[La Chanson de la semaine] Be Quiet and Drive (Deftones)
Ah, que c’est dur de choisir un unique morceau pour vous parler de ce groupe extraordinaire que sont les Deftones ! Les titres qui mériteraient eux aussi leur article sont légion dans leur discographie, mais de deux choses l’une : soit vous connaissez déjà les Deftones et donc vous savez qu’ils sont l’un des plus grands groupes de l’Histoire (grand ‘H’), soit vous ne les connaissez pas encore, ou alors seulement de nom, et comme moi à l’époque où je les ai découverts vous vous imaginez un groupe de bourrins qui crient sur de la musique trop forte.
Quoi de mieux si vous êtes dans ce dernier cas, que de vous présenter le même titre que celui qui me fit découvrir leur musique, bien plus subtile et riche -belle, même- que ce que j’avais présumé ?
Je ne vais pas vous mentir, le morceau que vous allez écouter reste du rock (et même du métal -en fait, du nu-metal (prononcez « new metal »)) : on y entend des guitares saturées, et la batterie claque.
Ce qui change, alors ? Ce qui change c’est que malgré un son très dense et lourd, l’atmosphère du morceau, par la magie de la chaude voix fêlée/feulante de Chino Moreno, se fait mélancolique et rêveuse. Le néo-métal, qui mêle traditionnellement phrasé inspiré du rap et sonorités métal, est chez les Deftones et tout particulièrement sur ce morceau, un mélange d’énergie explosive et de douceur blessée.
Mesdames et Messieurs, voici Be Quiet and Drive (Far Away), des Deftones.
Prenez l’intro de Be Quiet and Drive, laissez jouer les premières mesures et plaquez dessus le chant d’un autre métalleux, et vous aurez un titre agressif ; à l’inverse, avec son chant doux et désabusé, Chino Moreno entraîne la chanson dans un tout autre univers, un alliage unique de colère rentrée et d’abattement meurtri.
Le texte est dans le même état d’esprit : comme l’annonce le titre lui-même – « ne dis rien, conduis »- on est à la fois dans l’invective (« tais-toi ! ») et dans l’invitation au voyage. Il est d’ailleurs particulièrement dommage que la vidéo tournée pour ce morceau ne soit qu’une simple mise en scène du groupe, alors que des paysages défilant par la fenêtre d’une voiture auraient bien davantage servi ce road movie sonore (tiens d’ailleurs ça me donne envie de faire cette vidéo moi-même).
La première version que j’ai placée en illustration est un radio edit -une version raccourcie- mais si vous avez été transporté et si vous aimeriez poursuivre le voyage, voici la version album qui prolonge le plaisir quelques précieuses minutes supplémentaires :
On trouve sur le Net des vidéos avec les paroles en sous-titrage, mais pour ceux qui préfèrent fermer les yeux pendant le trajet, les revoici, en version originale puis traduites par bibi.
Comme vous le verrez (ou comme vous l’avez peut-être déjà entendu), c’est assez sobre -mais il n’y a pas besoin d’écrire des chapitres entiers pour peindre un paysage et raconter une histoire :
This town don’t feel mine
I’m fast to get away-FAR
I dressed you in her clothes
Now drive me far – away, away, away
It feels good to know you are mine
Now drive me far – away, away, away
FAR away
I dont care where just FAR – away
I dont care where just FAR – away
I dont care where just FAR – away
And I dont care
FAR – away
And I dont care where just FAR – away
I dont care where just FAR – away
I dont care where just FAR – away
Et mon interprétation en français, donc (en allant voir sur le Net si des traductions existaient déjà, je suis tombé sur des trucs assez fendards à lire sur les sites de traduction automatique des paroles de chansons, genre là ou là -ce n’est évidemment pas très malin de pointer quelqu’un du doigt juste au moment de se livrer au même exercice, mais j’ose espérer que ma traduction sera un poil plus sensée) :
Je ne suis pas chez moi dans cette ville
J’ai besoin de partir – LOIN
Je t’ai mis ses vêtements
Maintenant conduis-moi loin – très loin
C’est bon de savoir que tu es mienne
Maintenant conduis-moi loin – très loin
LOIN – très loin
Peu importe où, mais loin – très loin
Peu importe où, mais loin – très loin
Peu importe où, mais loin – très loin
Peu importe
Le titre original est sorti en 1997 sur l’album Around the Fur. Les Deftones en ont publié une version alternative sur leur recueil de B-Sides et de morceaux non publiés (assez judicieusement intitulé B-Sides & rarities). Dépouillée de ses lourdes guitares, cette version appuie davantage sur la lame de la mélancolie. Elle est qualifiée dans le titre d’ « acoustique », ce qui est un léger abus de langage (l’effet « craquement de vinyle » et les espèces de cris de mouettes vers 1:50 c’est acoustique ça Oo ?), mais qui traduit l’esprit « gros son off » de cette version « veille de suicide ».
Les lecteurs rebutés par le son saturé du morceau original préfèreront peut-être cette réinterprétation moins bruyante.
Sans conteste, une de leur meilleure chanson.
Merci de lui avoir consacré (est-ce un bon accord du participe passé, Elise? ;o)) ce billet.
L’accord du participe passé est correct.
On écrirait plutôt « Une de leurS meilleureS chansonS », sinon :p
J’etais tellement concentre sur l’accord du participe passe que j’ai zappe le reste… enorme le Steevy,,,