Avatar (James Cameron, 2009)

Bon, on l’a tous vu mais personne n’a encore écrit l’article, donc je m’y colle…

Avatar est le genre de film dont le destin échappe un peu à sa qualité propre : annoncé comme le film qui allait révolutionner le cinéma de la même façon que le premier film en couleur (ou que le premier film parlant, selon les commentateurs), comme un énorme carton au box-office, il provoquait forcément chez certains -dont je suis- la réaction un peu conne de rejet primaire genre « ah ben si c’est ça, moi qui ne suis pas un mouton, je n’irai pas le voir ». A l’inverse, le nom du réalisateur, James Cameron, à qui ont doit quand même une belle collection de films effectivement marquants (Terminator, Aliens, Terminator 2, Abyss, Titanic -même ses films mineurs (True Lies…) sont sympas), donnait plutôt envie de lui faire confiance et d’aller voir le film a priori, sur la seule foi de son nom.

Ces impulsions contradictoires étaient encore embrouillées pour moi par les images diffusées par le buzz énorme autour du film, que tout le monde décrivait comme exceptionnelles alors que je les trouvais hideuses (les personnages tout bleus moches et mal conçus, les décors hyper artificiels tirés d’un jeu vidéo trop coloré et clinquant, et toutes les vidéos qui passaient à la télé étaient en définition toute pourrie avec des sauts d’image comme si elles étaient diffusées en mauvais streaming (quel intérêt alors d’être sur la télé ?)). Même les affiches, franchement, sont laides, et encore là en cherchant des images pour illustrer l’article, je n’en trouve pas qui me donnent envie de les utiliser.

Franchement, elle vous donne envie de voir le film, cette affiche ?

Franchement, elle vous donne envie de voir le film, cette affiche ?

Ce qui a sauvé le film pour moi en me redonnant envie de lui donner sa chance (je suis une bonne âme), ça a été une bande annonce au cinéma vue avant Max et les maximonstres et dans laquelle, enfin, l’image paraissait belle, propre, lumineuse, alors que je venais juste de voir les mêmes images au journal télévisé et que je les avais trouvées atroces : c’est là que j’ai réalisé que tous les teasers qui avaient été utilisés jusque là avaient été contreproductifs, parce que diffusés sur un support indigne de la qualité d’image du film. Nous avons donc fini par aller voir le film, relativement peu de temps après sa sortie, moi avec un a priori finalement positif et Vorti restant sur son impression originale.

Je vous fais le topo sur l’histoire ? Bon, allons-y alors, vite fait. Nous sommes dans le futur, et ailleurs dans l’espace. La Terre, comme prévu, a été vidée de ses ressources et rendue inhabitable, les humains ont commencé à coloniser l’espace. Une puissante compagnie a trouvé une planète sur laquelle se trouve une ressource précieuse, capable de fournir une énergie fantastique à partir de volumes infimes : une richesse potentielle inestimable. Le problème bien sûr, c’est que des indigènes habitent la planète, des Na’vi, sorte de très grands humanoïdes à peau bleue, en connexion profonde (littéralement : ils peuvent se « brancher » sur certains animaux et végétaux comme on branche un vulgaire casque sur son IPod, pour entrer en synergie avec eux) avec leur environnement qu’ils vénèrent religieusement. Pour atteindre puis exploiter la source du précieux minerai, il va falloir déplacer le peuple Na’vi et détruire la région dans laquelle ils s’étaient implantés : un choix qui ne semble pas poser de problèmes de conscience trop profonds aux responsables comme aux exécutants de la corporation, après tout on demande juste à ces gens de se pousser un peu… mais les Na’vi refusent de se plier à ces exigences, et la compagnie a donc dû trouver un moyen de passer outre. D’une part, arrive donc la grosse armada, menée par un général vétéran impitoyable venu assurer que le boulot soit fait, et une équipe de scientifiques qui ont développé un projet étonnant : une interface permet à des humains d’habiter et d’animer les corps bien réels de clones de Na’vis développés en laboratoire, ce qui leur permet d’approcher les indigènes pour mieux connaître leur culture et tenter de les convaincre de se déplacer par la diplomatie plutôt que par la force. C’est pour jouer ce rôle d’espion/diplomate que Jake Sully, jeune soldat rendu infirme par une blessure de guerre, est engagé.

Seulement Sully, qui retrouve avec ce nouveau corps, cet avatar, le plaisir de vivre, va aussi découvrir la vie sur Pandora et son incroyable richesse, qui tient bien davantage dans son harmonie et son équilibre que dans la puissance de son minerai. Et naturellement, après avoir passé avec succès les rites de passage des Na’vi pour devenir l’un des leurs, il va finalement tourner le dos à ses cupides employeurs pour prendre fait et cause pour ce qui deviendra son peuple. Rien de très original, donc, dans ce scénario qui évoque délibérément la conquête de l’Ouest (américain), mais aussi d’une façon plus générale toutes les conquêtes de l’Histoire qui se font toujours au détriment des peuples envahis ; on notera quand même la réflexion très contemporaine sur la tentation que peut avoir l’Homme à habiter un corps différent du sien, notamment quand l’avatar qu’on incarne est tellement plus efficace que son propre corps : le titre du film vient rappeler que cela n’a rien de fortuit, si le look très « jeu vidéo » des Na’vis et de leur environnement ne suffisait pas à souligner que la situation de Jack Sully ressemble beaucoup à celle des joueurs de jeux en ligne massivement multijoueurs. Cette réflexion, autant que la façon dont humains comme extraterrestres passent leur temps à se connecter (les uns aux machines, les autres à leur environnement), ancrent bien le récit dans notre imaginaire d’aujourd’hui même s’il s’agit d’une histoire archétypale qui vise à ce titre à l’universalité et à l’intemporalité.

Si on peut regretter que le scénario ne nous surprenne guère (à part par les trouvailles qui viennent régulièrement agrémenter le film), il permet au moins à Cameron de parfaitement gérer son récit, et notamment au niveau du tempo, à peu près irréprochable : malgré une durée de 2h41, on n’a pas l’occasion de s’ennuyer, et c’est déjà pas mal.

Mais la vraie claque, et ce qui justifie qu’on aille voir le film, c’est bien la merveille visuelle : Avatar tient tout à fait ses promesses et en met plein la vue de bout en bout. C’est beau, c’est riche, et les expressions des visages sont superbement rendues – ce qui risquait d’être l’écueil dans un film de ce genre ; là, on a l’impression que les visages des personnages animés sont des masques posés sur ceux d’acteurs réels tant ils en retranscrivent parfaitement l’expression.

Je ne suis pas capable de dire ce que vaut la version 3D du film par rapport à la version ‘classique’, n’ayant vu que la dernière : tous ceux qui l’ont vu en 3D m’en ont dit qu’ils l’avaient trouvé magnifique, et forcément meilleur que la version ‘2D’, mais aucun ne l’avait vu dans les deux versions, si bien que le comparatif reste à faire à mes yeux, ayant été pour ma part entièrement satisfait de la version classique. Par contre, je ne suis pas sûr d’avoir envie de le revoir sur une télé classique (même HD). Il y a des films qu’il faut voir au cinéma : Avatar en fait partie. Et en fait, même si j’ai été impressionné visuellement, je ne suis pas sûr d’avoir envie de revoir le film, tout court. C’était bien, mais pas suffisamment pour me donner envie de le revoir -sans doute à cause de la faiblesse du scénario.

Un bon 14/20 pour situer, quoi.

4 réflexions sur “ Avatar (James Cameron, 2009) ”

  1. Et pour tous ceux qui ont vu Pocahontas de Disney (moi exclu), les similitudes sont consternantes:
    http://failblog.org/2010/01/10/avatar-plot-fail/

    Moi j’ai regardé Avatar comme un documentaire d’histoire naturelle, à m’émerveiller devant les décors de bayous phosphorescents alors que les protagonistes allaient se rouler des pelles dans la scène ultra-kischo-romantique… Mais ça aide d’aller voir ce film sur un écran IMAX (comprendre écran de la géode… MWAHAHAHA!)

  2. Dranac sur

    Quitte à passer pour un mickey au milieu des intellos, sachez que je re-regarderai ce film avec plaisir lorsqu’il sortira en blue ray ^^

    Entre autres pour revoir Sigourney Weaver qu’on ne voit pas assez.

  3. Taupo +1 : Je n’ai pas vu le Disney, et j’ai du me faire expliquer l’expression « Pocahontas bleue » utilisée par un de mes neveux hier soir.
    Un peu trop de clichés aussi.

    Au niveau des acteurs, le méchant a vraiment la gueule de l’emploi, Sigourney Weaver est toujours impressionnante à l’écran, et Sam Worthington est très bien dans son rôle

    + un bon rythme et de belles images => un bon moment.

  4. Stoeffler sur

    Vu hier!
    Ouaip c’est joli, ouaip la 3D ca marche (enfin des fois), mais de la a dire que le film est bien… je n’irai pas jusque la. Il y avait des scenes risibles et qui m’ont choquees de part les cliches qui en decoulaient: le mechant patethique et qui transpirait la testosterone, les bons sentiments ecologiques et j’en passe…
    Je regrette vraiment qu’il n’y ait pas eu plus un apsect explicatif des relations entre Navi et animaux ou plantes ainsi que de la confusion que les « pilotes » d’Avatar ont ressenti entre les moments ou ils changeaient de corps.
    Mais J. Cameron, il sait temporiser un film car les 2h40 sont bien passees, donc tout n’est pas a jeter ;o)

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