Le bâillement

Avant de commencer la lecture de cet article, je vous propose une petite expérience : cliquez sur ce lien et écoutez les quelques mp3 proposés.

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Ca y est ?

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Vous avez bâillé ? Moi, ça me le fait à chaque fois, et c’est scientifiquement prouvé : le bâillement est contagieux !

Pour commencer, définissons ce qu’est un bâillement : d’après Wikipedia, il s’agit d’un « comportement réflexe, stéréotypé mais modulable et physiologiquement contemporain des étirements musculaires lors de l’éveil. Il est isolé lors du besoin de sommeil, de l’angoisse, de la faim ou de l’ennui et est présent chez beaucoup d’animaux, dont tous les mammifères (y compris l’humain), les reptiles, et les oiseaux ».

Plus simplement, il s’agit d’un « mouvement d’inspiration suivi d’une expiration en ouvrant grand la bouche » ;  on acceptera alors l’idée que les gens qui arrivent à bâiller la bouche fermée sont juste… talentueux : Oscar Wilde disait d’ailleurs que « dans la bonne société anglaise, le talent plus le utile est de savoir bâiller la bouche fermée ».

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Savez-vous ce qu’est la pandiculation ? Il s’agit de l’étirement généralisé des muscles, souvent associé au bâillement, présent chez l’homme et les animaux, fréquent au réveil ou, pour les grands animaux, après le relever.

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Il faut également savoir que lorsque l’on bâille, l’habitude de se mettre la main devant la bouche n’est ni une marque de politesse ni même d’hygiène mais résulte d’une superstition selon laquelle le diable profiterait des bâillements pour pénétrer l’âme des pauvres humains, croyance que l’on retrouve également chez les musulmans :

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« Les femmes espagnoles, lorsqu’elles bâillent, ne manquent pas de se signer quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que le diable n’y entre » (Dictionnaire infernal, Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, 1818).

« Quand l’un de vous bâille, qu’il place sa main devant sa bouche sinon le Diable y entre » (Abou Sa’id Al Khoudri).

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En bref : si vous n’êtes pas croyant superstitieux croyant, rien ne vous empêche de bâiller la bouche grande ouverte en montrant vos chicots et plombages à vos beaux-parents. Si ce n’est que vous risquez de faire bâiller tout le monde autour de vous…

Plus de la moitié des personnes sont sensibles aux bâillements des autres, et pourtant, certaines personnes y résistent.  D’où vient cette différence de réaction entre les individus ? Des chercheurs américains ont montré que les personnes qui avaient du mal à s’identifier aux autres, qui restaient un en retrait du monde, étaient de fait, « immunisées ». Des études antérieures avaient montré que 40 à 60 % des personnes étaient enclines à bâiller lorsqu’elles observaient quelqu’un le faire, mais jusqu’à présent, on ne connaissait pas les causes de cette contagion. A la fin des années 1980, le psychologue Robert Provine, de l’Université de Maryland, aux États-Unis, a mené des expériences pour tenter de répondre à cette question. Il a par exemple projeté à des volontaires un film où se succédaient 30 bâillements : certains sujets bâillaient au bout de quelques secondes, d’autres au bout de cinq minutes, et 55 % des sujets étaient victimes de la contagion. Quand un dessin animé (qui simplifiait les expressions faciales) retraçait le film, aucun sujet ne bâillait plus. Certaines personnes sont si sensibles à la « contagion » qu’elles bâillent en lisant un récit qui évoque le bâillement, d’autres seulement en y pensant ! Et vous, ça vous a fait quelque chose, ces 18 fois le mots « bâillement » ?

En août 2003, Steven Platek, de l’Université Drexel de Philadelphie, a mené des expériences sur le profil psychologiques des personnes sujettes à la contagion ou résistantes. Il a montré que les individus sont d’autant plus sensibles à la contagion qu’ils sont capables d’empathie. L’empathie, c’est-à-dire la capacité de ressentir ce que ressent autrui, de se mettre à place, se fonde sur la perception de l’expression faciale des émotions ; elle nécessite un traitement analytique des informations et sous-tend des mécanismes cognitifs élaborés. La contagion du bâillement s’apparente au décryptage d’une émotion ou d’un état de vigilance d’autrui. D’autres études ont par ailleurs démontré que les chimpanzés étaient également influencés par les bâillements de leurs congénères (reste à voir l’interaction homme/chimpanzé ^^).

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En gros, lorsqu’au petit matin, vous bâillez dans votre rame de métro et qu’en face de vous, un gars vous regarde fixement sans vous rendre la politesse, fuyez, c’est un sociopathe !

4 réflexions sur “ Le bâillement ”

  1. LN sur

    :O

    L’article m’a fait bailler. D’ennui?
    :))

  2. Céphalopode sur

    OUaaaahhh, j’ai mal à la mâchoire à force de bailler ! (^Ò^)

  3. Akodostef sur

    Sans rire, j’avais pensé la semaine dernière à écrire un article là-dessus ! Je suis hyper-sensible à la contagion des bâillements (et j’ai été vérifié cette orthographe super bizarre, en passant, j’étais persuadé que tu avais enchaîné la même faute honteuse une vingtaine de fois… et finalement non. Super bizarre. Bizarroïde, même, aurait dit Nessim).
    Le son seul, l’image seul, y penser effectivement suffisent à me faire bâiller… :/
    Heureusement, j’ai effectivement appris à bâiller sans ouvrir la bouche, parce qu’il suffit aussi qu’on commence à me parler pendant deux minutes pour que je me mette aussi à bâiller si je n’ai pas à rebondir sur ce qu’on me dit : ne le prenez pas pour vous si jamais vous me voyez un jour doubler « discrètement » de longueur de visage pendant que vous me racontez un truc super personnel ! ;p

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