Le Trône de Fer – Livre X
Premier tome de la version française de « A feast for crows », le début de Le chaos m’emballe clairement moins que ne l’avaient fait les premiers chapitres des livres précédents, qui reprenaient les choses là où elles en étaient pour les personnages principaux, laissés sur des événements capitaux de l’intrigue. Ici, on nous envoie sur des intrigues complètement nouvelles, avec de nouveaux personnages, et on perd presque complètement de vue les personnages qui nous préoccupent, et la situation du Royaume n’est plus observée que de très loin, depuis ses provinces les plus extérieures… Ca me fait un peu l’effet des premiers chapitres consacrés à Daenerys, qui coupaient salement avec l’atmosphère des autres chapitres et qui du coup me semblaient complètement décalés et pas intéressants à lire… Sans compter qu’on se retrouve dans la situation du lecteur qui prend une saga en cours et qui doit apprendre le nom d’une cinquantaine de nouveaux personnages, sans savoir lesquels auront une réelle importance pour l’intrigue, et lesquels ne servent qu’à peupler les descriptions (comme au tout début de la saga, un peu difficile à appréhender au départ). Grmlll…
Prologue: Exemple typique de ce que je décrivais ci-dessus, le livre s’ouvre sur un chapitre mettant en scène une poignée de personnages qu’on ne reverra vraisemblablement plus par la suite, juste le temps de nous contraindre à apprendre leurs noms et à se familiariser avec eux avant de les laisser tomber. On apprend juste qu’un mystérieux personnage pas exactement honorable (le nez crochu, avec une légère balafre sur le visage et d’épais cheveux bouclés noirs) a réussi à se procurer une clé lui permettant de se déplacer sans entrave dans la Citadelle des mestres à Villevieille.
Chapitre I: On enchaîne avec un chapitre présentant Aeron Tif-Trempes, frère de Balon Greyjoy et fervent religieux du Dieu Noyé, qui apprend la nouvelle de la mort de son frère et entend empêcher Euron le Choucas, qui avait été banni, de prendre pour lui le trône de Grès. Pour lui, Theon n’est plus un Greyjoy, Asha est une femme et ne peut hériter de la position, et seul son frère Victarion est donc digne de succéder à Balon… sauf qu’il n’a a priori aucune légitimité et que chacun des autres prétendants semble vouloir faire défendre ses propres droits. Aeron ne me paraît pas du tout intéressant comme personnage, la mentalité des Fers-nés est franchement lourdingue, et les dialogues ne sont pas du tout excitants. Argh.
Chapitre II: On passe de l’autre côté du Royaume, mais toujours en périphérie, avec la présentation des Martell, au travers du regard du capitaine des gardes, procédé un peu artificiel et pas très bien vu à mon sens. Le prince Doran Martell en revanche, semble être un personnage intéressant, infirme mais sage, poussé par les filles d’Oberyn de soit prendre Villevieille (représailles de boucher, pour personnifier Obara Sand), assassiner Tywin Lannister (représailles d’empoisonneur, pour personnifier Nymeria Sand), ou déclarer Myrcella reine du Royaume pour forcer les Lannister à venir les chercher sur leur propre terrain (représailles provocatrices mais subtiles pour personnifier Tyerne Sand). Alors que son peuple est auguillonné par les trois Aspic, Doran décide de tenter d’éviter une guerre, et fait capturer ses nièces pour pouvoir gérer la situation sans provocation à l’encontre des Lannister.
Chapitre III: Retour à Port-Réal (enfin…), où Cersei apprend la mort de son père et la fuite de Tyrion. Intéressant point de vue qui permet de saisir la paranoia dans laquelle sa situation la plonge nécessairement, elle dont les manigances et le goût du pouvoir entoure d’ennemis, alors que son sexe la relègue aux yeux de l’intégralité des autres protagonistes à un rang secondaire. On sent que son aigreur et sa forte personnalité vont entraîner des catastrophes…
Chapitre IV: Brienne est en quête de Sansa, mais ne trouve aucune piste. Elle réalise que d’autres qu’elles tentent également de retrouver la fugitive, pour la récompense promise par les Lannister. Au travers de son épopée, on découvre l’état de la situation sur le terrain pour les petites gens: si la misère les frappe toujours, il semble au moins que vivre sur la route ne soit plus le péril qu’il fut pendant un temps.
Chapitre V: On découvre au travers du regard de Sam le nouveau Jon, entièrement dévoué à son rôle de Lord Commandant. Il envoie Mestre Aemon et Sam à la Citadelle de Villevieille, l’un pour échapper aux flammes que lui promet Melissandre si elle apprenait qu’il est de sang royal, l’autre pour être formé et prendre la succession du premier aux côtés du nouveau Lord Commandant.
Chapitre VI: Arrivée d’Arya à Braavos, décrite comme une merveilleuse succession d’iles aux ambiances bien différentes de celle de Westeros. Les marins avec lesquels elle a voyagé semblent porter une attention particulière à bien lui faire retenir leur nom, car ils savent déjà où elle se rend et ce qu’elle va devenir, grâce à sa pièce de fer -qu’elle a en réalité conservé. Elle est déposée sur une ile austère et pénètre dans un temple aveugle où, s’avançant dans une obscurité inquiétante et assistant à quelques scènes étranges liées à la mort, elle prouve aux occupants du lieu qu’elle ne la craint pas, et est donc acceptée par eux.
Chapitre VII: Cersei a décrété 7 jours de deuil, et les nobles, les religieux et le peuple se succèdent dans le septuaire où est exposé le catafalque de Tywin Lannister. Refusant de céder un pouce de pouvoir aux Tyrell, elle rejette l’entente passée entre Mace Tyrell et son père concernant la nomination du nouveau Grand Argentier, et nomme à la va-vite le souffreteux Gyles Rosby au poste. Toujours frappée de paranoia, elle suspecte Mace Tyrell et le Grand Septon d’être des alliés occultes de Tyrion; elle décline les propositions de Mace qui prétend au rôle de Main à portée des oreilles de tous, et tente de le faire retourner vers ses terres, ce qu’il refuse de faire avant que Margaery soit effectivement mariée à Tommen. Qyburn, le mestre déchu des Braves Compaings, s’offre à Cersei comme son serviteur de l’ombre: il a découvert dans la cellule du chef des gardes (dont je mettrais ma main à parier qu’il ne s’agit de nul autre que Varys lui-même) de faction ce soir-là , une pièce d’or antique frappée à Hautjardin, ce qui laisserait supposer (aux personnages, pas au lecteur: le lecteur, lui, se demande plutôt qui a mis cette pièce là, et comment il se fait que quiconque puisse croire que le type se serait enfui en oubliant une pièce d’or compromettante dans sa cachette secrète…) une implication des Tyrell dans l’évasion de Tyrion. Il étudie avec des moyens condamnables mais validés par Cersei, le poison utilisé par Oberyn pour éliminer la Montagne à petit feu, afin de pouvoir permettre à Cersei de maîtriser la même arme. La fin du chapitre, dans laquelle Cersei tente de convaincre son oncle Kevan de devenir Main, ce qu’il n’accepterait qu’à condition qu’elle s’en retourne à Castral Roc et cesse d’intervenir dans les affaires du Roi, relevant son inaptitude aussi bien au rôle de régente que de mère, est assez jouissive. Je pensais qu’en passant de l’autre côté du miroir, tous les personnages devraient devenir plus sympathiques au lecteur, mais en fait Cersei a une attitude si méprisante qu’elle n’inspire aucun sentiment positif… et cela vaut aussi bien pour le lecteur que pour les personnages qui l’entourent, et dont elle se fait de façon quasi-systématique des ennemis.
Chapitre VIII: Jaime, qui veille sur la dépouille de son père pour expier ce qu’il pense être sa faute, revit les circonstances qui l’ont amené à contraindre Varys à libérer Tyrion; lorsque Cersei vient le trouver, même si son coeur est toujours épris, il est désormais capable de voir dans son jeu et il ne lui cède pas, cette fois encore. Le lendemain, le cadavre de Tywin refoule de telles odeurs que le pauvre Tommen vomit et s’enfuit; Jaime vient à son secours alors qu’il se fait une fois de plus incendier par sa mère, qui n’a pas pour lui le même amour qu’elle avait pour Jeoffrey. Alors que survient Mace Tyrell, c’est Jaime qui s’avère fin stratège en le flattant et en suggérant à sa soeur de l’envoyer gagner Accalmie pour Tommen, en prétextant vouloir compter sur lui pour remplacer Tywin à la tête des armées, ce qui permettra soit de gagner Accalmie, soit de faire passer Mace pour un incompétent: alors que Cersei apparaissait comme la reine de l’intrigue, sa prétention et son entêtement la disqualifient totalement: Jaime, lui, ferait sans doute effectivement un bon conseiller, mais refuse de servir ailleurs que dans la Garde Blanche.
Chapitre IX : Brienne poursuit son périple, qui permet au lecteur de connaître la situation du peuple dans le royaume. A Sombreval, elle apprend que Dontos était le dernier des membres de sa famille, tous exécutés après que l’un de ses membres ait capturé Aerys (ce qui fut la cause de sa folie, supposent certains) : s’il était avec Sansa, il n’aurait donc aucune raison de retourner dans cette région en tous cas. Elle retrouve grâce à un prêtre nain la trace d’un bouffon en loques sur les quais de Viergétang, qui évitait les soldats et tentait d’être furtif (étrange pour un type en costume de bouffon, remarque le lecteur, mais bon…), qu’il recroisât dans une auberge mal famée où il recherchait trois places pour une traversée du détroit ; le prêtre évoque une chanson marrante que le bouffon chantait parfois. Le bouffon aurait fini par se faire dénoncer aux soldats de Lord Tarly, qui l’auraient capturé, par un type nommé Dick-main-leste. Sur le chemin de Viergétang, Brienne a confirmation qu’elle est suivie par un enfant, et finit par le confronter pour savoir qui il est : il s’agit naturellement de Podrick Payne, en quête de son seigneur dont il considère étrangement qu’il l’a abandonné.
Chapitre X: Entraînée par Petyr, Sansa accepte de mentir à Nestor Royce, Gardien de la Porte des Eryés, que Petyr met dans sa poche en lui attribuant des terres et un titre via un papier signé par lui-même: s’il devait disparaître, Royce perdrait tout, d’où l’intérêt qu’aura ce dernier à le defendre contre les autres vassaux des Arryn qui grondent contre la présence de Littlefinger et la disparition de Lysa. Petyr insinue subtilement en Sansa l’idée qu’il est son seul ami et lui fait progressivement abandonner son identité passée et ses principes honorables.
Chapitre XI: Asha Greyjoy est chez son oncle Rodrik Harloi; elle constate que peu à part les vassaux de son oncle ont répondu à son appel pour l’aider à réclamer pour elle le Trône de Grès, et apprend que Tif-Trempes a appelé à des états-généraux de la royauté. Malgré les mises en garde de son oncle, qui lui rappelle qu’aux précédents états-généraux appelés, plusieurs siècles plus tôt, celui qui prit le trône le fit par la force, en assassinant par surprise son concurrent… et Euron le Choucas, qui pourrait bien avoir quelque chose à voir avec la mort de Balon puisqu’il a reparu le lendemain de sa mort après des années d’absence, est bien le genre d’homme à utiliser le même genre de méthode pour étouffer la contestation. Le chapitre se termine sur les retrouvailles d’Asha avec Tristifer Botley, amant d’enfance mais resté épris d’elle, qu’elle ne supporte plus et trouve trop timoré: elle l’éconduit sans égard, fougueuse et indépendante comme un vrai Fer-Né mâle, et il est probable qu’on reverra le bonhomme par la suite, pas forcément de son côté à elle.
Chapitre XII: Je l’aurais parié! 1.Sandor Clegane n’est apparemment pas mort (ou en tous cas pas définitivement…), et 2.il est supposé avoir rejoint les brigands de Béric Dandarrion! :) Le mariage de Tommen et Margaery est célébré, et Cersei, ivre, fait brûler la Tour de la Main pour « marquer l’événement ». Elle a déchu son oncle de toute propriété pour le punir de son insolence, et se coupe de plus en plus de Jaime. Les Tyrell sont supposés retourner à Hautjardin après la cérémonie, mais Cersei apprend qu’ils la font espionner par sa camériste (ce qui évidemment n’est pas bon pour sa parano…).
Chapitre XIII: Retour à Dorne où Ser Arys du Rouvre, l’un des gardes royaux, qui avait été dépêché pour servir de garde personnel de Myrcella, a été séduit par la fille de Doran Martell, qui le mène par le bout de la b… le bout du nez. Alors qu’il était venu la voir pour lui annoncer qu’il la quittait par égard pour ses voeux de célibat et leur honneur mutuel, il se laisse convaincre de l’aider à faire couronner Myrcella au lieu de la faire partir vers les Jardins Aquatiques, où Doran espérait pouvoir la mettre à l’abri de ceux qui lui voudraient du mal ou… trop de bien.
Chapitre XIV: Brienne et Podrick arrivent au camp de Randyll Tarly, qui, après un bref entretien certifie à Brienne que Sansa Stark n’est pas dans la région. A l’Oie qui Pue, Dick-main-leste lui apprend que le mystérieux bouffon qu’elle poursuit cherchait une embarcation pour lui et deux jeunes filles; mais le filou l’a envoyé se jeter dans les mains de contrebandiers aux Murmures dans la presqu’ile de Claquepince. Contre une fortune en Dragons d’Or, il lui promet de la conduire sur la presqu’ile.
Chapitre XV: le voyage de Samwell, Vère et Aemon est éprouvant. La santé de Mestre Aemon semble affectée par les conditions météorologiques, mais il reste suffisamment lucide pour révéler à Sam que Jon a fait emporter à Vère non son propre fils, mais celui de Mance Ryder.
» Exemple typique de ce que je décrivais ci-dessus, le livre s’ouvre sur un chapitre mettant en scène une poignée de personnages qu’on ne reverra vraisemblablement plus par la suite, juste le temps de nous contraindre à apprendre leurs noms et à se familiariser avec eux avant de les laisser tomber. On apprend juste qu’un mystérieux personnage pas exactement honorable (le nez crochu, avec une légère balafre sur le visage et d’épais cheveux bouclés noirs) a réussi à se procurer une clé lui permettant de se déplacer sans entrave dans la Citadelle des mestres à Villevieille. »
Es-tu maintenant assuré que les prologues et leurs personnages ont quand même un certain intérêt à être lus ? :P
Tu as compris un truc que je n’ai pas encore compris ? Pour moi au point où on en est, cette scène reste encore très énigmatique et ça reste un des chapitres que j’ai le moins aimé qu’on me fasse lire…
Je vais essayer de faire au mieux sans spoil quoi que ce soit pour les lecteurs et pour toi également si tu n’as pas saisi le truc.
Là j’en suis à la 40e page des 1322 d’ASOS et donc ACOK est relativement frais dans ma tête surtout après avoir vu la saison 2 de la série il y a peu ( la série est excellente mais certaines choses sont quand même vachement mieux dans le bouquin ).
De ce que j’ai compris, tu en es à ADWD c’est ça ?
En tout cas, j’en suis bien bieeeeeeeeen loin par rapport à toi :D
Pourtant en me baladant sur le blog en cherchant les différents billets que tu avais pondu sur AGOT, je suis tombé sur ton commentaire de ce prologue puisque surpris par le fait que tu les trouves inintéressant. Donc je me suis spoil en en lisant le résumé mais j’ai tout de suite compris de quoi il s’agissait.
Visiblement contrairement à toi, je prends un immense plaisir à lire les prologues.
D’une part parce que ça change d’avoir quelque chose qui sorte de l’ordinaire puisque ce ne sont pas des chapitres écrits sous le point de vue des personnages principaux et que ça met en scène un évènement en rapport avec les différentes intrigues avec des personnages qui certes ne seront pas forcément revus mais parfois……..si ;)
Mais aussi parce que d’autre part, des différentes interviews que j’ai vues et lues, Martin est un sacré coquin qui aime disséminer de-ci de-là des trucs qui peuvent paraître si insignifiant pour le lecteur avisé qui attend d’en savoir plus sur les grosses intrigues, qu’il n’en prêtera pas la moindre attention.
Je vais t’avouer un truc, hormis Jon, Daenerys, Arya, Varys et Tyrion, mes personnages préférés sont tous des seconds couteaux voire même en dessous dans la hiérarchie d’importance ou du moins de traitement reçu dans les livres par rapport aux membres des familles connues ( Stark, Lannister etc ).
Brienne est le meilleur exemple car c’est un personnage que j’adore énormément. Sandor également.
L’un de mes moments préférés depuis le début, c’est le passage de Daenerys et ses dothrakis à Qarth et là c’est un peu beaucoup la fête du slip sur les personnages « seconds couteaux » :D
Pyat Pree, Quaithe, Xaro, j’ai adoré ce passage.
Bref tout ça pour dire que soit tu ne portes pas tant d’attention que ça aux personnages « seconds couteaux » ( ce dont je doute quand même ) soit ta mémoire te joue des tours ( et te connaissant c’est qui me paraît le plus plausible ) et si tu veux trouver un sens à ce prologue, je t’invite soit de te retaper une partie d’ACOK, soit tu me fais signe ! :P
Si tu parles de l’identité du personnage qui récupère la clé, je pense qu’on pense à la même chose ; mais par contre, à quoi va lui servir cette clé et tout ça ben… je ne vois pas encore.
Et par ailleurs, je trouve que la saga est déjà très riche en personnages ; ce que je reproche particulièrement à ce chapitre-ci, c’est qu’on se retrouve avec plusieurs personnages qu’on nous détaille comme si c’était important alors qu’on ne les reverra en fait jamais. Je suis d’accord que faire des chapitres avec une vision qui sorte des PoV principaux (et comme toi, plusieurs de mes personnages préférés sont des persos « mineurs ») est intéressant ; mais était vraiment nécessaire de nous sortir 4 persos pour cette scène ? Est-ce que ça n’est pas alourdir inutilement le texte vue la fin ?