[La Chanson de la semaine] Miracle Mile (Cold War Kids)
Il y a des chansons dont la séduction et l’efficacité sont si évidentes, qu’elles vous entraînent dès la première écoute, et parfois même dès la première mesure.
C’est ce qui s’est produit pour moi la première fois que j’ai lancé le quatrième album des Cold War Kids, Dear Miss Lonelyhearts, avec ce titre formidablement entraînant qu’est Miracle Mile.
Marion et moi avions suivi ce groupe depuis leur premier album, Robbers & Cowards (2009), et nous avions eu la chance de les voir en concert au Trabendo à Paris, une salle relativement intimiste où la proximité avec les artistes avait rendu ce moment passé avec eux magique et inoubliable. Si vous n’avez jamais écouté cet album et que vous vous pensez susceptible d’apprécier un rock chaloupé, au son original né du mariage d’une guitare fortement réverbérée, d’un piano saccadé qu’on croirait joué dans un bar, d’une batterie un peu jazz et d’une voix haute et enfiévrée, je vous le recommande vivement, et particulièrement les titres Hang me up to dry et Hospital beds qui sont à mon sens de purs chefs-d’œuvre et me donnent à chaque écoute l’envie de suivre le chanteur dans ses envolées déchirées.
Nous avions perdu le contact avec le groupe après l’album Loyalty to Loyalty (2011), qui gardait le son du premier album, mais avec des titres que j’avais trouvé globalement moins accrocheurs ; je découvre rétrospectivement que nous avons du coup loupé leur troisième album, Mine is Yours.
C’est probablement plutôt à Hang me up to dry ou Hospital beds que j’aurais consacré un article si je n’étais pas tombé ensuite sur Miracle Mile, et que la joie de ces retrouvailles ne m’avait pas instantanément donné envie de partager ce plaisir avec vous. Car à la différence de tous les titres plutôt noirs qui l’ont précédé, Miracle Mile est une chanson entraînante, rapide, qui donne la pêche (même si les paroles, comme on le verra plus loin, restent en vérité dans leur veine morose classique). Portée par un clavier dynamique et des arrangements électroniques qui remplacent le piano-bar et la reverb’ de guitare (le guitariste Jonnie Russell, qui contribuait nettement jusque là au son distinctif des Cold War Kids, a quitté le groupe après le troisième album), elle n’est du coup pas très représentative de la musique des cinq Californiens, sans pour autant être vraiment un OVNI dans leur production puisqu’on retrouve la voix particulière du lead singer Nathan Willett, impeccable même dans les montées des refrains et qui m’aurait permis de reconnaître les Cold War Kids même si j’étais tombé sur ce titre en aveugle. J’espère que celui-ci vous plaira et vous donnera envie d’en entendre davantage (il suffira alors de laisser l’album jouer la plage suivante, l’envoûtant Lost that easy, qui mériterait lui aussi son propre article), comme il m’a donné, à moi, envie de réécouter leur discographie !
Pour ceux qui aimeraient savoir ce que la chanson raconte, voici les paroles originales (dont je vous proposerai une traduction personnelle un peu plus bas) :
I was supposed to do great things
I know the road was long
But I wasn’t raised to shoot for fame
I had the safety on
I cut my ties, I sold my rings
I wanted none of this
If you start from scratch you have to sing
Just for the fun of it
I’d be alright, if I could just see you
Come up for air, come up for air
A miracle mile, where does it lead to
Come up for air, come up for air
I feel the air upon my face
Forget the mess I’m in
Hold me again, don’t count mistakes
I lost track of them
I’d be alright, if I could just see you
Come up for air, come up for air
A miracle mile, where does it lead to
Come up for air, come up for air
I was in the mud, I was in the dirt
Went underground and I found what I was worth
All alone and I know I cant stay
But we’re walking up and down the streets to stay awake
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
Get outside, get all over the world
You learn to love what you get in return
It may be a problem and it may be peace of mind
Put your head down down and breathe one breath at a time
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
Come up for air, come up for air, come up
I’d be alright, if I could just see you
Come up for air, come up for air
A miracle mile, where does it lead to
Come up for air, come up for air
I’d be alright, if I could just see you
A miracle mile, where does it lead to?
Et pour ceux qui ne parleraient pas couramment l’anglais, je me permets de proposer humblement cette traduction :
J’étais censé accomplir de grandes choses
Je sais que la route était longue
Mais on ne m’avait pas appris à viser le succès
Je jouais la sécurité
J’ai coupé mes liens, j’ai vendu mes bagues
Je ne voulais rien de tout ça
Si tu pars de rien, il faut que tu chantes
Juste pour le plaisir
Je n’irais pas mal, si je pouvais seulement te voir
Chercher de l’air, chercher de l’air
Ce sentier miraculeux, où mène-t-il ?
Chercher de l’air, chercher de l’air
Je sens l’air sur mon visage
Oublie les ennuis dans lesquels je suis
Reprends-moi dans tes bras, ne prête pas attention aux erreurs
J’en ai perdu le compte
Je n’irais pas mal, si je pouvais seulement te voir
Chercher de l’air, chercher de l’air
Ce sentier miraculeux, où mène-t-il ?
Chercher de l’air, chercher de l’air
J’étais dans la boue, j’étais dans la poussière
J’ai été sous terre et j’ai découvert ce que je valais
Tout seul et je sais que je ne peux pas rester
Mais nous allons et venons dans les rues pour rester éveillés
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Sors, traverse la Terre entière
Tu apprends à aimer ce que tu reçois en retour
Ça peut être un problème comme ça peut apaiser l’esprit
Baisse la tête, baisse la tête et prends une inspiration à la fois
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Chercher de l’air, chercher de l’air, chercher
Je n’irais pas mal, si je pouvais seulement te voir
Chercher de l’air, chercher de l’air
Ce sentier miraculeux, où mène-t-il ?
Chercher de l’air, chercher de l’air
Ça irait, si je pouvais seulement te voir
Ce sentier miraculeux, où mène-t-il ?
Ce texte, qui pourrait raconter l’histoire de n’importe quel artiste a priori, pourrait bien à mon sens être plus autobiographique qu’il n’y paraît, le 3e album des Cold War Kids (celui qui a précédé ce single, donc) ayant été reçu de façon assez mitigée par la critique, certains accusant le groupe d’échanger le style contre le succès.
A cette lumière, les paroles de Miracle Mile apparaissent comme une évocation de la sincérité de l’artiste (cf. les 2 premiers couplets), des risques et de la détresse que son choix de vie implique (« I’d be alright if I could just see you », toutes les images en rapport avec la difficulté à respirer,…), pour un objectif à terme qui pourrait bien n’être qu’illusoire (« A miracle mile, where does it lead to ? »)… et l’importance des retours qu’on reçoit (« You learn to love what you get in return ; It may be a problem and it may be peace of mind »).
Si vous êtes vous-mêmes artistes, j’imagine que ce sont des paroles qui doivent vous parler aussi ;)