Le Manoir aux Quat’Saisons (Great Milton, Angleterre)
J’ai déjà eu la chance d’aller dans de nombreux restaurants, bons et moins bons et dernièrement de très bons, ici ou encore là.
Très récemment, il nous a été donné de nous rendre dans un excellent établissement. Quelle différence me direz-vous entre un très bon et un excellent restaurant ?
Eh bien, c’est mon souci, j’ai eu du mal à différencier les deux, certainement le témoignage de ma limitation en termes d’appréciation gustative.
Appartenant à Raymond Blanc, chef français exilé en Angleterre, le Manoir aux Quat’Saisons est un restaurant deux Etoiles dans le guide Michelin.
Mon impression après le repas est un peu difficile à décrire, non pas déçu, mais comme j’y faisais référence quelques phrases plus haut, je ne suis certainement pas le mieux placé pour faire la différence entre un excellent plat et un plat exceptionnel. Autant je comprends certaines associations de saveurs, les mélanges de textures (le plat doit comprendre, du mou, du dur par exemple) et la richesse des saveurs. Mais la technique, la présentation, l’innovation ne font pas partis de mon répertoire.
Je ne vais pas me plaindre, bien au contraire, les six plats étaient excellents et d’un raffinement rarement (même jamais) égalé et qui vaut absolument le détour. Mais était-ce gâché parce que je ne saurai pas faire la différence avec le Château de Salettes par exemple ?
Voilà de quoi s’est constitué notre repas, six plats pris en sandwich entre des amuses bouches et des petits fours :
Amuses bouches :
Brochette de mangue et jambon Serrano
Feuilleté tomate et chèvre
Sushi au ton parfumé wasabi sur feuille de sésame
Croquette chorizo, morue et ketchup
Entrée:
Noix de St-Jacques, purée de chou-fleur et curry
Risotto aux légumes du jardin, crème de cerfeuil
(A noter que le risotto est parfumé à l’essence de tomate, collectée de manière peu académique)
Plat de poisson:
Filet de loup de mer et langoustine grillées, purée de pomme de terre fumée, sauce anisée au vin rouge
Plat de viandes:
Agneau des Cornouailles, gratin de betteraves et légumes du jardin
Fromage:
Cœur de Franche-Comté : le comté accompagné de noisettes grillées, de chutney à l’abricot et à la vanille et d’une tranche de pain aux raisins secs et noix de pécan.
Servi avec un verre de Château Châlon 1999, domaine Chevassu
Dessert:
Meringue moelleuse au cassis, crème vanillée et guimauve à la violette
Petits-fours :
Glace caramel réglisse
Fondants chocolats noir praline
Macaron framboise
Gelée de lychee et de rose
Les points remarquables furent :
– Les noix de St Jacques cuites parfaitement et le mélange des saveurs accompli avec le choux fleur croquant et l’huile au curry.
– L’arrière-goût du risotto, avec l’essence de tomate qui procure une vraie profondeur au plat.
– Le plat de poisson, tout bonnement parfait et la palme revient à la purée qui malgré un gout fume très intense ne prenait pas le dessus sur les autres ingrédients.
– Le trio de morceaux d’agneau qui reflètent que l’on peut avoir des saveurs complètement différentes avec le même animal.
– Le fromage avec la différence de saveurs entre les trois maturations qui était frappante et parfaitement contrebalancé par le chutney et le vin (fumé à la manière d’un cognac).
– Le dessert avec son sorbet au cassis avec une saveur intense, parfaitement contrebalancée par la meringue à la vanille ainsi que les marshmallows.
En définitive, je pense qu’en écrivant ce que je pense des plats, je place Le Manoir au-dessus du Château de Salette : l’intensité des saveurs, la combinaison des ingrédients et le raffinement des plats ainsi que la présentation en font la meilleure expérience culinaire de mon existence.
Forcément, je ne peux que conseiller, mais il faut faire attention à son porte-monnaie…
Oui, c’est vraiment la classe, incontestablement!
Digne de se retrouver dans un remake du célèbrissime « Rebecca » de Daphne du Maurier et mis en scène par Hithcoock…of course…
Gâché, dites vous ? Cet endroit vous projette peut-être dans ce troublant suspense d’ Alfred H.