Comme annoncé dans mon précédent article, je vais tenter de publier chaque jour pendant les trois prochaines semaines le récit d’un de nos jours de voyage, avec quelques photos en illustrations; j’enverrai un lien vers l’album Picasa avec toutes les meilleures photos ensuite, le temps qu’on trie tout ça. Comme pour mes résumés de Trône de Fer, j’éditerai simplement ce premier message, histoire de ne pas bouffer toute la place avec ce récit et pour permettre à qui veut de continuer à publier d’autres articles pendant ce temps [EDIT: en fait vue la longueur du machin et la lourdeur de la gestion des images, je vais scinder en deux parties, ce sera plus confortable à lire… et à écrire].
JOUR 1: 2 JUILLET 2008
Départ pour le Mexique – Mexico City
Pas de souci pour rejoindre l’aéroport, et l’embarquement se fait sans problème (je le mentionne, parce que c’est une préoccupation importante quand nous partons en vacances…). Notre avion est relativement petit (étrangement, pour un Boeing 747; d’ailleurs, au retour nous aurons également un Boeing 747, qui sera juste deux fois plus gros que celui-ci. Bizarre.), l’équipage ne parle qu’espagnol, au mieux certaines hôtesses parlent un peu anglais… Une rapide immersion dans l’univers qui sera le nôtre ensuite, mais nous qui pensions que la plupart des Mexicains parlaient bien l’anglais, nous sommes passablement surpris (et plutôt dans le sens de la déception -on se sent plutôt comme des intrus).
Dans le même registre, les films qui seront projetés pendant le vol seront diffusés en espagnol (et à partir d’un magnétoscope cassette…!).
L’arrivée à Mexico est un poil stressante, puisqu’il faut remplir plusieurs papiers pour la douane puis pour l’immigration, papiers rédigés en espagnol et sans qu’on soit vraiment guidés dans les démarches… Le personnel de l’aéroport (de Mexico, donc… aéroport international d’une des plus grandes villes du monde) ne parle pas non plus anglais (à part 1 mec, sur la dizaine avec qui nous entrons en contact). Le temps de remplir tous les papiers, Marion a filé pour récupérer nos bagages, qui étaient les derniers à tourner sur le tapis mécanique, et de mon côté comme un nouvel avion vient d’atterrir, les employés de l’aéroport me dirigent vers la salle dans laquelle les bagages du deuxième vol vont arriver! Bien speed (vue l’impossibilité d’expliquer aux gens que je dois récupérer mes bagages, que ma copine est dans l’autre salle d’arrivée, tout ça…), je parviens finalement quand même à retrouver Marion, et nous sortons de l’aéroport. Un représentant des taxis officiels (au Mexique, il y a plusieurs sortes de taxis, certains avec des compteurs, d’autres avec des compteurs trafiqués, d’autres encore sans compteur et qui, si tu ne leur demande pas le tarif pour la course, t’annonceront ce qu’ils veulent à l’arrivée… et les taxis officiels, plus chers, mais qui ont des tarifs fixés à l’avance en fonction de la distance à parcourir – mieux vaut utiliser ceux-là), qui parle anglais, vient nous chercher pour nous guider… ouf (quoiqu’avec le recul, je suis à peu près certain qu’il nous a salement arnaqués, nous faisant payer le prix d’une course plus longue que celle que nous avions réellement à effectuer (nous avons payé 310 pesos [20€ en gros], soit 50% de plus que la course la plus longue que nous aurons l’occasion de faire, à Los Mochis… course qui était de 40km): on ne peut faire confiance à personne).
Le trajet jusqu’à l’hôtel se passe bien, mais ce qu’il nous laisse voir de la vie mexicaine (bâtiments en état de déréliction avancée et abandonnés, embouteillages, anarchie dans les rues…) me rappelle tristement Aman (en Jordanie: ville horrible). La chambre d’hôtel est ok, mais l’hôtel a pas mal vieilli depuis ce qui avait dû être son heure de gloire. Notre fenêtre donne sur la rue très passante, heureusement que nous avons apporté nos boules Quiès; le lit est toutefois très confortable, et c’est l’essentiel.
Nous sortons rapidement pour découvrir un peu la ville. La place principale (le Zocalo ainsi que les Mexicains appellent d’une façon générique la place principale de toutes leurs villes) est assez décevante: il est censé s’agir d’une des trois plus larges places du monde, et elle ne paraît pas si vaste que ça, les bâtiments qui s’y trouvent ne sont pas particulièrement remarquables, à part la cathédrale, très penchée (Mexico a été fondée sur les ruines encore fumantes de la cité Aztèque Tenochtitlan, rasée par le conquistador Hernan Cortès, elle-même bâtie sur des marais: les fondations ne sont pas franchement idéales) et richement décorée, en façade comme à l’intérieur.
En désespoir de trouver un resto pour dîner (celui que nous avions retenu dans le Routard n’existait plus! – seulement la première de nos déconvenues sur ce point avec le Routard, qui ne semble pas franchement actualisé bien qu’il soit daté de 2008), nous dînons dans un Burger King, où même le Whopper de base est décevant, les frites froides et pas bonnes…
Bref, je me couche ce soir-là avec le moral plutôt bas [et pas de photo pour ce premier jour, pour la peine].
JOUR 2: JEUDI 3 JUILLET 2008
Teotihuacan
Le petit-déjeuner commence bien la journée puisque le buffet est varié et copieux.
Le service du métro s’avère ensuite extrêmement efficace, propre, et bon marché (2 pesos le trajet sans limite de distance, soit environ 0,15 €…!). Le bus est plus folklo, mais correct, et là encore, d’un prix plus que décent.
Un peu d’histoire: Teotihuacan fut fondée vers -300 et devint l’une des plus importantes cités du monde mésoaméricain, atteignant son apogée entre les Ve et VIe siècles et dépassant à l’époque la taille de la Rome antique. Elle est construite sur un axe nord-sud matérialisé par une longue chaussée baptisée poétiquement « Chaussée des morts », qui longeait les principaux bâtiments administratifs et religieux. Elle s’est effondrée pour une raison encore mystérieuse (on évoque principalement des émeutes internes plutôt qu’une invasion extérieure, du fait des traces d’incendie qui se sont concentrée sur les bâtiments principaux mais ont épargné les habitations plus modestes, et la destruction méticuleuse de certaines statues, dont les fragments ont ensuite été -supposément intentionnellement- dispersés. Lorsque Cortès vint à Tenochtitlan/Mexico, ses armées passèrent sur le site sans rien voir tant la terre et la végétation avaient recouvert les ruines. Aujourd’hui le site est en revanche très bien entretenu et inspire une certaine admiration par sa vastitude.
Notre visite commence avec une petite mise en bouche, via le Temple de Quetzalcoatl (dieu central de la mythologie Aztèque comme Maya, dans laquelle il porte le nom de Kukulkan mais garde les mêmes attributs généraux: serpent à plumes et lié au vent, il est vénéré comme le géniteur de l’espèce humaine), au milieu de la Ciudadela (elle porte le nom de Ciudadela parce qu’en voyant la forme des constructions agencées de façon régulière autour de la place, ceux qui la nommèrent crurent qu’il s’agissait de tours participant d’une vaste forteresse – il s’agissait en vérité d’une multitude de temples de hauteur modérée, bâtis autour de la place centrale de cette zone de la ville). Quelques belles sculptures ont pu être sauvées sur la façade.
La montée sur la Pyramide du Soleil est assez ardue (le souffle est plus long à récupérer à cette altitude, et chaque marche est haute d’une cinquantaine de centimètres – c’est par ailleurs la pyramide la plus haute du site, culminant à 73m). D’en bas, elle est clairement impressionnante, évoquant assez un croiseur interstellaire par ses formes très rectilignes et amples (malgré sa simplicité, elle restera l’une -peut-être la– de mes préférées sur l’ensemble de notre voyage. Parvenus au sommet, c’est… l’averse qui nous attend (la page wikipedia du site signale que les Aztèques avaient nommé les pyramides en fonction de leurs propres croyances, mais que la pyramide était à l’origine plus vraisemblablement dédiée à Tlaloc, dieu de la pluie, ce qui semble bien plus cohérent avec ce que nous avons vécu). Nous descendons donc rapidement, traversant rideaux de pluie et sols inondés pour nous mettre à l’abri. La pluie au Mexique ne rigole pas: nos chaussures sont trempées (mes habits moins, grâce à la cape de pluie, qui allait devenir ma meilleure amie durant ce séjour), mais l’averse fut au final plutôt marrante, rendant la visite un peu plus vivante et tonique.
Une fois venue l’accalmie, nous reprenons la route pour la Pyramide de la Lune, moins impressionnante en soi que celle du Soleil, mais située au coeur d’un complexe de temples plus petits et organisés de façon parfaitement rectiligne, qui lui donne un côté religieux/ rituel plus remarquable.
Nous faisons un dernier crochet par le Temple de Quetzalpopotl, qui servait de quartier d’habitation aux religieux, et dans lequel plusieurs colonnes restaurées présentent de belles frises.
Nous retournons ensuite à la gare de bus de Mexico, grignottons des patisseries sympathiques (il y a souvent des boulangeries dans les villes mexicaines, et leurs viennoiseries sont souvent très bonnes – la cuisine mexicaine d’une façon générale est assez sous-évaluée, mais là c’est vraiment flagrant: je n’avais jamais entendu des patisseries mexicaines jusque là) avant de rentrer à l’hôtel nous changer (la pluie ça mouille), puis de nous diriger vers le restaurant (le premier dans lequel nous avions prévu de manger étant fermé -super, les plans du Routard à Mexico- nous nous sommes redirigés vers un truc plus modeste qui s’est avéré très correct, du moins pour ce qui concernait mon plat, des enchiladas verdes pas trop destructrices de papilles).
Et finalement, au dodo pour récupérer de cette journée assez éreintante.
JOUR 3 : VENDREDI 4 JUILLET 2008
Bosque de Chapultepec, Musée d’anthropologie
Promenade sympathique dans le Bosque de Chapultepec, agréable parc qui entoure –entre autres- le Musée d’anthropologie de Mexico.
Nous perdons volontairement quelques minutes pour photographier un mignon petit écureuil cendré, avant d’être abordés aux portes du musée par un petit groupe d’étudiants mexicains qui apprennent l’anglais et cherchent des interlocuteurs : nous bavardons cinq minutes avec eux dans un anglais approximatif (il me semble remarquer que lorsque l’une des deux parties impliquées dans un échange oral cafouille, la seconde se met aussi rapidement à perdre son niveau de langage –peut-être juste une impression) avant de rentrer dans le vif du sujet (le musée, en l’occurrence).
Nous commençons notre visite par les salles dédiées à Teotihuacan (le site que nous avons visité la veille, donc) : avoir vu le site avant est profitable, et permet de mieux contextualiser les informations recueillies, situer les sculptures rassemblées ici, etc. (le guide audio, par contre, est sans intérêt).
Nous passons ensuite aux salles consacrées aux cruels Aztèques, avec notamment la célèbre et massive Pierre du Soleil, qui avait été prise un temps pour la représentation du calendrier Aztèque alors qu’il semble aujourd’hui qu’elle servait plutôt de ring de lutte (!), plusieurs sculptures servant aux rituels de sacrifice (on a dit que les Aztèques étaient cruels) : d’épais disques d’un mètre de haut, ornés de frises représentant les Aztèques collant la pâtée à d’autres indiens, et creusés d’un trou au centre du sommet –pour recueillir les cœurs des victimes- et avec une étroite gouttière pour permettre au sang de s’écouler…
Et la visite se termine (il restait encore énormément de pièces, mais impossible de faire davantage en une journée, honnêtement : nous nous sommes attachés à l’essentiel) par les salles consacrées aux Mayas, dont l’art paraît étonnamment beaucoup moins grossier que celui des Aztèques : nous passons notamment un bon quart d’heure devant une vitrine contenant une collection très sympa de figurines représentant les différentes catégories sociales ; plusieurs stèles récupérées sur différents sites sont également conservées ici et leur dessin aussi bien que celui des statuettes précitées évoque furieusement notre bande dessinée européenne moderne. Un espace reproduit la tombe du roi Pakal, souverain majeur qui régna près de 100 ans sur la civilisation Maya depuis Palenque (visité ultérieurement), où se trouvait la tombe à l’origine : le masque mortuaire du roi fut confectionné à partir de centaines de fragments de jade assemblés minutieusement et qui lui conservent un aspect parfaitement lisse et uni.
Nous sortons du musée juste à temps pour voir la « danse » de voladores, six ou sept types suspendus par les pieds à des cordes qui tournoient autour d’un pylône au sommet duquel un dernier larron joue de la flûte à 2 notes (non, non, ce n’est pas du tout pénible et répétitif), descendant lentement dans un mouvement d’ensemble pour finalement regagner le sol, environ quinze mètres plus bas (le tout était globalement moins impressionnant que ce que j’avais imaginé en voyant une photo je ne sais plus où, mais j’étais content d’avoir pu le voir quand même).
Il est trop tard pour voir le Palais Présidentiel (ce que nous avions prévu au départ) et ses peintures murales signées Diego Rivera, racontant l’histoire du Mexique. Nous passons jeter un œil au Musée des Beaux-Arts, beau bâtiment Art Déco, mais les collections sont elles aussi fermées au public à cette heure.
Nous passons donc devant le Temple Maior, centre de l’univers pour les Aztèques (il n’en reste vraiment que les fondations, mais symboliquement, quand même…), puis nous baladons dans le quartier (très fréquenté) du Zocalo, avant d’aller dîner d’une torta que Marion n’oubliera pas du voyage (le Quadrilatero, où nous l’avons commandé, est un petit boui-boui sans prétention mais à la déco consacrée à l’univers du catch mexicain –ou lucha libre-, et les tortas (des sandwichs chauds, en gros) sont à la mesure des personnages dont les photos ornent les murs : massifs.) : plus aucun fromage de torta ne sera à la hauteur après celui de ce soir-là.
JOUR 4 : SAMEDI 5 JUILLET 2008
Los Mochis – Topolobampo
Nous quittons l’hôtel à 5h pour prendre l’avion. Un peu perdus dans l’aéroport (personne ne parle anglais, vous vous en souvenez ? ;) ), nous finissons par trouver notre route et embarquons à bord d’un tout petit avion d’une trentaine de places (le plus petit dans lequel je sois jamais monté : il ne faisait pas du tout coucou ni rien, mais c’était vraiment petit quand même).
L’hôtel Santa Anita à Los Mochis est très chouette, la chambre et le lit gigantesques (il y a deux télés, une dans le côté « salon », l’autre dans la chambre…), avec une climatisation très bienvenue car ici, il fait très chaud.
La ville par contre, n’est pas franchement belle, agencement rectiligne de rues assez larges et poussiéreuses ; Marion aime l’ambiance « far-west moderne » qu’elle dégage. Après une courte balade (bon, en vérité, on s’était trompés de direction), nous achetons un dictionnaire (essentiel !) avant de prendre un bus très folklo (le conducteur tire sur une patte de chèvre suspendue au-dessus de lui pour faire sonner son klaxon, son manche de vitesses est un long tube métallique rafistolé qui court jusqu’au sol où il est planté à la verticale dans le plancher métallique, la musique mexicaine joue à donf… marrant, et encore une fois, très bon marché.).
Nous visitons Topolobampo, petit village portuaire qui ouvre sur le Golfe de Californie (qu’on appelle également « Mer de Cortez »)… qui n’a pas grand-chose à nous offrir. Le village est assez misérable et le port… y a la mer, quoi ! Après avoir refusé les services de plusieurs pêcheurs dont nous ne sommes pas vraiment sûrs de la fiabilité (ils nous ont sauté dessus dès notre arrivée à l’embarcadère, nous empêchant de nous faire une première idée des lieux et de la façon dont les choses fonctionnent ici), nous acceptons ceux d’un quatrième, après avoir fait la rencontre de la prof (américaine) d’anglais qui vient de s’installer dans le village et qui nous aide à conclure l’affaire (en réalité, nous nous en sortions sans elle, mais son intervention était spontanée et totalement désintéressée (elle nous a même offert de venir dans la famille dans laquelle elle habite pour boire un verre ou manger un fruit), ce qui était très sympathique).
Nous partons alors pour le « Sanctuaire des dauphins » dans un petit bateau à moteur équipé d’un léger toit de toile bienvenu pour nous protéger du soleil qui tape. Nous verrons plusieurs groupes de dauphins, dont un qui comprenait un bébé dauphin, tout petit tout mignon. La balade est agréable, et nous échangeons quelques mots en spanglais avec le pêcheur sympa, sur la vie dans ce coin, les rapports avec les américains…
Le voyage de retour se fera à nouveau en bus, mais cette fois dans un bus tout retapé au look moderne, qui nous ramène à Los Mochis pour le même prix qu’à l’aller, bien que le véhicule soit bien plus confortable –et notamment climatisé ; sur le chemin, le conducteur fera une pause pour aller discuter cinq minutes sur le terre-plein central avec un pote camionneur qui faisait le trajet inverse… à la mexicaine, quoi !
De retour à Los Mochis, nous nous baladons dans le « jardin botanique », un parc assez vaste où nous profitons simplement du plaisir d’être dans la verdure et à l’ombre de hauts palmiers blancs… au calme.
Nous dînons à l’hôtel ce soir-là ; le serveur discute un peu avec nous, nous expliquant que le bon fromage qu’on trouve dans la région provient de la communauté religieuse –pacifiste précise Wikipedia- d’origine hollandaise (les Ménonites), installée dans l’état de Chihuahua.
Très sympa, et la pina colada était également bien agréable.
JOUR 5 : DIMANCHE 6 JUILLET 2008
El Chepe, direction Creel
Nous avons droit ce matin encore à un réveil bien matinal (le train part de la gare à 6h). Sachant qu’il s’agit d’un train touristique notoirement lent, qui traverse une série de canyons, je m’attendais à trouver un train en bois, ouvert… El Chepe est en réalité un train tout ce qu’il y a de moderne, confortable avec de larges fauteuils et énormément d’espace entre les rangées de sièges (permettant sans problème d’étendre ses jambes, et même d’incliner son dossier à volonté sans avoir à s’inquiéter de la gêne qu’on peut occasionner à son voisin de derrière), et bien sûr, la clim’.
Le chocolat chaud du petit-déjeuner est très bon, avec un goût original, épicé (mais pas piquant).
Les paysages traversés sont très chouettes, beaucoup moins secs que ce à quoi je m’attendais (on est plus proches des décors du Jura que de celui du Grand Canyon, moi je m’imaginais traversant un Far-West à l’ancienne). Marion passe l’essentiel de la journée sur les plateformes qui relient les wagons entre eux, après avoir lutté pour gagner sa place (il y a pas mal de photos à prendre : Marion en aura fait grosso modo 500).
Après une courte pause d’une dizaine de minutes à la gare de Divisadero, le temps pour tous les passagers de descendre prendre une photo depuis le promontoire qui offre un beau panorama sur la croisée des trois canyons de la région ou d’acheter quelques tacos frais à l’un des étals qui bordent le quai, puis de remonter en courant lorsque la sirène du train sonne le signal du départ imminent, nous arrivons finalement à Creel avec 2h de retard, mais il semble que ce soit la norme sur le réseau ferré mexicain.
Nous prenons possession de notre chambre au Best Western (décor à la cow-boy, mais assez factice), puis faisons un tour en ville (enfin, la ville… Il y a une longue rue pleine d’échoppes, quoi !) à la recherche des différents organisateurs d’expéditions. Nous sommes très bien reçus à « The 3 Amigos » où nous louons des vélos pour le lendemain, avant d’y consulter gracieusement nos e-mails.
L’installation est plutôt agréable ici, pour une fois la plupart des gens parlent anglais, ce qui facilite quand même vachement le contact.
JOUR 6 : LUNDI 7 JUILLET
Vallées des pierres, Lac Arareko
La balade de ce jour consiste en une virée bien agréable en VTT dans les vallées qui bordent Creel, même si nos repérages sont assez hésitants.
Nous ne nous attardons pas dans les cuevas, grottes dans lesquelles vivent des indiens de la région et où nous nous sentons rapidement –forcément- pas à notre place ; les « Vallées des Champignons » et « des Grenouilles » sont assez anecdotiques : la balade vaut davantage pour le très beau cadre général (belles vallées verdoyantes entourées de falaises, chevaux, ânes et autres animaux familiers croisés sur le chemin (deux rapaces planeront à peut-être quatre mètres juste au-dessus de nous à un moment, très chouette)) que pour les « points d’intérêt » supposés, qui ne sont que des groupes de pierres massives dont on peut interpréter les formes comme on pourrait interpréter celles des nuages dans le ciel, en fait. Les vélos nous empêchent de profiter de la « Vallée des Moines », très certainement la plus belle des trois, mais qui se prête malheureusement davantage au trekking qu’au VTT.
Après avoir essuyé de légères pluies, c’est au Lac Arareko que nous prendrons vraiment la sauce… au moment où nous prévoyons de nous y restaurer. Nous fuirons donc piteusement le lac en oubliant d’en faire le tour, après avoir partagé un abri avec une famille venue pique-niquer et quelques gamins indiens.
Les fesses en charpie et trempés jusqu’à l’os (façon de parler : les capes de pluie nous ont protégées de l’essentiel, mais la pluie était si soutenue qu’elles étaient ruisselantes et nous donnaient donc l’impression de nous-mêmes dégouliner de flotte), nous rendrons les vélos plus tôt que prévu, ne pouvant franchement pas en profiter davantage.
Marion ayant attrapé un début de tourista (ça ne durera qu’un jour), nous dînerons dans une « steak house » avant de nous accorder une bonne nuit de sommeil.
JOUR 7 : MARDI 8 JUILLET
Chutes de Cusarare, points de vue de Divisadero
Bonne surprise en nous rendant à l’accueil de l’hôtel ce matin, nous allons pouvoir nous incruster dans un groupe de 2 familles qui se rendent aux Chutes de Cusarare (les excursions proposées partout stipulent un minimum de 4 participants, et nous redoutions de ne rien pouvoir faire ; en réalité au cours du séjour, Marion aura remarqué que certains voyageurs partaient en excursion à 2 + le guide, ce qui ne nous aura jamais été proposé… grrr). L’une des familles (une mexicaine mariée à un américain et leurs enfants) nous fera goûter un bonbon au piment ( ! Il en existe apparemment plusieurs variétés, plus ou moins épicées).
Les balades sont sympas, même si nous aurions aimé marcher davantage (là, l’essentiel des trajets s’est fait à bord du van du guide, même sur des sentiers qui semblaient visiblement davantage appropriés pour la marche que pour la conduite… !) : les Chutes de Cusarare sont assez chouettes, larges d’une trentaine de mètres et hautes d’autant, avec un débit puissant ;
L’après-midi, nous passerons de point de vue en point de vue dans le coin de Divisadero (où nous étions déjà passés rapidement lors d’une escale d’El Chepe) surplombant les trois canyons de la région (Urique, Del Cobre, Tararecua).
Au lieu dit « Piedras Voladas » (« Pierres Volantes »), le père de la famille mexicaine qui nous accompagnait, le guide et moi nous tiendrons sur le fameux groupe de pierres branlantes, perchées au-dessus du vide.
Nous dînons le soir dans un petit resto familial à la bouffe sans prétention (étant tombé malade à mon tour, je n’ai de toutes façons pas vraiment pu en profiter) mais où l’accueil était très chaleureux (bien qu’en espagnol) et où nous avons eu le plaisir de regarder la télé mexicaine, avec la fin d’un film de Steven Seagal des années 80, sous-titré en espagnol : très marrant.
JOUR 8 : MERCREDI 9 JUILLET
Dernier jour à Creel, Hot Springs de Rekowatta
Alors que nous nous préparons à passer une journée galère à attendre le train, le guide de la veille, rencontré au petit-déjeuner, nous propose de nous joindre in extremis à la famille d’Herman, avec qui nous avions effectué les excursions de la veille. Nous bouclons nos valises rapidement pour pouvoir les rejoindre et embarquons pour Rekowata, une source d’eau chaude naturelle en pleine forêt dans laquelle il est possible de se baigner.
Après une longue descente à pied (45mn) sur un chemin grossièrement pavé (mais que certains empruntent quand même en voiture, ce qui doit être bien flippant et bien remuant (en plus de gâcher tout l’intérêt de la balade, naturellement)), nous découvrons avec surprise que les sources d’eau chaude ont été aménagées en plusieurs plateaux successifs (l’eau s’écoulant ainsi de plateau en plateau depuis la petite cascade d’où elle jaillit, jusqu’à un petit ruisseau en contrebas), mais dans des bassins en béton peints en bleu, comme des piscines ! Ca ôte naturellement une bonne partie du charme de l’endroit, qui reste quand même assez sympa (et paradoxalement original, pour le coup). Nous ne nous y baignerons pas, n’ayant pas emmené nos maillots et n’ayant plus accès à la douche, notre chambre ayant été rendue avant le départ ; Herman et sa famille resteront en revanche près de deux heures dans l’eau pendant que nous profiterons simplement de l’endroit et du repos (un peu tendu, puisque notre train est censé arriver à 15h et que l’heure tourne). Les mexicaines ici ont la curieuse coutume de garder un short et un t-shirt par-dessus leur maillot de bain : Herman nous explique que dans la région les gens sont plutôt plus conservateurs qu’ailleurs au Mexique.
Sur le chemin du retour (longue remontée sur le même chemin ardu), nous ferons plus ample connaissance avec Herman et sa famille, qui parlent tous bien anglais et qui sont très sympas.
C’est sous une dernière averse que nous remonterons à bord d’El Chepe… à 16h45 (heure prévue d’embarquement : 15h30 ! Mais même la navette qui part de l’hôtel pour accompagner les clients au train ne part qu’à 16h… C’est un retard institutionnalisé), pour un voyage un peu trop bruyant pour Marion (une famille de 18 mexicains joviaux s’étant installés juste derrière nous (sans parler de la fillette venue se mettre sur le siège devant le nôtre, et qui chantait à voix haute ou se parlait à elle-même…). C’est néanmoins sans souci que nous rejoindrons notre hôtel chicos (Fiesta Inn), sa douche à l’eau propre (le Best Western de Creel péchait franchement à ce niveau, et nous la suspectons pas mal d’être responsable de notre courte maladie) et son lit « King Size ».
JOUR 9 : JEUDI 10 JUILLET
Retour à Mexico, Musée des Beaux-Arts, Tuxtla Guttierez
Après un réveil trop matinal (Marion ayant mal calculé d’une heure celle à laquelle il lui fallait se lever), nous nous retrouvons paradoxalement très en retard pour notre vol du matin à direction de Mexico, le check-out ayant pris un temps hallucinant. Passé un gros stress, nous parvenons finalement à temps à l’aéroport et le voyage se déroule sans encombre.
Parvenus à Mexico et ayant plus de 5 heures à tuer avant notre connexion pour Tuxtla Guttierez dans le Chiapas, nous décidons de nous accorder une visite au Palacio de Bellas Artes, pour voir les peintures muralistes que nous avions manquées lors de notre premier passage dans la ville. La visite aura été relativement décevante : peu d’œuvres à voir (une dizaine peut-être, même si elles sont massives) –j’en retiendrai le nom de Jorge Gonzalez Camarena, qui y a une belle fresque au style soi-disant cubiste attardé (elle date des années 60), mais dans laquelle je trouve beaucoup de qualités annonciatrices du graph, et, dans un genre différent, du cell shading- (il fallait acheter un droit spécial pour pouvoir faire des photos et je pensais pouvoir retrouver des images sur le Net… mais comme lorsque nous étions allés en République Tchèque et que je n’avais pas pris de photos des superbes peintures que nous y avions vu, notamment les grands formats de Musha, rien de décent n’est visible sur la toile… rmmlll) et le fonctionnement du musée est incompréhensible (il y a des tas de portes, mais elles sont fermées et gardées, donc apparemment inaccessibles au public, il faut payer un supplément pour pouvoir accéder au deuxième étage, etc.).
Le retour vers l’aéroport, comme notre trajet à l’aller, se passe beaucoup moins bien que lors de notre premier séjour : le métro et ses couloirs sont bondés (heureusement qu’ils sont larges !), les rames sont longues à venir, et les vendeurs à la sauvette (qui vendent des compils de MP3 sur CD, sur clé USB, des bonbons…) se démultiplient. Résultat, à l’aéroport, nous commençons à psychoter, imaginant que nos bagages vont s’être perdus parce qu’on n’est pas allé s’enregistrer au comptoir de départ directement à notre arrivée à Mexico, ayant l’impression diffuse d’avoir omis d’accomplir certaines formalités, que l’avion est déjà parti (tout ça est authentique) ou que mon nom a été prononcé plusieurs fois dans les appels au micro inaudibles qui résonnent dans l’aéroport.
Tout finit pourtant (une fois n’est pas coutume) par bien se passer, le vol se passe comme un songe, nos bagages nous attendent bien à l’arrivée, et l’hôtel qui nous héberge est magnifique (avec piscine d’extérieur gigantesque et plein de trucs pour en mettre plein la vue).
Nous nous couchons tôt, épuisés par le stress… Vive les vacances !
JOUR 10 : VENDREDI 11 JUILLET
Canyon de Sumidero, San Cristobal de Las Casas
La formalité de la prise de la voiture s’avère malheureusement un peu longue (nous attendons notre voiture 2h parce qu’elle avait été enregistrée en réservation à l’aéroport (qui se trouve à une demi-heure… cherchez l’erreur)) mais nous en prenons finalement possession et elle est très bien (une Dodge Attitude – berline blanche décente sans être tape-à-l’œil).
La sortie de la ville est un peu compliquée, le temps de se familiariser avec la signalisation mexicaine (feux positionnés à la sortie des croisements et non avant les carrefours, noms des rues changeant selon l’orientation nord/sud, est-ouest, panneaux des noms des rues indiqués en travers de la route parcourue plutôt que sur les murs de la rue dont ils indiquent le nom, laissant supposer que le nom qu’ils affichent est celui de la rue parcourue plutôt que celui de la rue qui la croise… Les principes de signalisation sont délicats à assimiler, mais leur logique n’a rien de choquant quand on y pense, et certains sont en réalité plus efficaces que d’autres appliqués en Europe), mais ma bonne étoile (et un copilote efficace) nous guide tout du long jusqu’à la bonne route.
Arrivés dans la ville de Chiapa de Corzo, nous suivons avec un certain hébétement (problème de compréhension de la langue encore une fois, les mexicains parlent trop vite et on ne parvient pas à comprendre ce qu’ils nous proposent) un jeune garçon sur son vélo qui nous conduit au travers de rues tortueuses (5mn d’inquiétude à se demander s’il ne nous conduirait pas dans un traquenard…) jusqu’à un parking privé, afférent naturellement à un embarcadère alternatif mais apparemment pas moins bon que celui que nous aurions rejoint autrement puisque la balade –très agréable- pouvait difficilement être plus complète. Le départ est assez attendu (beau paysage de canyon tropical sous le soleil, virée tranquille avec quelques tape-culs (les vagues produites par les autres bateaux à moteur qui passent font pas mal rebondir le nôtre)), puis une averse se met à tomber (classique) et tout le monde se met à l’abri sous des bâches en plastique tenues à la main au-dessus de leur tête par les passagers… sauf Marion et moi qui, à l’avant du bateau (et du coup trop loin pour être protégés par la bâche) prenons bien la sauce le temps de sortir nos capes de pluie miracles. Le reste de l’excursion est du coup plus épique, le vent et la pluie nous fouettant le visage (et nous gênant de fait pas mal la vue, forcément). Mais bon : la pluie, c’est rigolo (à un moment, il y aura même une minute de grêle –véridique !). Passages notables : la cascade dite de « L’arbre de Noël », longue cascade qui a fait se couvrir de mousse les parois de la montagne, et qui jaillissent de la roche comme de larges branches. Au retour, nous passerons quelques secondes juste en-dessous : de loin, c’est beau, mais d’en-dessous, c’est magique… Vraiment très très impressionnant. Nous aurons aussi vu un crocodile, le point du canyon où le sommet de la falaise est à environ 1000 mètres au-dessus de l’eau… et une nappe de sans doute 100m de long, constituée de débris et de détritus. Grrr…
Nous terminons enfin notre trajet à San Cristobal de Las Casas. L’hôtel a été aménagé dans une hacienda et est très plaisant. La ville dans son ensemble d’ailleurs a un côté étrangement moins « Mexique typique », plutôt séduisant. Ville à l’architecture coloniale et davantage consacrée au piéton dans son centre que les précédentes villes que nous avons croisées jusque là, San Cristobal est aussi sensiblement plus cosmopolite et occidentalisée (ce qui donne des résultats parfois mitigés, telle l’avenue piétonne centrale, bien agréable à parcourir, mais qui m’évoque quand même un peu l’avenue centrale d’une station balnéaire…). Après une courte balade sympathique, nous dînons dans un resto excentré et injustement délaissé (seulement peuplé de quelques français armés de leur inévitable Routard) d’une excellente « arrachera », bavette de taureau coupée en tranches très fines (on pouvait couper la viande sans couteau !) et grillées à la plancha.
Puis nous allons boire un verre (margarita pour Marion, pina colada pour moi : classique) au Perfidia, petit bar sympa où un groupe de reprises très bon (son nickel, performance impec’, excellente énergie), assure plusieurs morceaux en espagnol et qui ne dénotent pas du tout, me donnant même envie de découvrir le rock mexicain (ou espagnol ?). Ils ont un site myspace, que je vais tenter de trouver pour mieux écouter leurs inspirations.
Une soirée bien agréable au total et une journée qui se finit en beauté. Sur le marché, nous achetons un pancho pour remplacer celui de Jérôme que Céline avait, involontairement ?, bousillé.
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Je viens d’apprendre à ma grande surprise que le Mexique n’est ni en Amérique du sud (ça, je le savais), ni non plus en Amérique centrale… Il fait partie de l’Amérique du Nord : caramba, c’est fou, non ?
Faux ! Si ma mémoire est bonne, une partie -minoritaire – du Mexique est bien, géographiquement, en Amérique centrale, celle qui se trouve au Sud de l’Isthme de Tehuantepec. Les régions du Chiapas et la péninsule du Yucatan, en particulier, se trouvent en Amérique centrale (géographiquement, toujours).
La confirmation ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Isthme_de_Tehuantepec
Bah ? J’imagine qu’on considère quand même que le Mexique est au Nord, non (http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ographie_du_Mexique) ?
Et a priori, je ne vois qu’un pays qui serait sur deux continents à la fois, c’est la Turquie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Turquie) (ce dont les Stambouliotes se fichent complètement ^^)
Les stambouliotes (sans majuscule sur le ‘s’ ;p ) ne s’en fichent pas du tout ! Istanbul est souvent citée comme la porte, le portail, le pont, bref, le passage entre l’orient et l’occident (je recommande pour les mélomanes le film ou l’excellente BO du film « Crossing the Bridge »).
C’est une part très significative de l’identité de la ville, voire à plus grande échelle du pays, qui provoque une bonne partie des débats sur l’appartenance ou non de la Turquie à l’Europe.
Oui oui, Turquie européenne ou pas, c’est un débat récurrent en Europe (et peut-être même en Turquie…).
Mais quand on était allé passer quelques jours là-bas, on avait un peu discuté avec des autochtones, et ils se souciaient peu de savoir s’ils étaient plutôt d’un côté ou de l’autre, ou des deux (alors que moi, je suis friand de ce genre de curiosité).
On avait fait un tour en bateau sous et autour du pont séparant les deux continents, et de mémoire le speech à bord avait fait un parallélisme entre l’inexistence de différence entre les architectures des deux rives et l’intérêt des stambouliotes quant à leur appartenance à l’un ou l’autre des deux continents.