Rock en Seine 2015, 3e journée
Hé ouais, gros délire, je commence ma série d’articles sur ce que j’ai vu et entendu à Rock en Seine 2015 par la 3e et dernière journée, parce que c’est la plus fraîche dans ma mémoire (et vous savez ce qu’elle vaut) et qu’en plus ça pourrait être assez rapide (vœu pieux).
Nous avions choisi d’offrir un billet à mon ami et presque frère (on a grandi ensemble dans les caniveaux :p ) Antoine pour cette troisième journée, et c’est donc avec lui que nous sommes arrivés sur le festival ce dimanche, avec une bonne heure de retard sur le plan prévu, ce qui fait qu’on a loupé le premier groupe que je projetais de voir, Last Train, groupe français présenté comme incarnant une sorte de succession des Black Rebel Motorcycle Club, groupe que Marion et moi aimons beaucoup, qui crée ses atmosphères par un son rock lourd et souvent noisy, incarné avec un romantisme noir, rebelle, par de vrais rockeurs à blouson en cuir (d’où le nom, sans doute :p ). Bref, on les a loupés, et je ne sais donc pas ce qu’ils valent réellement, j’ai vu du très bien et du moins enthousiasmant en naviguant sur le Net pour les découvrir ; pour ceux que ce comparatif a pu tenter, la vidéo du concert est disponible gratuitement pendant 6 mois sur Culturebox, le très chouette site de FranceTv.
C’est donc au début du concert de Fuzz que nous avons assisté à la place. Annoncé comme groupe de rock psychédélique, s’il fait penser à un groupe des années 70, Fuzz joue plutôt dans le registre de Black Sabbath que dans celui de Pink Floyd : c’est assez bruyant, et pas du tout planant. En l’occurrence, ça aurait dû d’autant plus me plaire, mais je n’ai pas été très séduit, ni par le son, ni par les mélodies, et mes compagnons pas davantage et nous sommes donc partis après trois morceaux, pour aller écouter à la place Natalie Prass, assis dans l’herbe. Dur (j’imagine) pour l’artiste : tout le monde semble un peu comme nous, assis là en n’écoutant sa performance que d’une oreille distraite… Il faut dire que sa musique légère et gentillette (c’est dit sans mépris, mais c’est le terme qui m’est venu à l’esprit) est pratiquement taillée pour n’être qu’une musique de fond… probablement très bien à écouter dans son salon en sirotant un thé ou avec sa belle-famille, mais pas très enthousiasmant, quoi.
Deux ambiances distinctes s’offraient ensuite à nous : nous avons commencé par aller jeter une oreille à la pop électro de Hot chip sur la Grande scène, dont j’avais souvent lu du bien sans avoir jamais pris le temps d’écouter leur musique. Les chansons du groupe tombaient plutôt bien pour nous faire enfin un peu plonger dans l’ambiance du festival en nous incitant à bouger nos pieds, nos fesses et nos têtes sur leurs rythmes dansants mais au tempo modéré, et je pense que dans d’autres circonstances j’aurais probablement apprécié le concert ; mais ce que j’ai surtout (re)découvert à cette occasion, c’est qu’un concert n’est pas l’endroit rêvé pour taper la discute avec ses amis (Michel nous ayant rejoint entre-temps) : quand on parle, on ne s’entend pas, et pendant ce temps on passe complètement à côté de la musique. Bref : mon impression était plutôt positive et je pense que leur musique doit bien fonctionner quand on se met dans les conditions appropriées pour en profiter, mais je n’ai réellement entendu leur performance qu’en musique de fond.
Passant d’une scène à l’autre pour varier les ambiances, nous avons rejoint Seinabo Sey sur la Scène de l’industrie. Retour à une atmosphère plus posée (littéralement : les spectateurs étaient encore une fois majoritairement assis dans l’herbe, à l’exception d’une cinquantaine d’auditeurs devant la scène qui partageaient vraiment ce moment avec l’artiste et qu’elle a chaleureusement remercié -instant que j’ai trouvé émouvant) pour une performance qui repose cette fois davantage sur la voix de la chanteuse que sur son accompagnement. Un peu trop, même peut-être et j’ai trouvé que l’ensemble manquait un peu d’énergie sans avoir toute l’âme qui pourrait compenser. Le deuxième titre que nous avons entendu, qui justement était davantage soutenu du point de vue instrumental -mais du coup peut-être un peu plus « formaté »- était très bien ; il me semble que c’est celui que je place en illustration.
Nous avons effectué un détour par le stand de Ben&Jerry’s qui offrait généreusement des glaces à qui en voulait (nous, par exemple), avant de retourner à la Scène Pression Live découvrir Here We Go Magic, groupe de rock/pop dont je ne savais pas grand chose et qui ne m’avait a priori pas paru spécialement remarquable, mais on est là pour découvrir des trucs ou pas ? Malheureusement cette fois encore, je n’ai pas pu vraiment écouter la performance, car une représentante de l’ONG Avaaz qui nous avait approchés pour signer une pétition sur le stand Ben&Jerry nous avait plongés Michel et moi dans un long débat sur l’utilité de signer des pétitions dans un monde où le pouvoir est accaparé par les lobbies financiers et industriels et leurs amis. Suuuuuper, merci BEAUCOUP Michel ! :p (je ne sais même pas quoi mettre en illustration, leurs chansons n’ont pas l’air de beaucoup se ressembler et je ne sais pas ce qui serait représentatif, du coup)
Fini de rire (à tous les sens du terme), car arrivait l’heure du concert du Mark Lanegan Band, l’un des artistes que cette fois, j’avais vraiment envie de voir. J’avais découvert le premier album solo de Mark Lanegan à l’occasion d’un concert pour la très bonne émission La Musicale Live de Canal+ et j’avais été captivé par cette voix d’outre-tombe et sa musique sombre, à l’atmosphère épaisse, tout droit sortie de la Pink Room de Twin Peaks. Les chansons étaient moins saisissantes en version album, un peu moins rugueuses, mais j’ai retrouvé sur scène toute la puissance qui m’avait emballé la première fois. Le bonhomme n’est pas du genre bavard et ceux qui s’attendaient à être encouragés à taper des mains en rythme ou faire du bruit ont pu être déstabilisés ; en ce qui me concerne ça me semble tout à fait approprié pour ne pas dénaturer l’atmosphère envoûtante que tissent les morceaux. Et ça rendait les rares « thank you » de l’artiste, prononcés de sa voix grondante d’autant plus impressionnants. Un de mes trois concerts préférés du festival : si puissant dans sa noirceur qu’il avait fait s’obscurcir le ciel et pratiquement s’éteindre le jour ! ;)
J’ai un problème avec les groupes qui suscitent un engouement massif soudain, dont je suspecte toujours qu’il est moins motivé par la qualité réelle des artistes que par le buzz et le suivisme d’un public encore plus encouragé dans ses instincts de follower depuis l’avènement des réseaux sociaux. C’est ce qui m’a fait jusque là négliger le « phénomène » Alt+J (ça et le fait que nous avions jeté une oreille à leur prestation sur un précédent Rock en Seine et que j’avais trouvé ça mou et sans intérêt). J’avais attiré mes compagnons par erreur sur la Scène de la Cascade où commençait leur concert alors que je comptais emmener la troupe écouter Parquet Courts de l’autre côté du parc ; nous sommes restés une petite dizaine de minutes et j’ai trouvé ça moins inintéressant que la première fois, même si je reste quand même franchement froid. Je dois être obtus.
Peu de temps du coup pour suivre le concert de Parquet Courts, groupe de rock à la new-yorkaise (si ça peut vous donner une idée de leur genre de musique ^_^) qui ne s’embarrasse pas de toujours jouer ou chanter juste, à mi-chemin du punk et du lo-fi pour le dire vite. Bref : leur musique n’est pas très propre ni carrée, mais elle fait hocher la tête et danser et ça peut tout à fait suffire.
Nous avions hésité à rester jusqu’au concert de Chemical Brothers qui devait clore le festival, parce qu’y assister signifiait à peu près certainement se coucher bien tard alors qu’on bossait le lendemain, mais c’était LA grosse tête d’affiche de la journée et pour le plaisir de réécouter les tubes qui nous avaient éclaté… 20 ans plus tôt (argh), nous avions finalement choisi de tenter le coup. Le concert a très bien commencé, avec un Hey Boy, Hey Girl suivi de près par Go, et tout le monde était à fond, moi le premier. Malheureusement ensuite le concert s’est transformé en une simple soirée techno de base dans laquelle je n’ai plus retrouvé aucun de mes petits. J’ai d’abord gardé un esprit positif en considérant que chaque morceau barbant augmentait la probabilité qu’un tube vienne ensuite, mais quand cinq, puis six plages se sont succédées sans venir ranimer ma flamme, puis quand ils ont joué une version de l’excellent Setting Sun dépouillée de tout ce qui en faisait l’intérêt, j’ai su que c’était cuit et que ce concert ne serait pas ce que j’en avais espéré. Antoine s’ennuyant aussi, nous sommes partis avant la fin (sortant Marion et Michel du trip dans lequel eux, avaient réussi à se plonger -étonnant en ce qui concerne Marion qui n’aime pas l’électro d’une façon générale, et les Chemical Brothers pas davantage). Évidemment, une fois que nous étions loin, ils ont bouclé leur show sur Block Rockin Beats, mais de toutes façons j’étais froid depuis plus d’une demi-heure et ça n’aurait pas suffi. Grosse déception.
Mmm, ca n’a pas l’air d’avoir ete une journee reussie.
– Mark Lanegan, il a pas fait des interventions sur « Song For The Dead » de QOTSA aussi?
– Alt-J, ca fait penser un peu a The XX, c’est un peu mou pour du festival mais apparement c’est a la mode donc…
– Pas cool pour The Chemical Brother. Par contre, je jeterai un coup d’oeil au concert rien que pour Go, qui je trouve est une tuerie…
Allez, fait peter les autres jours :)
Disons qu’on est un peu passés à côté de l’aspect « on est venus écouter de la musique » du festival :p
Il n’y avait pas de trucs hyper tripants ce jour-là, ni même sur l’ensemble du festival cette année et pour la première fois depuis que je vais à Rock en Seine je n’ai pas fait de chouette découverte, les seuls concerts qui m’ont plu étant des confirmations de gens que j’appréciais déjà…
D’un autre côté, rien que pour le concert de Mark Lanegan, je considère que ça valait le coup d’avoir été là ce dimanche, et je me suis remis à écouter son premier album, que j’avais mis de côté et qui en fait me plaît encore plus maintenant.
Je crois que tu as raison pour Lanegan, il me semble avoir lu qu’il avait collaboré avec les Queens of the Stone Age en effet (vérification faite, il était membre de QOTSA de Rated R à Lullabies to Paralyze).
Je prépare la suite pour ce week-end, et toi, raconte donc Reading ! :)