nous avions garé notre voiture.
Nous visitons ensuite rapidement la vieille ville de Funchal, qui à première vue ne m’a pas parue terrible et un peu misérable ; les murs sont décorés d’œuvres de street art, mais que je ne trouve pas convaincantes. Après une courte marche nous nous atteignons un belvédère fleuri, devant une église plutôt jolie, en surplomb d’une piscine dans la mer. Nous y effectuons une pause pour mieux appréhender le plan de la ville et on repart. Le reste de la ville est plus sympa, il y a plusieurs coins plutôt jolis mais nous avons du mal à trouver un endroit où dîner : les restos recommandés par notre guide ont mis la clé sous la porte et ceux qui restent ont l’air de resto à touristes. La ville est étonnamment calme : pas trop de monde dans les rues ni sur le port… Rétrospectivement, je ne sais pas ce qu’il se passait ce jour-là, mais lors de nos visites ultérieures, la ville ressemblait beaucoup plus à ce qu’on peut attendre de la principale ville d’une île, avec beaucoup plus de monde et d’animation dans les rues, plein de restos ouverts… Un mystère qui restera inexpliqué.
Jour 3 :
Pour notre deuxième journée d’activité, nous partons randonner jusqu’au Calderao do inferno*** : une jolie balade le long des levada, les canaux qui amènent l’eau dans les villes depuis les hauteurs. La végétation est luxuriante et d’un vert éclatant. On croise de beaux arbres et plein de belles fleurs puis apparaissent différentes sortes de mousses sur les rochers et les pierres qui bordent les canaux. Le chemin traverse plusieurs tunnels plus ou moins longs, et il nous faut parfois utiliser notre lampe frontale, souvent marcher courbés. Nous aurons l’occasion de voir plusieurs cascades ; la calderao verde, première destination du parcours, nous rappelle Hawaï par sa disposition, et il y a beaucoup de monde. Nous poursuivons pour notre part jusqu’au Calderao do Inferno, plus joli et moins fréquenté, et nous ajoutons quelques explorations de sentiers pour donner un peu plus le goût d’aventure à la balade. Sur le chemin, Marion (qui ouvre à peu près toujours la marche quand on randonne) se retrouve nez à nez avec une sorte de mulot qui apparaît sur le chemin et qui est aussi surpris qu’elle de la rencontre… davantage même, puisqu’après une seconde de stupeur mutuelle, lui, choisit de sauter dans le vide pour échapper au danger. On ne l’a pas vu disparaître, mais il a a priori fait un plongeon d’une dizaine de mètres dans le vide (et quand on mesure moins de vingt centimètres, ça fait haut !), et je crois donc que nous aurons sa mort sur la conscience.
Jour 4 :
La prochaine randonnée programmée***, reliant le Pico do Areeiro (je l’écris à la portugaise : en français on a trouvé intelligent de changer le nom en Pico do Arieiro) au Pico Ruivo, deux des trois plus hauts sommets de Madère, était annoncée pour durer 8 heures. Nous sommes donc partis tôt, en emportant un pique-nique fourni par l’hôtel. La commande n’avait visiblement pas bien été enregistrée : les paniers sont préparés à l’arrache, en retard par rapport à l’heure à laquelle on les avait commandés, il y manque la moitié des trucs prévus, c’est un peu décevant ; au final il semble qu’ils se soient rendus compte du problème puisque sur l’addition de fin de séjour, ils nous ont compté un prix réduit sur les pique-niques.
La randonnée commence au-dessus des nuages : sur le parking en pente, l’effet est marrant, le pare-brise n’étant pas aligné avec la ligne d’horizon tracée par les nuages. Il y a beaucoup de vent, et encore une fois pas mal de monde. Le parcours est très aménagé : escaliers de pierre ou sentiers pavés, des rampes de corde (je me demande toujours dans ce cas comment les ouvriers ont dû bosser pour faire tout ça). On traverse également quelques tunnels, mais dans lesquels on tient debout sans problème. Il y avait une voie alternative pour effectuer une partie de la rando, mais elle a visiblement été condamnée. Nous arrivons au Pico Ruivo en seulement 2 heures 30, et nous décidons donc de poursuivre sur un chemin additionnel qui part du pic. Voyant que le sentier est plat et aménagé pour permettre aux familles de rejoindre le pic depuis un parking, on bifurque sur un sentier abandonné qui grimpe sec et qui finit dans les rochers. L’ascension finale est sécurisée à l’aide d’une chaîne fixée dans la roche, mais pour le plaisir (la roche est très bonne), on grimpe façon varappe, en nous accrochant directement à la pierre. On arrive alors sur une crête où nous sommes complètement seuls, contents d’avoir pu cette fois encore agrémenter la rando classique avec une partie plus « aventure » et personnelle. La randonnée nous aura permis d’admirer de beaux paysages de montagnes, parfois engoncées dans les nuages. Nous aurons également croisé des familles de sortes de petites poules des montagnes, et une plante assez étonnante, aeonium glandulosum, que je rebaptiserai le chou de l’espace du fait de ses couleurs inattendues (vert, rose, bleu).
La descente en voiture depuis le Pico do Areeiro est la première occasion de ma vie de rouler littéralement une vingtaine de minutes sans jamais toucher l’accélérateur.
Nous dînons à l’hôtel, un menu traditionnel madeiran (mais cuisiné façon restaurant de standing quand même) : caldo verde (soupe) et carpaccio de thon pour les entrées / brochette de viande et maïs frit, purée de patate douce, sabre noir à la banane pour les plats principaux / glace banane, sauce fruit de la passion et tarte type pastel de nata mais avec une pâte à tarte pour les desserts.
Jour 5:
Pour la première fois depuis notre arrivée, nous ne programmons pas de randonnée pour nous remettre un peu après 3 jours assez physiques. A la place, nous commençons par nous promener dans le grand jardin botanique de l’hôtel, varié et coloré, à l’ambiance très agréable. Puis nous partons visiter plusieurs villages de l’île.
Camara de lobos** est un petit port coloré, avec des décorations festives de bric et de broc mais plutôt sympathiques et bien faites (fresques en canettes, lampions méduses…). Ça avait l’air d’être lié à une fête en particulier, mais je crois comprendre que la ville est toujours décorée. Très sympathique.
Cabo Girao est annoncé comme l’un des promontoires les plus hauts du monde mais ce jour-là il est complètement dans la brume… et il n’y a donc rien à voir.
Feja dos Padres* : au bout d’une route étroite, étranglée par les véhicules garés sur le côté et qui rendent la circulation très compliquée, un téléphérique descend jusqu’à une jolie crique avec une bananeraie, des vignes… C’étaient autrefois une communauté jésuite qui habitait l’endroit. Aujourd’hui, c’est surtout une plage, avec plein de gens qui se font dorer sur des transats… même si le décor a l’air très joli, ce n’est pas un endroit pour nous : nous faisons demi-tour sans descendre.
Paul do mar** : encore un joli petit village avec une rue unique bordée de maisons petites mais bien rénovées et colorées.
Jardim do mar** : un petit village plus dans son jus, sans tourisme, pas d’aménagement pour le tourisme (le remblai est bordé par un muret d’un mètre cinquante de haut en béton qui empêche de voir la mer…). Moins joli donc mais plus authentique.
Calheta* : une grosse station balnéaire sans attrait autre que sa plage et ses hôtels… et son restaurant italien qui produit ses propres glaces artisanales ! Nous y ferons plusieurs escales durant le reste du séjour.
Globalement, aucune de ces destinations ne méritait de faire le trajet pour la visiter, mais dans le cadre de ce petit circuit qui nous a permis de les découvrir à la suite les unes des autres, c’était très bien. Après ce petit tour de l’île, nous retournons à Ponta do Sol pour dîner dans un petit resto d’un excellent plat de poissons frits, Sol Poente***, sur un balcon avec une vue extraordinaire sur le coucher de ce soleil : c’était un super moment !
J’évite généralement de rouler de nuit quand on voyage, mais après ce long circuit, et après avoir assisté au magnifique coucher de soleil, il m’a bien fallu me faire une raison, et finalement ce n’était pas si terrible. Le chemin du retour est même l’occasion de découvrir le grand « cirque » de lumières dans lequel se trouve Funchal. Sur la voie rapide, il y a aussi deux passages durant lesquels l’éclairage ne vient pas des lampadaires en surplomb, mais de néons sur les rambardes latérales : l’effet produit est assez déstabilisant mais excitant, on a une impression d’accélération comme dans un jeu vidéo.
Jour 6:
Nous sommes partis ce jour-là pour une nouvelle randonnée le long d’une levada, les canaux qui font circuler l’eau depuis les hauteurs vers le reste de l’île. Le départ se situe dans les hauteurs de l’île, et nous admirons au passage du col le spectacle étonnant de nuages qui coulent littéralement sur la crête de la montagne.
La première marche nous conduit jusqu’aux jolies cascades de Ribeira do Lajeado** ; nous poursuivons avec une marche additionnelle jusqu’à la très haute cascade de Lagoa do vento**. Ces balades étant relativement courtes et faciles, nous enchaînons avec une nouvelle rando jusqu’à Risco**, au pied de la précédente cascade. Nous nous félicitons une fois de plus de notre acquisition de bâtons de marche, bien utiles pour descendre les escaliers en terre glissants. Parvenus au pied de la chute d’eau, nous voyons qu’il y a un passage qui en fait le tour en passant sous la cascade, mais le chemin est barré par une porte cadenassée. Nous sommes tentés de passer en-dessous ou au-dessus, mais ça a l’air dangereux quand même et donc on s’abstient.
Tant qu’on est là, on finit avec la randonnée de 25 fontes**, l’une des randonnées incontournables de Madère, comme ça on n’aura pas besoin de revenir dans ce secteur de l’île spécifiquement pour la faire. Le chemin suit à nouveau un canal sur un terrain presque complètement plat, mais il y a heureusement moins de monde à cette heure, même si on est quand même obligés de céder plusieurs fois le passage (ça doit être très pénible aux heures d’affluence). La promenade aboutit à un bassin dans lequel se jettent les fameuses « 25 fontaines », 25 cascades d’intensité variable (certaines sont même plutôt des ruissellements, difficile de ce fait d’établir le décompte exact des 25 sources).
Bien que nous ayons passé toute la journée à descendre durant ces quatre randonnées consécutives, la remontée jusqu’à notre voiture est étonnamment peu longue (une demi-heure) : très bizarre, mais tant mieux parce que même si ces six heures de marche ne nous ont pas fatigués (ne porter que 3 litres d’eau au lieu de 6 change pas mal la vie !), on commence quand même à en avoir un peu marre de marcher. La plupart des marcheurs du dimanche utilisent d’ailleurs la navette pour se faire remonter jusqu’au parking. On a pu constater plus d’une fois durant notre séjour à Madère le contrecoup de ces promenades archi-aménagées pour qu’elles soient accessibles à tous : les gens sont beaucoup moins respectueux de la nature, qu’ils visitent comme ils visiteraient un centre commercial, et ils laissent derrière eux des déchets, laissent du papier toilette derrière chacun de leurs besoins… ça gâche un peu l’expérience pour les vrais randonneurs.
Nous terminons la journée en retournant à Calheta, qui semble profiter d’un micro-climat éternellement beau et chaud, où nous dînons au Calheta Green** avant de prendre une glace à la Manufattura di Gelato***, que nous dégustons en regardant une nouvelle fois le soleil se coucher. A proximité d’un des hôtels qui borde la plage, je découvre des terrains d’un sport… bizarre, à mi-chemin du tennis et du squash, dont j’ignorais l’existence (et mes amis adeptes de squash également) : le Padel.
Jour 7 :
La météo prédit de la pluie, mais jusqu’à aujourd’hui bien qu’elle ait été plusieurs fois annoncée, nous ne l’avons jamais vue : comme le temps est censé se dégrader encore les prochains jours, on choisit de maintenir notre plan de rando au Pico Grande**. En raison de travaux, une déviation a été mise en place sur la route qui conduit au point de part de la randonnée, et le GPS en panique nous envoie dans une ruelle archi pentue et étroite, en nous disant ensuite de faire demi-tour… nous nous arrachons les cheveux pendant un quart d’heure avant de trouver le chemin pour contourner le problème : la route reste très en pente et étroite, mais on finit par parvenir au lieu prévu.
Cette randonnée s’annonce comme l’exact inverse de celle de la veille : il n’y a personne (une seule autre voiture sur le parking), et il n’y a à peu près aucun aménagement pour guider les randonneurs (le sentier reste toutefois en bon état, et il y a régulièrement des passages pavés). Les indications de notre guide (Géoguide, que nous ne recommandons pas) étant une fois de plus lacunaires voire trompeuses, on n’a pas trouvé immédiatement la bifurcation qui permettait de monter au pic. On a croisé deux allemandes en train de casser la croûte… mais on ne leur a pas demandé si elles l’avaient trouvé en les croisant, puis on n’a pas voulu revenir en arrière pour leur poser la question, alors qu’il devenait assez probable qu’on avait loupé le truc. Résultat : on a marché encore trois quarts d’heure dans la mauvaise direction avant de faire demi-tour… et la bifurcation était en fait exactement là où nous avions croisé les deux allemandes, qui en s’asseyant sur le début du sentier, en masquaient le passage… une heure et demie de perdue. La montée jusqu’au pic est plus sportive, il y a quelques passages en semi-escalade et le final est complètement en varappe, plutôt facile mais ça fait toujours plaisir de pouvoir faire un peu d’escalade sur les rochers. Nous n’avons en revanche aucune vue sur le décor à cause de la brume, qui se densifie pendant le chemin de retour, et s’accompagne bientôt d’une pluie de plus en plus forte… si bien qu’on arrive à la voiture pas mal mouillés. On a croisé un couple avec un bébé en redescendant du pic… le retour dans ces conditions n’a pas dû être très agréable pour eux. En partant, nous avons la surprise de voir une voiture arriver sur le parking alors qu’il pleut et que le brouillard est partout : peut-être des gens qui ont comme nous choisi de ne pas se laisser dissuader par la météo et de se donner quand même la chance de faire la randonnée, mais qui ont eu moins de chance que nous : étant donnée la situation météo, il n’était plus du tout question de se lancer.
Nous avons diné au golf-club de l’hôtel, où un barbecue est organisé tous les mercredis : j’ai pu y déguster des sardines grillées, mets délicieux que je n’avais plus eu l’occasion de goûter depuis peut-être trente ans (réaliser le temps passé, puis l’écrire est douloureux ! ^_^), ainsi qu’un succulent pudding au fruit de la passion en dessert. Nous rentrons dans l’obscurité au travers du golf, trouvant notre chemin de façon un peu approximative, marchant parfois sur la pelouse pour reprendre la bonne direction… Enfin parvenus devant la grille du jardin de l’hôtel, nous découvrons que celle-ci est fermée à clé. C’est décidément la journée des aventuriers, et rien ne nous arrêtera : on l’escalade (heureusement qu’il n’y avait pas de système d’alarme !).
Jour 8 :
Le mauvais temps est une nouvelle fois annoncé, nous prévoyons donc une simple visite des jardins botaniques de Funchal** plutôt qu’une randonnée… et la pluie commence à tomber dès le début de notre visite. Bien que riches, les jardins sont sympas mais sans plus. Après avoir joué à cache-cache avec les gouttes en nous réfugiant sous les arbres pour terminer notre visite, nous retournons à la voiture pour réviser nos plans. On est dimanche et à peu près tout est fermé à Funchal, donc pas de visite de musée ou de monument possible. Nous tentons de réserver une journée en bateau aux Islas Désertas pour un prochain jour de la semaine, mais le premier prestataire est fermé, le deuxième n’a pas encore programmé d’excursion…
Sachant qu’on a appris le matin même qu’il n’y avait plus de réservation possible pour aller à Porto Santo comme nous l’avions prévu, et que la météo est à la pluie pour les trois prochains jours, c’est un peu la matinée de la loose.
On décide alors de tenter d’aller visiter le côté nord de l’île, où il est censé de toute façon faire mauvais temps tout le temps : ça ne changera donc rien d’y aller aujourd’hui. Nouvelle preuve dès micro-climats sur l’île, lorsqu’on passe à l’ouest de Funchal le temps redevient sec, puis on passe un tunnel (il y a beaucoup de tunnels à Madère), et de l’autre côté, c’est à nouveau l’averse !
L’essentiel est qu’une fois arrivés à Porto Moniz**, il fait beau et chaud. On fait rapidement le tour de la ville (essentiellement organisée autour de ses « piscines naturelles » dont la principale est en réalité bétonnée et payante), mais nous en découvrons une version un poil plus sauvage en remontant le bord de mer, et en accès libre. Marion est tentée de s’y baigner, mais elle préfère finalement la version bourgeoise, qui s’avère très peu chère (1,50€ l’entrée !) mais on renchérit avec un parasol et deux transats. Je reste à l’ombre à écrire ces lignes pendant que Marion part se baigner.
Nous dînons à la Manufattura di Gelato à Calheta, après une longue attente pour avoir une table, puis pour être servi : bien qu’il y ait 5 ou 6 serveurs, il n’y a qu’une seule personne qui prend les commandes pour vingt tables… il y a manifestement un gros problème logistique.
Jour 9 :
Nous avions prévu la visite du couvent de Santa Clara mais découvrons une fois sur place qu’il est fermé jusque fin 2021 pour travaux. Nous nous rendons à la Cathédrale de Funchal, mais les horaires d’ouverture sont très courts et pas appropriés pour notre programme du jour. Nous visitons alors le Collège des Jésuites*, qui propose un petit rappel historique du bâtiment… sans réel intérêt à mon goût. Nous nous baladons ensuite dans les rues de Funchal puis au « marché des paysans ».
Nous prenons ensuite un téléphérique jusqu’au jardin tropical Monte Palace**, des jardins d’agréments avec des décorations qui évoquent différentes ambiances : japonaise (des arches et des ponts rouges, des carpes koi…), jardins à l’italienne (fontaines, statues, grottes mosaïques et azuléjos), un fortin dont les canons sont des fontaines… l’endroit est plutôt sympathique.
Nous dînons tôt de sandwiches au marché, puis nous retournons à l’hôtel pour une partie de billard (auquel nous sommes tous les deux à peu près nuls, mais comme notre niveau est comparable c’est plutôt rigolo).
Jour 10:
La cathédrale de Funchal que nous avions voulu visiter la veille est en fait en réfection, donc même si on a pu entrer il n’y avait rien à voir (et en plus une messe a commencé quand on est arrivés…).
Nous visitons ensuite un hôtel particulier, la maison-musée de Frederico de Freitas**, une maison bourgeoise du 19e siècle, qui permet d’admirer un très beau mobilier et pas mal de beaux objets.
Nous faisons ensuite quelques emplettes, du vin de madère et des gâteaux de miel que nous rapporterons en souvenir pour nos parents, avant de retourner à l’hôtel. Nous jouons un peu au badminton, mais la pluie se remet à tomber, nous exploitons donc la salle de fitness (Marion sur le rameur, mais elle s’ennuie rapidement ; moi j’essaie la Power plate mais je n’ai pas compris l’intérêt), puis Marion ose quatre longueurs dans la piscine malgré la pluie et la température relativement fraîche.
Nous dînons à l’Hamburgueria do Mercado** sur le remblai de Funchal. A Paris, il y aurait une file d’attente permanente pour manger dans un endroit comme ça : un resto sur une jetée, entouré par la mer avec vue sur le coucher de soleil. Ici, l’endroit est à moitié vide… En fait, les burgers qui nous sont servis sont un peu froid et il manque la moitié des boissons préparées sur place (jus et milkshakes : nous avions goûté leur milk-shake à la passion plus tôt dans le séjour et il était très bon), ce qui rend effectivement le diner assez moyen, mais quand même, rien que pour le lieu, c’est incroyable qu’il n’y ait pas plus de monde.
Nous partons en quête d’un dessert en ville, et faute de trouver quoi que ce soit de satisfaisant (ou d’ouvert, pour tout dire), on finit avec des glaces italiennes industrielles.
Jour 11 :
Nous partons pour une randonnée autour du massif des Terreiros***. Nous vivons une courte panique en arrivant au point de départ de la randonnée après une heure de route en voiture : Marion (qui porte des sandales au quotidien pour le confort, et n’enfile ses chaussures de rando qu’au moment de commencer la rando) a oublié ses chaussettes… Faudra-t-il renoncer à la rando ? Refaire deux heures de voiture pour aller chercher des chaussettes ? Heureusement, je les retrouve finalement dans sa portière…
Le début de la randonnée est un peu mystérieux, le guide Géo est encore une fois complètement inexploitable : on se retrouve en définitive à effectuer le parcours en sens inverse de celui décrit. J’ai vraiment le sentiment que l’auteur n’a pas effectué les randonnées qu’il présente. Marion m’épate une fois de plus par sa capacité à s’orienter, à trouver les sentiers, et à reconnaître les reliefs autour de nous. La randonnée est sympa, avec quelques belles vues (cette fois la météo est avec nous : il fait beau mais pas trop chaud, et les nuages s’écartent le temps de nous laisser apprécier le paysage). Plusieurs rapaces (après vérification : des faucons et non des éperviers) évoluent autour de nous. A la fin, l’air est chargé des odeurs de pins mêlées à celles des eucalyptus, c’est délicieux. La marche dure 3h30, ce qui est parfait pour une bonne activité, tout en laissant du temps libre pour faire d’autres choses ensuite, nous en profitons donc pour nager un peu dans la piscine en rentrant, puis allons dîner au Restaurante Do Forte**, qui propose un menu « dégustation » dans l’esprit des accords mets et vins des restaurants gastronomiques, avec des flots de vin (un verre à chaque plat comme dans les accords mets et vins, mais le serveur passe régulièrement entre les tables, et s’il voit un verre vide, il le remplit à nouveau ! C’est un peu trop…) La présentation des plats et le service sont soignés mais pour ce prix, le repas reste plutôt moyen. En sortant du restaurant, nous voyons des terrasses bondées partout, des gens qui se promènent dans les rues animées… Une semaine plus tôt lors de notre premier passage dans la ville, on n’avait pas réussi à trouver un seul resto ouvert et tout était hyper calme, est-ce que c’était un jour férié ? Mystère…
Jour 12 :
Marion voulait faire une dernière randonnée en levada, on monte donc à Levada do Norte*** mais on arrive complètement sous les nuages, il fait froid et il pleut alors qu’on venait du soleil… On hésite mais on se lance quand même. Une fois n’est pas coutume, nous manquons le tunnel qui permet de suivre le parcours normal après un quart d’heure de marche, mais c’est un échec heureux puisqu’en poursuivant sur le sentier alternatif, on arrive en fait sur un panorama dégagé, au soleil, avec de très belles vues. On va aussi loin qu’on peut sur ce sentier bis avant de retourner au tunnel, où nous nous étions doutés qu’il fallait tourner sans nous décider à le faire, et nous entrons dans un premier long tunnel. De l’autre côté le paysage est très différent, les nuages sont à nouveau là, l’humidité aussi et la végétation est totalement différente (mousses et plantes tropicales) : le changement de décor drastique simplement en passant d’une vallée à l’autre est l’une des grandes particularités de l’île. On traversera au total 4 longs tunnels dont certains où il me faut me courber pour éviter de me blesser (je me cogne quand même une bonne fois la tête – les fois suivantes j’ai pris mes précautions, c’est ma main, que j’ai mis en protection, qui prend. J’ai gardé des cicatrices pendant près de deux semaines.), et on croisera plusieurs belles cascades sur le chemin. Au retour, comme la rando est relativement courte même avec notre petit extra de début de séance, Marion repère une piste qui pourrait être un sentier, et après une courte montée en crapahutant sur de petites pierres, elle nous conduit jusqu’à une autre cascade en hauteur, cachée. C’était encore une fois bien chouette d’avoir pu trouver ce passage presque secret, nous permettant de profiter d’un petit bonus en complément de la promenade classique.
Nous effectuons ensuite un long détour pour aller voir le village Cural das freiras*, enclavé au cœur de l’île et qu’on n’a jamais trouvé d’occasion de visiter. Le village offre un très beau panorama sur les murs de la cuvette où il est engoncé, mais sinon le village en lui-même n’a pas d’intérêt (c’est une succession de buvettes pour les touristes qui viennent voir le décor…).
Bilan : Après pratiquement deux semaines sur place, nous avons pu voir tout ce que nous voulions voir sur l’île, et à la différence de nombreuses autres destinations, nous n’avons pas le sentiment qu’il sera nécessaire de revenir pour voir ce qu’on a pu manquer. Madère peut facilement séduire les gens qui viennent pour le côté balnéaire ou juste pour se reposer ; pour des amateurs de randonnées, je pense qu’une dizaine de jours sur place est suffisant : Marion a bien aimé Funchal, mais personnellement je n’y ai trouvé ni charme ni intérêt, et j’aurais donc fait l’impasse sur les visites de la ville ce qui nous aurait épargné quelques jours un peu moins riches. L’ile en revanche propose des décors beaux et variés et j’ai vraiment apprécié chacune des randonnées que nous avons effectuées : nous avons à la fois pu beaucoup marcher, et nous reposer, et nous avons donc bien profité de ce séjour.
Merci pour ce joli compte rendu.Une ile exotique qui fait envie malgré l’affluence et la météo.
Bravo pour tout ces détails,quelle mémoire !!
En vérité, ce n’est pas de la mémoire : je note tout au fur et à mesure, sinon une semaine après on a fait tellement de choses que tout s’embrouille… et c’est dommage :)
C’est un bon exercice, et qui aide à ancrer les choses qu’on vit… mais ça demande du temps !
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