La La Land (Damien Chazelle, 2017)

La La Land sort sur les écrans auréolé d’un buzz énorme. Les critiques déclarent qu’ils ont « hâte de le voir », le film est nominé 14 fois aux Oscars (égalant le record précédent de Titanic), reçoit 7 Golden Globes (Meilleure comédie ou comédie musicale, Meilleure actrice, Meilleur acteur, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario,…), il est annoncé partout avec des affiches aux slogans dithyrambiques (voir illustration en tête d’article),… bref, ça pue l’enthousiasme généré par la mode et le marketing.

Les bandes-annonces que j’en avais vues ne donnaient pourtant pas tellement envie de voir le film, notamment si comme moi on n’est pas adepte de la musique qu’on entend habituellement dans les comédies musicales. Marion ayant voulu voir le film, je me suis néanmoins laissé convaincre, entre autres parce que je suis aussi quelqu’un de curieux et d’ouvert, et parce que voir le film me permettrait de donner mon avis sur le film lui-même, plutôt que sur l’impression qu’il me donnait a priori lorsque le sujet viendrait inévitablement sur la table lors des futurs diners en ville (bon, on ne fait pas tant de diners en ville, mais vous voyez ce que je veux dire).

Et la première scène m’a conforté dans l’impression que je n’allais pas être le bon public pour ce film : oui, c’est remarquablement composé (la scène s’ouvre sur une autoroute bouchée, où les voitures sont toutes à l’arrêt sous le soleil : on passe d’une voiture à l’autre dans un long travelling, la bande sonore accompagnant le mouvement de caméra en nous faisant entendre des bribes de musiques émises par les autoradios successifs avant de s’arrêter sur une voiture pour le lancement de la première chanson du film), brillamment mis en scène (s’ensuit une chorégraphie chorale impliquant des dizaines de chanteurs qui émergent de leur voiture pour sauter, danser joyeusement dans tous les sens, en un unique plan-séquence) et impeccablement interprété (même si je n’aime pas les comédies musicales ni la danse, je reste admiratif de la performance de ces artistes, notamment en termes de synchronisation des mouvements).
Mais la musique est vraiment une musique de comédie musicale typique, donc une musique disons « grand public » dont je n’apprécie pas les sonorités et qui ne m’entraîne pas dans cet élan joyeux et coloré.

La scène suivante confirme la brillance de la mise en scène, avec un nouveau plan séquence dans lequel l’héroïne, incarnée par Emma Stone, se laisse entraîner par ses colocataires à rejoindre une fête plutôt que de se morfondre de ses échecs dans sa chambre : à chacune sa couleur très pop, dans un décor qui alterne lui aussi les aplats colorés qui s’enchaînent pour donner de la vie et du rythme au mouvement ; une main s’élance vers le ciel, et la caméra suit le mouvement jusqu’au sommet d’un palmier, qui vu du trottoir a la forme d’un feu d’artifice, jolie trouvaille visuelle. La musique ne me plaît pas encore, mais je me dis que c’est décidément bien fait.

L’histoire va ensuite suivre le destin de cette aspirante actrice qui se heurte aux réalités d’un monde du spectacle où les gens sont, globalement, à l’usine (trop de monde pour pouvoir faire une différence, et les gens qui ont le pouvoir traitent les postulants comme du bétail), et celui d’un pianiste de jazz (Ryan Gosling) qui se trouve contraint de jouer une musique commerciale dans les restaurants et les mariages pour payer ses factures, mais qui continue de rêver de pouvoir jouer et vivre de la musique qu’il aime malgré le mur que la réalité ne cesse de lui envoyer à la face. Les deux vont se croiser jusqu’à se rencontrer vraiment, et leur histoire va leur donner la force de poursuivre leurs rêves.

On passe ainsi, en va-et-vient, de l’ambiance douloureuse des espoirs déçus à celle enthousiasmante d’un bel amour, de l’autre et de l’art ; la musique accompagne ces mouvements et je me suis pris à saluer la force de la musique (je veux dire la Musique en général), cet art capable de décupler la puissance émotionnelle de l’histoire racontée.

Et puis très vite, j’ai dû admettre que ce n’était pas que la musique : c’est la performance des acteurs, en termes de jeu, en termes de danse, de charme, la créativité et la perfection de la réalisation, la magie de la musique, et la qualité du scénario qui sur une trame assez conventionnelle parvient tout de même à sortir des sentiers battus pour un final fort et inattendu…

Oui, c’est tout le film qui est génial.

Et je ne suis pas du genre à dire ça facilement : ni d’un film en général, ni d’une comédie musicale. J’ai été chamboulé.

Allez le voir !

5 réflexions sur “ La La Land (Damien Chazelle, 2017) ”

  1. Ayastan sur

    Ça tombe bien, je comptais aller le voir dans la semaine ☺

  2. Ayastan sur

    Quel n’a pas été ma surprise en revenant du cinéma de lire toutes les critiques négatives des spectateurs et l’écart qu’il y a avec la presse ( mais sûrement qu’une partie de celle-ci suit la hype autour du film) et surtout avec Steph qui a trouvé ce filme génial malgré le fait qu’il n’était pas client de ce genre de film et que c’est quelqu’un de très exigeant.

    Je pourrais faire un commentaire long comme un article pour dire pourquoi j’ai trouvé ce film génial également, surtout quand on apprend certains secrets de tournage après coup assez stupéfiants.

    Je dirais simplement ceci : Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un bon filme. Cela faisait encore plus longtemps que je sortais du cinéma en ayant l’impression d’avoir reçu un shoot d’endorphine.

  3. Stoeffler
    Stoeffler sur

    Eh bien trois sur trois je dirai parce que moi aussi j’ai bcp aime – comme le souligne Aklodochef, ca n’est pas a cause de la musique principalement (honnetement c’est pas ma came, meme si je peux apprecier le fait que ce soit bien fait et communicatif) mais bien l’histoire, les personnages et qq petits plans ma foi tres sympathiques.
    C’est un film qui meme avec une fin assez triste on peut dire arrive a donner le sourire.

    Par contre Aya, ca m’interesse de savoir de quels secrets de tournage tu parles :)

  4. Jika
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    Ça tombe bien, je comptais aller le voir dans la semaine ☺

  5. Jika
    Jika sur

    On a vu, on a aimé !
    Je ne suis pas non plus le public habituel des comédies musicales, et j’y allais plus pour faire plaisir à ma Valentine que pour passer un bon moment : finalement, on a passé un excellent moment tous les deux, les chansons et les chorégraphies sont effectivement très sympas et entraînantes.
    Par rapport à l’histoire, et sans vouloir spoiler plus que ne l’a déjà fait Steven, je ne suis pas d’accord avec Valentine et Stöeflower : pour moi, la fin est effectivement un peu triste, mais c’est tout de même un film qui finit bien.
    Show ▼

    :D

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