[La Chanson de la Semaine] Habits (Stay High) – Tove Lo

Marrant comme la perception d’une même chanson peut évoluer selon les circonstances dans lesquelles elle est reçue…
Marion et moi revenons d’une semaine de vacances sportives ; la musique qui passait sur le centre était au mieux passable, au pire agaçante. Je notais quand même de temps en temps le passage de chansons pop dont je pensais qu’elles étaient de Rihanna ou de Rihanna-likes. Comme je ne suis pas du tout client de ce genre de musique que je juge préfabriquée, je n’y prêtais pas trop d’attention.

Et puis il y a eu une soirée sur la base nautique à la fin d’une bonne journée, et nous avons un peu dansé… Une chanson est passée deux fois (le gars qui organisait la playlist était un poil bourré), et comme je passais un bon moment en compagnie de ma dulcinée, cette chanson m’a accroché l’oreille comme aucune autre n’avait réussi à le faire depuis le début du séjour, et j’ai été chercher son titre : c’était Habits (Stay High) de Tove Lo.

Au-delà de ce que je vais vous raconter par la suite sur cette chanson, et de ce dont elle parle (vous trouverez plus loin les paroles complètes en version originale, et ma traduction maison), celle-ci restera avant tout pour moi un marqueur, le souvenir émouvant de ce moment particulier.

Tove Lo est une jeune artiste Suédoise, et ce titre qui fut son deuxième single apparaît sur son premier album, Queen of the Clouds. Évidemment comme on ne se refait pas, je vous parle de cette chanson aujourd’hui comme si vous ne la connaissiez pas alors qu’elle a en fait cartonné un peu partout sur la planète il y a de cela déjà plusieurs mois, mais pardon, moi je la découvre juste, hein.
Comme d’autres bonnes chansons (j’ai notamment prévu d’écrire depuis belle lurette un article sur I Follow Rivers de Lykke Li), elle doit (malheureusement ?) son succès à une version remixée inférieure à la version originale mais qui lui a permis d’atteindre une plus large audience via les dancefloors. Le remix de Habits est attribué à un duo de producteurs hip-hop nommé Hippie Sabotage et consiste essentiellement en une amputation du texte de la chanson (réduit grosso modo à deux phrases répétées en boucle) et à l’accélération et la hausse de fréquence de la piste vocale, ainsi qu’à l’ajout de nappes synthétiques planantes. A force de l’écouter, je finis par la trouver pas si mal que ça après tout :

Avant de passer au texte, parlons un instant de la vidéo, qui illustre assez littéralement la chanson en mettant en scène l’artiste se livrant à une débauche qu’elle vit plus ou moins bien. Tove Lo a expliqué en interview que cette vidéo, bien que montée, a été tournée en situation réelle, et qu’elle souhaitait se montrer telle qu’elle est, de la même façon que sa chanson parle réellement d’elle-même. Même si je ne suis pas un grand partisan du nombrilisme, je trouve relativement audacieux, notamment pour une femme, d’assumer ce qu’elle ressent elle-même comme une dérive, cette débauche ne représentant pas l’intégralité de son caractère, mais plutôt sa « part d’ombre » : elle ne se décrit pas comme une dépravée, mais comme quelqu’un de normalement sain et joyeux, mais qui peut avoir besoin de ce genre d’exutoire.
Une position plutôt courageuse dans un milieu où on attend plutôt des artistes féminines qu’elles se caricaturent soit en modèles propres et glamour, soit en allumeuses sexy (là où les mecs m’apparaissent globalement beaucoup plus libres de s’afficher comme ils le veulent).

Cette vidéo d’un personnage se préparant à une soirée de débauche dans laquelle on le suit ensuite dans tous ses excès m’a aussi fait immédiatement penser à Smack my bitch up, de The Prodigy (vidéo ci-dessous), dont elle constitue en quelque sorte le miroir et le pendant : alors que dans le titre rock-électro de Prodigy l’action est filmée depuis le point de vue du personnage, ici la caméra est placée frontalement devant son héroïne, inversant le point de vue d’une situation par ailleurs pratiquement similaire. Même si la construction du clip très réussi de Prodigy servait essentiellement à conduire au twist final, le message sous-jacent est finalement proche : à contrepied des exigences de la société, une forme de revendication d’un droit égalitaire à la débauche…

Pour finir, voici le texte intégral des paroles de la chanson originale, suivie d’une proposition de traduction maison :

I eat my dinner in my bathtub
Then I go to sex clubs
Watching freaky people gettin’ it on
It doesn’t make me nervous
If anything I’m restless
Yeah, I’ve been around and I’ve seen it all

I get home, I got the munchies
Binge on all my Twinkies
Throw up in the tub
Then I go to sleep
And I drank up all my money
Dazed and kinda lonely

You’re gone and I gotta stay
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
Spend my days locked in a haze
Trying to forget you babe
I fall back down
Gotta stay high all my life
To forget I’m missing you
Ooh-ooh, ooh-ooh

Pick up daddies at the playground
How I spend my day time
Loosen up the frown,
Make them feel alive
Oh, make it fast and greasy
I’m numb and way too easy

You’re gone and I gotta stay
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
Spend my days locked in a haze
Trying to forget you babe
I fall back down
Gotta stay high all my life
To forget I’m missing you
Ooh-ooh, ooh-ooh

Staying in my play pretend
Where the fun ain’t got no end
Ooh
Can’t go home alone again
Need someone to numb the pain
Ooh

Staying in my play pretend
Where the fun ain’t got no end
Ooh
Can’t go home alone again
Need someone to numb the pain

You’re gone and I gotta stay
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
High all the time
To keep you off my mind
Ooh-ooh, ooh-ooh
Spend my days locked in a haze
Trying to forget you babe
I fall back down
Gotta stay high all my life
To forget I’m missing you
Ooh-ooh, ooh-ooh

Et en voici une version humblement traduite par mes soins :

Je mange mon diner dans ma baignoire
Puis je vais dans des clubs échangistes
Regarder des gens bizarres qui s’excitent
Ça ne me rend pas nerveuse
Au pire, agitée
Ouais, ça fait un moment que je traîne et j’en ai vu d’autres

Je rentre, et j’ai la dale
Je me gave de Twinkies,
Vomis dans la baignoire
Puis je vais me coucher
Et j’ai bu tout mon argent
Hagarde et esseulée

Tu es parti et j’ai besoin de planer
Tout le temps
Pour ne pas penser à toi
Ooh-ooh, ooh-ooh
Planer tout le temps
Pour ne pas penser à toi
Ooh-ooh, ooh-ooh
Je passe mes journées dans le brouillard
A essayer de t’oublier
Et je retombe
J’ai besoin de planer en permanence
Pour oublier que tu me manques
Ooh-ooh, ooh-ooh

Je lève des pères de famille au terrain de jeu
C’est comme ça que je passe mes journées
Détendre ces visages tendus,
Les faire se sentir vivants
Oh, faisons ça vite et salement
Je me sens lasse et bien trop lascive

Tu es parti et j’ai besoin de planer
Tout le temps
Pour ne pas penser à toi
Ooh-ooh, ooh-ooh
Planer tout le temps
Pour ne pas penser à toi
Ooh-ooh, ooh-ooh
Je passe mes journées dans le brouillard
A essayer de t’oublier
Et je retombe
J’ai besoin de planer en permanence
Pour oublier que tu me manques
Ooh-ooh, ooh-ooh

Je continue à jouer
A faire comme si l’éclate était éternelle
Ooh
Je ne peux pas rentrer seule encore
J’ai besoin de quelqu’un pour atténuer la douleur
Ooh

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