[La Chanson de la semaine] Here Today (The Chameleons)
Quelque part dans les années 90, à une époque où, étudiant, je me mettais souvent à mon bureau pour dessiner en écoutant la radio (il n’y avait pas encore Internet à l’époque, j’étais plus créatif…), j’ai cherché un moment un soir d’orage, en vain, la station que j’avais prévu d’écouter. C’est ce soir-là que je suis tombé sur une émission terrible qui s’appelait La cacophonie du mardi soir, sur la radio locale d’Enghien : l’animateur y présentait des artistes rock indépendants, des groupes gothiques, post-punk, … autant de perles que j’avais sauvegardé à l’époque sur une cassette audio (ah, la belle époque !) et qui m’ont longtemps accompagné ensuite même si je n’ai plus jamais eu la chance de retomber sur l’émission.
Était-ce l’effet de l’orage qui avait porté jusqu’à mon poste des ondes qu’il n’était pas censé recevoir, le temps de cette seule émission qui du coup a marqué durablement ma vie de mélomane ? C’est peut-être scientifiquement douteux, mais c’est la thèse que je conserverai, d’autant que c’est cette nuit-là que grâce à cet animateur mystérieux, j’ai découvert le groupe anglais The Chamelons, avec leur chanson Here Today, qui évoque justement un personnage qui a perdu ses repères. Ambiance : je vous laisse écouter le morceau, et je vous traduit les paroles juste après.
Paroles originales :
Don’t know what happened
But somebody lost their mind tonight
Not sure what happened
But I don’t think I got home tonight
And there’s blood on my shirt
The clap of thunder
And I see my life go flashing by
The smell of sulphur
And I weep as I embrace the sky
I heard somebody scream
My chest is burning
I think someone set my soul alight
Don’t know what happened
But I don’t think I got home tonight
I wonder why
I wonder why
Ahhhh, there’s madness here today
Ahhhh, I think I’ll go away
Where is my wife?
Where is my wife?
I’m draining away
I’m draining away
(Draining away)
Here today
Traduction maison :
Je ne sais pas ce qui s’est passé
Mais quelqu’un a perdu l’esprit ce soir
Pas sûr de ce qui s’est passé
Mais je ne crois pas être rentré chez moi ce soir
Et il y a du sang sur ma chemise
Le claquement du tonnerre
Et je vois ma vie qui défile
L’odeur du soufre
Et je pleure en étreignant le ciel
J’ai entendu quelqu’un crier
Ma poitrine brûle
Je pense que quelqu’un a mis mon âme en feu
Pas sûr de ce qui s’est passé
Mais je ne crois pas être rentré chez moi ce soir
Je me demande pourquoi
Ahhhh, la folie est là aujourd’hui
Ahhhh, Je pense que je vais partir
Où est ma femme ?
Où est ma femme ?
Je m’écoule
Je m’écoule
(m’écoule)
Ici, aujourd’hui
Mark Burgess, bassiste, chanteur et leader des Chameleons, évoque sur le site du groupe le fait que Here Today a été écrite début 1981, quelques mois après l’assassinat de John Lennon (en décembre 1980), et évoque la possibilité que ce texte ait été marqué par cet événement tragique et incompréhensible.
The Chameleons est devenu par la suite un de mes groupes fétiches bien qu’ (ou du fait qu’?) il s’agisse d’un groupe à l’audience relativement confidentielle, leur son particulier (notamment cette guitare aux notes aériennes et aux échos accentués par la réverbération qui crée avec les nappes éthérées du synthétiseur une atmosphère irréelle et vaporeuse) et leurs mélodies me rappelant régulièrement à leurs meilleures chansons, dont ce Here Today qui m’évoquera éternellement cette nuit d’orage mythique qui me fit les découvrir.
Je termine cet article avec la version enregistrée en Peel Sessions (l’exceeeellente émission radio de show musical live de feu-l’anglais John Peel diffusée sur la BBC Radio 1 de 1967 à 2004) de Here Today, dans une version où la guitare se fait à l’inverse moins aérienne, presque plus inquiétante.
Ca fait penser un peu a du gothique ton histoire (je retrouve des sonorite a la Sister of Mercy ou encore The Cure)!
Plutot pas mal je dirai, meme si j’ai un peu de mal avec le son annee 80 qui est un peu etouffe et dont la qualite de l’enregistrement laisse sur sa faim.
Disons que ça n’est pas littéralement du gothique, mais clairement, c’est dans la même famille musicale quand même (hop : post-punk, pour mettre une grosse étiquette fourre-tout ! ^_^). Tu auras d’ailleurs peut-être remarqué que je n’ai pas choisi la photo d’illustration complètement par hasard : avec son ambiance étrange et ses ombres distordues elle rappelle assez la couverture du Pornography des Cure (pour laquelle j’avais déjà fait un parallèle avec la couverture du dernier album des Horrors, ici : http://memesprit.fr/2011/09/rock-en-seine-3e-jour/).
Avez-vous plus d’infos sur cette émission de radio svp? J’en cherche partout mais les détails sur le programmateur & la playlist sont introuvables ! Merci
Malheureusement non… Je réécouterais moi aussi avec plaisir ces émissions qui m’ont permis de faire un gros bond en termes de culture underground rock, mais c’était a une époque ou l’Internet n’existait a peu près pas, les podcast encore moins et donc je crains que les seules traces qui en existent encore soient sur d’éventuelles bandes magnétiques, si elles ont survécu aux années… C’est très dommage ! Mais si quelqu’un passant par la a des infos a partager, ce sera un plaisir de servir de chambre d’écho :)