L’assassin royal (Robin Hobb) – L’apprenti assassin

L’Assassin Royal est une série de romans de Robin Hobb, situés dans un monde médiéval-fantastique : dans le royaume des Six-Duchés, le prince qui devait hériter du trône se désiste lorsqu’est révélée l’existence d’un bâtard qu’il aurait engendré. L’enfant va être recueilli et éduqué par le serviteur le plus fidèle du prince, désormais retiré de toute vie de cour, et entrera secrètement dès son plus jeune âge au service du roi Subtil : entraîné par un vieux mentor, Fitz, le héros, apprendra le métier d’assassin et le rôle ingrat d’homme-lige, entièrement dévoué à son seigneur et contraint de faire passer ses intérêts, ses opinions, et sa vie après ceux du roi.

Le lecteur découvre avec le jeune assassin deux intéressantes formes de magie extrêmement rares et plus ou moins antagonistes : le Vif, lien viscéral et primitif avec la nature qui permet de sentir les présences et les émotions des autres êtres vivants jusqu’à créer une véritable fusion spirituelle avec certains animaux ; et l’Art, traditionnellement pratiqué par la lignée royale, qui requiert un difficile entraînement et qui permet d’espionner et même d’influencer subtilement les pensées de ceux qui en sont la cible.

Ce premier tome se conclut, après la formation de Fitz, par une délicate mise en pratique de ses talents dans un territoire voisin, alors que Royal, dernier fils du roi, révèle concrètement le degré de sa haine à son encontre en le plongeant dans une situation inextricable dont il ne peut espérer réchapper que grâce à la complicité de ceux qui lui ont été désignés comme ses cibles, et l’assistance de personnages-clés présents à ses côtés depuis son enfance.

Ce final est une vraie réussite, et a réussi à me tenir en haleine jusqu’à sa conclusion, qui survient malheureusement un peu trop rapidement à mon goût : j’aimais beaucoup la tension générée par l’affreux piège des méchants comploteurs. D’une façon générale d’ailleurs dans la série, je trouve les plans machiavéliques des conspirateurs assez remarquables et le conflit auquel le héros est soumis, ulcéré par les manifestations évidentes de la traîtrise de Royal et de ses sbires, mais contraint à l’inaction par ses vœux de loyauté à la couronne ou par l’astuce de ses ennemis qui ne prêtent que rarement le flanc à la critique et restent par là intouchables, est l’un des ressorts les plus efficaces de la série : on fulmine de voir tant d’injustice rester impunie, mais c’est ce qui nous maintient sur les braises tout au long du récit.

L’apprenti assassin est d’ailleurs une réussite à plus d’un titre : non seulement l’intrigue de ce premier tome est très bonne en soi, mais en plus, on sent parfaitement que l’auteur met en place des pistes qui ne seront résolues qu’à long terme (la délicate question de la succession du roi Subtil, la fourberie de Royal, les attaques Pirates Rouges sur les côtes du royaume, les pouvoirs naissants de Fitz, sa relation avec Molly…).

Comme en sus les personnages secondaires sont globalement très sympathiques (Burrich et Vérité, figures de pères droits et justes, Patience la mère excentrique par substitution qui ne peut s’empêcher de se prendre d’affection pour le bâtard de son époux tant il le lui rappelle,…), je ne peux que recommander la lecture au moins du premier volume de L’Assassin Royal à tout amateur de fantasy.

Pour la petite histoire, j’ai quand même été chercher la date de parution du premier tome de l’Assassin Royal et celle du Trône de Fer de George R. Martin (dont on parlait ) pour vérifier si l’un des deux ne se serait pas méchamment inspiré de l’autre (l’enfant formé à devenir assassin, le lien surnaturel qui se crée avec un loup, la tentation de quitter son corps d’homme pour ne plus devenir que l’animal…), mais les deux séries ont débuté la même année, en 1996. Pas de raison donc a priori, de suspecter que l’un des auteurs ait pompé sur l’autre et s’il y a eu influence, elle n’a sans doute pas été unilatérale.

A noter : la série a commencé à sortir sous la forme de tomes de BD (un projet français) : j’ai dû mal à voir comment ils espèrent caser 13 bouquins de 300 pages dans des BDs (le plan serait de consacrer 3 tomes d’une quarantaine de planches à chacun des volumes -selon le découpage anglais : j’en reparlerai dans ma critique des livres suivants- de la trilogie, soit un total de 9 tomes de BD)… il faudra que j’aille voir ça prochainement à la Fnac pour me faire une idée. Voici déjà un lien vers quelques planches si vous voulez vous faire rapidement la vôtre.

12 réflexions sur “ L’assassin royal (Robin Hobb) – L’apprenti assassin ”

  1. JackAss sur

    Si les premier tomes commence de manière incroyablement bien et palpitant, l’histoire s’essouffle rapidement a partir du tome 4 ou 5. J’ai arrêté de lire cette collection à partir du tome 6 je pense.

  2. Akodostef sur

    Ah, tiens, tu l’as lu en français aussi Jackass ?
    Le Tome 6 correspond à la fin du 3e livre anglais, et donc la fin de la trilogie originale (Robin Hobb a écrit la suite après coup, la deuxième trilogie n’était pas prévue dans le « grand schéma » de l’histoire au départ).

    Pour l’instant, j’en suis au 4 et ça reste intéressant donc j’attends de voir, mais ton opinion semble être très largement partagée par la plupart des gens qui m’ont donné leur avis sur la série… ce qui est dommage puisque ça laisse aux lecteurs une impression de déception, qui estompe les souvenirs des bons débuts.

  3. Stoeffler sur

    Je vais te redire ce que j’avais ressenti lors de la lecture de la trilogie en anglais (c’est une trilogie a la base, Royal Assassin, il y a une deuxieme trilogie situee un peu plus loin dans le temps que je n’ai pas lue. En francais il me semble qu’il n’y a pas de separation, l’histoire contient 12 volumes si je ne m’abuse…).
    Premier bouquin tres bien, un peu decu a la fin car j’ai eu l’impression qu’elle etait baclee. Deuxieme bouquin, bien, un peu plus long mais toujours plaisant a lire.
    Troisieme bouquin, debut bien, fin bien, milieu, on a l’impression que l’auteur brode et se repete ce qui est dommage car on sent vraiment les longueurs…
    QQun a-t’il lu le reste de l’histoire pour savoir si ca vaut le coup?

  4. Nan, j’ai un peu laissé tomber vers le 8-9, vaincu par la lenteur…
    En fait, ça commence très bien, puis c’est de moins en moins bien et un peu irrégulier : résultat, j’avais du mal à me souvenir des épisodes précédents…
    C’est dommage parce que c’était vraiment prometteur.

    Pour les BS, je n’ai feuilleté que le premier et peut-être le second volume, mais je les ai trouvés à chier : les dessins sont moches comme tout, et les auteurs occultent une énorme partie de ce qui fait le charme du bouquin (notamment, en ce qui concerne l’Art et le Vif : ça augure mal de l’adaptation de certains tomes où ce seront des notions centrales…).

    Ouala !

    Ps : Assassin Royal T1 > Le Trône de Fer T1 !

  5. Akodostef sur

    Ouh, le troll !
    Pour moi Trône de Fer >>>Assassin Royal. Il y a des choses intéressantes dans l’AR, mais le fait de n’avoir qu’un personnage central nuit vachement à l’intrigue et à la variété des situations. Là où dans les meilleurs tomes de TdF on rebondit d’une scène terrible à une autre scène terrible qui n’a rien à voir dans un autre coin du royaume, dans L’Assassin on se tape quand même un nombre incalculable de pages de voyages et de relations pénibles avec le loup qui deviennent vite répétitives.

  6. Akodostef sur

    Et pour le T1, lis-le en entier, tu verras qu’il est assez soufflant passées les 100 premières pages qui plantent le décor et que ça vaut assez facilement le T1 de l’Assassin, même si ce T1 de l’Assassin est effectivement souvent très bien.

  7. Ouais, le troll…
    30 dés de dégats, invisibilité, Glue, Explosion… Le troll, quoi.

    Et comme on en parlait hier, j’aurai aimé bien aimer ce bouquin, mais il m’a repoussé deux fois…

  8. Petitlu sur

    Pour ma part je prefere de loin l apprenti assassin au trone de fer pour plusieurs raisons :

    1- la traduction du trone de fer est honteuse et m empeche d entrer dans le livre. Malgre mon faible niveau d anglais je prends parfois le livre en vo pour savoir ce que la traduction française veut dire. Avec un peu de chance cette série sera a nouveau traduite un jour ?

    2- j aime bien lire des idees originales, et il me semble que le vif (qui est l essence meme du livre de Robin Hobb) a ete plagiée par Georges Martin. Mais peut etre ai je cette impression parce que j ai lu l’apprenti assassin avant le trone de fer.

    3- j’aime bien accompagner les personnages jusqu a la fin d’un livre. Ayant vu les excellents episodes TV du trone de fer, je me rends bien compte que Martin ne tient pas vraiment a ses personnages et ça m est alors difficile de m’attacher au bouquin

  9. Akodostef sur

    @ Petitlu : pour le 2) comme dit dans l’article, les deux bouquins sont parus la même année (1996), donc s’il y a clairement une inspiration commune, il n’y a a priori eu plagiat ni d’un côté ni de l’autre.
    Pour le 3) je trouve que savoir faire mourir des personnages centraux pour créer des pics dramatiques est une vraie force de TdF, et je t’assure que ça n’empêche pas du tout de s’attacher aux personnages, que Martin sait très bien rendre attachants… jusqu’à ce qu’il leur arrive un truc HO-RRIBLE que tu vois rarement arriver dans les histoires plus classiques. C’est à la fois réaliste et très efficace pour créer une émotion puissante et rare.

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