Le guet des orfèvres (Terry Pratchett, 1993)
Bon, je vous ai déjà fait l’article sur Terry Pratchett dans mon billet sur La vérité, donc je ne vais pas vous raconter à nouveau à quel point cet auteur anglais de fantasy décalée est brillant, marrant et inventif, et je vais me contenter de faire un bref topo sur le roman lui-même, ce qui tombe bien puisque là avec Marion on s’est mis à en lire dix d’un coup et que je prévois de rédiger un article pour chaque (je rappelle qu’à la base, j’écris mes articles pour me souvenir de ce que j’ai pensé de ce que j’ai vu ou fait, pour plus tard quand mon alzheimer m’aura rattrapé -et je rappelle au passage cette sinistre révélation : Terry Pratchett est atteint, réellement, de la maladie d’alzheimer et donc on n’aura sans doute plus très longtemps de nouveaux bouquins à se mettre sous les yeux… et je finis cette interminable phrase d’introduction là-dessus).
Le guet des orfèvres est le 15e livre des Annales du Disque-Monde, ce qui, si vous avez bien lu le précédent article, signifie que celui-ci est donc antérieur à La vérité. Un peu ballot, dans la mesure où les deux mettent en scène pas mal de personnages communs -c’est d’ailleurs ce qui nous avait donné envie de lire celui-ci puisque les représentants du Guet (les forces de l’ordre d’Ank-Morpork, capitale du Disque-Monde) étaient l’un des éléments que nous avions particulièrement apprécié dans La vérité : contrairement à ce que nous avons fait, il vaut logiquement mieux lire Le guet des orfèvres avant La vérité -mais il faut lire les deux !
On retrouve donc dans Le guet des orfèvres le caporal Chique, alias Chicard (mon préféré, le type qui n’a l’air de rien, qui passe les suspects à tabac mais seulement s’ils sont inconscients et auquel il vaut mieux ne pas confier la surveillance d’un bien précieux si on ne veut pas le voir disparaître dans sa propre poche), le perspicace capitaine Vimaire (qui est sur le point de se mettre à la retraite), les sergents Angua et Detritus qui effectuent là leur première mission, l’inoubliable Gaspode (le chien miteux qui parle -chaque fois que je vois un chien pouilleux quelque part maintenant, je me dis : « C’est Gaspode ! » (bon, en fait c’est à Marion que je dis ça…) (c’est bon d’avoir quelqu’un avec qui partager ses blagues à référence ^_^)) et quelques nouvelles figures, dont le sympathique héros de cette histoire, le caporal Carotte, qui a un sharisme fou malgré sa grande candeur (il est, notamment, hermétique au concept de métaphore).
L’histoire en elle-même n’est pas très intéressante (moins que dans La vérité, c’est dire) même si elle est loin d’être idiote et qu’elle prend ici une place plus importante dans le récit ; mais le plaisir de la lecture se trouve toujours, indéniablement, au niveau des descriptions émaillées d’humour et dans les caractères, les dialogues et les actes des personnages, hauts en couleur et souvent très drôles (avec une scène mémorable dans l’armurerie, qui fait vraiment penser que Pratchett a déjà fait du jeu de rôles à la D&D ou qu’il connaît bien ce milieu).
Comme dans la plupart des romans de Pratchett, on trouve aussi en arrière-plan une approche d’un thème de société plus large (ici, la différence -de sexe, de race, de taille…), mais comme souvent, ce n’est qu’un prétexte au reste et on ne peut pas dire que le propos soit très profond -ce qui n’est de toutes façons pas ce qu’on attend de ces romans, qui sont clairement conçus pour faire sourire le lecteur… et celui-ci est encore une fois une vraie réussite. Je n’avais pas de quoi noter dans la marge les meilleurs passages et je regrette franchement. Mais c’est pas grave : je me rattraperai quand je le relirai !