Robin des Bois (Ridley Scott, 2010)

Dans mes articles sur Avatar et plus récemment sur Dans ses yeux, j’ai dit un mot sur ce que je pensais des affiches (toutes pourries) de ces deux films. Ce sont, à l’inverse, les affiches (+ une très belle photo dans Télérama) de ce nouveau Robin des Bois qui m’ont donné envie d’aller le voir. Le héros y apparaît sombre, sale, brutal, réaliste mais classe : une esthétique réussie, et il n’y a pas de malentendu sur le film qu’on va voir.

Pour autant, j’ai eu un peu de mal à convaincre mes petits camarades d’aller le voir -et moi-même, même si j’aime bien Ridley Scott et Russell Crowe, j’aurais facilement pu m’en passer a priori sans que ça me fende le cœur. Eh oui, une nouvelle version d’un mythe aussi traditionnel que celui de Robin des Bois, déjà porté plusieurs fois à l’écran, ça n’avait rien de bien excitant sur le papier. C’est pourquoi l’idée de Scott de changer d’angle et de raconter une pré-histoire qui aurait fait de Robin ce qu’il est au début de la légende classique est une bonne idée : elle nous permet de suivre ce personnage sympathique et populaire au cœur d’aventures nouvelles et inattendues (d’autant qu’il n’hésite pas à prendre des libertés avec les ingrédients de base de l’histoire : ainsi le Prince Jean sera ici le Roi Jean, Robin sera Robin Longstride, usurpant l’identité du vrai Robert de Luxley dans un épisode qui rappelle le très bon Retour de Martin Guerre,…).

Russell Crowe est toujours aussi crédible dans son rôle de nounours viril, bon et droit, Cate Blanchett incarne une Marianne de Luxley battante et à la forte personnalité, bien loin de l’icône habituelle de la princesse juste bonne à être secourue ; les personnages sont dans l’ensemble très réussis, avec pour moi une mention spéciale pour le roi Jean, dont la durée du film (2h10 quand même) ne suffit pas à montrer toute la subtilité mais qui se dessine comme une figure assez intéressante, un homme à deux doigts de pouvoir devenir un roi décent mais que son manque de vertu et de qualité sincère ramène systématiquement vers une tyrannie médiocre et l’impopularité.

L’ensemble du casting est une réussite, avec de grands acteurs (William Hurt, Max von Sydow) en seconds rôles de qualité, le vilain Mark Strong (l’acteur à la mode pour jouer les méchants -souvenez-vous : il était déjà dans les récents Sherlock Holmes et Kick Ass), et de nombreuses têtes moins connues que j’ai retrouvées avec plaisir : Kevin Durand (le bad guy charismatique Keamy dans Lost), Matthew MacFadyen (un temps meneur de l’équipe d’agents secrets du MI-5 (Spooks en V.O.)), ou encore Denis Menochet, cet acteur français qu’on avait découvert dans l’excellente scène d’introduction d’Inglorious Basterds), sans les citer tous.

Il y a, quand même, quelques passages navrants dans le film : un plan cliché sur le méchant maréchal qui arbore un rictus cruel en voyant les armées menées par Robin débarquer dans le village qu’il est en train de piller -alors que rien ne peut sans doute plus le faire ch… que cette arrivée imprévue (mais les méchants, ça arbore des rictus cruel, non ?) ; un dialogue énooooooorme avant la bataille finale, avec l’armée des gentils, composée uniquement de cavaliers et d’archers, qui arrive en haut d’une falaise tandis que les envahisseurs sont en bas sur la plage : « bon alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » – *réflexion*- « Les cavaliers prendront la plage, et les archers resteront sur la falaise » – « Excellent plan ! »… (heureusement qu’ils ont un stratège dans la bande, imaginez qu’ils aient fait l’inverse !…) ; une arrivée invraisemblable de Marianne dans la bataille finale, toute arnachée et prête au combat…

Il y a aussi, malgré une esthétique générale réussie, ce recours que personnellement je ne m’explique toujours pas à cette manie relativement récente de filmer les scènes d’actions en réduisant le nombre d’images par seconde (je ne sais pas exactement ce que c’est que ce procédé, et si quelqu’un peut compenser mon ignorance je lui en serais franchement reconnaissant parce qu’il mettra un nom sur un des trucs qui m’exaspère et me sidère le plus dans le cinéma récent) ce qui donne des scènes hachées et encore moins lisibles, un effet complètement contre-productif alors que j’imagine que l’objectif est d’impulser davantage de pêche dans l’action.

Mais la véritable faiblesse du film à mon avis se trouve plutôt dans un certain manque d’intensité générale. On n’est pas très angoissé dans les scènes de suspense, on n’est pas très transporté dans les scènes épiques, on n’est pas très ému par la relation naissante entre Robin et Marianne… Bref, on ne s’ennuie quand même pas, mais on ne ressort pas de la séance transformé, quoi.

Un film sympa, mais mineur.

3 réflexions sur “ Robin des Bois (Ridley Scott, 2010) ”

  1. Akodostef sur

    Bon, je n’ai pas résisté… comme j’avais travaillé deux heures et quelques sur l’article (je suis quelqu’un de laborieux, vous l’aviez remarqué), ça me fendait trop le coeur de juste le jeter à la poubelle (et pour un commentaire, ça aurait été trop long). C’est donc le deuxième article de Même Esprit sur ce Robin des Bois, et puis tant pis ! (vous noterez que j’ai essayé de faire court, quand même ;) )

  2. Stoeffler sur

    Et hop deux articles pour un film qui n’en vaut pas la peine! ;o)

  3. Dranac sur

    Ça me fait plaisir de voir que je suis pas le seul a avoir repéré Denis Menochet :)
    Pourtant il dois jouer 30 seconde à tout casser (et encore , à l’arrière plan).

    Sinon, pas un bon film. Ya eu pas mal de moment où j’ai espéré voir le film devenir intéressant et pfouf le soufflé retombe à chaque fois.

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