X-Men, Days of Future Past (Bryan Singer, 2014)

L’affiche classique du film

Les copains, je suis énervé. Je me suis encore laissé tenter par un film des X-Men, et une fois encore, je n’aurais pas dû.
Pourquoi ? J’avais gardé un souvenir plutôt positif de X-Men – Le commencement, alors qu’apparemment je n’avais pas aimé (comme quoi, ça sert d’écrire des articles ! Il faudrait juste avoir la présence d’esprit de les relire AVANT de faire des choix idiots…). Et surtout, je fais partie des gens qui ont lu les comics ; je me souviens encore avec émotion de la nuit où mon cousin, plus âgé que moi, m’avait fait le récit de ce groupe de personnages aux pouvoirs extraordinaires qui suivaient un entraînement dans une salle pleine de machines dangereuses qui leur permettaient de faire la démonstration de leurs talents : le lendemain, je dévorais la BD que je le soupçonnais d’avoir inventé tellement ça paraissait génial… c’était un des tous premiers épisodes des X-Men originaux, qui n’étaient alors que 4, avec des costumes jaunes. Et les années suivantes, je continuais d’acheter à mon tour ces BD (qu’on se procurait à l’époque à des prix ridicules dans le bon sens, alors qu’aujourd’hui le moindre livret de 10 pauvres pages vaut une fortune – je ne comprends pas que ça continue de fonctionner), découvrant les nouveaux X-Men, Serval, Colossus,… Et je me souviens très bien d’une histoire, très forte, dans laquelle les X-Men se trouvaient dans un futur sombre dans lequel la lutte contre les mutants avait dégénéré en guerre ouverte et impossible à gagner contre des ennemis titanesques construits pour les annihiler : les Sentinelles. Je n’avais qu’un épisode de l’histoire, et la sensation de désespoir et d’impuissance qu’elle provoquait (on voyait même Serval mourir, désintégré : j’ai encore l’image en tête) était incroyablement puissante pour une simple bande dessinée bon marché.
C’était cette force émotionnelle, je crois, que j’espérais retrouver dans X-Men, Days of Future Past, qui met justement en scène les X-Men dans ce futur sombre où les mutants se retrouvent traqués par des Sentinelles qui les surclassent et sont sur le point de les exterminer jusqu’au dernier.

L’affiche française. Vous avez noté la différence ? Blink a été opportunément remplacée par Bishop, joué par Omar Sy (ce sont de toutes façons deux personnages totalement sans intérêt dans le film et avec deux lignes de dialogue chacun au mieux)

Mais je suis en colère, je vous l’ai dit. Non pas en tant que fanboy, qui n’aime pas le traitement fait à mes super-héros (ça fait longtemps que je me suis fait un deuil de ces choses-là avec la franchise X-Men, qui n’a d’yeux que pour Wolverine-la-machine-à-fric et sous-traite tous les autres personnages, rétrogradés au rang de figurants pour la mega-star) ; ce ne sont pas non plus les incohérences, invraisemblances, et absurdités du scénario, pour une fois j’en ai fait complètement abstraction pendant que je regardais le film (mais il y en a quand même un paquet, et en y repensant après, j’ai pu du coup vous préparer une petite liste en fin d’article).
Je suis en colère en tant que spectateur.

Avec un enjeu aussi fort que la possible annihilation d’une ethnie entière aux mains d’un ennemi implacable et invincible, c’est tout de même navrant de ne parvenir à produire qu’un film barbant, qui déroule un fil de simples péripéties sans engagement émotionnel ni des personnages, ni des spectateurs, même dans des scènes-clés (Show ▼

) qui devraient avoir un puissant impact dramatique. Même quand des mutants meurent, ça n’a pas l’air d’avoir importance (il y en a tellement après tout, autant passer au suivant…) ! Aucune tension, aucun suspense… Là où une série comme The Americans (je parle de l’exceeeeeellente saison 2) dans des conditions imparfaites et sur un petit écran, réussit à faire ressentir les bouleversements de ses personnages, le poids des dilemmes moraux,  un film à gros budget, projeté dans une salle équipée pour faire vibrer le public, s’avère totalement incapable de susciter le moindre frisson, la moindre inquiétude. C’est navrant.

« Days of Future Past » est aussi un arc des X-Men en BD

Tout de même, la question philosophique que posent les X-Men, incarnée par l’opposition entre le Professeur Xavier et Magneto, c’est celle de savoir s’il faut prendre les armes pour se battre contre ce qui ne peut que devenir un ennemi (question qui vaut aussi bien dans la lutte des mutants contre les humains, que dans celle des gentils mutants de Xavier contre les « méchants » mutants de Magneto), ou si le combat ne fait qu’aggraver les choses et qu’il vaut mieux faire tout son possible pour rendre une coexistence possible : c’est une lutte de principes, le pragmatisme contre l’optimisme. Et la question ultime, passionnante, à laquelle on peut encore aujourd’hui consacrer des livres et des débats sans pouvoir épuiser le sujet : la fin justifie-t-elle les moyens ?
Or le film est d’une pauvreté en termes de rhétorique qui m’a laissé sur le cul. Xavier doit convaincre Mystique de ne pas commettre son premier meurtre ? Il se contente de lui dire « non, c’est pas bien, il ne faut pas ! » (et elle, de lui répondre évidemment « …mmm, c’est pas très convainquant, mais merci ») ; les dirigeants du monde libre sont sur le point de décider s’ils vont lancer une guerre totale contre les mutants, et les deux parties (belliciste et pacifiste) ont l’opportunité de faire valoir leurs arguments pour terrifier ou apaiser l’ennemi (deux façons très différentes -et très intéressantes- de vaincre sans combattre) ? Malgré toutes les caméras braquées sur eux, les protagonistes se contentent de faire des choses plutôt que de les expliquer, abandonnant (avec les dialoguistes) toute ambition de faire appel à un peu d’intelligence ou d’éloquence (et du coup, quand le destin du monde s’avère transformé par une décision qui n’a aucune justification aux yeux des protagonistes du film, on n’y croit pas une seconde).
Moi qui croyait que la franchise X-Men se prétendait la branche « mature » des super-héros au cinéma… Oubliez tout, on n’est là que pour l’action.

Ce qui aurait pu être une affiche plus inspirée du comics, avec une ambiance plus dramatique (les visages barrés par des mentions « tué »/ « arrêté », le danger qu’elle met en scène,…). Mais bon, le choix (parfaitement compréhensible du seul point de vue marketing) de viser plutôt les amateurs d’effets spéciaux, s’est imposé également au niveau de l’affiche.

J’en suis sorti très remonté, et naturellement, je ne vous le conseille pas du tout. Les deux seules choses qui m’auront plu dans le film sont la scène au ralenti avec Vif-Argent, rigolote même si le personnage est insupportable, et les effets spéciaux sur les portails ouverts par Blink. Ça fait léger pour un film de plus de deux heures.

Ps pour ceux qui auront vu le film, voici ci-dessous ma petite liste de questions de vraisemblance : n’hésitez pas à poster un commentaire (avec les bannières (spoiler)/(/spoiler) en remplaçant les parenthèses par des crochets s’il vous plaît, pour éviter de gâcher le film par avance à ceux qui continueraient de vouloir le voir après avoir lu cet article…) si vous pouvez leur apporter une réponse… (j’avoue, l’article d’Odieux Connard a largement simplifié l’établissement de cette liste vu que j’avais pour ma part fait abstraction des incohérences pendant le film. Je vous invite à le lire d’ailleurs, comme souvent c’est très rigolo même si parfois de mauvaise foi)

Show ▼

2 réflexions sur “ X-Men, Days of Future Past (Bryan Singer, 2014) ”

  1. Stoeffler sur

    C’est marrant, le jour ou on est alle voir le film, c’est le moment ou tu as poste ton billet. Je dois avouer que je me suis arrete apres deux lignes parce qu’il etait evident que tu allais le pourrir…

    Si je suis de ton avis sur le terrain glissant du voyage temporel (les mecs du cinema et des series, a quel moment vous vous rendrez compte que c’est pas si facile que ca de ne pas produire d’incoherences scenaristiques?), je suis comme toi assez decu de la facon dont les personnages ont ete depeints ainsi que de la faiblesse des relations entre les protagonistes. X-Men first class est selon moi bien superieur a ce nouvel episode dans ce registre et ou on pouvait trouver les personnages attachants. Ici franchement, ben tu te contrefiches un peu de tout, il n’y a pas d’enjeu. Meme si je ne suis pas aussi extreme que toi dans tes conclusions, je pense egalement qu’Hollywood s’est mis dedans tout seul en introduisant deux trames X-Men et qu’ils ont echoue a les reunir et en faire qqchose de digeste.

    Par contre, j’ai bien aime la scene d’entree et les personnages qui se battent contre les sentinelles, j’ai trouve qu’elle etait classe. Tout comme celle avec Quicksilver, meme si le personnage est a baffer.
    Tout n’est pas a jeter mais c’est aussi difficile de ne pas ressentir qu’on te prend un peu pour un ane au niveau de l’histoire et des personnages. Tiens, est-ce que ca ne serait la definition d’un bon vieux blockbuster?

  2. Akodostef sur

    Vraiment, moi sur le fond, ce n’est pas la question de l’histoire qui me chiffonne le plus. Je vais peut-être trop loin en attendant d’un film de super-héros qu’il ait un propos et pose des questions morales -mais c’est ce que l’étiquette de « film de super-héros mature » qu’on accole à la franchise X-Men pilotée par Bryan Singer me laisse attendre.
    Mais je trouve que même en tant que blockbuster ça ne fonctionne pas, parce qu’il n’y a même plus de frisson là… pas de suspense, pas d’enjeu… pour moi on assiste à une succession de scènes sans aucune densité.

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